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un fourneau convenable, une livre d'Etain bien pur. La fimple action du feu, fans le fecours d'aucun Acide, d'aucun Alkali, d'aucun autre Diffolvant, en fera une Chaux d'étain.

Révivifiez cette Chaux d'étain, avec tout l'art & tout le foin poffible. Elle redeviendra le même Etain qu'auparavant, mais il y aura un déchet : une partie du métal aura été altérée & détruite. (1643 & 1633).

Calcinez de nouveau l'Etain que vous venez de révivifier; & révivifiez-en encore la Chaux, avec le même foin. Il y aura encore une nouvelle perte, un nouveau déchet; & à force de multiplier les calcinations & les révivifications, vous détruiriez enfin toute cette fubftance métallique.

On peut dire la même chofe, des autres Métaux imparfaits & de tous les Demi-métaux. La fimple action du feu, fuffit pour les convertir en leurs différentes Chaux; & ces Chaux ne fe révivifient jamais fans une perte, fans un déchet.

131. REMARQUE III. Les Métaux imparfaits & les Demi-métaux font de vrais Mixtes, que le Feu décompofe plus ou moins complettement, ou dont le Feu fépare & défunit les Parties conftituantes.

Ces Parties conftituantes font le Phlogistique ou le Principe inflammable, & la Terre élémentaire combinée avec quelque autre Principe encore inconnu.

Il est très-vraisemblable que les Métaux parfaits font auffi de vrais Mixtes, dont les Parties conftituantes font également & le Phlogiftique & la Terre élémentaire combinée avec un Principe inconnu, & différent dans chaque efpece métallique. Mais dans les Métaux parfaits, l'union du Phlogistique & de la Terre élémentaire ainfi combinée, eft incomparablement plus intime & plus forte, qu'elle ne l'eft dans lés Métaux imparfaits & dans les Demi-métaux.

Il est démontré par une infinité d'observations bien certaines & bien décifives, que toutes les Subf→ tances métalliques ont la propriété de cryftallifer; ou de prendre des formes conftantes & régulieres, qui font particulieres à chaque efpece métallique. La Cryftallifation de ces fortes de Subftances, va être expliquée conjointement avec celle des Pierres précieufes & des Pierres communes.

LA CRYSTALLISATION Des Pierres.

132. OBSERVATION. Parmi les Pierres précieufés, nous nous bornerons à faire connoître le Crystal & le Diamant, qui vont fervir de bafe à la théorie de la Crystallisation en ce genre.

1°. Le Crystal naturel, ou le Cryftal de roche, eft une pierre dure, tranfparente, figurée en prifmes à fix faces, qui font terminées à chaque bout, par des pyramides auffi exagonales.

II°. Le Diamant eft auffi une pierre, la plus dure, la plus brillante, la plus eftimée des pierres précieuses. On la trouve ordinairement cryftallifée en un Solide à huit faces, tel qu'il doit réfulter de deux Pyramides quadrangulaires, jointes par leurs bafes.

133. ASSERTION. Le phénomene de la Cryftallifation des Pierres & des Métaux, paroît réfulter uniquement de la Loi d'affinité, ou d'une Attraction Spéciale entre leurs Parties intégrantes.

DÉMONSTRATION. Si on fe rappelle ici bien exac tement & bien nettement, le petit enchaînement de principes & des conféquences, que nous avons fuffifamment établi & développé, en traitant de la Crystal lifation des Sels: il eft clair qu'il n'eft plus question que de généralifer cette même Théorie, pour la tranf porter d'un feul coup, à tous les genres poffibles de Cryftallifation. (123 & 124).

Tome 1.

K

Soit donc un Corps quelconque, un Diamant, un Caillou, une Pyrite, un Métal, un Crystal de roche, ou tel autre corps cryftallifable, dont les Parties intégrantes foient actuellement feparées les unes des autres, par l'interpofition d'un Fluide; par exemple, par l'interpofition de l'eau, qui les aura diffoutes dans fa route, & qui les aura voiturées avec elle dans un même réfervoir, où elle les tient en diffolution.

1o. Si une portion de ce Fluide s'évapore & se diffipe: il eft clair que ces Parties intégrantes le rapprocheront entre elles ; & que la quantité du fluide qui les écarte, diminuant de plus en plus, elles parviendront enfin à fe toucher & à s'unir.

Elles pourront même fe joindre & s'unir : lorfqu'elles feront arrivées à un tel degré de proximité que la tendance qu'elles ont entre elles, fera capable de franchir l'efpace qui les fépare.

II. Si, pendant cette diminution fucceffive du Fluide, elles ont le tems & la liberté de fe joindre les unes aux autres par leurs faces les plus analogues: elles formeront des maffes d'une figure conftante & toujours femblable.

* III. Si la fouftraction du Fluide interpofé fe fait fi promptement que les parties cryftallifables qu'il fépare, fe trouvent rapprochées & dans le point de contact, avant d'avoir pu prendre refpectivement les uns aux autres, la pofition vers laquelle elles tendent naturellement; alors ces Parties fe joindront indiftinctementt par les faces que le hasard préfentera l'une à l'autre dans ce contact forcé: elles formeront des maffes folides qui n'auront aucune forme déterminée & réguliere. C. Q. F. D.

APPLICATIONS DE CETTE THÉORIE.

134. OBSERVATION. De cette Théorie ainfi géné

ralifée, découle facilement l'explication de tous les genres de Cryftallisation.

I'. Les formes régulieres du Cryftal de roche, des diverses Pierres précieuses, des Spats, de certaines Stalactiques, de la plupart des Pyrites, de plufieurs Minéraux, de quelques Métaux purs, doivent être attribuées au mécanifime qu'on vient d'expliquer; c'est-à-dire, à la féparation lente & paifible de l'eau qui charrioit & qui tenoit en diffolution, les Parties intégrantes de ces divers Corps.

II. La formation des Perles dans l'Huître, de la Pierre dans la Veffie humaine, du Bézoard dans l'eftomac & dans les inteftins de certains Animaux doit être attribuée à la même caufe, au même mécanifme phyfique.

Des fucs lapidifiques très-fins, & des fucs animaux, propres à fe durcir, en fe filtrant à travers les glandes de l'Huître aux perles, vont fe dépofer dans certains réservoirs de ce Poiffon teftacée; s'y uniffent & s'y arrangent en liberté felon leur tendance naturelle; ne trouvant pas d'iffue pour s'échapper avec le Fluide qui les y à voiturés.

Des fucs plus ou moins femblables, mais moins purs & plus groffiers, filtrés à travers la fubftance rayonnée des Reins, vont fe dépofer dans la Veffie humaine; & s'y cryftallifent, s'ils ne s'échappent pas en liberté avec le Fluide qui les y a portés.

Toutes les huîtres & tous les hommes n'éprouvent pas de semblables cryftallifations: parce que toutes les huîtres & tous les hommes n'ont pas des réfervoirs propres à opérer une fouftraction du Fluide dépouillée des fucs lapidifiques qu'il tenoit en diffolution,

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III°. Ces Congélations naturelles que l'on admire dans certaines Grottes fouterreines, ont encore la même origine. L'eau filtrée à travers les terres & les rocs,

arrive goutte à goutte à la furface intérieure de ces grottes, chargée de divers fables très - fins qu'elle tient en diffolution. A mefure qu'elle s'évapore infenfiblement, ces fables fe rapprochent, s'arrangent librement felon leurs faces analogues; & forment des Crystallisations de différente efpece, felon la différence de leurs configurations & de leurs affinités.

IV. Les divers Subftances métalliques ont auffi leurs Crystallifations propres, qui émanent de la même caufe & du même principe. Telle eft la fameufe Etoile du Régule d'antimoine: telles font certaines Ramifications régulieres, que prennent quelquefois les métaux purs, comme l'or, l'argent, le

cuivre.

Quelques Chymiftes célebres, ayant tenu fucceffivement les divers Métaux en fufion à un très-grand degré de chaleur, & les ayant enfuite fait réfroidir avec une extrême lenteur, ont obfervé que chaque Subf tance métallique s'arrange d'une maniere réguliere qui lui eft propre; & qui ne peut être que l'effet de la tendance qu'ont les Parties intégrantes de chaque métal, à s'arranger ainfi fymmétriquement.

L'illuftre Réaumur avoit rémarqué que l'Antimoine fondu à un feu violent, & refroidi avec une lenteur convenable, prend toujours la forme d'une Etoile rayonnante, effet naturel de la tendance qu'ont fes Parties intégrantes, à s'arranger ainfi; & tout le Mystérieux de cette Etoile merveilleufe, a disparu devant le flambeau d'une faine Phyfique.

Vo. En général, la Crystallisation est un phénomene commun à tous les Corps du regne minéral du regne végétal, du regne animal; & la Propriété de cyftallifer, paroît être tout auffi naturelle à la mathere qui forme les Corps terreftres, que la propriété de graviter. Parmi ces deux propriétés, la derniere eft l'effet de la Loi de gravitation; la premiere eft l'eff de la Loi d'affinité,

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