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v.51.

cius évêque Anglois, & à Louvain par Nicolas AN.1529. Egmond, carme & profeffeur. Ce paffage regardoit la refurrection; il y a dans le Grec : 1.Cor. 15. Nous ne dormirons pas tous du fommeil de la mort ; Erafmusin mais nous ferons tous changez: dans la Vulgate, hunc locum: Nous reffufciterons tous mais nous ne ferons pas Omnes qui-tous changez, Erafme avoit fuivi dans la verfion dem refur- le fens du Grec. Ses adverfaires prirent delà gemust. 9. occafion de l'accufer de plufieurs herefies, & en

operum.

CXXIV.

dans cette

année.

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particulier de nier la refurrection. Erafme fait voir dans fa réponse que cette accufation eft fans fondement, & que le fens du Grec eft très-foutenable.

Luther fit auffi paroître quelques ouvrages Ouvrages dans cette année; il écrivit en peu de mots de Luther au prévôt de Brefme, ce qui s'étoit paffé dans les conferences de Marpurg entre lui & ZuinSpind. ad gle, l'affurant que les Sacramentaires avoient hunc ann. n. revoqué plufieurs articles de leur doctrine, ce 11.12: qu'on ne pouvoit pas reprocher aux Luthe act. fcrip. riens, & qu'il leur avoit accordé, qu'encore. Luth. hoc qu'il ne pût les regarder comme freres, il ne ann.p.200. vouloit pas cependant les priver de la charité

Cochl, in

que nous devons même à nos ennemis. Il écrivit encore de la guerre contre les Turcs, & il s'exprimoit de telle forte qu'il paroiffoit plûtôt détourner les Chrétiens de cette guerre, qu'il ne les y portoit; il s'y plaint de la condamnation que Leon X. avoit faite de fa propofition, dans laquelle il avoit enfeigné autrefois, que combattre contre les Turcs, étoit réfifter à la volonté de Dieu qui nous vouloit vifiter; parce qu'il falloit vouloir non feulement tout ce que Dieu veut que nous voulions; mais abfolument tout ce que Dieu veut.,, Quon con fulte, dit-il, l'experience, & l'on verra quel ,, avantage nous avons tiré d'une pareille guer,,re, qui a fait perdre aux chrétiens l'Ifle de

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Rho

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,, Rhodes, prefque toute la Hongrie & une bonAN.1529, ne partie de l'Allemagne, ce qui montre que Dieu n'eft point avec nous quand nous com battons contre le Turc. Il y répand un grand nombre de calomnies contre le pape, l'empereur, les rois, les princes, les évêques, & prin. cipalement la cour Romaine. Cochlée refuta cet ouvrage, & en tira cent trente-fix propofitions: fon ouvrage eft en forme de dialogue.

On ne laiffa pas de punir les fectateurs de CXXV. cet herefiarque en quelques villes d'Allemagne. Heretiques A Cologne Pierre Flofteld & Adolphe Clarebach brûlez à hommes fçavans avoient été mis en prifon, pour Sleidan. in Cologne. avoir des fentimens erronés fur l'euchariftie; comment. & fur d'autres articles de la religion catholique, 6.p.200. Après plus de dix-huit mois de captivité ils furent enfin condamnez à être brûlez.

Suede.

Rien n'arrêtoit les progrès du Lutheranifme CXXVI. en Suede, où la vraie religion fe trouvoit prèf- Etat de la que entierement abolie. Dès le commencement religion en de cette année 1529. le roi Guftave convoqua Joan. Lot: une affemblée generale, dans laquelle il fit re- cenius reacevoir les fentimens des Lutheriens pour regle rum Suec. é de foi, & renoncer folemnellement à l'obéif. lib. 6. ann. fance du pape. Cette affemblée fe tint à Orebro 1529. petite ville capitale de la Nericie fur la rivieqre de Erofa; Pon y établit un ufage uniforme dans toutes les églifes. Le roi recommanda op aux évêques un certain nombre de prédicateurs - qu'il avoit entendus, afin qu'on leur donnât fi des benefices, & qu'on les défendît contre la aviolence. Quelques heretiques furent maltrai to tez: l'évêque de Scaren dans la Veftrogothlande sa obligea celui qu'on lui envoïa de prendre la fuite; le recteur du college commençant à expliquer l'évangile de S. Matthieu à fes difciuples, penfa être accablé à coups de pierres, & fe fauva à Vadfteg ville de l'Oftrogothie. Les

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auteurs de ces troubles, furent quelques fei ANIS 29 gneurs de la Gothic occidentale qui confpirerent contre le roi pour maintenir la religion catholique; mais le chef de cette confpiration appellé l'Huro-Jean, fut arrêté & mis en pri fon, d'où il ne fortit qu'après fix mois à la recommandation de George fon fils qui étoit dans la faveur de Guftave; cependant les Suedois ont moins changé que les autres; car ils ont des évêques, des prêtres & des diacres mariez; ils leurs églifes font peu differentes des nôtres, ont une liturgie affez femblable à celle de l'églife Romaine; aux grandes fêtes ils vont à confeffe, & fe mettent quelquefois dix ou douze aux pieds de leurs miniftres pour recevoir la penitence. Le Lutheranisme faifoit auffi de femblables progrès en Dannemarck.

1.

ment de

LIVRE CENT TRENTE-TROISIE ME.

L'EMPEREUR Charles V. étoit toûjours à Boulogne, où il attendoit le jour marqué pour Couronne la ceremonie de fon couronnement. Ce jour tant Charles V. defiré étant enfin arrivé, le pape accompagné de à Boulogne quinze cardinaux, vingt-deux évêques, huit ab parie pape bez, & de tous les officiers, fe tranfporta le Clement matin dans l'églife de S. Petronio qu'on avoit Sleidan, in magnifiquement ornée. Peu de tems après l'on

VII.

comment

Lib.7.1. 207. Guice. I.

vit arriver l'empereur en manteau imperial, dont Sforce duc de Milan, & Charles duc de Sa. voie portoient la queue. Le marquis d'Aftorga portoit le fceptre, le duc d'Afcalona l'épée, le marquis de Montferrat la couronne de fer, & le globe étoit porté par Alexandre de Medicis déja reconnu pour gendre de fa majefté impe. riale; tous étoient fuivis d'un grand nombre de feigneurs. Cette couronne dite de fer, quoiqu'el. le foit d'or, eft ainsi nommée à cause d'un cer, cle de fer blanc qui eft en dedans; d'autres di

fent

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fent qu'il n'y a de fer qu'une petite pointe qu'on
peut à peine remarquer le deffein de Charle- AN.1529.
magne en la faifant faire ainfi, étoit d'appren- cal. lib. de
Card. Paf-
dre aux empereurs, que pour conferver leur puif- coronis.
fance en Italie, il falloit emplorer le fer & la
force. Cette couronne étoit gardée dans la ville
de Monza en Lombardie, & fervoit à declarer
l'empereur roi des Lombards, ce qui lui con-
ferve les prétentions qu'il a fur l'Italie, car dans
le couronnement qui fe fait à Aix-la-Chapelle
avec la couronne d'argent, il eft feulement de
claré roi de Germanic. Selon un decret de Char-
lemagne, Charles V. auroit dû recevoir la cou-
ronne de fer à Monza, mais voulant éviter la
multiplicité des ceremonies, ou faire plus d'hon-
neur à la ville de Boulogne où étoit le pape,

il ai

ma mieux en être couronné dans cette ville. EnEviron trois jours après, il se prepara à recevoir la couronne d'or, des mains mêmes du pape: ce qui le fit ainfi. S'étant prefenté devant le trône où étoit Clement VII. ce pape lui donna le furplis & l'aumuffe pour le faire chanoine de S. Pierre, & de S. Jean de Latran, & prit enfuite les habits pontificaux pour dire la mef fe; pendant que les chanoines de ces deux égli fes, qui étoient venus avec le pape pour cette fonction, revêtoient l'empereur des habits de diacre, pour fervir à la meffe pontificale. Le faint pere revêtu de fes habits s'approcha de l'autel, & commença folemnellement la meffe avec deux chœurs de mufique; l'empereur donna à laver au pape, & communia de fa main, érant à genoux à fes pieds felon la coûtume entre un cardinal évêque & un cardinal prêtre; deux maîtres des ceremonies tenant la nappe. La meffe achevée, & la benediction donnée à l'ordinaire, le fouverain pontife toûjours revêtu de fes habits pontificaux, s'affit devant l'autel,

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& l'empereur retourna fur fon trône, où les AN.1529. mêmes chanoines, qui lui avoient mis les habits de diacre, les lui ôterent, & dans le inême tems les électeurs de l'empire le revêtirent des habits & du manteau imperial, pour aller enfuite se mettre à genoux aux pieds du pape, & recevoir la couronne d'or.

Le pape qui étoit affis commença par donner à l'empereur le fceptre d'or enrichi de pierreries, qu'il reçut de la main du marquis d'Aftorga,& qu'il mit entre les mains de Charles V.en prononçant ces paroles du ceremonial Romain.,, Empe,, reur, nôtre fils, prenez ce fceptre, & fervez,,vous-en pour regner fur les peuples de l'empire, aufquels Dieu, nous & les électeurs vous avons ,, trouvé digne de commander; enfuite s'approcha le duc d'Afcalona qui portoit l'épée de l'empire toute nue, & qui la prefenta au pape, étant genoux. Le faint pere la prit & la mit dans la main de l'empereur, en prononcant ces autres paroles : Prenez cette épée, de laquelle vous ,, devez vous fervir pour la défense de l'église con.

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tre les ennemis de la foi. A cette ceremonie fucceda celle du globe d'or que portoit Alexan dre de Medicis; ce globe avoit une croix def fus, & étoit tout femé de pierreries. Sa fainteté le reçut, & le donna à l'empereur en lui difant : Ce globe que nous vous donnons reprefente le monde, que vous devez gouverner ,, avec beaucoup de vertu, de religion, & de fermeté. Enfin s'approcha Gonzague marquis de Montferrat, qui s'étant auffi mis à genoux devant le pape, lui prefenta la couronne d'or enrichie de diamans, & d'autres pierres précieuses de la valeur de cent mille ducats. L'empereur aïant baiffé la tête, la reçut de fa fainteté qui lui dit encore ces paroles:,, Charles, empereur ,, invincible, recevez cette couronne, que nous

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