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heurtés & comprimés fe meuvent dans la même direction, avec la fomme entiere de leur mouvement primitif. Donc leur mouvement primitif, qu'ils confervent tout entier après le choc & après la compref fion, n'a pas été communiqué à l'air & aux fluides environnans, par le frémiffement interne des parties.

Or, fi le Mouvement n'eft pas communiqué à l'air & aux fluides environnans, par le frémiffement interne des parties, quand deux Corps fe choquent en fe mouvant dans la même direction: pourquoi le mouvement feroit-il communiqué à l'air & aux fluides environnans, quand deux corps fe choquent en fe mouvant dans des directions oppofées?

S'il y a réellement dans le choc des Corps mous, ou des Corps durs & non élastiques, un frémiffement interne de parties, capable de tranfmettre le mouvement aux Fluides environnans, il eft clair que ce frémiffement interne des parties doit communiquer le mouvement aux fluides environnans, dans le cas où le choc fe fait entre deux corps mus dans la même direction; comme dans le cas où le choc fe fait entre deux corps mus en des directions oppofées.

Et s'il n'y a point de tel frémiffement interne de parties: comment le frémiffement interne des parties, peut-il communiquer & tranfmettre le mouvement primitif aux fluides environnans?

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Donc la raifon que l'on apporte pour éluder la preuve expérimentale de la troifieme Loi du Mouvement, eft une raifon futile & ruineufe. Donc il refte démontré que le Mouvement périt réellement par la réfiftance.

316. OBJECTION IV. La quatrieme Loi du Mouve ment, confond les Forces motrices libres, avec les Forces motrices néceffaires, qu'il faudroit cependant diftinguer: puisque, fi la quantité d'une force mos Tome 1.

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trice néceffaire, eft déterminée par fon effet; n'en eft pas de même d'une force motrice libre, qui fe déploie plus ou moins dans fon effet, quelquefois felon toute fon activité, quelquefois auffi felon une fimple partie de fon activité.

RÉPONSE. La quatrieme Loi du Mouvement, ne confond rien qu'il faille diftinguer. Il n'y a point, à proprement parler, de Force motrice libre, comme nous l'avons déjà obfervé & expliqué (312): puifqu'une Force motrice eft fimplement & néceffairement une maffe multipliée par une vîteffe; & que la Liberté, qui ne peut convenir & appartenir qu'à une Subftance intelligente, ne peut être l'apanage ni d'une matiere, ni d'une vîteffe.

ARTICLE

QUATRIE ME.

LA COMMUNICATION DU MOUVEMENT.

317. OBSERVATION I. Il est démontré par mille & mille expériences connues de tout le monde, que dans le choc des Corps, le Mouvement fe communique & fe tranfmet de l'un à l'autre. Il s'agit dans tout ce quatrieme Article, d'obferver felon quelle proportion & felon quelles loix fe fait cette Communication du Mouvement; & de bien fixer l'idée que l'on doit s'en former.

1°. Quand nous difons que le Mouvement fe communique d'un Corps à un autre: nous ne prétendons pas dire que la modification de mouvement qui eft dans un corps A, paffe dans un autre corps B, & devienne une modification de ce corps B.

La modification de mouvement qui fe trouve dans le Corps A, ne peut pas plus paffer dans le corps B

& devenir une modification du corps B; que le corps A ne peut devenir le corps B: parce que les Modifications ne peuvent exifter que dans le Sujet qu'elles modifient; & que leur nature eft telle, qu'elles exigent effentiellement, pour exifter, d'être modifications de tel fujet, de tel individu, fans pouvoir jamais devenir modifications d'un autre fujet, duņ autre individu. (Mét. 202, 226, 1222).

Queft-ce donc que l'on entend & que l'on doit entendre par Communication du mouvement, d'un corps à un autre corps? On entend & on doit entendre, que l'Auteur du mouvement, à l'occafion du choc de deux Corps, diminue ou détruit le mouvement dans le corps frappant; & qu'il produit ou qu'il augmente, felon certaines Regles fixes & conftantes le mouvement dans le corps frappé.

Le mouvement qui naît dans le corps frappé, n'eft point identiquement le mouvement qui étoit & qui a ceffé d'être dans le corps frappant; mais un mouvement semblable, qui commence à exifter dans le corps frappé, à mefure & à proportion que le mou vement diminue ou périt dans le corps frappant.

II°. En concevant que le Mouvement fe commu nique d'un Corps à un autre, par le choc; comme nous venons de l'expliquer : il faut toujours fuppo fer que la Communication du mouvement eft fucceffive, & non inftantanée : c'est-à-dire, que le mouvement imprimé & communiqué à une partie d'un corps, befoin d'un certain tems plus ou moins long, pour fe communiquer fucceffivement aux parties du même corps, éloignées du point où s'eft faite la percuffion. Une expérience connue de tout le monde, démontre cette Vérité phyfique. (Fig. 16).

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Soient deux Verres A & B, fur lefquels on pofera horisontalement un affez long bâton d'un bois bien fec & bien fragile. Qu'avec un autre bâton, on

frappe vigoureufement & perpendiculairement ce bâ ton horifontal en C. Le bâton A B fe caffera, fans renverser les deux verres pleins d'eau: parce que ce bâton, fubitement divifé en C, ceffe de porter fur les deux verres, avant que le mouvement imprimé en C, ait eu le tems de fe porter & de fe tranfmettre en A & en B.

Si le bâton AB ne fe caffe pas fubitement; les verres font renversés & mis en pieces: parce que le mouvement imprimé au bâton en C, a le tems de fe tranfmettre & d'agir en A & en B.

Par la même raison, une Porte ouverte & fufpendue fur fes gonds, cede facilement à une légere impulfion de ma main: parce que le mouvement de ma main, a le tems de fe communiquer fucceffivement à toutes les parties de la porte.

La même Porte eft à peine ébranlée par une Balle qui la frappe perpendiculairement & la perce de part en part: parce que le mouvement de la balle a emporté la partie qui lui réfifte & où elle fait fon trou, avant que ce mouvement ait eu le tems de fe communiquer au refte de la Porte, & d'ébranler la partie qui repofe immédiatement fur les gonds.

Un Auteur moderne a conclu de-là, par un paralogifme auquel ne devoit pas s'attendre notre fiecle, qu'une petite force peut produire un plus grand effet qu'une force immenfement plus grande.

318. OBSERVATION II. Les divers Corps, entre lefquels fe communique le mouvement, font ou mous, ou durs, ou élastiques.

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1o. On nomme Corps mous, ceux qui fe compriment avec facilité; & qui étant comprimés, ne tendent point par leur nature, à reprendre la figure que la compreffion leur a fat perdre. Telle eft la cire vierge, l'argille humide: tel eft le beurre; telle eft une boule de neige,

II°. On nomme Corps durs, ceux qui ne peuvent aucunement fe comprimer. Tels font les élémens primitifs de la Matiere, dont les figures font inaltérables & indestructibles. (145).

Parmi des Corps folides qui font en prife à nos expériences & à nos obfervations, on n'en connoît aucun qui foit parfaitement incompreffible. (205).

III. On nomme Corps élastiques, ceux qui fe compriment; & qui, après avoir été comprimés, repren nent ou tendent à reprendre leur premier état, leur figure primitive & naturelle. Tel eft le marbre, l'ivoire, l'acier trempé telle eft une branche verte d'ofier. (226, 229, 232).

3.19. REMARQUE I. Comme la Communication du Mouvement, fe fait de la même maniere & felon les mêmes Loix, dans les Corps mous & dans les Corps durs, qui font également fans élasticité : nous diviferons fimplement ce quatrieme Article, en deux Paragraphes; qui auront pour objet, la communication du Mouvement, & dans les Corps fans reffort & dans les Corps à reffort.

1°. Quoique nous ne connoiffions dans la Nature, aucune espece de Corps. folides, qui foit parfaitement molle, parfaitement dure, parfaitement élaftique: cependant, dans les Loix que nous tracerons fur la communication du Mouvement, nous confidérerons les Corps fans reffort, comme s'ils n'avoient absolument aucune élafticité, & les Corps à reffort, comme fi leur élasticité étoit parfaite.

Nous ferons donc abftraction de la très-petite élafticité que peuvent avoir les Corps mous ou durs ; & du défaut d'élafticité parfaite, qui peut fe trouver dans les Corps élastiques.

II. En traçant & en expliquant les Loix de la communication du Mouvement, nous ferons encore abf

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