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bannir de la Phyfique, comme inutiles & redondantes, comme ineptes & fabuleufes, les Loix de répulfion.

Or, on peut rendre raifon des divers phénomenes de la Nature, dans lefquels on croit voir une Force répulfive, par les Loix communes de l'impulfion & de l'attraction : ainfi que nous allons le faire voir, en rapportant aux Loix de l'impulfion & de l'attrac tion, les principaux phénomenes par lefquels on s'efforce d'établir ces Loix de répulfion. Donc il n'eft point néceffaire d'admettre dans la Nature, des Loix de répulfion.

138. EXPÉRIENCE I. Si on expofe à la Rofée du matin, une foule d'échantillons d'Etoffes différentes; on remarque que quelques-unes de ces étoffes, fe chargent abondamment de rofée : que quelques autres en prennent beaucoup moins; & que certaines n'en prennent point du tout. D'où l'on conclut que, la Rofée tombant également en tout fens fur la Terre, il faut qu'il y ait dans certaines laines ou dans certaines teintures, une Force repulfive, qui empêche la rofée de s'unir & d'adhérer à certaines étoffes.

On obferve la même diverfité de phénomenes, dans les Métaux expofés à la rofée; & on en tire les mêmes conféquences.

RÉFUTATION. Cette Expérience prouve l'existence d'une Loi d'affinité, ou d'attraction spéciale, & non l'existence d'une Loi de répulfion.

1o. Les Etoffes qui fe chargent de rofée, ont une Affinité avec l'eau ; en vertu de laquelle elles hument fans ceffe, ainfi que les Sels, les vapeurs répendues dans l'Athmosphere; les retiennent, & fe les rendent adhérentes: elles doivent donc être imbibées & chargées de rofée.

II°. Les Etoffes qui ne prennent point de rofée, manquent de cette Affinité avec l'eau; fans doute à raifon des couleurs dont elles font imprégnées : en conféquence de quoi, elles ne pompent point & ne fucent point les vapeurs de l'Athmofphere. Et fi quelques particules de rofée, tombent fur elles par leur gravitation: ces Particules, que l'étoffe ne fe rend point adhérentes, font fans ceffe emportées & diffipées par l'agitation & la circulation de l'air. Ces fortes d'étoffes, doivent donc être fenfiblement fans rofée.

III°. On peut dire la même chofe des Métaux : qui, à raifon du poli ou du mat, de la netteté ou de la craffe de leurs furfaces, deviennent plus ou moins difpofés à attirer & à s'attacher la rofée.

On peut voir dans les Ouvrages de Meffieurs Muffchembroek, Gerftein, Dufay, un grand nombre d'expériences curieufes fur la rofée; dont on pourra rendre raison, d'après les Principes que nous venons d'expofer & d'établir. L'une des plus curieufes & des plus faciles à répéter, c'eft celle-ci. Expofez à la rofée du matin, une grande Affiette d'argent, fur laquelle vous poferez un gobelet de cryftal ou de porcelaine; & une grande Affiette de porcelaine ou de crystal, fur laquelle vous poferez un gobelet d'argent. Vous trouverez le lendemain, que l'affiette & le gobelet d'argent, n'ont point de rofée; & que l'affette & le gobelet de porcelaine ou de crystal, en font tout couverts.

139. EXPÉRIENCE II. Dans plufieurs Diffolutions chymiques, on voit des parties s'approcher, & d'autres s'éloigner, D'où l'on conclut qu'il y a des parties qui ont entre elles une attraction; & d'autres parties qui ont entre elles une répulfion.

RÉFUTATION. Cette expérience prouve l'existence des Loix d'attraction & d'impulfion, & non l'exiftence d'une Loi de répulfion.

Deux fubftances qui ont entre elles une Attraction fpéciale, ne peuvent s'unir & fe combiner felon leur affinité, fans fe déplacér; fans prendre un mouvement, fans imprimer leur mouvement de tendance réciproque, aux parties non analogues qui leur font contigues; lefquelles, preffées par leur impulfion, s'échappent, s'enfuient. De-là, les apparentes Répulfions, lefquelles ne font qu'un effet de l'impulfion qu'occafionne l'affinité des parties qui s'attirent.

Les phénomenes de Répulfion, que l'on obferve dans le Magnétifme & dans l'Electricité, ont pour caufe phyfique, l'impulfion d'une matiere affluente ou effluente: comme nous l'obferverons ailleurs. Ils ne prouvent donc point l'existence d'une Loi de répulfion.

140. EXPÉRIENCE III. Expofez une Glace étamée, à la lumiere du Soleil. Vous verrez tous les royons folaires fe réfléchir parallelement entre eux, fous un angle égale à celui de leur incidence.

Sur quoi, l'on raisonne ainfi. La furface plane de cette Glace, examinée avec un Microscope, fe montre hériffée de concavités & d'élévations, Cette Glace ne présente donc point aux infiniment petits ballons ou rayons de lumiere, un Plan uni, capable de les réfléchir parallelement. Il faut donc que ces rayons lumineux foient réfléchis, avant d'avoir touché la furface même de la Glace réfléchiffante. Il faut done qu'il y ait entre cette glace & les rayons de lumiere une Force répulfive; qui, à une infiniment petite diftance, réfléchiffe parallelement ces rayons.

RÉFUTATION. Cette Expérience, qui renferme un grand myftere en fait de Phyfique, n'établit en au cune maniere l'existence des Répulfions.

Il eft difficile à la vérité, de concevoir comment les rayons de lumiere, fe réfléchiffent parallelement à

la rencontre d'une furface qui pour eux eft peut-être tout auffi peu plane & unie; eft peut-être tout auffi irrégulierement hériffée d'enfoncemens & d'élévations; que pourroit l'être la furface des Alpes ou des Pyrénées, pour des Boulets de canon, lancés parallelement contre ces Plages montueuses.

Mais il ne s'enfuit pas de-là qu'il faille admettre entre la Glace réfléchiffante & les Rayons réfléchis une Vertu répulsive, qui faffe réjaillir ces rayons avant que le contact ait lieu. Car, puifque les molécules vitrifiées & polies, qui forment la fuperficie de la Glace fenfiblement plane, ont entre elles des enfoncemens & des élévations, & comme des montagnes & des vallées : il eft clair que les Points répulsifs qu'on leur fubftitue hors de la Glace, doivent donner la même inégalité & la même irrégularité de réflexion aux rayons folaires; qui fe réfléchiffent fans doute à des distances égales des élémens de la Glace, ou des Points répulsifs.

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Suppofons donc que le Point de répulfion, foit à une ligne ou à un millionieme de ligne, des élémens de la Glace. Il est évident qu'une Surface intelligible, prise à cette distance des divers Points de la glace, feroit une furface tout auffi irréguliere que la glace elle-même. Une telle hypothefe, en admettant une nouvelle Loi dans la Nature, n'ôte donc pas l'ancienne difficulté, qui refte toute entiere,

RÉSULTAT DE TOUT CE PARAGRAPHE.

141. COROLLAIRE. Des diverfes Expériences que nous avons rapportées & expliquées dans tout ce troifieme Paragraphe, il réfulte qu'il faut néceffairement, ou renoncer aux lumieres que donne l'expérience fur les Causes phyfiques; ou reconnoître qu'il y a incontestablement dans la Nature, des Affinités, ou des Attractions Spéciales, entre certaines Substances.

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y a donc trois Caufes primitives, d'où émanent les phénomenes de la Nature matérielle : favoir, P'Impulfion, l'Attraction générale, l'Affinité, ou l'Attraction spéciale.

ARTICLE CINQUIEME. L'HOMOGÉNÉITÉ DE LA MATIERE.

LA

142. OBSERVATION. A Matiere eft-elle homogène ou hétérogène; c'est-à-dire, femblable ou diffemblable dans la nature primitive de fes élémens? Grand fujet de difpute parmi les Philofophes * !

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1o. Ceux qui fe déclarent pour l'Homogénéité de la Matiere, prétendent que les élémens des divers Corps, font intrinféquement de même nature; & ne different entre eux, que par la diverfité de leurs maffes & de leurs figures comme un cube de porcelaine d'une ligne d'étendue, differe par fa maffe, d'un cube de porcelaine de deux lignes d'étendue : comme ce premier cube de porcelaine, differe par fa figure, ou d'un globe, ou d'un cône, ou d'une pyramide, ou d'un cylindre, faits de la même pâte, d'égale ou d'inégale grandeur.

Dans cette Opinion, les élémens de l'or, par exemple, font en eux-mêmes & dans leur fubftance, de même nature que les élémens de la terre; & ne different des élémens terreux, que parce que leurs maffes font plus ou moins grandes, ou que ces maffes font différemment configurées. De forte que fi on

(*) ETYMOLOGIE. Homogene: ejufdem generis, de même genre. D'ouos, idem; & de vivos, genus.

pos,

Hétérogene: alterius generis, de différente espece. D'ire, alter ; & de yivos, genus.

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