Ce qu'on ne peut en

core trop admirer, est que dans l'armée du Grand Seigneur, qui fouvent eft compofée de plus de trois cent mille hommes, on n'entend parler ni de querelles, ni de combat particulier.

III.

Les habits des Janissai

res font femblables à ceux des autres Turcs. Ils portent comme un chaperon blanc, qui leur fait plufieurs tours à la tête, & c'est le Grand Seigneur, qui leur donne tous les ans cet ornement. Quand ils font quelque voyage, leur coûtume eft d'être toujours très bien armez. Ils portent pour fournir à leurs petits besoins, une lanterne de fer blanc garnie de chandelles, avec une cuillier de bois, & un fac de cuir où il y

a du fel battu, afin de fe provoquer l'appetit, & ils prennent cette précaution , parce qu'en Turquie il n'y a point d'hô telleries.

IV.

Dans tout l'Empire

Ottoman, qui eft d'une

grande étendue, il n'y a

aucun Turc qui ne foit

gagé du Grand Seigneur felon fa qualité. Le moins eft d'avoir par jour, trois ou quatre Afpres : & de là vient qu'il y a une fi prodigieufe quantité de Renegats.

V.

J'ai apris d'un Aga que, dans la feule Romanie il y a en Cavalerie, quatre-vingt mille Spahis, dont ( à ce qu'il me dit), l'affignation pour leur

payement est, en tems de paix auffi bien qu'en tems de guerre, donnée fur les terres de la Province où ils refident; il ya en Turquie certains Spahis qui ont à dépenfer chaque année, cinq mille Alpres qui font, cent Piastres; mais pour

avoir cette paye, il faut qu'ils fe foient diftinguez par quelque action confiderable.

Quand ils vont à la guerre, il faut qu'ils y fallent porter leurs provisions: pour cet effet, il leur faut un grand nombre d'animaux, de ferviteurs & d'esclaves. Leurs armes font le fabre & la lance.

Nul d'entr'eux ne la

boure la terre

regar

dant l'agriculture comme indigne d'eux

&