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des Cribles: en telle forte qu'il y ait dans ces plaques, beaucoup plus de vide que de plein.

Que l'on uniffe enfemble ces Plaques, de telle' façon que toutes les ouvertures fe répondent, & que les parties folides fe touchent dans tous les points de leur furface. (Fig. 82).

Voilà un Corps qui fera très-poreux, à cause du nombre & de la grandeur de fes vides; qui fera en même tems très-dur, à caufe de l'union intime & parfaite qu'auront fes parties folides.

II Soit maintenant un autre Corps, compofé de plaques qui aient deux ou trois fois moins de vides, mais dont les parties folides foient moins analogues, plus raboteufes, moins propres à s'unir intimement dans leurs furfaces.

Ce Corps, quoique plus denfe & plus compacte, fera moins folide & moins dur que le précédent parce que fes élémens fe touchant moins intimement & dans beaucoup moins de parties, font moins en prife à la Loi d'affinité.

Il eft donc faux que, dans l'hypothefe que nous adoptons, les Corps les plus denses doivent être toujours les corps les plus durs.

III. Dans l'hypothefe que nous adoptons, le Diamant peut donc avoir une plus grande fomme de pores que l'Or, & être cependant beaucoup plus dur que l'or.

Que les élémens ou les parties folides du Diamant aient & une très-grande affininité, & une contiguité parfaite dans leurs points de contact. Les pores répandus de toutes parts à côté de ces parties folides, n'empêcheront pas la folidité de ce corps.

Que les élémens ou les parties folides de l'Or, aient au contraire ou une affinité moins grande, ou une contiguité moins intime & moins étendue dans leurs points de contact. Les élémens de l'Or, quoique

plus condenfés, feront moins adhérens ehtre eux: parce qu'ils feront moins en prife à la Loi d'attraction fpéciale, dont l'effet dépend néceffairement & de l'affinité & de la contiguité des parties fur lefquelles s'exerce fon action. (91).

225. OBJECTION III. Il s'enfuivroit de notre hypothefe, que quand un corps dur, par exemple un Diamant, eft divifé en deux morceaux; il ne faudroit qu'appliquer l'une contre l'autre les deux portions divifées, pour leur rendre toute leur adhérence primitive ce qui ne s'accorde point avec l'expérience.

RÉPONSE. I°. Il confte par l'expérience, que fi on a deux Plans de marbre ou de verre, parfaitement polis, & qu'on les applique intimement l'un contre l'autre, en les faifant gliffer parallelement fur leurs furfaces huilées; ces Plans s'attachent & adherent fortement l'un à l'autre de forte qu'il faudra une force confidérable pour les féparer, dans une direction perpendiculaire à leurs furfaces contiguës. (Fig. 82).

Or, il eft vifible qu'on ne peut attribuer ici cette adhérence des deux Plans entre eux, qu'à leur Attrac tion réciproque: puifque cette adhéfion a lieu encore très-fenfiblement dans le Vide fous la Machine pneumatique, où la preffion de l'air ceffe d'agir; & où il feroit abfurde d'imaginer une preffion occafionnée par une matiere fubtile quelconque. (219 & 223).

II°. Si on pouvoit divifer en deux fimples portions, un diamant ou un morceau de marbre; & donner enfuite aux deux portions divifées, la même union qu'elles avoient avant la divifion: ces deux Portions reprendroient en plein leur adhérence primitive.

Mais quand on divife un Corps folide, l'effort de la divifion fait jaillir en éclats, une infinité de petites particules qui fe diffipent; & quand on en réunit enfuite les portions principales, les concavités fans nom

bré dont fe trouvent hérifiées les furfaces qu'on rapproche, les molécules de l'air & de la matiere fubtile qui reftent interpofées entre les parties mêmes qui qui s'uniffent, empêchent ces fragmens de reprendre la même étendue & la même intimité de contact, qu'ils avoient avant la divifion. Ces parties divifées ne doivent donc pas avoir la même adhérence qu'auparavant. (Fig. 82).

III. Quand on polit deux Surfaces de marbre ou de verre ou d'acier, pour les appliquer le plus immédiatement qu'il eft poffible l'une contre l'autre : les inftrumens groffiers dont ont eft obligé de fe fervir, laiffent toujours dans les furfaces les plus unies, des concavités, des élévations, des rainures, des inégalités de toute efpece, que l'oeil apperçoit à l'aide d'un Microfcope; & qui empêchent l'union intime que prennent naturellement ces Corps, dans leur Cryftallifation naturelle ou artificielle. Delà, l'adhérence incomparablement moindre de ces furfaces appliquées l'une à l'autre.

PARAGRAPHE

TROISIEME.

L'ÉLASTICITÉ DES CORPS.

226. OBSERVATION. Il y a dans la Nature, &

L

des Corps élastiques, & des Corps non élastiques.

Les premiers ont dans eux-mêmes, comme un ref fort; qui tend, quand on les infléchit ou qu'on les comprime, à les remettre dans leur état naturel.

Les derniers manquent d'un femblable reffort; & quand on les infléchit ou qu'on les comprime, ils confervent le dernier état qu'on leur a donné: fans faire aucun effort pour reprendre l'état primitif qu'on leur a fait perdre.

1o. Si on laiffe tomber fur un Plan de marbre,

ane Boule d'argile humide, elle fe comprime & refte comprimée. Si on laiffe tomber fur le même Plan une Boule d'ivoire, elle fe comprime; & elle reprend à l'instant fa rondeur précédente. (205).

La premiere eft un corps non élastique, ou fans reffort: la feconde eft un corps élastique, ou à reffort.

II°. Si on donne à une Baguette d'ofier ACB, une inflexion forcée TCX: auffi-tôt que l'on coupera en V, la ficelle qui la retient dans cette inflexion, elle reprendra d'elle-même, fa primitive direction ABC, en vertu de fon élasticité. (Fig. 75).

Si on infléchiffoit de même, une Baguette de plomb ACB: cette Baguette infléchie en TCX, ne reprendroit pas par elle-même fa précédente direction ACB; parce qu'elle eft fenfiblement fans aucune élafticité.

227. DÉFINITION. On nomme donc Elafticité des Corps, cette vertu ou cette propriété qu'ont certains Corps, de tendre à fe remettre d'eux-mêmes dans leur état naturel : quand une force extérieure & étrangere caufe quelque changement à cet état naturel.

Le grand phénomene de l'Elafticité des Corps, eft fûrement une dépendance des Loix générales d'Impulfion & d'Attraction. Mais il n'eft pas facile d'expliquer le mécanifme & de faire fentir l'influence de ces Loix générales, dans ce phénomene. En attendant que la Phyfique puiffe nous donner de plus grandes lumieres en ce genre, ce qui n'arrivera peutêtre jamais voici notre idée & notre opinion fur la Caufe phyfique de l'Elafticité.

PROPOSITION.

228. L'Elafticité des Corps paroît avoir pour cause, & l'adhérence affez grande de leurs Elémens entre eux, & Paction de certains Fluides interceptés dans leurs pores.

EXPLICATION. Il eft certain qu'il exifte, entre certains Elémens, une Affinité réelle, qui produit leur adhérence plus ou moins grande : adhérence fans laquelle il n'y a point d'élafticité. Il eft certain qu'il exifte une Matière fubtile, toujours en mouvement, & destinée à réparer & à entretenir l'action de la Nature. De cette double Cause physique, résulte affez naturellement le phénomene de l'Elasticité, dont voici la théorie générale.

1o. Les Corps fe forment dans la Nature, au milieu de l'action même de la Nature de forte que la matiere ignée, la matiere électrique, la matière magnétique, Fluides toujours répandus & toujours en action autour des corps, fe font & fe confervent par-tout des paffages analogues à leurs molécules, à travers les divers Mixtes qui naiffent & qui fe développent.

II. Les Elémens qui forment les plantes, les pierres, les métaux, & les autres corps folides, adherent les uns aux autres, felon leur plus ou moins grand degré d'affinité & de contact. (221).

De-là leur Dureté, qui doit, comme nous l'expliquerons bientôt, contribuer à leur Elafticité.

III. Les Fluides qui enfilent & qui pénetrent en liberté ces Mixtes dans leur état naturel, cefferoient de les enfiler & de les pénétrer avec la même liberté : fi les fentiers analogues à leurs molécules, qu'ils fe font formés dans l'intérieur de ces Mixtes, étoient rétrécis par un côté & aggrandis par l'autre.

De-là, naîtroit un obftacle au courant de ces Fluides; & une impulfion contre les parties qui s'oppoferoient à leur libre paffage.

IV. Il peut fe faire aifément que des Portions de ces divers Fluides, qui s'infinuent dans les Mixtes pendant leur formation & pendant leur accroiffement,

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