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taires, aux plus petites parties où un Corps puiffe. être réduit par la décompofition.

Par exemple, fi je mets fur mon feu, une Bûche de chêne ou de fayard: cette bûche se décompose & se réfout en particules de feu, en particules d'air, en particules de terre, en particules de divers sels fixes, en particules de vapeurs aqueufes, huileufes, fulphureufes, gafeufes ; & ainfi du refte.

Ces particules, en les fuppofant réduites à leur derniere divifion naturelle, font les élémens ou les molécules ou les atomes de cette bûche. Leibnitz donne à ces mêmes êtres, le nom de Monades. (*).

5. DÉFINITION V. On appelle Corps, un affemblage plus ou moins confidérable de ces Elémens primitifs. L'idée d'un Corps, exprime donc néceffairement une multiplicité d'élémens réunis en un même tout.

La bûche dont je viens de parler, eft un corps: l'eau contenue dans un verre, eft un corps : un grain de fable, à peine fenfible, eft un corps: le faifceau

(*) ETYMOLOGIE. Pour mieux faire fentir l'idée exacte & precife que la Phyfique attache à ces différentes dénominations, nous allons en préfenter ici l'étymologie; c'eftà-dire, la fource & l'origine grammaticale.

1o. Elémens : Principes primitifs d'où résultent les Corps. Primigenia partes, feu principia, ex quibus conflatur Corpus quodlibet.

II. Molécules très-petites maffes. Diminutif de moles: parvula moles; molecula.

III. Atomes: particules infécables, indivifibles. Molecula infecabilis, aut quæ confideratur ut non ultrà fecabilis. D'aromos . indivifibilis, non fecabilis.

IV. Monade: être feul & unique, être fans aucune compofition de parties. Ens unicum & folitarium ; ens omnem à fe compofitionem excludens. De povos, folus.

Le terme de Monade a été employé & confacré par Leibnitz, pour exprimer l'unicité & la fimplicité de chaque Etre primordial, matériel ou immatériel. (50).

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de lumiere, qui de ma prunelle paffe dans ma rétine,

eft un corps.

Un feul & indivifible élément d'air, ou d'eau, ou marbre, ou de terre, s'il exiftoit de tels élémens ifolés, feroit matiere, & ne feroit pas un corps.

6. DÉFINITION VI. On divife les Corps, en corps fimples & en corps mixtes.

1o. On appele Corps fimplès, ceux dont les élémens feroient tous de même efpece ou de même nature.

II°. On nomme Corps mixtes, ceux dont les élémens font de différente efpece, ou de différente na

ture.

Si les élémens de l'Or, étoient tous de même na ture; en telle forte que chaque élément reffemblât parfaitement à chaque autre élément & par fa maffe & par fa configuration: l'Or feroit un corps fimple.

Un Arbre, compofé de particules ignées, aériennes, falines, huileufes, aqueufes, terreuses, toutes diffemblables entre elles, eft un corps mixte.

7. DÉFINITION VII. Les Substances qui forment les divers Mixtes, peuvent être envisagées fous deux points de vue différens; favoir, ou comme en étant les Parties conftituantes, ou comme en étant les Parties intégrantes..

1o. Dans un Mixte, on nomme Parties conflituantes, celles qui par leur union & leur combinaison, déterminent fa nature & fon efpece.

II°. Dans ce même Mixte, on nomme Parties inté grantes, celles qui, déterminées dans leur nature, déterminent fa maffe & fa quantité.

Un morceau de Bois, eft déterminé à être bois plutôt que pierre, par tel mélange de parties terreufes, falines, aqueufes, huileufes, ignées, aériennes, .qui font fes parties conftituantes.

Ce même morceau de Bois, eft déterminé à avoi

une maffe d'une livre, ou d'une once, par le nombre ́de fes parties intégrantes, dont chacune a la nature & la qualité de bois.

7. II°. REMARQUE. Pour répandre un plus grand jour fur ce qui concerne les Parties conftituantes & les Parties intégrantes d'un même Mixte quelconque ; nous allons en préfenter encore ici l'idée diftinctive, fous des points de vue les plus propres à la bien caractériser.

1°. Les Parties conftituantes d'un Mixte, font des élémens de différente nature, qui par leur union & leur combinaifon, conflituent réellement un mélange, un corps mixte; & deviennent la fource & le principe de fes différentes propriétés.

Par exemple, le Sel commun a pour parties conftituantes, l'Acide marin & l'Alkali marin, qui déterminent fon être & fa nature. Comme cet Acide & cet Alkali, unis & combinés enfemble, font les conftitutifs intrinfeques du Sel commun; il eft clair qu'on ne peut défunir & féparer ces deux principes, fans détruire la nature de ce fel: enforte qu'après cette féparation, ce ne fera plus le Sel commun qui exiftera, mais feulement l'Acide & l'Alkali de ce même fel; qui font deux chofes fort différentes entre elles, & fort différentes du fel qu'elles formoient par leur combinaison.

II. les Parties intégrantes d'un Mixte, font les plus petites portions que l'on puiffe extraire de ce mixte, fans le dénaturer. Les parties conftituantes different entre elles, & different du mixte qu'elles forment. Les parties intégrantes ne different abfolument en rien entre elles; & ne different non plus en rien, quant à leur nature & à leurs principes, du Corps même dans la maffe duquel elles entrent.

Si on divife une maffe de Sel commun, en molécu

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les de plus en plus petites, fans qu'il y ait défunion de l'Acide & de l'Alkali : chacune de ces molécules aura toujours, comme la maffe entiere, la nature de fel commun.

Et fi on fuppofe que ces molécules, parvenues au dernier degré de ténuité, ne foient compofées chacune que d'un feul atome d'Acide & d'un feul atome d'Alkali réunis ; en telle forte qu'on ne puiffe pouffer plus loin la divifion, fans féparer l'acide de l'alkali: ces molécules feront les parties intégrantes primitives de ce Sel.

8. DÉFINITION VIII. Parmi les différentes efpeces de Corps dont l'Ensemble conftitue la Nature vifible; il y en a de folides, il y en a de liquides, il y en a de fluides.

I°. On nomme Corps folides, ceux dont les Parties integrantes font adhérentes les unes aux autres: en telle forte qu'en faififfant & en cherchant à enlever une certaine quantité de ces Parties intégrantes, on sente une résistance de la part de celles qui leur font contiguës. Tel eft un morceau de bois, de fer, de marbre, de fucre, de pain.

II°. On nomme Corps liquides, ceux dont les Parties intégrantes n'ont pas entre elles une adhérence femblable à celle dont nous venons de parler; & qui étant réunis en une maffe fuffifante, font visibles & palpables en eux-mêmes, & par eux-mêmes ; & tendent par-tout à fe mettre de niveau dans leurs furfaces. Telle eft l'eau : tel eft le vin, le vinaigre, l'ef prit de vin, le fang: telles font les liqueurs de tout

genre.

III°. On nomme Corps fluides, ceux dont les Parties intégrantes font fans aucune adhérence fenfible entre elles; & qui réunis en une maffe quelconque, ne font jamais vifibles & palpables en eux-mêmes &

par eux-mêmes. Tels font l'Air, la Lumiere, les différentes efpeces de Gas.

Au terme de Liquide, eft attachée une je ne fais quelle idée d'humidité, qui femble exclure le Mercure de la claffe des Liquides; & qui fait qu'on le place de préférence, dans la claffe des Fluides.

Au refte, le terme de Fluide, eft affez communément, chez les Phyficiens, un terme générique ; qui fe borne à exprimer un défaut d'adhérence, dans les Parties intégrantes des différentes efpeces de Corps auxquelles on l'applique. Ainfi, fous ce point de vue très-philofphique, très-conforme à la bonne Phyfique; l'eau, le vin, le mercure, l'air, le feu, la lumiere, font également des Fluides.

8. II°. REMARQUE. En divifant les Corps comme en deux claffes, favoir, en Corps folides & en Corps fluides; ou en Corps dont les Parties intégrantes font adhérentes entre elles, & en Corps dont les Parties intégrantes font entre elles inadhérentes; on peut fe former en cette maniere, une idée fenfible de leur différence à cet égard. (Fig. 78).

1°. Repréfentez-vous un Vafe cubique ou prifmatique A B, rempli de petits corpufcules en forme de globules, ou de cones, ou de fufeaux, infiniment liffes & polis dans leurs furfaces, fans aucune liaison ou adhérence entre eux : c'eft l'image d'un Fluide.

II°. Liez & uniffez maintenant par la pensée, ces mêmes corpufcules en un même tout, par leurs points de contact; en telle forte que tous ces corpufcules ne faffent qu'une même maffe; & qu'en faififfant un ou plufieurs de ces corpufcules, vous enleviez tous les autres qui font naturellement unis & adhérens entre eux: c'est l'image d'un Solide. Corps folide & Corps dur, font ici deux termes parfaitement fynonymes.

9. DÉFINITION IX. En envifageant les Corps, re

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