ufques à ce que la compofition ût réfroidie, & en confiftance le miel. Lorfque la matière eft refque froide, on la peut couler ar un linge, le tordant & l'exrimant fortement entre deux lanches, afin de faire fortir la ubftance de la gomme & de l'afhalte qui laiffent toujours quelues fæces inutiles. On peut auffi mettre le tout dans un vafe feré, & laiffer précipiter les faces; ais il eft mieux de couler par le ge, parce que cette façon dépuille le Vernis de toute l'imputé qui pourroit nuire à la bonde l'opération le mélange ant filtré, fe doit conferver dans vafe fermé; & s'il paroît trop ais, on y peut ajouter de l'hui* d'afpic froide ou chaude, mme l'on veut on le confera enfuite pour s'en fervir de la nière fuivante; & n'ayant pas

toujours exactement fuivi cette méthode, je ne réufliffois pas parfaitement, quoique j'euffe un excellent Vernis. Ce qui faifoit que j'abandonnois mon entreprife pour quelque temps, jufques à ce que la reprenant & obfervant exactement tout ce que je viens de dire; je fuis parvenu à la fin tant défirée.

Il faut premièrement avertir d'une chofe qui fera d'un grand fecours pour parvenir à la perfec tion du Vernis, fçavoir qu'avant que de mêler le bitume Judaïque avec la gomme copal diffoute on doit l'avoir bien préparé, ce qui fe fait le mettant bouillir a feu lent dans l'huile cuite pen dant une ou deux heures; & of connoîtra qu'il eft affez cuit, lorf qu'en le prenant avec un petit ba ton, il ne tombera pas goutte goutte, mais formera un fil délié fe détachant toujours du bâto fans fe féparer; il fera alors d'un

confistance très-difpofée à fécher, ce bitume étant naturellement gras, & fe féchant difficilement. Pour que l'huile sèche promptement, il y en a qui ont coutume de joindre à la litharge pulvérisée avec laquelle ils la font bouillir, un minéral ou efpèce de vitriol qui naît en Allemagne, qu'on appelle (1) couperofe; enfin, moins il y aura d'huile, plus le Vernis féchera facilement, & plus il fera dur & inaltérable comme celui de la Chine.

CHAPITRE XV.

Manière de fe fervir du Vernis précedent.

A!

Vant d'employer le Vernis, on doit préparer le fond fur lequel on veut l'étendre. Sup

(1) Couperofe verte ou vitriol vert.

pofons que ce foit du bois qui eft bon de quelque efpèce qu'il foit, quoique celui qui a le moins de veines & de pores foit le meilleur; & c'eft pour cela qu'à la Chine, ils ne fe fervent pas indifféremment de toutes fortes de bois, mais en choififfent quelqu'un liffé & facile à polir comme le tillcul, l'olivier fauvage ou l'érable; le buis & le poirier font encore bons, étant des bois plus ténaces. & uniformes dans leurs fubftances; enfin quelque bois que ce foit, il doit être bien applani & poli avec le fer & la pierre ponce. Et fi l'on veut que le Vernis foit fort noir & d'une couleur foncée & veloutée, comme il paroît dans les ouvrages de la Chine, on peut teindre le bois en premier lieu avec le noir de fumée delayé dans l'eau de colle; mais la teinture dont fe fervent les Ebéniftes, & que nous avons rapportée chapitre 12. eft encore meilleure: on

l'étendra donc fur le bois,de quelque forme qu'il foit, avec un pinceau, le plus également & le plus fubtilement, qu'il fera poffible, & fi c'eft en Eté on le pourra faire fécher au Soleil; mais s'il eft trop chaud, & que cela puiffe faire déjetter le bois ou le faire fendre, il fuffira de le mettre à l'air, qui fera affez échauffé pour fécher le Vernis, prenant toujours garde cependant qu'il ne vole point de poudre deffus; & pour cet effet, ce qui m'a le mieux réuffi, a été de l'expofer au Soleil à travers une vitre fur une fenêtre : mais fi c'eft en Hyver, on le mettra dans une étuve d'une chaleur modérée, ou dans quelque fourneau qu'on peut conftruire de plufieurs manières; car dans quelques-uns on peut enfermer des charbons ardens dans un vaiffeau de cuivre, de manière cependant qu'il refte quelques ouvertures afin que le feu ne foit point étouf