roces, leurs habits font de même, & ils font horreur quand on les

voit.

Quoique le Grand Seigneur, comme je viens de dire, puiffe mettre fur pied une armée d'un million d'hommes, elle n'eft ordinairement que de quatre cent mille, par la crainte qu'il a qu'afoibliffant fes Provinces, il ne les abandonne à l'irruption de ses ancienennemis, qui pourroient lui conquerir quelques

uns de fes Royaumes. IV.

Si fa puiffance de terre eft grande,celle de merne l'eft gueres moins, puifqu'il peut mettre plus de trois cens galeres, fans

compter les fultanes, les fregates, les gallions, les brûlots & les chomberts.

Les Soldats Turcs qui font prépofez à la garde des fortereffes des Provinces, font le matin & le foir, un grand bruit avec leurs tambours mais ce bruit bien loin

d'être incommode, eft d'autant plus agréable, qu'ils fçavent en accorder le fon avec leurs hautbois.

Ces tambours font de deux fortes. Les uns petits qui fe portent à Cheval, & quine font enfoncez que d'un bout. Les autres plus grands qui ont deux fonds. Ils ne les portent pas au coût, mais ils s'appuyent contre terre quand ils veulent les battre, & frappent des deux côtez. Les Arabes

ont appris aux Turcs l'art de faire avec leurs haut-bois, une fi agréable harmonie.

V.I I.

Ces Arabes fe croyent les plus nobles de la terre,étant defcendus (comme ils difent) d'Ifmaël fils d'Agar, quoiqu'ils foient de tous les hommes les plus indignes, & les plus méprifables, courans par tout comme des voleurs, & emportans ce qu'ils trouvent, foit en tems de paix, foit en tems de

guerre; ils n'ont ni demeures & maisons fixes, ni Loi fur laquelle ils fe reglent.

Comme ils ne trouvent de Ville ni de place qui leur convienne, ils occupent toujours les montagnes, & la campagne portans leurs Pavillons pour s'y mettre à couverts & menans avec eux leurs femmes, leurs beftiaux qui font en grand nombre.

Quand ils ont mangé à un endroit ce qu'il y a