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,, vous mettons fur la tête, qui doit fervir de
,, témoignage à toute la terre, de l'autorité qui AN.15 29ì
vous eft conferée, pour vous faire honorer,
fervir & obéir de tous les peuples qui font
foumis à vôtre puiffance. Frederic de Gonza-
gue, marquis de Mantoue, ne fe trouva point
å la ceremonie, ni même dans Boulogne, pour
éviter de fe rencontrer avec le marquis de Mont-
ferrat, qui l'auroit voulu préceder.

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L'empereur aïant ainfi reçû la couronne, baifa les pieds du pape, c'eft-à-dire, fa pantoufle, qui étoit rouge avec une croix blanche deffus. Enfuite fa fainteté & fa majefté imperiale fe leverent, & fe mirent debout devant l'autel. Le pape embraffa l'empereur & lui donna le baiser de paix. Les deux cardinaux qui avoient fait la fonction de diacre & de foudiacre à la meffe, allerent auffi baifer la main de l'empereur qui les embraffa, & alla enfuite s'affeoir avec le pape fous un même dais, & fur des fieges inégaux, celui de l'empereur étant plus bas d'un demi pied. A peine furent-ils tous deux affis, que le premier cardinal diacre fe tourna vers le peuple, & dit à haute voix : Vive Charles-Quint Pinvincible très-puiffant empereur & défenseur de la foi. Le peuple lui répondit en criant plu. fieurs fois. Vive l'empereur. On fir une décharge generale de la moufqueterie, & l'on tira plus de cent coups de canon. Ce bruit joint aux trompettes aux tamboux, aux fiffres, & au fon des cloches de toute la ville dura plus d'une demie heure, & l'on fe difpofa pour la ca. valcade, où le pape & l'empereur parurent montez fur deux chevaux d'Espagne de même couleur richement enharnachez. Charles V. fit prefent à fa fainteté du cheval, fur lequel il étoit monté, & le faint pere le donna à Alexandre de Medicis. La cavalcade finit par un fuperbe re pas,

F 4

repas, où l'empereur, qui étoit feul à fa taAN.1529.ble, but debout & découvert à la fanté du

II.

reur court

de Vera hift.de Charles V. 2.178.

Heiff hi de l'emp. t. 1.p.410.6

411.

pa

pe. Le cardinal de Medicis neveu de fa fain teté remercia l'empereur, puis fe leva, & but debout & découvert à la fanté de l'empereur, le tout au bruit des tambours, des trompettes, & de la mufique. Sa majefté imperiale avoit alors

trente ans.

Deux jours après, un accident penfa chanAccident ger cette fête fi celebre en un deil des plus où l'empe- lugubres; car l'empereur paffant par une gal rifque de fa lerie de fon palais pour aller à l'églife, une vic. poutre du plancher de cette gallerie tomba pref D. Anton. que aux pieds de ce prince, & bleffa plufieurs perfonnes de fa fuite. Ceux qui font accoûtumez à tirer des prognoftics de tout, prétendi rent que cet évenement fignifioit, que nul antre empereur ne feroit couronné en Italie, ce qui eft en effet arrivé, mais pour d'autres raifons que celle de la chûte de cette poutre. III. Quoique l'empereur fut néceffaire en AlleL'empe- magne pour la diéte qu'il avoit indiquée à Ausreur donne bourg au huitiéme d'Avril, le pape le follicita ordre au ré-fi vivement de demeurer encore quelque-tems à Boulogne, qu'il y féjourna jufqu'au vingtdeuxième de Mars. L'intention du pape étoit que l'empereur ne fe retirat point que ce prince Gmic.liv. n'eut tout difpofé pour rétablir abfolument la maifon des Medicis dans Florence. Charles contenter le pape,.fut donc obligé d'écrire à Philibert prince d'Orange, qui étoit alors viceroi de Naples, de fe rendre ince flamment en Tofcane, avec toutes les troupes de cavalerie & d'infanterie, qui étoient dans cet état, pour affiéger Florence, & lui envoïa en même-tems le brevet de generaliffime de l'armée destinée à cette entreprife. Dom Antonio de Leve eut or dre auffi de tirer de Lombardie, où il com

tabliffe

ment des

Medicis à

Florence.

10.

Paul. Jove

lib. 27.

pour

man.

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mandoit, les meilleurs officiers & foldats, pour
venir fervir fous le prince d'Orange. Ces or- AN.1529.
dres furent communiquez au pape, qui de fon
côté ordonna auffi à tous les officiers de fon
armée d'obéir au même prince, & fit faire
promptement toutes les provifions de guerre &
de bouche neceffaires pour l'entretien de ces
armées. Toutes ces mefures prifes, l'empereur
voulut partir; mais le pape le pria encore de
differer, jufqu'à ce qu'on eut commencé le fiége
de Florence, ou du moins jusqu'à l'arrivée au
prince d'Orange, tant fa paffion étoit grande
pour le rétablissement de få maison.

Les Florentins inftruits de tous ces mouve-
mens du pape & de l'empereur, virent bien que
c'étoit contre eux qu'ils fe faifoient, & ne
fçachant quel parti prendre, ils affemblerent le
confeil un matin douziéme de Mars
› pour
examiner ce qu'ils devoient faire. Le grand
gonfalonier y parla le premier fur les avanta
ges de la liberté, & fur l'état de ceux qui vi-
voient fous le gouvernement defpotique d'un
prince, fur le malheur qu'ils avoient d'être la
victime des pernicieux deffeins d'un de leurs
citoïens, qui au lieu de défendre la liberté de
fa patrie, ne cherchoit qu'à l'opprimer & à la
ruiner. Il conclut qu'il falloit donc prendre une
bonne résolution de fe défendre contre un tel
ennemi, & de facrifier toutes choses plûtôt que
de l'avoir pour maître. D'autres opinerent de
saller jetter aux pieds du pape & implorer fa
clemence. Enfin à la pluralité des voix, il fut
déliberé qu'il falloit le défendre.

IV.

Sur cette déliberation les Florentins leverent des troupes qu'on joignit à celles qu'ils avoient Les Flodéja, & qui faifoient enfemble une armée de rentins douze mille hommes de pied, & de quelque cavalerie, dont les hiftoriens n'ont F5

pas marqué le

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font refolut de fe défen dre contre

reur.

nombre. Ils en donnerent le commandemenà

pour

AN.1529 Malatefta Baglioné un de leurs citoïens, dont le pape & l'empeEftienne Colonne fut lieutenant general; mais ces troupes n'étoient pas affez nombreuses réfifter au prince d'Orange, dont l'armée étoit compofée de vingt mille hommes d'infanterie, & dix mille chevaux commandez par les meilleurs officiers du fiécle; outre les troupes de Milan, que lui amena le marquis du Guast, & P'armée du pape, forte de fix mille hommes de pied, & de deux mille chevaux, fous la conduite du duc d'Urbin. La guerre commença donc affez vivement le fiége fe continua avec une opinâtreté réciproque des affiegez & des affiegeans. Le prince d'Orange aïant appris que Malatefta devoit recevoir un fecours de deux mille hommes de pied, & huit cens chevaux, qu'on envoïoit de Pife, alla-au-devant pour leur empêcher la jonction ; & quoiqu'il n'eut pû arriver affez-tôt pour s'y oppofer, il ne laissa pas d'attaquer Malatefta; mais cette attaque lui coûta la vie qu'il perdit par un coup de moufquet, dont il fut tué fur la place. Le marquis du Guaft prit auffi-tôt le commandement de Parmée, & Malatesta voïant qu'il ne lui étoit pas poffible de tenir plus long-tems la campagne, raffembla du mieux qu'il lui fut poffible le refte de fes troupes, & fe retira dans Flo rence avec le peu de gens qui lui reftoient, la plupart bleffez.

Les Florentins fe voïant preffez, & réduits à une famine extrême, firent venir dans leur grand confeil Malatefta, & Philippe Megliori pourvoïeur de l'armée ; & après les avoir entendus, ils conclurent à la reddition de la pla ce, & à la foumiffion, convaincus que leur obftination, qui devenoit inutile, ne ferviroit qu'à expofer au reffentiment des vainqueurs la

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vie & l'honneur de leurs femmes, & de leurs
filles, & leur ville même à être plus cruelle-
ment faccagée, que n'avoit été Rome. Ainfi
Florence fut rendue à compofition le neuviéme
d'Août, après un fiége affez long & opiniâtre.

AN.1529%

V.

Guicc. lib.

Charles V. aïant reçû la nouvelle de cette Ils capitureddition, jugea genereufement que les Floren-lent avec tins meritoient d'être traitez d'une maniere Ferdinand honnête, après avoir témoigné tant de zéle pour de Gonzala liberté de leur patrie. Il manda donc à Gon- gue. zague qu'il ne falloit point exiger de ces peu- 30. ples d'autres conditions que celle de rétablir la Sleidan maifon de Medicis, & de reconnoître Alexan- comment. Lib.7.P. dre de Medicis pour leur fouverain, moïen- 216. nant quoi, on devoit les laifler dans la joüif fance de leurs privileges, & ne rien changer dans la forme du gouvernement, pour ce qui concerne les magiftrats, charges, confeils, éleAtions qui étoient en ufage lorfque la républi que fubfiftoit. Alexandre fut donc reconnu prince & fouverain dans Florence; on lui fit dre de Mele ferment de fidelité, on lui accorda le droit de recevoir & d'envoïer des ambassadeurs, de rain dans battre monnoïe, de conclure des ligues, de Florence.

VI.

Alexan

dicis recon

nu fouve

faire la paix ou la guerre, felon qu'il le ju- Raynald.ad

geroit convenable aux interêts de l'état, & aux
fiens; on convint qu'un de fes fecretaires af-
fifteroit toûjours dans les confeils & affemblées
des magiftrats, mais fans y avoir voix, & que
la confirmation de ceux qui feroient élus pour
le gouvernement, dépendroit du fouverain, de
fucceffeur en fucceffeur à perpetuité, le droit
de fief de l'empire étant toûjours refervé à
l'empereur. Telle eft l'origine de la grandeur
& de la puiffance où nous voïons aujourd'hui
les grands ducs de Toscane, qui doivent toute
leur fortune à l'empereur Charles V. Clement
VII. ne fut pas fi content du jugement que ce
F 6
prin-

hunc ann.

7.54.

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