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les Vers luifans, des torrens de Matiere ignée & lumi→ neufe, que dégage & diffipe la fermentation.

III. Des Exhalaifons qui fermentent on qui s'enflamment dans l'Atmosphere, font jaillir de leur fein, en tout fens, des torrens de Molécules lumineufes; qui: donnent naiffance à une fouie de Météores dont nous. parlerons ailleurs.

IV. Le Soleil & les Etoiles doivent avoir auffi dans leur fein, d'exceffives effervefcences, d'où réfulte cette émanation conftante de Molécules lumineu fes; qui viennent, à des distances immenfes, ébranler. les fibres de notre œil, & nous avertir de l'existence de ces aftres.

Nous verrons dans la fuite, que les pertes que font les Aftres en ce genre, ne doivent ni les épuifer, ni les appauvrir fenfiblement : parce que la quantité de matiere, que diffipe leur permanante irradiation, eft très-peu confidérable en elle-même ; & que la perte plus ou moins confidérable qu'ils font fans ceffe cet égard, eft fans ceffe réparée avec une espece d'égalité, par la quantité de matiere femblable que chacun d'eux reçoit des Aftres environnans. (860).. RÉSULTAT DE CES QUATRE DÉMONSTRATIONS.

à

43. COROLLAIRE. Des quatre Démonstrations que nous venons d'établir & de développer, il réfulte bien évidemment & bien fenfiblement, que la diviGon de la Matiere, s'étend réellement au-delà de tous les termes imaginables que nous pourrions lui affigner; ou que les élémems de la Matiere, tels qu'ils exiftent dans la Nature vifible, font réellement d'une ténuité qui excede tout ce que nous pouvons ima giner, tout ce que nous pouvons concevoir.

D'où il s'enfuit, que quand l'explication des Phemomenes, exigera que l'on fuppofe aux élémens de la Matiere, une exceffive petiteffe, une inconcevable té

nuité; on ne fuppofera rien qui ne foit le plus rigou reufement conftaté & démontré par l'expérience.

ARTICLE

TROISIEME.

LA DIVISIBILITÉ DE LA MATIERE.

LA

A théorie expérimentale que nous venons d'expofer & d'établir, fuffit abondamment à l'explication des divers phénomenes de la Nature, qui annoncent & qui fuppofent dans les parties élémentaires de la Matiere, une inconcevable ténuité, une inconcevable Divifion: mais elle ne prouve rien, en faveur de la Divifibilité à l'infini.

Si la Matiere eft divifible à l'infini: à quelque extrême petiteffe que l'on fuppofe réduit par la divifion, un élément de Matiere; il y a toujours l'infini, entre la divifion effectuée & la divifion poffible: il n'y a donc aucune induction à tirer de l'une à l'autre.

IDÉE DU CONTINU.

44. DÉFINITION. On appelle Continu, un affemblage d'élémens unis: quelles qu'en foient & la nature & la maffe. Tel eft un bloc de marbre; tel eft un grain de fable; telle eft une goutte d'eau. Un feul élément, fimple dans fon être, ou fans aucune com pofition de parties (s'il y a de tels élémens dans la Nature), ne fait pas un Continu.

45. OBSERVATION. Tous les Phyficiens, tous les Naturaliftes, tous les Philofophes éclairés, s'accordent à reconnoître que la Matiere qui forme un Continu, ne peut être divifée par des Agens créés, que jufqu'à un certain terme; au-delà duquel elle ceffe d'être en prife à tous les efforts que l'on feroit pour

porter plus loin la Division: foit que les Molécules primitives qui la compofent, foient des fubftances ab→ folument fimples dans leur nature; foit que le Créa

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dont l'efficace volonté fait la Nature ce qu'elle

eft, ait voulu & décerné que ces Molécules primitives, compofées d'un nombre fini ou infini de particules diftin&tes, fuffent perfévéramment & inféparablement unies en un même Tout indeftru&tible.

L'état de la queftion préfente, confifte donc uni→ quement à décider fi ces Molécules primitives, principes des Corps étendus & fenfibles, font divifibles à l'infini en elles-mêmes: en telle forte qu'une Puiffance infinie puiffe éternellement les partager en moitiés, en quarts, en centiemes, en millioniemes, & ainfi de fuite à l'infini; fans parvenir jamais à un terme de divifion, où la divifion ceffe d'être ultérieurement poffible en elle-même dans les parties divifées.

Raison humaine, ceffe d'imputer à la feule obfcurité des myfteres de la Religion, des ténebres qui t'irritent & qui te révoltent à tort contre elle ! Voici une matiere où il t'eft permis de donner un libre effor à toute ton activité où tu n'es gênée & captivée par le voifinage d'aucun dogme de la Religion: où la chofe à connoître, eft expofée, autant qu'il eft poffible, à tes idées, à tes jugemens, à tes raisonnemens, à tes fenfations, à toute la fphere de ton intellectivité !

Depuis près de trois mille ans, que tu t'efforces de décider, fi un grain de fable eft divifible à l'infini: quelle lumiere bien affurée & bien triomphante t'estu procurée en ce genre? Dans quel épais nuage, dans quel inextricable labyrinthe, ne te vois-tu pas abîmée & enveloppée; quelque parti que tu prennes, après les plus profondes méditations, fur une matiere qui paroît fi fort à ta portée !

Reconnois donc que les ténebres qui t'humilient, ont leur germe & leur fource dans ta propre nature, dans les bornes étroites de ta foible intelligence. Ceffe de t'offenfer des nuages attachés aux fublimes myftere's de la Religion, dont l'objet eft fi loin de ta fphere: en voyant que dans une matiere qui femble fi fort à ta portée, l'Abfurde paroît toujours placé à côté de l'évidence; & que la Vérité, que tu t'efforces de découvrir, ou échappe obstinément à tes recherches, ou ne fe montre à toi que fous un jour obfcur & nébuleux.

La divifibilité de la Matiere ou du Continu, envifa gée fous le point de vue que nous venons d'indiquer, eft une queftion de pure curiofité, dont la théorie de la Nature eft affez indépendre. Elle n'a cependant pas laiffé de réveiller & d'exciter, dans tous les fiècles, l'attention des plus beaux génies qui tous ou prefque tous ont pris parti pour ou contre. Les idées & les opinions de ces hommes céle bres, méritent l'attention de tout efprit philofophe,

PARAGRAPHE PREMIER.

DIVERS SENTIMENS CONTRE L'INFINIE DIVISIBILITÉ

DE LA MATIERE.

LES POINTS ZENONIQUES.

46. EXPLICATION. Le Fondateur de la Secte ftoi cienne, le célebre Zénon, fe déclara contre l'infinie divifibilité de la Matiere.

Le Continu, felon Zenon, n'eft divifible que jufqu'à ce qu'on parvienne par la divifion, à certaines Parties inétendues & indivifibles, dont le nombre eft fini dans tout Continu.

Quand, par la divifion, on eft arrivé à ces Parties inétendues & indivifibles; une ultérieure divifion

ceffe d'être poffibie en elle-même: parce que cette matiere n'a plus de parties qui puiffent fe féparer.

Ces Parties inétendues & indivifibles, principes primitifs de tous les Corps, dont par leur réunion elles forment l'étendue: c'eft ce que les Sectateurs de ce Philofophe, ont nommé Points zénoniques, ou Points phyfiques.

47. REMARQUE. Il ne faut point confondre le Point zénonique, avec le Point mathématique.

I°. Le Point zénonique, s'il exifte, eft un élément déterminé de matiere; qui exclud pofitivement toute étendue, toute compofition, toute multiplicité de parties.

Le Point mathématique eft une infiniment petite portion de matiere, étendue ou inétendue ; que l'on confidere ou comme l'origine ou comme le terme de quelque dimenfion du Corps à mefurer.

II°. Le Point zénonique eft effentiellement incompatible avec la moindre étendue, qui détruit fa nahire. Le Point mathématique fubfifte avec une étendue infiniment petite, qui ne déroge en rien aux démonftrations qu'il fonde.

S'il eft démontré que tout élément de matiere est etendu & compofé de parties, toute la théorie des Zénoniftes échoue; toute la théorie des Mathématiciens fubfifte: parce que les premiers ont pour objet d'établir l'inétendue réelle & abfolue des Points phyfiques; & que les derniers fe bornent à établir leurs démonftrations & leurs calculs, qui font indépendans de l'étendue & de l'inétendue des Points mathématiques.

Le Zénonifte exclut formellement de fes Points, l'étendue: le Mathématicien, en concevant fes Points, fe borne à faire abstraction de l'infiniment petite étendue qu'ils peuvent avoir: les raifons qui foudroient

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