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fant connoître la religion dans les pays les plus reculez.

que

AN. ISSO.

XL.

Progrès de S. dans le Japon,

François Xavier

s. Franc. Xave

Turfelin in vita rii, l. 4. c. 1. 23 & feq. Bouhours 1- 4: 5. vide fuprà 1.145. n. 97.

&

Raynald.hoc ana

Orlandin. kift.

Societ. l. 9. P

En effet dans cette année François Xavier convertit une infinité de perfonnes dans Cangoxima. Après avoir effuïé des travaux inconcevables àGoa où ils avoit amené quelques Japonois convertis, il fe remit en mer au mois d'Avril 1549. pour fon grand voyage du Japon, ce ne fut le quinziéme d'Août qu'il aborda à Cangoxima; lieu de la naissance d'Auger,l'un des quatre Japonois qu'il amenoit avec lui, pour l'aider dans le ministere de l'évangile. Cet Auger, que depuis son baptême on appelloit Paul de Sainte-Foi, ayant pris des inf- 178. & feq. tructions de Xavier, alla trouver le roi de Saxuma, celui des rois du Japon de qui relevoit Cangoxima, dont il avoit été fort connu avant fa fortie & fa converfion, & qui réfidoit à fix ou fept lieuës de-là. Xavier affuré des difpofitions favorables de ce prince apprit un peu la langue du pays, & secouru du Japonois traduifit l'expofition du fymbole des apôtres qu'il avoit compofée aux Indes. Il alla enfuite fe prefenter au roi de Saxuma,

qui le reçut affez-bien; mais qui ne voulut point fe convertir, perfuadé par fes Bonzes; qui étoient les prêtres, les moines, les philofophes & les théologiens du Japon, qu'il valloit mieux conferver fon ancienne religion. Comme ces Bonzes s'étoient affez mal tirez d'affaires dans des difputes qu'ils eûrent avec Xavier, la confufion qu'ils en reçurent, jointe au chagrin de voir déperir tous les jours la religion du pays dont ils fe regardoient comme les dépofitaires, les obligea de recourir à

une infinité de calomnies, pour décréditer le faint AN. 1550. dans l'efprit des peuples : & ils en vinrent enfuite à une perfécution ouverte.

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Comme les Bonzes faifoient beaucoup valoir leurs grandes aufteritez, qu'ils alleguoient comme une preuve conftante de la verité de leur religion; François Xavier, pour ne leur ceder en rien, pratiqua une vie beaucoup plus austere, persuadé que ce feroit encore un nouveau moyen d'édifier le peuple, qui ne juge pour l'ordinaire du fond des chofes que par les apparences. Il s'abstint donc de chair & de poiffon, il n'ufa que de racines fort améres, & de légumes cuites dans l'eau pour toute nourriture: & cette abftinence ne diminua rien de fes forces. Cependant ses ennemis ne travailloient qu'à lui susciter mille traverses, à prévenir le roi contre lui, à décrier fes miracles, & ils obtinrent par leurs follicitations un édit par lequel le prince faifoit défenfes à tous fes fujets de quitter l'ancienne religion du pays dont les Bonzes étoient les interprétes, & les dépofitaires, pour fuivre la loi nouvelle des Bonzes Européens, c'est-à-dire, de Xavier & fes compagnons; cet édit ôta au faint le moyen de faire profiter d'avantage la femence de l'évangile dans le royaume de Saxuma, de forte qu'après avoir fortifié fon petit troupeau, qui ne confiftoit qu'en une centaine de perfonnes, qu'il confia aux foins de Paul de Sainte-Foi, il fe mit en chemin accompagné de Cosme Turrian & de Jean Ferdinand, & prit la route de Firando, autre ville du Japon, qui étoit célebre par le commerce des Portuguais & des autres chrétiens de l'Europe. Cet

te ville est la capitale du royaume de Figuen, éloi- AN 1550. gnée de Cangoxima d'environ deux cens milles qui font foixante & dix lieues.

Le faint arrivé dans ce pays, obtint du fouverain toute la liberté néceffaire pour prêcher JesusChrist dans fon royaume : & fes premiers fermons furent fi bien reçus, qu'en moins de trois femaines il convertit & baptiza plus d'infideles dans Firando, qu'il n'avoit fait pendant toute une année à Cangoxima & à Saxuma. Cette facilité lui perfuada qu'il feroit encore plus de fruit à Méaco capitale de l'Empire du Japon qui fe trouvoit alors divifé en plus de foixante petits royaumes. Il partit pour se rendre en cette ville,après avoir laiffé à Cofme Turrian ou de Torrez, l'un de fes plus zelez compagnons, le foin de continuer la miffion de Firando. Il prit le chemin de Méaco par le royaume de Nangaro, dont la capitale étoit Amangucchi ville des plus riches du Japon, & par une fuite ordinaire aux richesses, la plus abandonnée aux vices & à la débauche.Cette ville eft maritime, fituée dans la partie principale du pays, compofée de maisons de bois,& contenant alors environ dix mille familles, éloignée de Firando d'environ cent lieuës.Le faint y étant arrivé, trouva plusieurs personnes tant des nobles que du peuple qui fouhaitoient d'être inf truites de la religion chrétienne, dont elles avoient entendu parler; c'eft pourquoi il fe mit en devoir de les inftruire, lifant fon manufcrit dans les carrefours & places publiques, parce qu'il ne fçavoit pas affez bien la langue du pays. Car on lit dans une de fes lettres, qu'il s'y plaint avec douleur

de ne pas fçavoir le langage du Japon.,, Si je le AN. 1550. „fçavois, difoit-il, je ne doute pas que plufieurs

XLII. Mauvais traite

à Amangucchi. Turfelin. ibid. ut fuprà..

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n'embraffaffent la foi chrétienne. Dieu veuille

que je l'apprenne bien-tôt ; alors enfin je rendrai quelque fervice à l'églife. Prefentement je ne "fuis au milieu de ces infideles que comme une ftatue. Il est un peu furprenant que Dieu lui ayant accordé le don des miracles dans un degré fi éminent, felon les auteurs de fa vie, lui ait refufé le don des langues fi neceffaire & le plus utile de tous, avec lequel, à l'exemple des apôtres, il eût pû convervir tant de payens à la foi de l'évangile. Mais Dieu diftribuë fes graces comme il lui plaît, & fouvent contre l'ordre que nous trouverions le mieux entendu.

La nouveauté de la doctrine que le faint prêmens qu'il reçoit choit, excita d'abord les efprits: plufieurs l'écoutoient volontiers, d'autres le méprifoient, choquez de la mine étrangere du prédicateur, quelques uns fe mocquoient de lui ouvertement, de forte que le pere paroiffant dans la ville étoit fouvent fuivi d'une troupe d'enfans qui le traitoient de fou & d'infenfé, & de la populace qui fe rioit de fes prédications, & qui répetoient en raillant les mysteres de la religion chrétienne, qu'il leur avoit appris, ce qu'il fouffroit avec beaucoup de patience, en faifant attention à la caufe pour laquelle il étoit ainfi traité. Le roi l'ayant fait appeller, il fe rendit au palais, où interrogé fur fon pays, & fur le fujet de fa venue dans le Japon, Xavier répon dit qu'il étoit Navarrois, & qu'il n'étoit venu que pour annoncer l'évangile, & apprendre aux peu

ples les voyes du falut. Il expliqua les principes AN. 1550. de la religion chrétienne, & recita la plus grande partie de fon livre pendant près d'une heure. Mais le prince ne faifant aucun cas des difcours du faint, & fon cœur étant fermé à toutes les faintes veritez qu'on lui annonçoit, Xavier ne jugeant pas à propos de demeurer plus long-tems dans un pays où la femence de l'évangile ne pouvoit prendre racine, & voyant qu'on le traitoit d'extravagant & d'infenfé, prit la réfolution de passer à Méaco, où il n'arriva qu'à la fin de l'hyver de 1551. & où il ne fut pas plus heureux, comme on verra.

les

XLIII: Saint Ignace

travaille à la fon ordre.

propagation de

Bouhours, vie de faint Ignace, 1.40 Orlandin. in

R.3.& 4.

20.

Orland. ibid. ¿

Ignace de fon côté travailloit avec zéle à la propagation de fon ordre. Il l'établit en Sicile, en Afrique & dans l'Amerique; & il eut la confolation de le voir très floriffant aux Indes orientapar les foins du roi de Portugal. Il est vrai que la maifon profeffe fut réduite à une extrême né- hift. fociet. l. 9. ceffité par la mort de Paul III. qui lui faifoit reglement des aumônes confiderables. Mais les cardinaux s'en étant fouvenus dans le conclave, la gratifierent d'une fomme d'argent affez confiderable, d'autres perfonnes lui donnerent encore des preuves de leur liberalité ; & avec ce fecours; Ignace entretint l'efprit de l'étude parmi ses compagnons, & fit fleurir les sciences dans fa focieté : il obligea les profeffeurs de Meffine & de Palerme à lui rendre compte de leur travail toutes les femaines, & il voulut qu'on lui envoya du fond de l'Espagne toutes les théfes de philofophie & de théologie, avec les compofitions des jeunes régens en profe & en vers, qu'il fe donnoit la peine de

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