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AN.1552.

dant cinq ans. Le prétexte dont ufa cette princeffe, étoit que Reiffemberg avoit paffé le Mein avec fon regiment après la levée du fiége de Francfort, à la perfuafion d'Albert de Brandebourg, & qu'il s'étoit venu joindre à lui; & comme Albert étoit engagé avec la France, la reine prétendoit que la démarche de Reiffenberg retomboit en partie fur lui & fur le Landgrave, & que c'étoit un violement fait à la paix. Mais l'empereur aïant fçû la détention du Landgrave, donna promptement les ordres néceffaires pour le remet- Il ne fut tre en liberté. Il fut donc relâché le quatriéme mis en liberde Septembre, & partit auffi-tôt de Flandres de Septem té que le 4 pour se rendre à Caffel.

bre.

XCVI.

va trouver

bert.

De Thou,

A l'égard de Maurice électeur de Saxe, comme il craignoit toûjours que l'empereur, malgré Maurice la paix, n'eût confervé quelque reffentiment des l'empereur offenfes que ce prince avoit reçûes de lui, il& tous deux s'empreffa de lui offrir fes fervices contre Albert, s'uniffent qui continuoit la guerre fans les autres confede- contre Alrez. L'empereur accepta fes offres, fit un traité Sleidan, avec lui, & le déclara chef de l'armée imperiale, à bid. 1.24. laquelle il avoit joint les troupes du duc de Brunf-P. 88. wick. Cette alliance ne fit point perdre courage hi, l. 10. à Albert; après s'être emparé de la ville & du château de Lichtenaw, qui n'eft qu'à deux lieues de Nuremberg; il brûla cent villages, foixante & dix châteaux, & les maifons de campagne des habitans de Nuremberg. Il n'épargna pas même les temples; mais n'y mit le feu qu'après les avoir pillez. Il alla enfuite dans une grande forêt qui fourniffoit du bois à bâtir & à brûler, & y aïant mis le feu, il en brûla plus de trois mille arpens, & déclara la guerre à toute la nobleffe de la contrée, fi elle n'entroit dans fon parti. Les évêques de Bamberg & de Wirtzbourg en Franconie, pour fe délivrer du danger & du pillage, furent contraints de s'accommoder avec lui à de dures conditions

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AN.1552.

ditions. Les villes de Suabe lui envoïerent des députez qui n'en purent rien obtenir; & après avoir affiegé Nuremberg, & lui avoir impofé des loix fort rigoureuses, pour s'obliger à en lever le fiége, il alla menacer ceux d'Ulm, & mena fes troupes du côté de Tréves , pour demander à l'archevêque le château de Coblentz. Ce fut alors qu'il fe fépara des confederez, & Cruautez que s'avançant jufqu'au Rhin, il fe rendit maître qu'Albert de Wormes & de Spire, en tira une grande fombourg exerme d'argent, & quelques canons, & jetta une si ce en Ale- grande épouvante dans le païs, que les prêtres magne ou fuïoient ou changeoient d'habits, pour cacher De Tho, leur profeffion; & que les évêques même fe cachoient ou fe fauvoient par la fuite. L'empereur

XCVII.

de Brande

L10.11.

étant arrivé à Ulm au milieu de ces défordres, trouva les évêques de Maïence, de Spire, de Wirtzbourg & de Bamberg, très-chagrins des conditions iniques qu'Albert leur avoit impofées, & ce prince aïant égard à leurs plaintes, caffa tous ces traitez, défendit de les observer, & manda que chacun prît les armes pour recouvrer ce qui lui appartenoit. Il accorda la même permiffion à ceux de Nuremberg, les exhorta tous de fe liguer pour défendre leurs frontieres contre l'ennemi commun, & confeilla à ceux de la Suabe, & aux peuples qui font fur le Rhin de faire la même chose. Ainfi ils fe joignirent tous contre L'empe- Albert; de-là l'empereur aïant paffé par les terreur vient res de Wirtemberg, prit fon chemin vers Strasbourg, où la veuve du duc de Lorraine, à qui

XCVIII.

à Stras

bourg.

De Teen,

ibid. ut fup.

le roi de France avoit ôté l'administration de fes
états, vint le trouver, d'où elle fe rendit enfuite
dans les Pais-bas. On ne fçauroit exprimer les
rayages & les défordres que les Imperiaux firent
dans ce païs-là; on ne voïoit de tous côtez qu'em-
brafement, que pillages, & l'on n'entendoit par
tout que
les gemiffemens de ceux qui abandon-
noient tout pour se fauver.

Le

AN.1552.

Le roi de France, voïant l'empereur ainfi s'avancer, conçut auffi-tôt, qu'il venoit en Lorraine, dans le deffein de recouvrer les villes de Metz, de Toul, & de Verdun, qui avoient été démembrées de l'empire. C'eft pourquoi dès le commencement d'Octobre, Henry envoïa à Metzles compagnies des gendarmes du duc de Lorraine, du duc de Guife, & du prince de la Rochefur-Yon, avec trois compagnies de chevaux legers, & huit enfeignes de gens de pied. Néanmoins afin que ces troupes ne confumaffent pas les vivres, en attendant l'arrivée des ennemis, le duc de Guife les diftribua hors de la ville, & les emploïa à faire venir les convois; il y eut quelques efcarmouches avant le fiége entre le duc d'Albe pour l'empereur, & les troupes du roi de France, & le premier y fit plufieurs pertes affez confiderables; mais il fçût les reparer peu de tems après, & fi l'empereur fut venu à fon fecours auffi promptement qu'on l'attendoit, il y a apparence que les François euffent été mal menez mais ce prince ne put commencer le fiége de Metz que le vingt-deuxiéme d'Octobre, & par ce retardement, il donna le tems au duc de Guife de munir cette ville & celle de Nancy de toutes les chofes néceffaires, & d'y faire entrer un grand nombre de feigneurs qui s'y enfermerent pour les défendre. Le marquis Albert de XCIX. Brandebourg, qui jufques-là étoit demeuré ferme Charles V. dans la ligue de la France, avoit alors fon quar- ger la ville vient affietier avec cinquante compagnies d'infanterie & de Metz. beaucoup de cavalerie proche de Pont-à-Mouf- Sleidan. in fon. Mais à l'approche de l'empereur, aiant chan- comment. I. gé de fentiment, il traita fecretement avec lui, & 24.09. le quatrième de Novembre, il vint fe rendre au relation du camp devant Metz, après avoir mis en déroute fiege de les troupes du dục d'Aumale, & fait prifonnier Salignac. ce feigneur, qui fur le bruit de cette défection, Daniel, hift.

Dans la

Merz, par

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de France,

étoit venu pour fe faifir de la perfonne d'Albert, AN.1552. ou pour empêcher fa jonction avec l'empereur. to.6 in 4. de Charles V. flatté par ce premier fuccés, & fe l'édit. de voïant d'ailleurs à la tête de près de cent mille 1712.p.44. hommes d'infanterie, & de douze mille de cavale

rie, commença le fiege le vingt-deuxième d'Octobre, avec toute la fermeté d'un general qui se croit déja victorieux. La place fut battue par cent quatorze pieces de canon: mais elle fut encore plus vaillamment défendue, & malgré toutes les forces & tous les efforts des Imperiaux, l'empereur fut contraint de lever le fiége fur la fin de Decembre. La tranchée fut abandonnée le vingt11 eft con- huitiéme de ce mois, jour des faints Innocens, lever hon- le foixante-cinquiéme jour depuis l'arrivée de l'arteufement mée ennemie devant la place, & le quarantele fiege. cinquiéme depuis que l'artillerie avoit commencé

€.

traint de

De Thon à la battre. hift.l. 11. p.

348.

du duc de

Auffi-tôt que le duc de Guise eût vû le fiége Sledan. 1. levé & les ennemis retirez, il dépêcha trois fei24. p.909. gneurs pour en porter la nouvelle au roi, qui la CI. reçut avec une joie égale à l'importance du fucCharité cés. Le duc de Nevers & le maréchal de SaintGuife à l'é- André qui couvroient les environs de Toul & gard des de Verdun avec un corps confiderable de cableffez. valerie fe rendirent auffi-tôt à Metz; & le de France, duc de Guife vifita avec eux le camp des Imin 4. édit. de periaux, les batteries, les quartiers, & par 1722.p.54. tout il y trouva quantité de malades & de blefsom.6. fez, qui étoient languiffans, & qui demandoient

Daniel, hift.

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du fecours : le duc naturellement genereux, fut touché de compaffion, & ordonna qu'on leur fournit à tous des vivres & des rafraîchiffemens. Il ordonna de même aux chirurgiens de l'armée d'en prendre un grand foin, & de les affifter comme s'ils euffent été de veritables amis, en faifant tout ce qu'ils pourroient pour leur guerifon. Deux jours après il fit préparer vingt bar

ques

ques couvertes avec des paillaffes & autres commoditez, & y aïant fait embarquer les malades AN-1552. & les bleffez, il les envoïa à Thionville. Cette action fi charitable du duc, lui attira l'amour & la veneration des Allemands, des Italiens, & des Efpagnols, augmenta l'eftime qu'on avoit déja de la nation Françoife, & rendit de plus en plus immortelle la réputation de ce prince. Selon le rapport des prifonniers, la perte des ennemis pût montrer à trente-cinq mille hommes.

CII.

dans le Lu

Sleidan. 1.

Henry II. à fon retour d'Allemagne, paffa Dommapar le Luxembourg, où il prit quelques places, ges caufez ravagea enfuite tout le plat païs, & réduifit en par les cendres le Mont-faint-Jean & Soleure, deux châ- François teaux bien fortifiez ; il prit auffi dans le Luxem-xembourg. bourg, Damvilliers, Yvoy & Montmédi. Le De Thou, même jour qu'il entra dans la ville de Damvil-ft. l. 10. liers, Ferdinand de Sanfeverino, prince de Sa-, 24.8.909. lerne, vint de Naples en pofte pour représenter à ce prince que jamais la France n'avoit eu une CHI. Le prince plus belle occafion de fe faifir fans peine du roïau- de Salerne me de Naples, parce que les Napolitains ne pou- vient de vant plus fupporter les oppreffions des Efpagnols, Naples avoient refolu d'en fécoüer le joug; de forte qu'il trouver le fuffifoit qu'une petite armée parut fur ces côtes, De Thou, pour les faire tous foulever & prendre les armes. hift. 1, 10. Henry reçut le prince de Salerne avec de grands témoignages d'amitié, & écouta tranquillement ce qu'il lui propofoit; mais il ne jugea pas à pro

pos

de lui rien promettre de certain. Cependant Charles V. informé de cette demarche du prince, ordonna au viceroi de proceder contre fa perfonne, de confifquer fes biens, & de le traiter comme un rebelle. Pendant ce tems-là Henry revint à Paris fans avoir voulu licentier fes troupes.

roi.

CIV.

L'appro

L'empereur ne fut gueres plus heureux cette année en Italie, qu'il l'avoit été en Allemagne & che de l'aren Lorraine. La defcente de l'armée navale des mée navale

Turcs

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