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tiques, dont fourmillent principalement les bords des marais & des étangs, font ovipares, ainfi que la plu part des Poiffons; & qu'ils font, comme toutes ou prefque toutes les efpeces de poiffons, une immenfe quantité d'œufs, destinés à multiplier & à perpétuer leurs efpeces..

Ces œufs, qui font néceffairement comme infini ment petits, s'élevent avec les vapeurs de l'eau, à différentes hauteurs de l'Atmosphere: ils en defcendent enfuite avec les pluies & avec les rofées; & ils s'infinuent avec l'eau qui les enveloppe & qui les voiture, dans les plantes, dans les fleurs, dans les fruits, qui leur offrent des paffages analogues à leurs. figures.

Ces fortes d'oeufs, en s'infinuant avec l'eau, dans le foin, dans la paille, dans les fleurs, dans les différentes efpeces de plantes, s'incorporent tout naturellement avec la Plante quelconque qui les reçoit dans fon fein: ils entrent dans fa compofition; & pendant que la plante fubfifte dans fon état naturel, arrêtés & fixés par les parties brutes de cette plante, ils font partie de fes conftitutifs folides..

Mais la Plante vient-elle à fe corrompre peu-à-peu dans l'eau, fous un degré de chaleur convenable? La diffolution de la plante, les dégage de leurs prifons: la chaleur & l'humidité leur donnent une fermentation, qui les fait heureusement éclorre: ils fe convertiffent en Animalcules de différente efpece; comme les œufs des divers poffons, fe convertiffent en ces. différentes efpeces de poiffons.

38. EXPÉRIENCE III. Mettez fur le Porte-objets de ce même licroscope, une goutte d'un vieux vinaigre, que vous aurez expofé dans une fiole de verre, huit à dix jours à l'air libre, pendant un tems chaud, mais à l'ombre.

. EFFETS. Sur le Mur ou fur le Carton oppofé, fe peindra un étang coloré, où vous verrez nager un plus ou moins grand nombre d'Infectes de même espece; affez femblables dans leur figure & dans leurs mouvemens, à des Anguilles d'un ou deux pieds de longueur, fur un tiers ou un quart de pouce de largeur. Ce font les Anguilles du vinaigre,

On ne voit ici qu'une feule efpece d'Animalcules: fans doute, parce que la vapeur du vinaigre, fait périr toutes les autres efpeces. Si vous verfez dans la fiole de ce vinaigre, une quantité plus ou moins confidérable de l'eau qui a fervi pour la feconde expérience précédente : vous verrez encore dans ce mélange, les mêmes Anguilles; mais vous n'y verrez aucune des efpeces qui vivoient dans l'eau, ou vous n'y verrez tout au plus que leurs petits cadavres ; parce que les particules du vinaigre, font pour elles un poison deftru&teur.

39. REMARQUE. On peut faire les mêmes expériences, & on découvre les mêmes phénomenes, à l'aide d'un autre Microfcope, que le Microscope folaire. Il n'y a de différence que dans la grandeur des objets, , que le Microscope folaire fait voir communément plus en grand, mais toujours fous les mêmes. traits & avec les mêmes proportions que les autres. Microfcopes.

On peut multiplier & varier à l'infini les expériences en ce genre. Les trois que nous venons de rapporter, fuffifent pour établir & pour démontrer l'inconcevable divifion de la Matiere, dans le Regne animal; & pour faire voir que l'Auteur de la Nature, ne déploie pas moins de fageffe & de puiffance dans le Regne animal qui a fi long-tems échappé à notre vue, que dans le Regne animal qui frappe journellement nos regards,

40. COROLLAIRE. Les membres & les organes que l'oeil découvre & obferve dans les Animalcules microfcopiques, font foupçonner & deviner, comme à coup fûr, ceux qui échappent à notre vue & qui fe refusent à nos obfervations. Le Jugement d'analo gie, fur lequel eft fondée toute la Phyfique, ne doit certainement à aucun titre, être rejetté ou fufpecté dans la matiere préfente. (Mt. 179 & 1452).

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Ces Animalcules font en petit, ce que les autres Animaux aquatiques & terreftres font en grand. Ils ont une Téte, qui doit être compofée de peau, de nerfs, de chair, de moëlle, de membranes. Ils ont une Bouche, pour faifir, pour favourer, peut-être même pour broyer leurs alimens. Ils ont un Eftomac. qui a fans doute fes tuniques propres à s'étendre & à fe contracter; qui doit avoir des fucs destinés à opérer la fermentation & la digeftion des fubftances qui les nourriffent. Ils ont des Inteftins de différente efpece & de différente grandeur, pour faciliter & la nutrition & les évacuations. Ils ont fans doute des Yeux, doftinés à les éclairer & à les conduire; foit pour fe procurer la nourriture qui leur convient, foit pour fe fouftraire aux efpeces ennemies qui les menacent. Ils ont enfin des eines, des Arteres, un Sang, ou des humeurs qui font la fonction du fang: pour entretenir dans eux, le mouvement de la vie. Quelle inconcevable petiteffe dans les parties comme infiniment petites, d'un Tout déjà comme infiniment petit!

En fuppofant que les molécules du fang ou des hu meurs des plus petits Animalcules microscopiques, font aux molécules de fang ou des humeurs du Corps humain, comme le corps de ces Animalcules, eft au corps humain: le Philofophe Keil, Anglois de nation, a trouvé par le calçul, qu'un volume du fang ou des humeurs de ces Animalcules, égal au volume

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d'un grain de fable à peine vifible, contiendroit plus de parties; que dix mille deux cens cinquante-fix des plus hautes montagnes de la Terre, ne contiendroient de grains de fable vifibles.

QUATRIEME DÉMONSTRATION:

LA DIFFUSION DE LA LUMIERE.

41. EXPÉRIENCE. Dans une nuit calme & fous ur ciel ferein, placez au haut d'une tour ou d'un clocher, une Bougie allumée, de fix à la livre: on la verra d'une diftance de deux lieues.

EXPLICATION. On vcitla furface fupérieure de la Bougie, devenue liquide, monter fans ceffe en petits torrens dans la meche enflammée; & fe convertir fucceffivement en particules ignées & lumineufes, qui s'élancent en tous fens avec une inconcevable viteffe. La petite quantité de cire qui fe confume à chaque inftant, fe divife en particules lumineuses, lefquelles fe diftribuent ou fe diftribueroient dans. toute la capacité d'une Sphere de quatre lieues de diametre: en telle forte qu'il n'y a ou qu'il n'y auroit aucun point fenfible dans cette fphere, où l'Eil placé ne fût ébranlé par des particules élancées du fein de cette Bougie allumée.

Quel nombre immenfe de points fenfibles, dans la capacité d'une telle Sphere! En quelle innombrable multitude de particules comme infiniment petites, doit donc être divifée la très-petite portion de cire, qui fe répand & qui fe diftribue à chaque moment d'une maniere fenfible, dans chacun de ces points!

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Le Docteur Neuwentiit a trouvé par le calcul; qu'il ne fe confume par Seconde, dans, cette Bougie allumée, qu'une quantité de cire égale en poids à la quatorzieme partie d'un grain, ce qui fait environ la huit millieme partie d'une once; & que cette huit mil

liême partie d'une once de cire, qui se consume en une Seconde, produit dans chaque Seconde, un nombre de particules lumineufes, qui furpafferoit le nombre de petits grains de fable que renfermeroient 100,000,000,000,000 globes, égaux en maffe & en volume au Globe terreftre..

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42. EXPLICATION. Tous les Corps lumineux produifent & répandent la Lumiere, par un mécanifme affez femblable à celui de la Bougie allumée dont nous venons de parler. C'est toujours une effervefcence inteftine, quelles qu'en foient la caufe & la nature, qui divife, qui épure, qui met en mouvement, qui fait jaillir en torrens, les corpufcules lumineux par lefquels eft frappé directement ou par réflexion l'Organe de notre vue.

1°. Le bois, les huiles, les graiffes, font comme tout autant de magafins ou de réfervoirs, où une abondante quantité de Matiere lumineuse, fe trouve arrêtée & fixée par les parties brutes de ces fubftances: jufqu'à ce que l'impétueufe action du feu, la dégageant des prifons qui la captivent, & la dépouillant des entraves qui l'embarraffent, vienne imprimer à fes molécules épurées & fimplifiées, une vîteffe comme infinie, dont elles font fufceptibles.

II°. Dans les Vers luifans, exiftent certains Réfervoirs de fubftances huileufes; qui, éprouvant une permanante fermentation, font jaillir par leurs pores, des torrens continuels de molécules lumineufes, que la nutrition répare, à mefure & à proportion que l'évaporation les diffipe,

Un mécanifme affez femblable, exifte dans certaines efpeces de bois; qui, en fe pourriffant, acquierent le dernier degré de fermentation, & deviennent lumineux: parce qu'ils dardent de leur fein, ainfi que

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