de Suede, il avoit tou jours eû de grands avantages fur les Mofcovites, & il fembloit que cette continuité de Victoires' le fuivroit par tout. Sur cette efperance il jugea à propos d'aller chercher fon ennemi jufques dans les extremitez de fon païs, & de l'engager au combat; il falloit pour cet effet paffer à la nage quelques endroits d'une vaf te & profonde riviere, Cet obftacle ne lui parut pas plus difficile à vain ere, que d'autres femblables où il s'étoit trouvé en differentes occafions; mais malheureufement il reçut à fleur d'eau un coup de carabine qui perça fa botte au bas du pied, & le blessa dangereufement. Il n'en fut pas pour cela plus effrayé, & n'en voulut rien dire : au contraire il alla vifiter le pofte du General Spare, qui avec trois cens hommes faifoit face à un marais, que dix bataillons des Mofcovites vouloient paffer en le comblant de fafcines.CeGeneral avoit toujours fait une vigou reuse résistance par un feu continuel; mais il temoigna au Roy, qu'avec un fi petit nombre de troupes il auroit de la peine à empêcher le des fein de l'ennemi, à moins que Sa Majesté ne lui en fift envoyer de nouvelles; ce qu'elle lui promit. Pendant ce tems un valet,François de nation, qui étoit au service de ce General, s'étant aperçû que vers le talon de la botte du Roy il en fortoit du sang en abondance, en avertit son maître dès que Sa Majesté Suedoife fe fut retirée pour donner fes ordres ail leurs. Que dis-tu, malheureux! lui dit ce Ge neral ? peut-être est-ce quelque violent coup d'éperon qui aura picqué fon Cheval? Non, infifta ce Valet, j'ai vû beaucoup de fang fortir de lá botte de SaMajefté:qu'on aille à l'endroit où elle étoit, on en connoîtra la verité. Celui que ce Generat y envoya, trouva de gros grumeaux de fang; & vivement frappé de cette trifte nouvelle qu'affuré-. ment le Roy étoit blessé, il admira la constance,& plaignit en même tems le fâcheux fort de ce. Grand Prince, pour la perfonne & la gloire duquel il a toujours eû un veritable, & tendre at tachement.. |