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côté vous verrez les motifs qui prouvent la néceffité des bonnes œuvres de l'autre, vous apprendrez quelles font les conditions qui doivent accompagner les bonnes œuvres.

Soudivi. fions de la

premiere
Partie.
Pf. 36.

Le Roi Prophéte femble nous avoir tracé tous nos devoirs fur le point que je traite, dans ce peu de paroles. Avant toutes chofes, dit-il, ne faites point de mal: Declina à malo; ou fi vous êtes affez malheureux pour être tombés dans quel- 27. que foibleffe, faites, pour la réparer, tout ce que vous pourrez de bonnes œuvres, fac bonum. C'eft quelque chofe que de ne point faire de mal, mais cela ne fuffit pas, il faut encore faire le bien, afin de remplir tous les devoirs de notre état de Chrétien. Car, mes chers Paroiffiens, nous pouvons confidérer trois chofes dans le Chrétien, 1°. La fin pour laquelle il a été créé ; 2o. La récompenfe qui l'attend s'il agit felon. cette fin; 3°. Le châtiment dont il eft menacé s'il s'en écarte. En faut-il davantage, mes chers Freres, pour vous faire fentir la néceffité des bon

+ nes œuvres ?

C'eft fans doute, mes chers Paroiffiens quel que chofe de faire de bonnes œuvres, mais c'eft peu ou rien du tout que de ne les pas bien faire; ou plutôt, pour me mieux faire entendre, les œuvres quelques belles apparences qu'elles aient au-dehors, ne méritent pas le nom de bonnes dans l'ordre du falut, à moins qu'elles ne foient revêtues de toutes les conditions pour les rendre effectivement telles. Or quelles font ces conditions? Les Voici. Pour qu'une œuvre foit réputée bonne il faut trois chofes ; 1°. Que l'œuvre foit bonné de fa nature; 2°. Que la perfonne qui fait cette œuvre foit bonne, c'est-à-dire, en état de grace; 3°. Que l'intention foit bonne & dirigée vers Dieu. Je vais, mes chers Paroiffiens, vous ren

Ibid.

Soudivi

fions de la Partie.

feconde

Preuves de

Partie. Les deffeins de Dieu en nous

créant, ont

été que nous fil fions de

vres.

dre dans la fuite ces trois vérités plus familieres & plus fenfibles : trop heureux, fi par-là je puis vous engager à faire chrétiennement vos actions & à les fanctifier.

Pour vous convaincre d'abord de la néceffité la premiere des bonnes œuvres, mes chers Paroiffiens, il fuffit de vous faire réfléchir fur les defleins de Dieu lorsqu'il vous a créés. Trouvez bon, je vous prie, que je vous faffe ici la premiere question que l'on vous a demandée lorsque vous êtes venus à nos inftructions familieres. Vous y avez plus d'une fois répondu, mais je crains que vous n'ayez oublié ou que vous ne pratiquiez du moins bonnes cu fort mal la réponse que vous avez tant de fois donnée à ceux qui vous inftruifoient. Je demande donc, mes chers Paroiffiens, à chacun de vous en particulier, pourquoi êtes-vous au monde ? Pour quelle fin Dieu vous a-t-il créés? Je crois qu'il n'y a perfonne d'entre vous qui osât me répondre, que c'eft pour jouer, pour se divertir pour boire & pour manger en cela qui vous diftingueroit des animaux & des bêtes ? Ne feroit-ce pas envain que vous auriez reçû une ame raisonnable, un efprit, un entendement? Non, mes chers Paroiffiens, ce n'eft pas pour une fin fi baffe que vous êtes créés, mais pour connoître, aimer & fervir Dieu, le faire connoître, le faire aimer & le faire fervir.

Toutes les

bonnes,

De-là que s'enfuit-il, mes chers Freres ? C'est œuvres font que toutes les actions libres & volontaires que quand elles vous faites, & qui fe rapportent à cette excellenfe rappor- te fin, font bonnes & méritoires ; & qu'au contraire celles qui ne s'y rapportent en aucune façon, font défectueufes & mauvaises; & pour vous rendre tout ceci, mes Paroiffiens, plus fenfible, mettons la chofe en exemple. Vous travaillez dans votre profeffion pour conferver votre vie &

tent aux

deffeins de Dieu.

celle de vos enfans; eh bien, fi vous vous en tenez-là, vous ne faites rien que les Payens, les Infidéles, je dis plus, que les bêtes ne faffent com me vous: mais fi vous travaillez pour accomplir la pénitence que Dieu a impofée à tous les pécheurs en la perfonne d'Adam; si vous travaillez pour obéir à Dieu qui vous commande d'élever vos enfans, felon l'état où il les a fait naître alors ce travail eft bon, méritoire & agréable à Dieu, parce qu'il eft rapporté à la fin pour laquelle vous êtes au monde.

Et ce qu'il y a dans tout ceci, mes chers Paroiffiens, de plus confolant pour vous, c'est qu'il n'est pas néceffaire pour faire de bonnes œuvres, d'être appliqué aux grandes actions qui concernent directement la piété, comme la priere, le jeûne, l'aumône, &c. puifque de toutes les actions de la vie, même les plus communes, on peut faire de bonnes œuvres; de forte que chacun peut dire en lui-même: Je fuis content de la condition où Dieu m'a mis; elle m'eft auffi avantageufe pour mon falut que toutes les autres de la vie, puisque je puis faire de toutes mes actions, telles petites qu'elles foient, autant de bonnes œuvres qui mériteront la vie éternelle.

Chacun

dans fon é

tat peut faire de fes

actions autant de

bonnes au

vres,

Peu de Chrétiens

s'occupent

Mais hélas ! mes chers Paroiffiens, où font ceux d'entre vous qui travaillent férieusement à remplir cette mesure de bonnes œuvres fi néceffaires à faire de au falut? Extérieurement occupés, vous ne faites bonnes (rucependant rien qui ait rapport à la fin que doit vres, quoife propofer un véritable Chrétien. Apprenez au- qu'ils pajourd'hui, fi vous ne le fçavez pas encore, que pendant ê tout ce qui n'est point fait pour la gloire de Dieu, tre fort oc qui eft la fin principale pour laquelle nous avons cupés. été créés, est une véritable inutilité ; & c'est auffi ce qui faifoit dire à David: Le Seigneur a jetté les yeux du haut de fon trône fur les enfans des

roiffent ce

Ibid. 3.

Ibid.

hommes, pour voir s'il y a quelqu'un qui conPf. 3. 2. noiffe Dieu, & qui le cherche : Dominus de cœlo prafpexit, &c. ut videat fi eft intelligens, &c. Et qu'a-t-il vû? Qu'ils fe font tous égarés, & qu'ils font devenus des hommes inutiles: Omnes declinaverunt, &c. Pourquoi cela? C'est qu'encore que quelques-uns évitent les péchés énormes & groffiers, à peine cependant s'en trouve-t-il un feul qui faffe véritablement le bien: Non eft qui faciat bonum non, &c. Car, enfin, mes chers Paroiffiens, je le veux avec vous, vous n'êtes ni blafphémateurs, ni voleurs, ni yvrognes, ni impudiques, c'eft quelque chofe; mais vous ne faites rien, ou prefque rien pour Dieu. Vous vous occupez beaucoup, je le fçais, je le vois; mais ce n'est que pour vous que vous travaillez, fans avoir aucune vue de Dieu vous êtes le feul but de tous vos deffeins & de toutes vos actions; vous ne pensez qu'à ce qui vous regarde, qu'à votre. contentement, qu'à l'établiffement de votre far mille; de bonne foi, eft-ce-là la fin pour laquelle Dieu vous a mis au monde ? Inftruits que vous êtes, vous convenez que non; que c'eft, comme je vous le difois il n'y a qu'un moment, pour adorer, aimer & fervir Dieu; & que tout ce qui vous occupe ici-bas, affaires, emplois, négoces, &c. ne font que des moyens pour arriver à cette fin; & que vous ne devez les aimer & les retrancher, qu'entant qu'ils peuvent vous aider à y parvenir, ou qu'ils vous empêcheroient d'acquérir la vie éternelle.

Les bon

font nécel

Quand je lis dans l'Evangile, mes chers Pa nes œuvres roiffiens, qu'un verre d'eau froide donné à un faires pauvre ne fera pas privé de fa récompenfe, je dis en moi-même: Eh! fera-ce donc d'une infiCiel nité d'autres bonnes ceuvres plus importantes qui me font faciles, fi je les fais pour Dieu qui me

pour

arriver au

que

promet lui-même pour récompense, un bien
infini pour une éternité ? Je pefe à loifir, & avec
une mure délibération, ces trois chofes : un bien
infini, l'éternité de ce bien infini, une action
d'un moment qui m'eft fi facile. Ah! me dis-je
à moi-même, quel a donc été jufqu'à préfent
mon aveuglément de négliger de fi précieux avan-
tages? C'en eft fait, j'en fais ferment, & ma ré-
folution en eft prife devant Dieu : Juravi & fta-
tui, &c. je veux déformais ménager foigneufe- 106.
ment tous les momens de ma vie pour les remplir
de bonnes œuvres.

Pf. 118.

Le Ciel ne

fera donné qu'à celui

qui aura fait de bonnes œu

vres.

Ne craignez pas, mes chers Paroiffiens, qu'en tout ceci votre espérance puiffe être frustrée; car il eft à propos que vous remarquiez ici avec moi; que toutes les fois que l'Ecriture nous parle de la vie éternelle, & de la gloire du Ciel à laquelle nous afpirons, vous & moi, elle lui donne des noms différens, mais qui tous conviennent à nous faire fentir la néceffité des bonnes œuvres. 1°.Elle l'appelle une récompense: chacun, dit-elle, recevra la récompenfe felon fon travail : Unufquifque propriam mercedem accipiet. 2°. Une moiffon: l'homme ne recueillera que ce qu'il aura femé : Quacumque feminaverit homo, hac & metet. 3°. Une couronne: celui qui combat dans la carriere, n'eft couronné qu'après avoir combattu felon l'ordre : Non coronabitur, nifi qui legitimè certaverit. Toutes expref-2.5. fions qui tendent à nous inftruire, & à nous apprendre que fi nous voulons être fauvés, il faut néceffairement travailler, femer & combattre.

I.Cor. 3. 8.

Gal. 6. 7.

II. Tim.

pene doit

Et certes, mes chers Paroiffiens, quoi de plus Le prix de propre à nous engager à travailler & à faire de la récombonnes œuvres, que cette falutaire pensée, qu'il n'y a pas un feul moment de notre vie qui ne puiffe nous valoir une éternité, pas une bonne œuvre qui ne foit récompenfée ? Qui doit plus

nous engatra

ger वे

vailler.

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