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On en fait un autre du même genre & pour le même ufage, qui n'eft pas moins beau que le premier, mais qui eft très-fragile; il se fait en cette manière: on prend une once de gomme copal claire, & on la pulvérife fubtilement; on la met dans un vaiffeau de terre verniffée, & on l'incorpore à feu lent, avec deux onces de térébenthine. Lorfque cette compofition eft devenue bien liquide, on y jette goutte à goutte trois onces d'efprit de térébenthine, & on l'étend fur la gaze échauffée au Soleil ou au feu, elle deviendra comme un crystal ; mais si on la plie, elle rompra.

CHAPITRE V.

Du Vernis de couleur d'or.

A

Préfent

avons

que nous propofé plufieurs fortes de Vernis qui font tous compofés avec des gommes diffoutes dans l'efprit de vin, il n'eft pas hors de propos d'en ajouter quelques-uns qui font compris dans le même genre, & avec lefquels les corps argentés deviennent de couleur d'or lorfque l'on les en enduit. Cette forte de Vernis fe fait de plufieurs façons, & chacun pourra choifir celle qui lui plaira le plus, leurs couleurs étant peu différentes les unes des autres, comme l'or battu en feuilles, l'or en poudre, tout de couleur un peu différente de l'or de monnoye. Voici donc la manière de faire un Vernis de cette espèce.

On prend un quart de partie de benjoin, une partie de maftic & une demie de fandaracque, chacun réduit en poudre; on met d'abord le maftic diffoudre fur le feu dans l'eau-de-vie, après quoi on met la fandaracque, & puis le benjoin; lorfque les matières font réduites en liqueur, on y ajoute un huitième de térébenthine fine, & de l'aloës fuccotrin plein la coquille d'une noix; lorfqu'on verra que cette com pofition aura pris une belle cou leur, on l'ôtera du feu, & on en enduira les ouvrages argentés: d'autres fe fervent de benjoin, d'aloës en poudre, & d'un peu de faffran, le tout diffout dans l'eau-de-vie, & de ce Vernis, ils donnent aux ouvrages argentés plufieurs couches, laiffant bien fécher la première avant que de donner la feconde.

Un ami que j'ai en Allemagne, très-habile Chimiste, m'a donné

une autre compofition qu'il a éprouvé être très-bonne, & qui fe fait de la manière suivante. Ôn prend de l'ambre jaune, on en fait fondre deux onces fur une platine de cuivre ; & lorfqu'il eft fondu, on le met dans l'efprit de térébenthine deux ou trois jours au bain de fable, remuant le vafe de temps en temps, & on aura l'efprit teint d'une belle couleur d'or, qui étant mise sur le corps argenté, sèche en trèspeu de temps.

La compofition fuivante eft encore bonne, gomme-lacque une once, aloës fuccotrin en poudre deux dragmes, térébenthine huit onces, fucre fin en poudre une (1) livre, on incorpore le tout enfemble, & l'ayant filtré par le linge, on le garde pour l'ufage.

(1) Cette livre n'eft que de douze onces, car c'eft celle de Rome & de toute I'Italie.

Mais celui de tous que j'eftime le plus, & que j'ai plufieurs fois expérimenté avec beaucoup de fuccès, quoique je n'aye jamais obfervé dans la compofition aucune dofe des ingrédiens qui y entrent, & que je m'en fois toujours rapporté à l'expérience qui étant la maîtreffe univerfelle, enfeigne ce qu'il faut augmenter ou diminuer pour arriver à la perfection. Ayant donc fait diffoudre la gomme-lacque dans l'efprit de vin, & ayant mis dans le même vafe, de la (1) Curcume réduite en poudre, (cette Curcume eft une racine qui donne une teinture jaune) & y ayant ajouté un peu de faffran fec & pulvérisé, & du fang de dragon en poudre, lequel au rapport de Vormius, dans fon Museum, chap. 34. pag.

(1) Curcume eft au rapport de Leme. est ry, la racine de la plante appellée fouchet des Indes; cette racine eft extrèmement dure, & fe nomme auffi terra merita."

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