foute, on la coule par un linge, & on la remet digérer de nouveau pendant un jour, après lequel le Vernis eft fait, on fe fert du plus clair qui furnage, en l'étendant légèrement avec un pinceau fur le bois, qui doit avoir été peint auparavant de la couleur que l'on fouhaite, & il faut avoir attention de laiffer fécher la première couche avant de donner la feconde & la troisième, &c.

CHAPITRE II.

Où l'on rapporte différentes prépa rations faites dans beaucoup de parties de l'Europe, pour imiter le Vernis de la Chine.

y a une infinité de différentes compofitions de Vernis qui font imprimées dans plufieurs lifous le nom de Vernis de

vres,

que

la Chine, quoique ce ne foit divers mélanges de gomme, en différentes dozes, pour approcher de la perfection plus que celui qu'a publié le Père Kirker. Avant de rapporter celles de ces préparations, qui paffent pour les meilleures, li eft à propos de donner une connoiffance des gommes,entre lefquelles chacun pourra choifir celles qu'il croira les meilleures pour faire le Vernis à fa fantaifie.

Ayant fait chez les Auteurs de l'Hiftoire Naturelle une recherche exacte fur cette matière, j'ai trouvé que celle qui y tenoit la première place, étoit la gomme lacque,qui eft la bafe du Vernis du Père Jamart; mais pour avoir une connoiffance plus particulière de fa nature, il faut remarquer, avec le Docteur Léonard Fioravanti, chap. 24 du' second livre des Secrets qu'il a publiés, qu'entre les gommes, il

y en a de chaudes, de froides, d'humides & de féches. La gomme de Pin, communément appellée réfine (1), est déficcative: celle de fapin, appellée (2) térébenthine ou huile de fapin participe du chaud,& eft confolidante celle de prunier, & les autres de cette espèce, font humides & froides. Parmi cette variété, les Auteurs cherchent ce que doit être la gomme (3) lacque, ainfi nommée peut-être à caufe que de même que la (4)

(1) Réfine ou poix-réfine est une térébenthine, ou trementine crue, & confolidée par la chaleur du foleil, ou du feu, pour en faciliter le tranfport, ou pour lui donner quelque qualité différente.

(2) La tremintine ou térébenthine fort particulierement des fapins; nous la connoiffons fous le nom de térébenthine

commune.

(3) Lacque-gomme, dont il eft beauccup parlé dans la fuite.

(4) Lacque eft une pâte qui fert pour

lacque, elle tire fur la couleur rouge.

Orientales

Calceolario dans fon Mufao page 630, rapporte que Garcias, Médecin du Vice-Roi des Indes dépendantes du Royaume de Portugal, homme très-favant, , après avoir paru long-temps être en doute fur la qualité de cette gomme, le décide enfin dans fon premier livre de l'Hiftoire des Aromates, & rapporte que, fuivant des témoignages fidèles, dans le pays nommé Martuban, il naît un arbre dont les branches font très-étendues, & que certaines fourmis aîlées, qu'on croit naître de la terre, dépofent cette gomme fur fes feuilles qui font de la même Forme que celles du prunier,

a Peinture: on la fait avec différentes eintures defféchées de bois & de fleurs. La préparation s'en trouve dans la fuite le l'Ouvrage.

après s'être nourries du fuc qu'elles tirent de l'extrémité de fes plus petites branches, de même que les abeilles produifent le miel, après s'être remplies du fuc des fleurs. Les gens. du pays. coupent les petites branches de ces arbres, chargées de gomme, & les font fécher à l'ombre: il ajoûte, comme une preuve fenfible de la vérité de fait, qu'il fe trouve fouvent parmi cette gomme, des aîles de ces fourmis, & des petits morceaux d'écorce d'arbre, dont on la peut féparer facilement, quoi qu'endurcie. Cette gomme fe porte en Europe; mais elle ne fe trouve jamais en gros morceaux: ce ne font que des efpéces de grains mêlés de terre; on la purge facilement de toutes ces impuretés en la fondant comme la colle d'Allemagne, ou celle qui fe nomme Cervona, qu'on étend en feuilles, & qu'on fait fécher pour en faire