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folides; dont le volume eft toujours plus ou moins fenfiblement augmenté par la chaleur, diminué par le troid. Donc la Condensation & la Dilatation ont lieu dans les Solides.

Enfuite, une Veffie emplie d'air, & bien tendue en été, devient flafque & ridée en hiver, perd es rides & reprend encore fa tenfion en été : felon que l'air qu'elle renferme, fe dilate ou fe condenfe. Donc la Condensation & la Dilatation ont lieu dans les Fluides.

Enfin, un Liquide quelconque, enfermé dans un thermometre, monte & defcend alternativement : felon la différente température où il fe trouve expofé. Donc la liqueur renfermée, qui refte toujours la même, augmente ou diminue alternativement en volume, effuie tour à tour ou une condenfation, ou une dilatation. Donc la Condensation & la Dilatation ont lieu dans les Liquides. C. Q. F. D.

PROPOSITION IV.

205. Les Corps folides, les corps les plus durs que nous connoiffions, font tous fufceptibles de Compreffion.

DÉMONSTRATION Io. Une maffe de fer, de cuivre, d'or, d'argent, perd, fous les marteaux qui la frappent, une partie très-confidérable de fon volume, fouvent fans rien perdre de fon poids, toujours fans perdre une partie de fon poids proportionnelle à celle de fon volume. Donc ces Corps fe compriment: donc ces corps font compreffibles.

La même Compreffibilité fe montre finguliérement dans le Bouïs. Une boule de mail, d'abord fort volumineuse, devient fort petite dans les moules & fous les marteaux qui la compriment, & conserve à peu près fon poids primitif.

II. Si on laiffe tomber d'affez haut, une Boule de

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marbre ou d'ivoire, fur un Plan horifontal de marbre ou d'acier ; & que l'on ait légèrement ciré ou huilé ce plan: on obfervera dans la boule, après fa chûte un petit Cercle ciré ou huilé; & ce cercle fera d'autant plus grand, que la boule fera tombée de plus haut.

Sur quoi je raifonne ainfi. Il est évident que cette Boule ne peut, fans qu'il y ait une vraie & réelle compreffion, toucher le Plan que dans un point. Or le cercle ciré ou huilé que l'on découvre dans la boule, préfente des veftiges d'un affez large contact : donc il faut qu'il y ait eu une vraie & réelle compreffion, ou dans la boule, ou dans le plan, ou dans l'un &

dans l'autre à la fois.

III°. Comme tous les Corps durs & folides fur lef quels nous pouvons faire des expériences, fe compriment: il s'enfuit, par un Jugement d'analogie, que tous les Corps durs & folides font fufceptibles de compreffion. C. Q. F. D.

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206. Les Liquides, quoique fufceptibles de Condensation, ne font point fufceptibles de Compreffion.

DÉMONSTRATION. Deux expériences décifives vont établir cette propofition. On pourroit l'établir par une foule d'autres, que l'amour de la brièveté & l'antipathie pour la redondance nous engagent à omettre. Ce que nous allons dire de l'eau, peut fe dire également du vin, de la biere, de l'huile, du mercure, de tout Liquide quelconque,

207. EXPÉRIENCE I. Soit un Globe creux, formé d'une lame de cuivre affez mince. Que l'on empliffe d'eau ce globe, & qu'après l'avoir fermé hermétiquement, on le preffe ou avec un treuil, ou avec un étau, ou avec telle autre puiffance quelconque. Le Globe cede & s'applatit un peu; & fi on le preffe un

peu trop fort, l'eau renfermée s'échappe, en oe de rofée ou de petite pluie, par les pores entrou verts de toute fa urface. Sur quoi voici quelques obfervations à faire. (Fig. 40).

Io. La Géometrie nous démontre que de toutes les Figures d'égal perimetre, le Cercle eft la plus grande; & par conféquent, que la Sphere, toute compofée de Plans circulaires, a plus de folidité, fi elle eft pleine, & plus de capacité, fi elle eft vide, que toute autre Figure d'égale furface. (Math. 626).

Le petit appiatiffement que fouffre le Globe dont on vient de parler, avant de laiffer échapper l'eau renfermée dans fa capacité, femble d'abord prouver que l'eau renfermée fe comprime: puifqu'en changeant de figure, le globe feinble fe réduire à une moindre capacité, fans rien perdre encore du Liquide qu'il contient.

II. Mais, après que le Globe a été applati fans rien perdre encore de fon Liquide ; fi on extrait l'eau qu'il renferme, & que l'on y mette une eau nouvelle: on trouve que, malgré l'applatiffement du globe, qui devroit avoir diminué fa capacité, ce globe contient précisément la même quantité d'eau qu'auparavant. D'où il réfulte que ce n'eft point l'Eau qui a diminué en volume; mais le Globe qui a augmenté en capacité, en s'étendant par fa ductilité, fous l'effort de la preffion.

La vérité de cette Conféquence, fe rend sensible; quand on augmente la preflion. Les petites Gouttes que l'oeil voit fortir de tous les points de la furface du globe, ne peuvent s'échapper que par l'extenfion des pores, & conféquemment par l'extenfion même du métal; qui, prenant plus de furface, prend néceffairement plus de capacité dans fa partie dilatée.

III. Puifque l'Eau réfifte efficacement à toute force mécanique qui tend à la comprimer; puifque

l'eau étend ou entrouvre les vafes qui la renferment, à mesure & à proportion qu'une force extrinfeque tend à la réduire à un moindre volume: il s'enfuit que l'eau doit être un Corps incompreffible; un corps capable de réfister à tous les efforts que les forces mécaniques peuvent faire pour la comprimer, ou pour lui faire perdre une partie de fon volume. On peut dire la même chose de tout autre Liquide.

208. EXPÉRIENCE II. Soit un Tube de verre, recourbé en forme de Siphon A B CD, & fufpendu verticalement. On verfera d'abord dans ce tube une petite quantité de mercure, qui fe mettra de niveau de part & d'autre en B& C. On emplira enfuite d'eau, la capacité D C ; & on fermera hermétiquement l'extrémité D. Après quoi, on emplira de mercure la partie B M ou B A du tube, à telle hauteur indéterminée qu'on voudra, de trente, de cinquante, de cent pouces, & ainfi de fuite. Quel que foit le poids de la colonne de mercure A B, l'Eau occupe toujours le même efpace C D. (Fig. 8).

Sur quoi je raisonne ainfi. Si l'Eau fouffroit quel que Compreffion: la petite quantité d'eau CD, preffée par tout le poids de la colone de mercure A B, fe retireroit du point C vers le point D. Mais quelque grande que foit la colonne de mercure qui la preffe: Peau ne quitte pas le point C; l'eau occupe toujours le même efpace D C. Donc l'eau ne fouffre aucune compreffion : donc l'eau eft incompreffible.

Si on fait la même expérience fur la biere, fur le vin, fur l'huile, fur tel autre Liquide qu'on voudra: on trouvera toujours que ces Liquides, preffés par le poids d'une colonne quelconque de mercure, ne fouffrent aucune diminution de volume. Donc ces Liquides ne fouffrent aucune Compreffion : donc ces Liquides font incompreffibles. C. Q.F. D.

209. OBJECTION. L'Eau étant un corps extrêmement poreux: pourquoi ne feroit-elle pas compreffible? D'ailleurs, Boyle prétend avoir apperçu dans fes expériences, quelques fignes de compreffibilité dans l'eau: donc il n'eft point certain que l'eau foit incompreffible: donc il n'eft pas plus certain que les autres Liquides foient incompreffibles.

RÉPONSE. Io. En genre de Physique, les raisonnemens font fort inutiles contre l'expérience: aucune raifon métaphyfique ne peut infirmer ce que l'œil découvre & démontre.

II°. Nous ne foutenons pas que l'eau foit abfolument incompreffible en elle-même : nous difons fimplement, d'après l'expérience, que fa réfiftence à la compreffion, a vaincu jufqu'à préfent, tous les efforts qu'on a employés pour la comprimer.

III°. Comme on a répété mille & mille fois les expériences de Boyle, fans découvrir aucun figne de compreffibilité dans l'eau: on a jugé avec raison, que les fignes de la compreffibilité que Boyle crut y avoir apperçus, devoient être attribués, ou à la ductilité des métaux dans lefquels il enfermoit l'eau, ou à la petite quantité d'air qui s'infinuoit avec l'eau dans les vaiffeaux qu'il employoit pour faire fes expériences.

La théorie de la Dilatation & de la Condensation nous mene naturellement à l'explication des phénomenes du Thermometre & du Pyrometre. (*). CONSTRUCTION ET USAGE DU THERMOMETRE.

210. OBSERVATION. Le Thermometre eft un inftrument propre à mefurer la quantité précise du Chaud

(*) ETYMOLOGIE, Thermometre: mesure de la Chaleur. De Jepun, Calor; & de perpia, metior.

Pyrometre: mefure du Feu ou de la Dilatation que pros duit le Feu. De wup, Ignis; & de μrpia metior.

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