qu'il doit manger. Après foupé il s'entretient avec fes Generaux, ou Colonels, qui ont l'honneur de manger à fa Table, & le plus fouvent il va fe promener fur la place. Un jour le fuivant du côté de Colchan, je l'avois perdu de vuë: Un Cheval Tartare que j'avois acheté, qui quoique d'une extrême viteffe avoit ce défaut de n'avoir point de bouche, au lieu du grand chemin que je voulois fuivre, m'amena fur celui de la gauche. Il ne s'en fallut pas d'un demi pied, que je ne tombafle du haut en bas fur les palliffades du chemin couvert de Bender. Par bonheur pour moi ; cet aimable Roy s'étant re tourné, & me voyant en peril, eût la bonté de s'arrêter avec le General d'Aldorfhomme de grande valeur, & me cria en François ce qu'il n'avoit jamais dit à perfonne:Bride en main,& mettez vo tre chapeau, me repetat-il t-il deux fois : Chapeau, chapeau. Quelques jours avant ma fortie de Bender, un petit camp des Turcs en trois pelotons, commençoit à s'y affembler ; mais Aptit-Bacha qui devoit arriver, & que je trouvai en chemin ne groffit pas de beaucoup ce camp par les troupes qu'il y amena; ce qui a empêché le Roy de Suede de partir ayant de fi petits fecours. Sultan Achmet ayoit envoyé trois cens G chevaux au Roy de Suede qui furent changez en chemin par la friponnerie du Bacha; aprés qu'ils furent arrivez,on délibera fi on les prendroit : le Confeil vouloit que l'on les renvoyaft, mais le Roy de Suede dit : Puifque l'Empereur me les envoye, il faut les recevoir. Comme S. A. R. Madame m'a témoigné qu'elle feroit bien aife que j'ajoûtaffe à cette petite relation ce que j'aurois |