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Par exemple, quoiqué te Militaire & tel Négociant ne vifent pas à devenir Aftronomes de profeffion: il fe trouve mille & mille circonftances dans la vie, où ils feront charmés l'un & l'autre d'avoir en leur difpofition & fous leur main, un Ouvrage méthodique & lumineux, où ils puiffent apprendre aifément, dans un moment de loifir en quoi confifte le fyftême de Copernic dont parle tout le monde; comment & pourquoi arrive une éclipfe de Soleil ou de Lune que tout le monde obferve; comment du Mouvement réel ou apparent du Soleil dans le Zodiaque, réfulte l'inégalité fucceffive des Jours & des Nuits, la diverfité fucceffive des Saifons, comme on le voit arriver; & ainfi du refte.

Mais ce Cours complet de Phyfique, dirat-on peut-être, exige & fuppofe bien des connoiffances en fait de Calcul & de Géométrie. Or, combien peu de Lecteurs, font calculateurs & géometres !

Cette Idée mal conçue pourroit devenir Ce qu'il un grand épouvantail pour un certain nomfuppofe de bre de Perfonnes, qui pâliffent encore au connoif- feul nom de Mathématiques; même dans un fait de Ma- fiecle où cette Science devient de plus en thémati- plus la fcience à la mode.

fances, en

ques. Pour fixer leur idée & leur jugement fur cet objet, nous devons & nous ofons les

avertir en premier lieu, qu'il n'y a point & qu'il ne peut point y avoir de vraie Phyfique, fans quelques Notions élémentaires des Mathématiques : en fecond lieu, que nous n'avons employé dans toute cette théorie des Êtres fenfibles, que les plus fimples élémens du Calcul & de la Géométrie, toujours par néceffité, & avec la plus grande économie : en troifieme lieu, qu'en moins de deux ou trois mois de tems, un Efprit jufte & folide peut fe donner feul & fans Maître, dans le Volume de Mathématiques dont nous avons déjà fait mention, toutes les Connoiffances mathématiques, qu'exige & que suppose néceffairement l'étude de la Phyfique : en quatrieme lieu, qu'il n'eft pas abfolument néceffaire d'avoir fait une étude expreffe du Calcul & de la Géométrie; pour entendre la plus grande & la plus intéreffante partie des Matieres que met fous les yeux, ce Cours complet de Phyfique.

Tout Efprit habitué à réfléchir & à raifonner, eft naturellement calculateur & géometre. Il nous eft arrivé plus d'une fois, de faire bien entendre & bien fentir l'explication de certains grands Phénomenes de la Phyfique & de l'Aftronomie, dont la connoiffance eft nécessairement liée à quelques Principes de la Géométrie, à des Perfonnes qui n'avoient

antérieurement aucune idée de la Géométrie. Elle fe trouvoient naturellement géometres, fans fe foupçonner un tel talent: comme le Bourgeois-Gentilhomme faifoit de la Prose, fans le favoir.

Io anche fon Pittore, (*)! Tel fut, dans ces derniers fiecles, au-delà des Alpes, le Combien mémorable cri du Génie, dans un homme deTalens, obfcur & fans culture, qui n'avoit auparail peut développer. vant aucune idée de la Peinture; & qui, à

la vue d'un Tableau que lui présenta le hafard, fe fentit fubitement & tout-à-coup, né pour faire revivre les Zeuxis & les Apelles, qu'il fit revivre en effet.

Combien de vrais Talens demeurent enfevelis; à qui il n'a manqué que l'occafion ou le moyen de fe connoître, pour le développer avec éclat, pour honorer leur Siecle & leur Patrie ! Et moi aussi, je fuis Phyficien & Géometre, s'écriera intérieurement & avec fatisfaction, le génie étonné de plus d'un de nos Lecteurs en fe voyant fi aisément en état de faifir & de pénétrer une foule de mysteres de la Nature, qu'il croyoit infiniment au-deffus de sa sphere!

La Table alphabétique des Matieres, qui

(*) NOTE. Mots italiens, qui fignifient: Et moi auffi, je fuis Peintre! Ils font du Correge, fameux Peintre: Corregio fut fa patrie

Diction

fuit cette Préface, fait de tout cet Ouvrage, Comment un vrai Didionnaire de Phyfique: Diction il devient naire d'autant plus utile & pius commode, un vrai que toutes les Matieres s'y trouvent en leur naire de place; & s'y montrent dans leur ordre & dans Phyfique. leur enchaînement naturel, avec leurs préliminaires, avec leurs'accompagnemens, avec leurs dépendances, & vis-à-vis des Figures fenfibles & parlantes, qui les tracent & les gravent dans l'oeil, à mesure qu'on les préfente à l'efprit.

Chaque Figure doit être confidérée comme un Deffin ifolé, qui n'a rien de commun avec les autres Figures de la même Planche ; & dans lequel on a été obligé quelquefois de facrifier les Regles de la Gravure, (par exemple, l'unicité des Coups-d'oeil, l'identité des Points de vue, l'invifibilité des Objets dans l'intérieur des Corps opaques, la réguliere Diftribution de l'ombre & de la lumiere), au besoin & à l'utilité de l'Expreffion, qui doit toujours représenter, autant qu'il eft poffible, le Mécanifine intérieur des choses.

Coup d'œi! gé

L'analyse & le tableau de la Nature entiere: tel est le fublime objet, l'intéreffant spectacle, le riche fonds d'idées & d'images, néral fur que va mettre fous les yeux de toute Per- tout cet Ouvrage. fonne capable de faire ou de fuivre des Raifonnemens, cette Théorie des Etres fenfibles!

Vraie idée

Nous pardonnera t on une Idée qui nous flatte, un Efpoir ou une Perfuafion qui nous récompenfe de tous les pénibles Travaux auxquels a dû néceffairement nous aftreindre pendant un affez grand nombre d'années, un Ouvrage auffi immense dans fon objet, auffi difficile dans fon exécution? Oui, nous croirons avoir réellement bien mérité de la Patrie & de l'Humanité; fi en applaniffant la carriere de la Phyfique & des Mathématiques, nous avons l'avantage de contribuer à répandre & à étendre les Lumieres qui honorent le plus l'Esprit humain : parce qu'il eft évident que l'Ignorance ne peut jamais être bonne à rien; qu'elle empêche toujours de grands biens, & qu'elle occafionne fouvent de grands maux.

Il est certain que la Nation pour qui nous écrivons principalement, eft depuis plufieurs fiecles, le centre & l'afyle de toute les Sciences, la principale fource des grandes Lumieres qui éclairent l'Univers.

que

Mais il eft certain auffi qu'une Nation, envifagée dans fa généralité, n'eft point encore d'ane Na affez éclairée : quand elle ne l'eft dans un tion éclai- petit nombre de vrais Savans qui l'honorent, & dont les lumieres lui font en quelque forte étrangeres quand fon fuffrage & fon goût ne s'attachent avec complaifance, qu'aux

rée.

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