Imágenes de páginas
PDF
EPUB

la peau, comme une petite pluie d'argent : donc cette peau eft comme un crible, percé de mille & mille pores. C'eft par le moyen des pores, que s'opere la Tranfpiration, dans les animaux & dans les végétaux.

III°. Les Métaux font poreux. Tous les métaux font diffolubles par le moyen de l'eau forte ou de l'eau régale: donc les Métaux font de toutes parts criblés de pores, qui donnent paffage dans l'intérieur de leur fubitance, à ces liqueurs. (111 & 113).

[ocr errors]

IV°. L'Eau, l'Air, le Diamant, le Cryftal de roche font poreux: puifqu'ils donnent de toute part, un libre paffage à la lumière.

V. Le Marbre eft poreux: puifqu'il fe laiffe pénétrer par l'efprit-de-vin & de thérébentine ; & qu'on donne intérieurement à certains marbres blancs, des Couleurs artificielles & inamiffibles, par lesquelles ils imitent les divers marbres que la Nature a elle-même colorés. C.Q.F.D.

[blocks in formation]

198. Les Pores ne font pas de même figure & de même grandeur, dans tous les Corps.

DÉMONSTRATION. I°. Il y a des corps qui donnent paffage à l'eau & à l'air; tels que le bois, la coque d'oeuf, la peau des animaux. Il y a des corps qui ne donnent paffage, ni à l'air, ni à l'eau; tels que le verre, le crystal de roche, l'or, l'argent, le marbre. Donc les pores de ces différens corps, ne font pas de même figure & de même grandeur.

II°. Quand on examine au Microscope, des Sections fort minces de différens corps: on y découvre fenfiblement des différences très-marquées dans la figure & dans la grandeur de leurs pores: donc il y a réellement une différence de figure & de grandeur, les pores des diverfes efpeces de corps.

dans

III. Il eft conftant que le Liége, à égalité de volume, a une plus grande fomme de pores que le chêne puifque le chêne eft plus pefant que le Liége.

Il eft conftant de plus, que les pores du Liége font plus petits que les pores du chêne : puifque le Liége eft plus propre que le chêne, à empêcher l'évaporation des liqueurs fpiritueufes & fermentefcibles.

Donc le liége & le chêne ont des pores tout différens. Donc encore, dans deux Corps d'inégale denfité, la multitude des pores, peut en compenfer la grandeur. C. Q. F. D.

199. COROLLAIRE. De la théorie que nous venons de donner fur la Porofité des différentes efpéces de il s'enfuit :

corps,

I. Que dans les Corps les plus folides, les plus compactes, les plus pefans, tout n'eft pas matiere: puifque des pores & des vides fans nombre de différente figure & de différente grandeur, font interceptés de toute part, entre les élémens qui forment ces corps. L'Or, le plus pefant & le plus compacte de tous les corps connus, a vraisemblablement plus de vide que de matiere.

II. Que fi un corps très-compacte & très-pefant, tel que l'Or, a déjà beaucoup de vide; un Corps beaucoup moins pefant & beaucoup moins compacte, tet que l'Eau, en aura encore bien davantage.

III. Qu'en fuppofant que toute Matiere eft pefante, comme nous le démontrerons ailleurs (243) la quantité de matiere qui forme deux Corps d'égal volume, eft proportionnelle à leur poids. Un pouce cubique d'or qui pefe environ dix-neuf fois & demi plus qu'un pouce cubique d'eau, aura donc environ dix-neuffois & demi plus de matiere & moins de vide, que l'eau,

IV°. Que dans la théorie des Corps, il faut favoir diftinguer exactement ces trois chofes, la Mafie, le

[ocr errors][ocr errors]

Volume, la Denfité; dont nous allons donner des idées nettes & précises.

MASSE, VOLUME, DENSITÉ, DANS LES CORPS:

200. DÉFINITION. I. La Maffe d'un corps, eft la quantité de matiere gravitante qu'il contient : :quel qu'en foit le volume. La quantité de la maffe, eft déterminée par la quantité du poids.

La maffe d'une livre de laine, et égale à la maffe d'une livre de plomb: parce qu'il y a dans l'une & dans l'autre, une égale quantité de matiere gravitante,

201. DÉFINITION II. Le Volume d'un corps, eft la quantité d'espace qu'il occupe : quelle qu'en foit la maffe. La quantivé da volume, eft le produit des trois dimensions, longueur, largeur, profondeur.

Un pied cube d'Air, eft égal en volume, à un pied cube de Plomb: parce que ces deux corps, malgré la diverfité de leurs maffes, occupent un égal efpace.

202. DÉFINITION III. La Denfité d'un corps, eft le rapport de fa mafse à fon volume: de forte que plus la maffe eft grande & le volume petit, plus la denfité eft grande.

I. La denfité d'un corps, eft donc le Quotient de la maffe divifée par le volume. Pour estimer le rapport de Denfité entre deux corps, il faut divifer dans l'un & dans l'autre, la maffe par le volume: les Quotients exprimeront leurs denfités refpectives.

Par exemple, une livre d'Eau, a un volume environ dix-neuf fois & demi plus grand, qu'une livre d'Or. En divifant ces deux maffes égales par leurs volumes refpectifs: on aura deux Quotients, qui exprimeront & la denfité de l'eau & la denfité de l'or; & on trouvera que la denfité de l'eau, eft à la denfité de l'or, environ comme 1 eft à 19 & demi.

II. La denfité d'un corps, détermine fa Pefanteur

Spécifique; ou la pefanteur propre qui diftingue & caractérise fon efpece, fans convenir à d'autres efpeces. Cette Pefanteur fpécifique eft le quotient du poids abfolu, divifé par le volume.

Les Volumes de plufieurs corps folides & liquides étant fuppofés égaux, par exerople, égaux, par exemple, d'un pied cube ou d'un pouce cube; les Pefanteurs Spécifiques de ces différens corps, feront entre elles comme leurs poids abfolus: puifque les volumes, qui font les divifeurs, étant les mêmes; les Quotients, qui expriment les Pefanteurs fpécifiques, font néceffairement entre eux comme les dividendes, qui font les poids abfolus. (Math. 165).

Par exemple, fi un pied cube d'eau de pluie, pefe 70 livres; & un pied cube de mercure, 951 livres: la denfité & la pefanteur fpécifique de l'eau, font à la densité & à la pefanteur fpécifique du mercure; comme 70 eft à 951, ou comme 1 eft à 13 & demi & un peu plus.

Nous donnerons ailleurs une Table des Denfités & des Pefanteurs fpécifiques des différens Corps folides & liquides, qu'il importe le plus de connoître.(644).

203. REMARQUE. Il eft démontré par une foule d'expériences, que la maffe d'un Corps reftant la même, le volume de ce corps peut croître ou décroître notablement; & par conféquent, que la Denfité de ce corps, qui eft toujours le rapport de la maffe au volume, peut auffi croître ou décroître de même.

1o. Quand, la maffe reftant la même, le volume devient plus grand, la denfité diminue : c'est Dilatation dans ce corps.

II°. Quand, la maffe reftant la même, le volume devient plus petit, la denfité augmente: c'eft ou Condenfation, ou Compreffion, dans ce corps.

III. La Denfité d'un corps, peut croître en deux manieres différentes; savoir;

Par l'échappement d'un Fluide; qui, interpofé entre fes parties, les empêchoit de s'approcher & de s'unir felon toute leur tendance naturelle : c'est ce que l'on nomme Condensation.

Par l'action d'une Force étrangere; qui, luttant contre un corps folide, oblige fes parties à fe rapprocher davantage les unes des autres : c'est ce que l'on nomme Compreffion.

Dans la Condensation & dans la Compreffion, la caufe eft différente: mais l'effet de ces deux causes, eft toujours le rapprochement des parties & l'augmentation de la denfité.

PROPOSITION III.

204. Si l'on excepte les Elémens primitifs des corps, lefquels paroiffent être inaltérables : tous les Corps, folides, liquides, fluides, fe condenfent & fe dilatent.

DÉMONSTRATION. Io. La poffibilité de la Condensa tion & de la Dilatation, eft facile à établir. Car tous les corps ont des pores ou des vides, interpofés entre leurs Elémens folides. Or, par-tout où il y a des pores ou des vides, interpofés entre des parties folides; là peut fe faire un rapprochement de ces parties folides, & par là même, une Condensation, dont la ceffation deviendra une vraie Dilatation. Donc la Condensation & la Dilatation font évidemment poffibles.

L'exiftence de la Condensation & de la Dilatation eft fenfiblement démontrée par l'expérience: foit dans les Solides, foit dans les Liquides, foit dans les Fluides. Par exemple,

D'abord, une Barre de fer, de bronze, d'acier diminue fenfiblement en longueur, en largeur, en épaiffeur: quand elle paffe d'un grand dégré de chafeur, à un grand degré de froid. La même chofe arrive au marbre, à l'or, à l'argent, à tous les Corps

[ocr errors]
« AnteriorContinuar »