DIVI SION. I SECOND DESSE IN. L ne faut pas beaucoup creufer pour découvrir les prefans motifs qui nous engagent à méprifer & à fuir le monde. 1o. Le monde nous trompe : premier trait de fa malignité. 2o. Le monde nous corrompt: fecond trait de fa malignité. De ces deux principes certains, fuivent deux conféquences pratiques. Le monde nous trompe, donc nous devons le méprifer: premiere conféquence. Le monde nous corrompt, donc nous devons le fuir : feconde conféquence. Pag. 52. PREMIERE PARTIE. Que faut-il pour vous engager à mépriser le monde? Trois fimples réflexions. Le monde vous engage dans fes voies, fur l'efpérance qu'il vous donne d'un bonheur plein & parfait : premier trait de fa malignité. Comment cela? C'est que ce monde qui vous promet tant de bonheur, eft 1°. le premier à en altérer la douceur 20. le premier à en arrêter le cours : 3°. le premier à vous refufer ce qui pourroit en adoucir la perte. De tout ceci, quelle con1équence plus naturelle? Donc nous devons méprifer un monde qui promet tant & qui donne fi peu. SECONDE PARTIE. Ce monde que je dis nous corrompre, n'eft pas ce monde fi fouvent chargé d'anathêmes par J. C. ce monde, &c. je parle de ce monde qui à l'extérieur paroît affez réglé, de ce monde compoté de ce qu'on appelle d'honnêtes gens. Je dis que ce monde nous corrompt peu-à-peu : fecond trait de fa malignitê. Comment cela? 1o. En nous détournant de Dieu & nous faifant oublier l'affaire du falut : 2o. en nous propofant des loix & des maximes directement oppofées à l'Evangile : 3°. en nous préfentant dans toutes les rencontres le péché, ou du moins les occafions du péché : 4o. en effaçant en nous, par la molleffe qu'il inspire, la conformité que nous devons avoir avec Jelus-Chrift. DESSEIN D'UN DISCOURS FAMILIER. SUR L'AMOUR DU MONDE, OPPOSÉ A L'AMOur de Dieu. DIVI- 'On ne peut aimer Dieu & le monde tout à la fois : en Dow- L 'voici deux talons ellenuelles. 10. Parce que Dieu & le monde ont des maximes toutes oppofées, & qu'on ne peut entrer dans les fentimens de l'un, qu'on n'ait de l'éloignement des fentimens de l'autre, & par conféquent qu'on n'aime l'un fans hair l'autre. 2°. Parce que quand on fuppoferoit qu'on pût allier ensemble l'amour de Dieu & l'amour du monde, Dieu jaloux de notre cœur ne pourroit fouffrir ce partage; & notre cœur feroit trop étroit pour renfermer deux amours fi différens. Je m'en tiens à ces deux réflexions pour tout partage de cette instruction. 1°. Qu'il eft impoffible d'aimer Dieu & le monde tout à la fois : 2°. que notre cœur eft trop refferré pour conte nir deux amours fi différens. Pag. 78. LA MOR T. SUR LA PREMIER DESSEIN. Divi-Court, nous ne la conteftons pas, mais nous y penfons 'Eft une vérité qu'on ne peut révoquer en doute, qu'il faut SION. peu, voilà notre malheur. Et c'est pour réveiller votre attention fur cette importante vérité, que j'entreprends de vous montrer : 1o. tout ce que la mort fait pour humilier l'homme: 2°. tout ce que l'homme doit faire pour triompher de la mort. D'une part vous verrez les conquêtes affreufes de cette fuperbe ennemie du genre humain : d'autre part vous apprendrez les moyens de la défarmer au milieu de fes victoires; quels font les rigueurs que la mort exerce fur l'homme; quels font les moyens dont doit se servir l'homme pour s'opposer aux rigueurs de la mort. Pag. 115. PREMIERE PARTIE. Quelles font les rigueurs que la mort exerce fur l'homme? En peu de mots en voici le précis. 1o. Elle dépouille l'homme de tout: 2°. elle le dépouille de tout en un moment : 3o. dans le moment qu'elle le dépouille de tout, c'eft pour toujours. SECONDE PARTIE. La mort doit nous dépouiller un jour de tout, donc nous devons nous détacher de tout premier moyen de prévenir les rigueurs de la mort. La mort dépouille de tout en un moment; donc nous devons nous détacher de tout dès maintenant : fecond moyen. La mort doit nous dépouiller de tout & pour toujours; donc nous devons nous détacher de tout & pour toujours. DIVI SION. SECOND DESSE IN. A chaque infant nous pouvons être surpris par la mort. C'eft une de ces vérités que l'expérience journaliere prouve bien mieux que l'autorité. Il eft affligeant d'y penfer, j'en conviens : mais convenez auffi qu'il eft falutaire d'y avoir penfé. La mort est peut-être plus proche que nous ne penfons; craignons-la, prévenons-la: voilà toute la fcience du Chrétien, Bornons-nous à ces deux réflexions. 1o. II faut craindre la mort afin de la prévenir 20. Il faut prévenir la mort afin de ne la plus craindre. La mort, fujet de crainte, fujet de vigilance. Deux idées bien fimples : l'une découvrira les motifs, l'autre apprendra les moyens de fe préparer à la mort. Pag. 140. PREMIERE PARTIE. Il eft certain que nous mourrons; il n'eft pas moins sûr que nous pouvons être furpris par l'heure de la mort; & rien n'eft plus certain que notre fort éternel dépend de la maniere dont nous mourrons. 1°. Certitude de la mort: 2°. furprise de la mort: 3o. fuite de la mort : voilà pourquoi nous devons la craindre & nous y préparer. SECONDE PARTIE. L'impie meurt dans la frayeur, & le jufte dans la confiance. D'où vient cette différence ? C'eft que l'un s'eft toujours * préparé à la mort, & que l'autre n'y a jamais penfé. C'eft affez de pré- venir la mort, pour le mettre en état de ne la plus craindre Mais qu'eft- ce que prévenir la mort ? C'est s'y préparer, s'en occuper, &c. C'eft, pour tout dire en un mot, mourir par avance à tout ce qu'on doit quitter à la mort. Cela pofé, il faut donc que la penfée de la mort nous apprenne à mourir : 1o aux plaifirs du fiécle: 2°. aux richeffes du monde : 3°. à nous-mêmes: voilà le véritable fecret de prévenir la DIVI- U'il faille mourir, vous ne pouvez le révoquer en doute; SION. qu'il faille bien mourir, vous l'efperez; qu'il faille s'y bien prépareit ce que vous négligez. Et voilà cependant la conféquence naturelie que vous devez tirer, & de la certitude que vous avez de mourir, & de l'efpérance que vous avez de bien mourir. Or cette pré- paration confifte en deux chofes, qui vont faire tout le partage Difcours. 1. C'est d'avoir toujours préfente la peníée de la mort : 2o. c'eft de régler tous les momens de votre vie fur la pensée de la PREMIERE PARTIE. Pourquoi les Chrétiens fi bien convaincus SECONDE PARTIE. Si vous penlez en Chrétiens, il faut que le défir de l'éternité bienheureuse vous rende l'idée de la mort toujours pré→ fente, & que vous regliez tous vos mouvemens fur cette idée. Et pour : DIVI- 'Eft un Oracle du Saint-Esprit, que celui qui aime le dan- à ces Chrétiens téméraires qui ont l'audace de braver le danger, mal- gré l'avertiffement de l'Efprit-Saint, & je leur dis, Vous périrez dans PREMIERE PARTIE. Qu'il y ait danger évident pour vous de de- meurer dans l'occafion, la raison feule le dit, puisqu'il eft certain que Vous ne pouvez répondre de vous-mêmes. 1°. Vous êtes foibles : 2o. l'occafion eft puiffante. Votre foibleffe d'un côté, la force de l'oc cafion de l'autre : n'en eft-ce pas affez pour vous engager à fuir? SECONDE PARTIE. Vous ne pouvez rien dans l'ordre de la fans le fecours de Dieu : la foi nous oblige de convenir de ce principe. De-là quelle conféquence? Donc nous ne réfifterons point dans les attaques dangéreufes de l'occafion, fi nous ne fommes fortement fe- courus de la grace. Or le ferons-nous, ne le ferons-nous pas ? Vous prétendez que oui, téméraires pécheurs ; & moi je foutiens que non. Sur quoi fondez-vous vos prétentions? Sur votre priere fans doute & fur la grande bonté de Dieu; & moi je foutiens: 1°. que vos priéres feront fans effet: 2°. que la bonté de Dieu ne s'oppofera point à l'or- telle forte cependant que notre devoir à cet égard eft différent felon la différence même des occafions: car fi les occafions font éloignées, c'est un devoir feulement de précaution & de fageffe; fi elles font PREMIERE PARTIE. Pourquoi donc nous crier avec tant de viva- cité de fuir même jufqu'aux occafions éloignées du péché? Trois ré- flexions vont vous l'apprendre. 1o. Parce qu'il eft aifé de se persuader que ce qui eft déja une occafion prochaine pour nous, qu'une occafion éloignée. 2°. Parce que fuppofé que l'occafion foit encore véritablement éloignée, elle peut devenir, & il eft même na- turel qu'elle devienne prochaine à la longue. 3°. Parce que quelque éloignée qu'elle foit, elle fuffit quelquefois pour triompher de nous : en eft-ce affez pour vous faire craindre jufqu'aux apparences des occa SECONDE PARTIE Il eft abfolument néceffaire de fuir l'occafion prochaine du péché, puifque fans cette fuite il eft impoffible de jamais iortir du péché & de te convertir. Impoffible, 1°. parce que quicon- que demeure expofé à l'occafion prochaine du péché; retombe tout jours infailliblement dans le péché où le porte l'occafion. Impoffible 2o. parce que quand il n'y retomberoit pas, il est toujours au moins néceffairement coupable du péché de l'occafion même. toutes les occafions qui pourroient nous porter au péché. Et c'eft pour vous inftruire fur cette importante vérité, que je me propose de vous montrer 1°. quelles conditions doit avoir le bon propos de ne plus pé- cher: 2o. de quels moyens il faut ufer pour perfévérer dans la réfolu- tion de ne plus pécher. Pag. 246. PREMIERE PARTIE. Toutes les conditions qui doivent former le bon propos, je les réduits à trois. Pour que le bon propos foit agréa- ble à Dieu, il doit être 1°. fincere, 20. agiffant, 3°. conftant. Sin- cere, contre les illufions qu'on fe forme fouvent agiffant contre la ftérilité de notre pénitence: conftant, contre nos rechûtes. SECONDE PARTIE. La preuve la moins fufpecte pour s'affurer de la fincérité du bon propos, c'eft la fuite des occafions. Ainfi fi vous vou- lez que votre résolution de ne plus pécher demeure fincere, agiffante & conftante, il faut fuir les occafions du péché. Examinons, 1°. la néceffité de cette fuite: 2°. les caractères de cette fuite : 3°. jufqu'où dre que l'anathême prononcé par Jefus-Chrift contre l'arbre infruc- tueux ne foit porté contre un Chrétien qui se vante d'avoir la foi, & qui fe met peu en peine d'en avoir les œuvres. Ceci pofé, pour vous inftruire folidement fur ce fujet, je dis, 1o. que les bonnes œuvres les œuvres faintes & chrétientres, doivent être la preuve de notre foi. 2o. Je dis que ces mêmes œuvres en font l'appui & le foutien. P. 282. PREMIERE PARTIE. Que les bonnes œuvres foient la preuve de notre foi, c'est ce dont nous avertit S. Jacques, quand il dit que la foi fans les œuvres eft morte. Mais pour mettre au jour la doctrine de cet Apôtre, diftinguons deux fortes de Juges auxquels nous fommes fedevables de notre foi. Nous en fommes d'abord redevables à Dieu, puisque c'est de lui que nous l'avons reçue pour agir : nous en fomme |