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TRAITÉ

DES

VERNIS.

CHAPITRE I.

Origine du Vernis Chinois en
Europe.

D

EPUIS que dans le quin-
zième siècle,les Pères de
la Compagnie de Jés

entrèrent dans la Chine comme
Miffionnaires, fous la conduite
du Père Mathæo Ricci, le Père

A

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Martino

Martini en l'année

1655, fit imprimer à Amfterdam un gros volume, intitulé : Atlas Chinois, dans lequel il rapporte plufieurs particularités de de ce grand Royaume. A la page 113 de ce livre, il parle du Vernis avec lequel les Chinois ont

coutume de couvrir non- feulement les écritoires, les coffres les tables, & les autres meubles de cette nature; mais auffi les meubles, les plats-fonds, & les planchers des chambres qui font ordinairement de bois, ce qui leur donne beaucoup de noblefle & fait un très-bel effet, à cause des différentes couleurs, & des ornemens dorés, dont ces ouvrages font embellis, Le Père Martini en parle en ces termes.

In urbe quarta Provincia decima Chechian dicta Nancheu, plurimum colligitur gummi illius, feu glutinis Cie, quod ftillatex arboribus, perfimileque lacrima Terebinthi.

ftate colligitur purgaturque à Sinis, & quo volunt colore inficiunt; optimum eft quod auro flavefcit,proximum quod nigerrimum;cum nondum ficcatum eft, venenatam quandam emittitexhalationem, cui non affueti intumefcunt ac pallent vultu, fed facilis eft curatio, cum tinguntur Arcula, tardiùs ficcatur, nifi in humido fit loco, quàm verò res fit elegans, munda ac fplendida, jam pridem didicit Europa ex capfulis,que ex Japponia, atque ipfa Sinâ plurima fuerunt adducte.

Dans la ville de Nancheu qui eft la quatrième de la dixième Province, appellée Chechiam, on ramaffe une grande quantité de la gomme ou glue nommé Cie, qui découle de certains arbres, & reffemble fort à celle qui diftille du térébinthe: les Chinois la ramaffent l'été, la nettoyent bien, & la teignent de la couleur qu'ils veulent. La meilleure est celle qui eft d'un jaune tirant fur

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l'or, & enfuite celle qui eft d'un beau noir. Lorfqu'elle n'eft point encore sèche, il en fort une odeur dangéreufe, qui fait enfler tout le corps à ceux qui n'y font pas acpas coutumés, & leur donne la couleur d'un homme mort; mais le remède à cette maladie eft trèsfacile les petites boêtes enduites de ce Vernis ne font pas longtems à fécher, à moins que ce ne fait dans un lieu humide. Pour la beauté & la perfection de ce travail, il eft aifé d'en juger par les boêtes, & les autres ouvrages qui

en

ont été apportés en Europe du Japon, & même de la Chine. Après que le livre du Père Martini eut paru, le Père Athanafe Kirker, natif de Fuldes, Ecrivain très-célèbre par la quantité d'ouvrages qu'il a compofés, imprima en 1667, un livre intitulé la Chine illuftrée, & dans le premier Chapitre de la cinquième Partie, page 120, il rapporte

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les paroles du Père Martini, & ajoûte qu'il étoit arrivé à Rome un Hermite de l'Ordre de Saint Auguftin, appellé le Père Euftache Jamart, qui compofoit un Vernis, lequel, s'il n'étoit pas le même que celui de la Chine, du moins il étoit très-beau & lui reffembloit fort, Le Père Kirker l'ayant appris du Père Jamart fon ami, voulut bien, avant que de le rendre public, lui en attribuer la découverte, & à la fuite du même paffage cité ci-deffus, il en donne la recette que voici.

Il faut prendre de la gomme lacque, bien purifiée, la mettre dans un vaiffeau de verre, & verfer deffus de très-bon efprit de vin, jufqu'à ce qu'il furnage de 4 doigts; & après avoir bouché exactement le vafe, il le faut mettre digérer au foleil, ou à un feu tempéré, pendant trois ou quatre jours, le remuant de temps en temps: lorfque la gomme eft dif.

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