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1°. Le Sel, précipité d'abord en mnaffe folide au fond de l'eau, attire l'eau contiguë; & eft attiré par l'eau contiguë.

La couche d'eau, qui fe trouve contiguë à la maffe folide du Sel, au fond du Vaiffeau, en vertu de fa force attractive fpéciale pour le fel, s'infinue avec violence dans fes pores; divife & détache fes petites molécules; fe charge & fe fature de fes particules divifées & féparées de la maffe.

II. A cette premiere couche d'eau, qui agit immédiatement fur la maffe folide du Sel, au fond du Vaiffeau, eft contiguë une feconde couche d'eau, qui exerce à fon tour toute fa force attractive contre les molécules falines qui ont été attirées & exaltées par la premiere couche. Elle s'en charge donc à fon tour; &, en dépouillant ainfi la couche contiguë au fel, elle la rend à fa force attractive, elle l'empêche d'arriver bientôt au Point de faturation; elle la met en état de continuer à attaquer & à divifer la maffe du Sel.

- III°. Une troisieme couche d'ean, fait fur la feconde, ce que celle-ci a fait fur la premiere; & ainfi de fuite, d'une quatrieme couche fur la troifieme, d'une cinquieme fur la quatrieme, d'une dixieme fur la

neuvieme.

Les Couches d'eau fucceffives, depuis le fond jufqu'à la furface, à mesure qu'elles fe chargent de molécules falines, font donc fans ceffe dépouillées de leur fel par les couches d'eau plus éloignées, qui n'ont encore rien perdu de leur force attractive pour le fel force qu'elles exercent toute entiere contre les molécules falines de la couche d'eau qui les avoifine, laquelle a déjà perdu une partie de fa force attractive, proportionnelle à la quantité de fel dont elle s'eft emparée.

:

IV. La couche d'eau, qui fe trouve contigue à

la maffe du Sel à dijfoudre, fans ceffe dépouillée du fel qu'elle attire, & fans ceffe rendue à fon avidité pour le fel qu'elle touche, continue donc à divifer & à abforber les molécules de ce fel : jufqu'à ce que toute la maffe d'eau en foit pleinement faturée. C. Q. F. D.

106. REMARQUE I. Quand l'eau a attiré & abforbé précisément la quantité de fel qu'elle appete, & qu'elle a épuifé à cet égard toute fa force attractive; le Sel fuperflu refte en maffe au fond du vaiffeau, & ne s'y diffout plus : à moins qu'on n'y mette une nouvelle quantité d'eau, qui foit fuffifante pour en achever la diffolution.

Le Sel ne change point de nature, en fe diffol vant dans l'eau : chacune de fes molécules, unie à une ou à plufieurs molécules d'eau, conferve la même nature de fel qu'elle avoit dans la maffe totale. Le Sel eft donc divifé par cette opération, fans être décompofé: il effuye la plus grande divifion poffible dans fes Parties intégrantes: il n'en effuye aucune dans fes Parties conftituantes.

107. REMARQUE II. L'Eau faturée de fel, & féparée du fel fuperflu qu'elle n'a pu diffoudre, tient adhérant à fes molécules, tout le fel dont elle s'eft chargée.

Mais cette eau vient-elle à s'évaporer? A mefure que la quantité d'eau diminue, le Sel dont étoit fa turée la partie qui s'évapore, fe criftallife & fe précipite fucceffivement au fond du Vaiffeau, en petites maffes femblables & régulieres ; & quand l'évaporation eft entiérement achevée, on trouve au fond du vaiffeau où l'eau étoit contenue, entaffé en Criftaux femblables & réguliers, tout le fel tenoit en diffolution.

qu'elle

108. REMARQUE III. L'eau fait de même la fonc

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tion de Diffolvant, à l'égard d'un grand nombre d'au⭑ tres corps: c'est-à-dire, qu'elle les pénetre, qu'elle en écarte & en fépare les parties intégrantes, que fouvent-elle en rompt le noeud & l'union.

C'eft ainsi qu'elle divife les terres, les fels & les fucs des plantes: elle fe charge de leurs particules divifées ; & elle les tient féparées, tant qu'elle a une force fuffifante, pour empêcher qu'elles ne fe rejoignent.

Cette propriété de l'Eau, que l'action de l'air & du feu peut aider & augmenter confidérablement en mille & mille circonftances, a fouvent pour cause principale & fondamentale, l'affinité ou l'attraction qui fe trouve entre l'eau & les fubftances qu'elle pénetre. Attirée par ces fubftances, & attirant ces fubftances à fon tour, on conçoit facilement comment elle s'infinue entre leurs parties élémentaires, quand elle n'eft pas arrêtée par une force fupérieure: comment elle tient ces parties élémentaires en diffolution, tant que fa force attractive n'eft pas furchargée & épuifée.

109. REMARQUE IV. C'eft à cette vertu attractive & diffolvante, que l'Eau doit l'avantage ou le défavantage de n'être prefque jamais pure; & de tenir prefque toujours en diffolution, quelques fubftances' étrangeres à fa nature.

1o. En paffant fur des maffes de fel, répandues dans le fein de la Terre; l'eau les diffout fucceffivement, fe charge de leurs molécules; & forme des Sources falées.

II°. En coulant fur la furface & dans l'intérieur · de la Terre; l'eau y. détache & y faifit des particules terreufes, gypfeuses, féléniteufes; & forme des Eaux dures, ou des Eaux crues.

III. En fe filtrant à travers des fubftances miné

rales de différente efpece; l'eau en détache une quan tité plus ou moins grande de particules gafeufes, fulphureufes, falines, métalliques, qu'elle tient en diffolution; & forme des Sources minérales, qui ont différentes vertus, felon la différence des Principes hétérogenes qu'elles contiennent.

AUTRES ESpeces de DISSOLUTIONS,

110. ASSERTION. Les autres efpeces de Diffolutions; ainfi que la diffolution des Sels, paroiffent refulter uniquement de la Loi d'affinité, ou de l'Auracion spéciale qui exifte entre les Parties intégrantes des Corps qui fe diffolvent réciproquement.

Cette Affertion va être établie & démontrée par la fimple explication de quelques Expériences fenfibles & décifives, dont les phénomenes partent toujours de la même Caufe différemment modifiée; fa→ voir, de la Loi d'affinité.

III. EXPÉRIENCE I. Dans un Verre à boire, mettez une très-petite monnoie de cuivre; & verfez dans ce verre environ une once d'Eau-forte, laquelle n'eft autre chofe que l'Acide du mitre, fé paré de fon Alkali.

EFFETS. Il fe fait à l'inftant dans ce Verre, une effervefence & un bouillonnement fenfibles. La Liqueur s'infinue, avec violence, dans les pores du cuivre, en divife & en exalte les parties. Elle s'é chauffe & s'éleve en vapeurs verdâtres; & enfin toute la piece de monnoie a disparu, & fes molécules divifées fe trouvent en diffolution dans la maffe d'eau-forte, qu'elles colorent.

L'Eau-forte opere à peu près les mêmes effets de diffolution, fur le fer, fur le plomb, fur tous les métaux; à l'exception de l'Or & de la Platine qu'elle n'attaque point.

Și, avec la monnoie de cuivre, on mẹt dans le

verre dont on vient de parler, une petite piece d'or: tandis que le cuivre fe diffout, l'or n'eft point attaqué par le Diffolvant, qui eft ici l'eau-forte.

112. EXPLICATION. Les parties élémentaires de l'Eau-forte, que l'on peut regarder comme autant de petits tranchans fort aigus, fe portent & s'infinuent avec une violente impétuofité, dans les pores du Cuivre: les molécules du cuivre fe détachent fucceffivement de leur maffe, avec une femblable impétuofité, pour s'unir aux molécules de la Liqueur qui les touche, les affiege, les cerne, les abforbe.

I. A quelle Caufe attribuer cette action impétueufe, qui défunit des parties fi adhérentes; fi ce n'eft à l'Attraction Spéciale qui exifte entre les élémens du Cuivre & les élémens de l'Acide nitreux : attraction qui emporte avec violence les uns vers les autres, ces Elémens analogues; & qui, par leur choc mutuel, fait naître une affez forte chaleur dans ces deux fubftances ainfi combinées?

II°. Aucune autre Caufe ne peut rendre raifon de ces phénomenes: comme il feroit aifé de le faire yoir & fentir, en montrant & en développant encore l'infuffifance de la Matiere tourbillonnante, de l'Attraction générale, de l'action de l'air, de l'action de la chaleur qui eft ici effet plutôt que caufe. Il paroît donc que la Caufe que nous affignons à ces phé nomenes, en eft la vraie caufe phyfique. C. Q. F. D.

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113. EXPÉRIENCE II. Dans un autre Verre à boire, mettez ou une petite piece ou quelques petites feuilles d'Or ; & verfez dans ce verre, environ une demionce d'Eau régale, qui eft un mélange d'Acide nitreux & d'Acide marin.

EFFETS. Les molécules de l'Eau régale, comme tout autant de petits tranchans, s'infinuent avec vio lence à travers les pores de l'Or; en divifent les par

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