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bles, recevront de ces mêmes corpufcules, un ébran lement trop violent, des fecouffes trop tumultueufes, un engorgement & un déchirement dangereux. L'économie naturelle du cerveau, en fera altérée & troublée ; & l'ame, toujours intéreffée & toujours attentive au bon état de tout l'Individu, en sera inquiétée & effrayée : en conféquence de quoi, cette odeur fera défagréable & infupportable à ces perfonnes; parce que le trop violent ébranlement qu'elle occafionne, la fait juger nuifible & funeste.

VI. Des Odeurs qui ont déplu dans un tems, plaifent quelquefois dans un autre; telles que l'odeur du tabac, que les vapeurs de la biere: foit parce que les fibres de l'odorat, qui en font les juges en dernier reffort, changent par elles-mêmes avec le tempérament; foit parce que l'ufage & l'habitude des chofes, forment infenfiblement une nouvelle nature à nos organes; foit enfin parce que quelques-uns de nos jugemens, en genre de faveurs & d'odeurs, dépendent pour beaucoup de l'Imagination, qui effarouchée d'abord ou par certaines apparences révoltantes, ou par certaines impreffions nouvelles & fufpectes, fait naître précipitamment dans l'ame, une averfion pour certains objets; & qui, défabusée enfuite par l'expérience, fe familiarife peu-à-peu & avec des fenfations & avec des objets qu'elle avoit fauffement jugé nuifibles & funeftes.

LES MALADIES CONTAGIEUSES.

$4. EXPLICATION. On conçoit facilement, d'après l'expérience de la Caffolette, & d'après les Principes que nous venons d'établir & de développer comment se communiquent & comment fe répandent les Maladies contagieufes: comment un Pestiféré, par exemple, placé dans une ville, infecte toute la Ville, & enfuite toute une Province & tout un Royaume,

Dans un Peftiféré, existe une violente effervef→ cence, qui occafionne en lui une permanante éma→ nation de vapeurs viciées, de miafmes vénéneux: quelle que foit la caufe & la nature de ce venin fi propre à fe communiquer; myftere que n'a jamais pu dévoiler la plus perçante lumiere de la Médecine & de la Phyfique. Ces vapeurs, ces miafmes, ces corpufcules véneneux, échappés du Sujet peftiféré, s'attachent aux meubles, aux alimens, aux perfonnes, aux murs, à toute la maffe de l'Air environ

nant.

Que doit-il arriver de-là ? Les Perfonnes qui ont le malheur de fe trouver placées dans cette Maffe d'air infectée, introduifent inévitablement dans leurs poumons, avec l'air qu'elles refpirent, une quantité toujours croiffante de ces miafmes véneneux, de ces principes contagieux; qui fe mêlant avec leur fang & avec leurs humeurs, & circulant fucceffivement dans toutes les parties de leur corps, y alterent & y dénaturent pomptement toute l'économie animale; y produifent par-tout le même genre de défordre & de corruption, qui leur a donné naiffance; y font naî→ tre une Effervefcence deftructive, qui devient ellemême une nouvelle fource de corruption & de def truction.

Le Mal fe répand & s'étend, d'un jour à l'autre & fouvent d'une heure à l'autre, avec une inconce→ vable célérité. Bientôt, quelques Sujets infectés, vont en infecter mille & mille autres; & la Contagion devient générale, prefque au moment où elle com→ mence à exifter & à fe manifefter: par la raifon que chaque Victime qu'elle attaque & qu'elle infecte devient une nouvelle caufe qui la reproduit & qui la propage.

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TROISIEME

DÉMONSTRATION:

LES ANIMALCULES MICROSCOPIQUES.

L'invention des Microfcopes, a fait découvrir dans la Nature, un nouveau Monde d'êtres vivans & animés, dignes de l'attention & de l'admiration d'un Philofophe.

Nous ferons connoître, dans la théorie de la Lumiere (1025), le mécanifme scientifique du Microf cope: mécanisme qui confifte à travailler les Verres, de telle façon que par leur moyen, un très-petit Objet fe peigne régulierement dans l'oeil, fous un trèsgrand Angle optique. Nous nous bornerons, pour le préfent, à faire ufage de ce fonds général de Lumieres nouvelles, que la Phyfique doit à ce merveilleux Inftrument.

35. EXPÉRIENCE I. Fixez horifontalement un Microfcope folaire, au trou d'un volet de fenêtre : en telle forte que la chambre étant bien fermée, les rayons folaires qui tombent fur le miroir placé endehors, se réfléchiffent fur l'objectif & fur la lentille du Microscope; & fe dirigent par le Tube du même Microfcope, ou contre le Mur oppofé, qui doit être bien blanchi, ou contre un très-grand Carton blanc, parallele à ce mur.

Mettez fur le Porte-objets de ce Microscope, un peu de cette pouffiere qui fe forme fur le fromage fec, fans en faire un tas trop denfe, capable d'empêcher le paffage de la lumiere; & placez le Porteobjets, qui doit être d'un verre très-mince & trèsnet, au point convenable, dans une direction parallele à l'Objectif & à la Lentille.

EFFETS. Vous verrez peinte fur le Mur ou fur le Carton oppofé, une Fourmilliere d'animaux de même efpece, vivans & animés; dont quelques-uns pour

ront vous paroître auffi gros que les plus groffes grenouilles. Vous obferverez diftinctement leur figure, leur tête, leurs principaux membres, les poils épars dont ils font hériffés, leur marche ou leur maniere de fe mouvoir. Vous compterez leurs pattes vous diftinguerez leurs diverfes articulations: vous appercevrez jufqu'à la circulation interne de leurs humeurs.

EXPLICATION. Cette pouffiere du fromage, où l'oeil le plus perçant ne découvre rien de vivant & d'animé, eft compofée & de petits Animaux, tous femblables entre eux, tous de même efpece, qu'on appelle Mites ;.& de petits Corpufcules inanimés & irréguliers, qui paroiffent être ou les alimens ou les excrémens de cette petite république..

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On ne trouve dans cette pouffiere, qu'une feule efpece d'Animalcules: fans doute parce que cette nourriture, propre à cette efpece, ne convient à au cune efpece différente d'animalcules imperceptibles à l'oeil fimple.

36. EXPÉRIENCE II. Mettez für le Porte-objets de ce même Microscope, une très-petite goutte d'une eau puifée dans quelque Marre où croiffent des plantes aquatiques; ou d'une eau dans laquelle vous au rez mis du foin, de la paille, des fleurs de diverse efpece,. des parties de plantes quelconques, & que vous aurez laiffé expofées huit à dix jours à l'air li bre, pendant un tems chaud, mais à l'ombre.

EFFETS. Cette goutte d'eau, ira fe peindre fur le Mur ou fur le Carton oppofé, comme un petit étang, où vous verrez: nager une foule d'Animaux aquatiques, de diverse figure & de diverfe nature, bien caractérisés dans leurs efpeces.

Les uns affez femblables à de petites boules, s'élorgnent en ligne droite,& forment toujours des an

gles bien marqués, en changeant la direction de leurs mouvemens. Les autres, d'une figure plus ovale & plus alongée, ne font que tournoyer en différens fens autour d'eux-mêmes. Ceux-là, compofés d'anneaux fe meuvent d'un mouvement vermiculaire, comme les chenilles ou comme les fangsues. Ceux-ci étalent & emploient en fe mouvant, leurs pattes, leurs: queues, leurs antennes. On découvre dans quelquesuns, les principaux organes, & la circulation même des humeurs ; & on ne peut pas plus douter de leur vie, qu'on ne peut douter de la vie des Poiffons ordinaires.

Une très-petite goutte d'eau, vous préfente quelquefois plus de vingt Efpeces, toutes différentes les unes des autres ; & dont les Individus, tous femblables. entre eux, ne different que par le plus ou le moins. de groffeur, qui annonce que les uns font parvenus. & que les autres tendent encore à leur accroiffe

ment naturel.

Pour peu qu'on les obferve avec attention les uns & les autres, on va même jusqu'à découvrir la cause finale de leurs mouvemens. Car, on en, voit qui dévorent les autres; & on conçoit aifément que ces petits animaux aquatiques, imitant dans leurs manieres de vivre & d'agir, les diverfes efpeces de poiffons que nous offrent la mer, les rivieres, nos étangs, nos viviers, fe nourriffent les uns au détri¬ ment des autres que par conféquent, les uns fe meuvent pour atteindre leur proie, & les autres pour échapper à leur destruction.,

37. EXPLICATION. Mais comment fe trouvent & comment fe forment ces Animalcules aquatiques, dans une eau où l'on a fait infufer des plantes de différente eípece?

Il est très-vraisemblable que ces Animalcules aqua

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