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lativement aux décompofitions que leur font fubir la Nature & l'Art; il y en a de fixes, il y en a de volatils.

I°. On nomme Fixité, dans certains corps, la pro priété qu'ils ont de réfifter à l'action du feu, fans fe fublimer, fans s'élever & fe diffiper en vapeurs.

L'or, l'argent, la platine, le fer, l'alkali végétal, l'alkali minéral, font des Corps fixes.

II°. On nomme Volatilité, la propriété oppofée qu'ont un très-grand nombre de corps, de fe réduire en vapeurs légeres qui s'exhalent, lorsqu'ils font expofés à l'action du feu.

L'eau, le vin, le mercure, les huiles, les graiffes, font des Corps volatils.

Le Point jufqu'où un Corps doit résister au feu fans fe fublimer, pour être réputé fixe, n'eft pas un point précis & déterminé : enforte que les fubftances font prefque toujours réputées fixes ou volatiles, par comparaifon avec d'autres fubftances qui le font moins. Par exemple, l'Acide vitriolique, allongé d'eau, eft un corps fixe, par rapport à cette eau: ce même Acide, combiné avec certaines fubftances terreufes, eft un corps volatil, par rapport à ces fubftances.

10. DÉFINITION X. On nomme Pores, les vides ou les interftices que laiffent entre eux, les élémens de matiere qui forment un même Corps, un même Tout, folide ou fluide. (Fig. 78).

Pour vous former une idée fenfible des Pores qui exiftent en fi grande quantité dans toutes les efpaces connues de Corps folides ou liquides ou fluides: concevez une Corbeille AB, remplie de boules à jouer, ou de cailloux irréguliers de différente figure & de différent volume. Ces boules ou ces cailloux, entaffés au hafard les uns fur les autres, ne fe touchent pas dans tous les points de leurs furfaces: ils laiffent donc

des Vides plus ou moins confidérables & plus out moins réguliers, entre leurs parties folides.

C'est une image affez reffemblante & affez naturelle de la configuration interne des différens Corps, folides, liquides, fluides, qui fe prêtent à nos expériences; & qui tous ont une plus ou moins grande fomme de Pores, par le moyen defquels', comme par autant de routes ouvertes & frayées, les Fluides plus fubtils s'y infinuent & s'en échappent avec une merveilleufe facilité.

11. DÉFINITION XI. On nomme Phénomene, un effet fenfible & furprenant dans le Ciel ou fur la Terre, que l'on découvre, ou par la fimple obfervation de la Nature, ou par le moyen des expériences phyfiques; & dont la caufe n'eft pas fenfible & évidente en elle-même.

1°. Le mouvement d'un Carroffe, traîné par des chevaux, n'eft pas un phénomene: parce que l'on voit la

caufe de cet effet.

II°. Le mouvement d'une Planette ou d'une Comete, en ligne courbe autour du Soleil, eft un phénomene: parce que cet effet a une caufe qui ne fé montre pas aux yeux, & que l'efprit doit chercher & deviner.

On voit par-là, que le nom de Phénomene s'étend une infinité de chofes : puifqu'il y a dans la Nature, une infinité d'effets fenfibles, qui ne furprennent peutêtre pas, parce qu'on eft accoutumé à les voir fans ceffe; mais qui font toujours furprenans en euxmêmes, puifque leur caufe ne fe fait pas voir & fentir.

La connoiffance de la Nature, eft fondée toute entiere fur l'obfervation des Phénomenes qu'elle préfente à nos ens: puifque nous ne voyons pas les chofes en elles-mêmes, & que nous ne pouvons connoître les Caufes cachées & invifibles, que par leurs effets fenfibles; la Nature, que par fes phénomenes.

COUP-D'ŒIL SUR LES ÉLÉMENS PRIMITIFS.

12. OBSERVATION. Quelles que puiffent être & la figure & la nature de ces Molécules élémentaires, qui font les Parties conftituantes primitives des différentes efpeces de Corps; & qui, par leur infinie petiteffe, échappent néceffairement à nos yeux armés de tous les Microfcopes poffibles:

1o. Il est certain, de l'aveu de tous les Naturaliftes éclairés, que ces Molecules élémentaires_primitives doivent avoir en elles-mêmes, ou par leur na ture, ou par une Loi immuable du fuprême Auteur des chofes exiftantes, une permanante Immutabilité : en telle forte que rien ne puiffe les décompofer, les dénaturer; que rien ne puiffe entamer & divifer leur infiniment petite maffe; que rien ne puiffe changer & altérer leur figure originaire.

Car, fi ces Molécules élémentaires primitives étoient intrinfequement fujettes à quelque divifion, à quelque mutation, à quelque altération; il eft clair que les Corps qui en font compofés, & qui leur doivent leur nature & leur effence, feroient effentiellement muables; & que les eaux, les terres, & les autres corps naturels, ne feroient plus aujour dhui de même nature qu'autrefois: ce qui eft manifeftement contraire à l'expérience & à l'observation.

II°. Ces Molécules élémentaires primitives doivent donc être regardées comme étant en elles-mêmes d'une Dureté infinie: puifque l'expérience annonce & démontre, ainfi que nous l'obferverons ailleurs plus amplement, qu'aucun Agent créé n'a prife fur elles; qu'aucun Agent créé ne peut féparer & divifer les parties homogenes ou hétérogenes qui les conftituent; & que, quoique divifibles en elles-mêmes elles font réellement indivifibles dans le fait & dans P'état naturel des chofes, en vertu d'une Loi ou

d'une Volonté immuable du fuprême Auteur de la Nature.

III°. De cette Dureté infinie, dans les Principes 'élémentaires des Corps, quels que puiffent être ces Principes, il ne s'enfuit aucunement que les molécules inaltérables & infiniment dures qui conftituent l'Eau, par exemple, ne puiffent pas former un Liquide; que les Molécules inaltérables & infiniment dures qui conftituent l'Air ou la Lumiere, ne puiffent pas former un Fluide: parce que la nature d'un Liquide ou d'un Fluide, comme Liquide ou comme Fluide, ne réfulte que d'un défaut de lien & d'adhé rence entre fes Parties intégrantes ; & qu'un tel défaut peut exister dans des Molécules indivifibles & infiniment dures, tout auffi bien que dans des Molécules divifibles & fans aucune dureté.

IV. La dureté des Corps, confifte dans l'adhérence naturelle que prennent entre elles leurs Parties intégrantes dans leurs points de contiguité: quelle que puiffe être la vraie Caufe phyfique de cette adhé rence, que nous examinerons ailleurs.

Les Corps folides, ou les Corps durs, font compofés de Molécules primitives d'une dureté infinie, qui deviennent leurs Parties intégrantes ; & ces Parties intégrantes, liées & adhérentes les unes aux autres par leurs points de contact, oppofent une plus ou moins grande réfiftance à leur féparation. De-là, la dureté de ces fortes de Corps.

Les Corps liquides ou fluides font auffi compofés de Molécules primitives d'une dureté infinie, qui devien nent leurs Parties intégrantes; & ces Parties intégrantes, privées de toute fenfible adhérence entre elles, & propres à gliffer en toute liberté les unes fur les autres, n'oppofent aucune fenfible réfiftance à leur fépara tion. De-là, la fluidité de ces fortes de Corps.

Les Corps les plus durs font ceux qui oppofent le plus

de réfiftance à la féparation de leurs Parties intégrantes féparation qui, en s'effectuant, ne peut jamais aller jufqu'à en entamer les Molécules élémentaires primitives, lefquelles reftent toujours indivifibles & inaltérables & dans leur maffe & dans leur configuration.

Quand on divife un Corps, on en fépare les Parties intégrantes : quand on décompose un Corps, on en fépare les Parties conftituantes: mais jamais on n'en divife & jamais on n'en décompofe les Elémens primitifs.

DIVISION DE CE PREMIER TRAITÉ.

13: OBSESERVATION. On peut confidérer la Matiere, ou précisément comme Matiere, ou spécialement comme compofant des Corps : & c'eft fous ce double point de vue, que nous allons l'envisager dans ce premier Traité.

Pour faifir la raifon & le fondement de la dif tinction que nous mettons entre la Matiere & les Corps: concevez tous les différens corps qui forment cet immense Univers, comme réduits à leur derniere divifion naturelle, ou comme décomposés en leurs Elémens primitifs; élémens féparés les uns des autres, épars au fein du Vide infini, & tels que fe les figuroit Epicure avant l'origine des Chofes, dont il entreprit d'expliquer la formation.

Dans cette hypothefe évidemment poffible, il y aura une Matiere, & il n'y aura point de Corps : on peut donc confidérer la Matiere comme matiere, fans la confidérer encore comme conftituant des Corps.

De-là, cette double Queftion, qui tracera le plan de ce premier Traité : quelle eft la nature de la Matiere? Quelle eft la nature des Corps?

De-là, la divifion de ce premier Traité, en deux

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