reftoit uni au métail; & ayant fait réflexion que le Vernis don on a coutume de fe fervir pour graver à l'eau forte fur le cuivre, ne s'en détachoit jamais, & que réfiftant au feu, il pouvoit fervir pour le même effet; je trouvai qu'il étoit très-bon; & comme la connoiffance de ce Vernis fervi ra beaucoup pour ce que j'ai dire dans la fuite, je rapportera ici la manière de le compofer & de l'employer. Un des meilleurs Vernis qu'or employe fur les planches de cui vre, pour les pouvoir graver: l'eau forte, fe nomme dur, par ce qu'il devient tel à l'aide du fe avec lequel on doit le cuire; & l'autre fe nomme mol, parc qu'on ne le cuit point. Je me fo viens d'avoir lu l'une & l'aut manière dans un livre François d'un Graveur nommé Monfie Boffe (1), & je les ai plufieu (1) Le fieur Boffe dans fon Traité & f fois éprouvées très-bonnes; c'est que manières de graver en taille-douce, &c. à Paris, 1745. pag. 9. donne la compofition du Vernis dur en cette forte: prenez cinq onces de poix grecque, ou à fon défaut, de poix graffe, ou de Bourgogne, cinq onces de réfine de Tyr ou Colophonne, ou à fon défaut de la ré fine commune, &c. (1) Il ne parle point de fuif, & veut que l'on faffe fondre ensemble la poix grecque & la réfine, avant que d'y mêler l'huile de noix à laquelle le R. P. Bon nania fubftitue l'huile de lin. F par une toile, & on la conferve dans un lieu à l'abri de la pouffière. Le Père Coronelli, chap. dern. de fon Epitome Cofmographique, en rapporte un prefque femblable, on l'employe de la manière fuivante. On chauffe la planche de cuivre qui doit être extrêmement polie, & on y met quelques petites gouttes de Vernis qu'on étend également & fubtilement, enfor te que le cuivre en foit feulement enduit très-légèrement; & afin qu'il foit étendu plus également, on frappe deffus avec la paulme de la main: il faut pour cela que la planche foit chaude & à tel dégré que la main en puiffe feulement fupporter la chaleur : le Vernis étant ainfi étendu, on le noircit, l'expofant à la fumée d'une chan delle de fuif, puis on porte la planche fur un gril qui doit être fur des charbons allumés, mais difpofés en rond, de façon qu'i n'y en ait que peu ou point au milieu, la chaleur des extrémités de la planche étant fuffifante pour cuire le vernis du milieu; pendant cette cuiffon, on doit obferver la fumée de la graiffe du Vernis, & retirer la planche du feu lorfqu'elle eft près de ceffer: on connoîtra encore plus fûrement lorfque la cuiffon fera parfaite, fi touchant le Vernis avec un petit bâton, il ne fe peut pas détacher (1) du cuivre. On travaille fur ce Vernis avec une aiguille ou un burin, découvrant le cuivre fur les traits néceffaires, & fuivant le deffein, lefquels traits deviennent plus profonds, & font creusés par l'eau-forte avec laquelle on baigne plufieurs fois la planche. Le fufdit Boffe enfeigne le tout dans fon petit livre, qui a été tra (1) Ou du moins s'il ne fe détache qu'avec peine. duit depuis en Allemand, par un Ingénieur appellé George-André Pekler, & imprimé à Nuremberg l'an 1652. Dans ce livre, pag. (1) 14. 11 rapporte l'opération pour noircir le Vernis avec la fumée de chandelle; & page (2) 16. il rapporte quelle doit être la fituation de la planche fur les charbons pour que le Vernis acquiere une cuiffon parfaite: mais en me fervant de ce Vernis, j'ai éprouvé qu'il y avoit plus de commodité a foutenir en l'air fur les charbons, la planche après l'avoir vernie, fans fe fervir de gril, parce que les (3) traverfes empêchent la chaleur d'agir également fur toutes les parties de cuivre; & comme il faut manier la (1) Page 16. de l'Édition Françoise en 1645. (2) Page fuivante. (3) L'Auteur ne demande que deux chenets pour foutenir la planche de cui vre. |