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ne veulent qu'une feule & unique efpece de Terre, qu'ils nomment Terre élémentaire, & qu'ils fuppofent par faitement femblables dans tous fes élémens.

Cette opinion a pour auteurs & pour partifans les Sthal & les Macquer, Perfonnages qui ont répandu tant de lumieres fur la Chymie. Ils partent de ce principe, qu'il faut regarder comme Subftances de nature terreufe, toutes celles qui, par leur Fixité par leur Pefanteur, par leur Solidité, par leur Infufi bilité, different plus ou moins des autres Élémens principes, favoir, de l'eau, de l'air, du feu que parmi ces fubftances de nature terreuse, on doit regarder comme Terre par excellence, comme plus Ipécialement Terre élémentaire, celle qui poffede au plus haut degré ces quatre qualités; favoir, celle que les Chymiftes nomment Terre vitrifiable; celle dont les parties intégrantes réunies forment des pierres d'une grande dureté, d'une grande transparence, d'un blanc parfait, telles que font le Diamant & le Crystal de roche, quand ils font parfaitement purs, fans couleurs & fans odeurs que les autres fubf tances de nature terreufe, en qui ces quatre qualités font dans un moindre degré, font des fubftances dans lefquelles l'Elément terreux fe trouve plus ou moins mélangé & combiné avec les autres élémens principes.

183. SENTIMENT II. Un grand nombre d'autres Phyficiens célebres, fe décident avec plus de fondement pour la multiplicité d'Efpeces différentes, dans P'Elément terreux; & foutiennent que les Elémens terreux qui forment les Métaux, par exemple, different ou par leur maffe ou par leur configuration ou par l'une & l'autre à la fois, des élémens terreux qui compofent le caillou, le diamant, le bois.

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Selon les Partisans du premier Sentiment; les Elémens terreux font homogenes & dans leur nature Tome I.

& dans leurs maffes & dans leurs configurations: les Corps de nature terreuse, ne different entre eux, que par leur mélange avec les autres Elémens principes.

Selon les Partifans du fecond Sentiment, les Elémens terreux font homogenes par leur nature, hétérogenes par la diverfité de leurs maffes & de leurs configurations: les Corps de nature terreufe different les uns des autres, & par la diverfité des élémens terreux qui les compofent, & par la différente combinaifon de ces éléments terreux avec les autres Elémens principes.

Il est très-vraisemblable qu'il y a plusieurs efpeces différentes d'élémens, dans la maffe de l'Air: comme nous l'avons déjà indiqué, & comme nous le prouverons ailleurs. (771).

Il eft démontré par les belles expériences de Newton fur la Lumiere & fur les Couleurs, qu'il y a au moins fept efpeces différentes de rayons, dans la maffe de la Lumiere. ( 867).

Pourquoi & fur quel fondement refuferoit-on d'admettre la même diverfité, dans les Elémens qui compofent la Terre élémentaire? Pourquoi la Nature, qui a mis de la diverfité dans les molécules de l'Air dans les molécules de la Lumiere, n'auroit-elle mis aucune diverfité dans les molécules de la Terre; où cette diverfité paroît encore plus néceffaire pour rendre raifon des phénomenes que préfente l'étonnante variété des Corps.

184. REMARQUE. C'eft fur ces principes & d'après ces raifons, que plufieurs Chymiftes donnent différentes divifions de l'Elément terreux; qu'ils divifent par exemple, en Terre vitrifiable, en Terre argilleufe, en Terre calcaire, en Terre gypfeufe, en Terre mercurielle : divifions générales qui font toutes fufceptibles d'une foule de fubdivifions particulieres,

1o. On nomme Terre vitrifiable, la plus pure, la plus fimple, la plus infufible, la plus élémentaire des Subftances terreufes: telle que celle qui compofe le Diamant & le Crystal de roche, parfaitement purs, fans couleur & fans odeur.

Les Pierres formées de cette terre, ont plus de dureté que les autres. Elles font feu quand on les frappe avec l'acier : elles font feu auffi, quand on en frappe deux l'une contre l'autre. Mais alors c'eft un feu intérieur, qui n'éclate point au dehors en étincelles fcintillantes: phénomene qui leur eft commun avec le Verre & avec la Porcelaine ; & qui paroît être une dépendance de l'Electricité, dont nous traiterons ailleurs.

IIo. On nomme Terre argilleufe, une espece particuliere de terre, par tout fort abondante, qui ne fermente point avec les Acides; qui s'imbibe & se gonfle dans l'eau; qui fe durcit fans fe vitrifier ou fe calciner au feu. Il est vraisemblable que cette terre, par fon affinité avec l'eau, entre avec elle pour beau coup, dans la compofition des Végétaux.

La Terre argilleufe a beaucoup de rapport avec la Terre marne; & celle-ci, avec la Terre végétale, dont nous donnerons ailleurs une idée plus étendue & plus développée. (504).

III. On nomme Terre calcaire, toutes les fubftances terreuses & pierreufes; qui, expofées à un degré de feu fuffifant, prennent les caracteres de la Chaux vive.

Dans leur Calcination, elles perdent un partie de leur poids & de leur confiftance: parce que l'action du feu leur enleve, outre leur Subftance gáfeufe, une partie confidérable de l'eau qui entroit dans leur compofition. Mais comme les dernieres parties de cette eau, font retenues très-fortement par leur partie terreufe: il faut un degré de feu très-violent, pour la

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leur faire perdre entiérement; & c'eft-là principalement en quoi confifte le changement des terres calcaires en chaux vive. La grande affinité de la Chaux vive avec l'eau, fait qu'elle s'en faifit avec avidité : ce qui occafionne une effervefcence violente & une chaleur fenfible.

Les Pierres calcaires, toujours moins dures que les Pierres vitrifiables, ne font point feu avec l'acier ; quand elles font pures & fans mélange.

IV°. On nomme Terre gypfeufe, une certaine efpece de Terre calcaire, qui ne fait point d'effervefcence avec les Acides; qui forme les Selenites, les Albâtres gypfeux, toutes les Pierres à plâtre; & que l'action du feu convertit en plâtre ou en gypfe, au lieu de la convertir en Chaux. Le Plâtre & la Chaux commune étant deux Substances très-différentes, & ces deux Substances provenant de la Terre à plâtre & de la Terre à chaux: il feroit bien difficile de ne pas admettre une différence réelle quelconque, entre ces deux fortes de Terre.

La Terre à platre, eft combinée avec l'Acide vitriolique: elle ne fait aucune effervefcence avec les Acides; par la raifon qu'il n'exifte aucun Acide qui puiffe expulfer l'Acide dont elle eft faturée, lequel eft le plus fort & le plus puiffant des Acides.

La Terre à chaux, eft combinée avec l'Acide méphytique: elle fait effervefcence avec les Acides; par la raifon que la plupart des Acides peuvent en expulfer l'Acide dont elle eft faturée, lequel eft un des Acides les plus foibles.

Mais fi ces deux Terres ne different réellement entre elles que par leurs Acides: pourquoi donnentelles deux Résultats très-différens, le Plâtre & la Chaux, après leur calcination?

V. Becher nomme Terre mercurielle, une fubftance de nature terreuse; qui, par fon mélange avec le

Phlogistique ou le Principe inflammable, compose les Substances métalliques.

Mais qu'eft-ce que cette Subftance terreufe; qui, en fe combinant avec le Principe inflammable, forme un métal, plutôt qu'un bâton de foufre ou un morceau de bois? C'est ce que n'ont jamais défini les Partisans de cette prétendue Terre mercurielle.

Quelques Chymiftes modernes ont prétendu que l'on peut réduire les divers Métaux, en une Liqueur métallique, fluide, pefante, opaque & brillante comme le Mercure ordinaire, par le moyen de certains Procédés chymiques, qu'ils décrivent & qu'ils donnent pour tout autant d'expériences certaines & inconteftables: ce qui tendroit à établir démonstrativement l'Opinion de Becher.

Parmi les diverfes Expériences qui doivent ainfi réduire en Mercure tels & tels Métaux par tels & tels Procédés chymiques : il en eft une qui a été mise à l'épreuve avec tous les foins imaginables, par Meffieurs Macquer & Baumé ; & elle n'a pas donné un atome de Mercure : les autres n'en donneroient

vraisemblablement pas davantage.

VI°. Le célebre Auteur de l'Hiftoire naturelle, divise l'Elément terreux, en deux claffes générales, favoir, en Terres vitrifiables & en Terres calcinables. L'Argille & le Caillou, la Marne & la Pierre calcaire, peuvent être regardées comme les deux extrêmes de chacune de ces deux claffes: dont les intervalles font remplis par la variété prefque infinie des Mixtes, qui ont tous pour bafe, l'une ou l'autre de ces deux Terres.

Mais quelle terre n'eft pas vitrifiable ? Et fi toute terre eft vitrifiable, que devient la divifion générale dont il eft ici question?

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