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thefes, mais avec un génie & avec un fuccès bien différent. Le premier., fans examiner com ment exifte la Nature, fe place au commencement des tems; enfante fon hypothefe des Tourbillons; foumet l'Univers à cette hypothese; & tâche enfuite de concilier les phénomenes de l'Univers avec cette Suppofition; Defcartes nous égare & nous abuse. Le dernier avant de former aucune hypothefe, obferve la Nature recueille & conftaté un certain nombre de Faits fondamentaux, qu'il voit évidemment cadrer avec l'hypothefe d'une Attraction univerfelle en raison directe des maffes & en raifon inverfe des quarrés des diftances; & après avoir confronté cette hypothefe avec tous les grands. phénomenes de la Nature, il l'adopte ou comme un Principe phyfique, ou comme une Regle phyfico-mathématique, propre à nous conduire dans le fanctuaire de la Nature: Newton nous éclaire & nous inftruit.

Parmi les Hypothefes & les Systêmes. utiles, on peut compter l'hypothefe de Copernic, qui nous a dévoilé le vrai systême du Monde; l'hypothefe & le Systême de l'Artraction Newtonienne, qui nous a fait connoî tre le grand Principe de la gravitation des Corps, la vraie Caufe phyfique de prefque tous les phénomenes céleftes; l'hypothese d'un Air hétérogene, qui a mis en lumiere Tome 1. b

les plus intéreffants phénomenes de la pro pagation & de la perception du Son; l'hypothese & le Syftême des Vapeurs converiies en pluie & en neige, dans l'Atmosphere terreftre (*), & reçues fur la Terre dans une infinité de Baffins intérieurs & extérieurs qui nous a fait connoître la vraie origine des Fontaines & des Rivieres; l'hypothefe d'une Atmosphere électrifée en certains tems, laquelle nous a mis à portée de faifir ou de deviner autant qu'il eft poffible, la vraie cause & la vraie origine du plus terrible des Météores, du Tonnere; & ainfi du refte.

Les hypotheses & les fyftêmes des grands Hommes, ne méritent donc pas toujours le dédain & le mépris qu'affectent de leur prodiguer certains Efprits plus pefants qu'éclairés; qui n'ont pas toujours reçu en jugement, comme ils voudroient le perfuader, ce qui leur manque en génie. Parmi les Hypotheses & les Syftêmes que voudroient bannir abfolument de la Phyfique les Ennemis-nés de l'Imagination & du Génie, il y en a évidemment qui ont du moins le mérite de réveiller & de mettre en jeu le génie; de le former à l'efprit fyftématique & philofophique; de l'habituer à prendre un élan rapide vers le

(*) ETYMOLOGIE, Atmosphere: Sphere des Vapeurs, des Exhalaifons, des Vents. De squipa, Sphere; & de μs, Vapeur, exhalaifon, foufle.

fanctuaire de la Vérité, & à faire de puif fants efforts pour percer les nuages qui l'enveloppent. Čes hypothefes & ces fyftêmes, fources d'agrémens & quelquefois de lu mieres, méritent donc du moins qu'on les expofe, qu'on les examine, qu'on les apprécie, dans un Cours complet de Phyfique. Une hypothefe ou un fyftême qui n'a point pour objet, de découvrir ou d'établir quelque Vérité philofophique, n'eft & ne fauroit être qu'un vain délire, qu'une pure ineptie ; & telle est visiblement l'Hypothefe d'un certain Rêveur moderne, qui cherchant abfurdement à étendre & à aggrandir le systême de Copernic & la théorie de l'Attraction newtonienne, a imaginé, à propos de bottes, que tout ce que nous voyons d'Etoiles ou de Soleils dans l'immenfité des Cieux, n'est qu'un grand ensemble d'Aftres errans, qui tourne & gravite autour d'un Corps central opaque, placé à une immenfe distance de notre vifible Univers; & que ce Corps central opaque, qui par la fupériorité de fa maffe, attire & domine tout notre visible Univers ou tout ce que nous voyons & que nous foupçonnons de Planetes, de Cometes, de Soleils ou d'Etoiles autour de nous, n'eft lui-même qu'un Satellite d'un autre Corps central opaque; & celui-ci, d'un troifieme; & ce troiheme, d'un quatrieme; & ainfi de fuite. A

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Mathéma

quoi peut mener & fur quoi peut-être fondée une telle Spéculation?

Un moderne Ecrivain a ofé demander férieufement, à ce fujet, dans un transport d'admiration extatique, fi l'Auteur d'une telle hypothese & d'un tel systême, ne feroit point un Ange, revêtu d'un Corps humain ; ou du moins, un Mortel élevé & infpiré au troifieme Ciel? Nous laiffons au Public éclairé & fenfé, le foin de juger & de décider cette finguliere Question.

Comme la Phyfique eft effentiellement liée La Partre aux Mathématiques, de qui elle emprunte tique, af- prefque tout ce qu'elle a de précision, de fortie à la certitude, d'étendue, & de lumiere : nous Partie phy- avons été indifpenfablement obligés de joinfique, dans cet Ou- dre à notre Cours de Phyfique, un Cours vrage. complet de Mathématiques élémentaires; qui

forme un Volume à part. On aura, par ce moyen, en un feul & même Ouvrage, toutes les lumieres que requiert l'étude de la Nature; & le Lecteur fera difpenfé d'aller chercher ailleurs, avec beaucoup d'embarras, les Propofitions mathématiques fur lesquelles eft toujours néceffairement fondée la Phyfique dans prefque tout ce qu'elle a de plus utile, de plus brillant, de plus profond, de plus intéreffant.

Êtes-vous pour Descartes ou pour New

ton, pour Tycho-Brahé ou pour Copernic, pour Nollet ou pour Franklin; & ainfi du La Rerefte? Telle est la très-peu philofophique cherche de Queftion que l'on fait affez communément la Vérité. à un Phyficien! Non, répond un Philofophe je fuis pour la Vérité. Je la cherche par-tout, je l'examine par-tout; & par-tout où je la découvre, je l'embraffe & je m'y attache.

Defcartes a fait de vains Romans & a découvert quelques Vérités importantes, en genre de Phyfique pourquoi rejetterois-je les Vérités, en rejettant les Romans? Newton a découvert de grandes Vérités, & a adopté peut-être quelques Chimeres, telles que celles de fon Ether imaginaire, de fon imaginaire Loi de Répulfion: pourquoi adopterois-je les Chimeres, conjointement avec les Vérités.

En s'élançant dans la Carriere à peine entrouverte de l'Electricité, Nollet & Franklin s'y font diftingués, l'un par un esprit plus jufte & plus réfléchi, qui fait mettre tout l'art poffible à interroger la Nature; l'autre par un génie plus pénétrant & plus hardi, qui n'ayant pas toujours ou la patience ou le pouvoir de confulter & d'interroger la Nature, réuffit quelquefois à la deviner. De leurs ingénieufes expériences & de leurs profondes fpeculations, font nées, en genre d'Electricité, d'heureufes Découvertes & des Théo

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