vaux, ils ne font pas de difficulté de mettre pour en avoir un qui leur plaife jufqu'à foixante Piaftres, n'euffent-ils que cela vaillant. Un Soldat qui en a un de prix en a fouvent pour la vie,puif qu'ordinairement ils le gardent pour le moins plus de vingt-cinq ans. Ces Chevaux couchent fur la dure, foit en leurs maifons, foit en campagne, ils n'ont aucunes mangeoires, & ne mangent jamais aux rateliers, VI. Les richeffes de ces Soldats Turcs confiftent en argent comptant, ils n'ont ni terres ni maifons, ils fe donnent même bien de garde d'en acquerir, fçachant qu'après leur mort le Grand Seigneur s'en rendroit le maître. Ils campent fous des pavillons de cotton plus aifez que les nôtres qui font de lin, ou de chanVIC ces cordes de cotton étant beaucoup lege res, & ne devenant jamais roides, quelques mouillées qu'elles foient, Quoiqu'ils n'ayent au cune guerre ni aucun danger d'irruption d'ennemis, leur coûtume eft de faire toujours la garde, comme s'ils avoient beaucoup à craindre. Ils ne logent jamais dans les Villes, mais en rafes campagnes, ce qui les oblige d'avoir tant de Chevaux, & tant de Chameaux pour porter leurs vivres, leurs tentes, & autres bagages. V. Le nombre de leur infanterie eft inconcevable des Soldats de la garde qui approchent de la perfonne du Grand Seigneur. Quand ils ont été, pendant quelques années, Janiffaires, & qu'ils ont fait quelque action d'éclat qui les diftingue, on les met auprès du Sul tan pour les deffendre en cas de befoin. auffi les Avantu riers de Turquie, qui (à ce que j'ai pu apprendre) font font plus de foixante mille hommes. Ils ne font pas habillez comme les autres Turcs, ils ne reçoivent aucune paye du Grand Seigneur, ne se propofans que la gloire de paffer pour les plus braves de l'armée. Les armes qu'ils portent font des long dards, ou la demie-picque, & une épée de damas. Leurst Chevaux font caparaçonnez, ou de quelques peaux de Lions, ou de quelques autres bêtes fe |