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AN.15 30.

qui regarde la grace, la juftice & la foi, fur
Pétat monaftique, en faifant accoire qu'il étoit
plus agréable à Dieu, que celui des familles
chrétiennes : il difoit encore que le nombre des
traditions aïant été multiplié prefque à l'infini,
on s'étoit tellement occupé dans les écoles à
en faire des recueils, & à les examiner, qu'on
ne cherchoit plus dans l'écriture fainte, la vraïe
doctrine de la juftice & de la foi ; que l'on
pouvoit néanmoins observer certaines traditions
dans l'églife, pourvû qu'on avertît le peuple
qu'elles ne juftifioient point devant Dieu, &
qu'on ne pechoit point en ne les obfervant pas,
pourvû que ce fut fans fcandale. Le fixiéme
improuvoit les voeux monaftiques, & préten-
doit que les monafteres, du tems de faint Au-
guftin, étoient des congregations, dont l'en-
trée & la fortie étoient également libres; mais
que la difcipline s'y étant corrompue, on y
avoit introduit les vœux, afin qu'ils ne fufsent
pas
abandonnez que depuis on y avoit affu-
jetti les enfans avant qu'ils euffent l'ufage de
la raifon, & de jeunes filles qui n'avoient pas
encore le jugement formé, & qui ne fentoient
pas leur foibleffe: que pour y retenir ceux
qui n'y étoient pas bien appellez, on les trom-
poit, en leur enfeignant que les vœux qu'ils
avoient faits étoient de même valeur que le bap-
tême, & qu'en les accompliffant, on meritoit
le remiffion des pechez, & la juftification de-
vant Dieu que l'on n'y gardoit pas feulement
les commandemens; mais de plus les confeils
de l'évangile, & que la vie qu'on y menoit
étoit beaucoup au-deffus de celle des pafteurs
& des magiftrats. Le feptiéme enfin diftinguoit
la puiffance ecclefiaftique de la féculiere, en ce
que la premiere confiftoit dans le commande-
ment fait aux apôtres, & à leurs fucceffeurs

de

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& ne

de prêcher l'évangile, de pardonner & retenir les pechez & d'adminiftrer les facremens: qu'elle AN.1530. ne regardoit que les chofes éternelles s'exerçoit que par le miniftere de la parole: que la féculiere au contraire s'emploïoit uniquement proteger les corps & les biens contre les injures vifibles, à arrêter la malice des hommes par des peines proportionnées, afin de maintenir la juftice & la tranquillité publique. D'où l'on concluoit que la puiffance ecclefiaftique n'empiétoit point fur la féculiere; qu'elle ne tranfportoit pas les roïaumes, qu'elle n'aboliffoit ni les loix, ni les magiftrats, qu'elle n'ô. toit point la fujettion légitime, qu'elle ne s'opposoit à Pexecution ni des ordonnances, ni des contrats civils, qu'elle ne preferivoit point de loi au magiftrat pour élever par là fon tribunal au-deffus du feculier. Cet article finifloit par une fatyre contre le pape & les évêques, dont on attaquoit la jurifdiction.

fur cette

an. p. 209,

Telle étoit la fameuse confeffion de foi des XIX, Lutheriens, fi enveloppée de termes obfcurs & yain triom. équivoques, que fous une belle apparence de phe des catholicité en plufieurs articles, elle ne laiffe Proteftans pas de renfermer tout le venin de l'herefie. confeffion. Les Proteftans en triompherent & ne manque- Cochlée in rent pas d'écrire en France, en Angleterre, & act.&firip. prefque dans toutes les contrées de l'Europe, Lutheri hos que leur nouvelle doctrine avoit été reçûe dans l'affemblée la plus folemnelle & la plus augufte du corps Germanique, & que rien n'empêchoit maintenant les princes, qui l'avoient foufcrite, de traiter pour leur propre confervation avec les étrangers, en cas que l'empereur ou les Catholiques les attaquaffent fur le fait de la religion; mais ils en impofoient au public, leur confeffion ne fut pas reçûe. Après qu'on en eut fait la lecture, fa majefté

im

&

imperiale congedia l'affemblée pour déliberer A1530 enfuite fur le parti qu'on devoit prendre dans cette affaire. Les avis fe trouverent partagez, le légat Campege qui ne s'étoit point trouvé à cette lecture dans la crainte d'y entendre quelque chofe qui portât préjudice à la foi catholique & au pape, étoit fur le point de pu blier une cenfure de cette confeffion pour op- : poser l'antidote au poison; il s'en abstint néan- » moins de peur d'exciter du tumulte. Quelques. uns des plus ardens vouloient qu'on ordonnât l'execution de l'édit de Wormes qu'on fe fervit de la voie des armes contre ceux qui ne voudroient pas obéir. D'autres propoferent de nommer des gens de probi. té, habiles & défintereffez, fuivant le juge ment defquels l'empereur prononceroit dans cette affaire. Enfin le dernier avis fut, qu'il e falloit mettre cette confeffion de foi entre les mains de quelques theologiens catholiques pour la refuter & faire lire cette réfutation en pleine diéte en prefence des Proteftans, & cet avis fue fuivi. L'écrit fut mis entre les mains On nomme de Jean Faber, d'Eckius, de Jean Cochlée, des theolo- de Conrad Coëlin, & de quelques autres qui giens pour étoient venus à Ausbourg, & qui travaillerent confeffion auffi-tôt à cette réfutation.

XX.

refuter la

des Prote

conf. Aug.

Ces theologiens n'eurent pas de peine à s'act ftans. quitter de cette commiffion. Ils y emploïerent Caleftin.de peu jours, & firent une réponse folide, dans .3.f.43. laquelle ils réfutoient par l'écriture fainte, & & feq. par de bonnes preuves ce qu'il y avoit d'er Sleidan. in roné, & faifoient voir de plus les endroits com.lib. 7 dans lefquels les Lutheriens s'écartoient de ce P.213. Cochlée in que Luther leur maître & Melanchton avoient aft.&frip. enfeigné au commencement. Toutefois avant que d'y travailler, ils demanderent aux Protean.p208. ftans fi leur confeffion contenoit tout ce qu'ils

•Luth, hoc

vouloient

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5.

Trid.lib.

3.cap.3.

vouloient propofer, & s'ils n'avoient rien à Y AN.15 30. ajoûter. Ils répondirent après une affez longue pond. ad déliberation, que pour le prefent ils la croïoient huncan, n. en l'état où elle devoit être. Ils avoient raifon de parler ainfi, puifque dans la fuite ils y firent Pallavic. de grands changemens, comme on le verra hift.conc. bien-tôt, principalement Melanchton, fi incon- ftant dans fes opinions, qu'à peine peut-on fçavoir ce qu'il croïoit. La refutation faite on la prefenta à l'empereur, qui la fit lire aux princes catholiques, avant que de la produire devant les Proteftans; & l'on trouva qu'il en falloit retrancher les expreffions un peu trop fortes, & traiter les matieres d'un ftile plus moderé, qu'il ne falloit non plus rien dire des variations des Proteftans, dont les prédicateurs avoient autrefois écrit & enfeigné tout le contraire de ce qui étoit marqué dans leur confeffion, Quelques jours fe pafferent pendant qu'on reformoit la refutation, & l'on emploïa juf qu'au troifiéme du mois d'Aoûr, ou à lachan ger, ou à l'examiner. Dans ce même jour l'empereur aïant mandé les Proteftans, leur dit qu'il avoit communiqué leur confeffion de foi à des Catholiques habiles, & à des perfonnes de pieté & d'érudition pour lui en dire leur avis, & remarquer ce qui pouvoit y être catholique ou contraire à la foi de l'églife, qu'ils l'avoient fait, qu'ils avoient mis feur avis par écrit, & qu'on en alloit faire la lecture en leur prefence: ce qui fut fait en Allemand, par un nommé Alexandre fecretaire de fa majefté imperiale.

XXI.

On lit de

vant les

Cette réponse ne contenoit qu'une refutation, article par article, de leur confeffion de. foi; & même on ne répondoit à plufieurs arti- Proteftans cles que ces mots: Cet article ne renferme au-la refutatre chofe qu'une pure herefie qui merite le feu. tion de leur Les theologiens catholiques en approuvoient Tome XXVII.

G

pour.

confeflion.

ibid.

ibid.

pourtant quelques-uns purement & fimplement AN.1530. & en rejettoient d'autres de la même maniere, Cochlaus mais il y en avoit plufieurs, dont ils n'approuSleidan voient qu'une partie & rejettoient l'autre. Les articles entierement approuvez étoient fur le myPallavic. ut ftere de la trinité, fur l'incarnation, fur la ne fuprà.cap.4. ceflité du baptême, fur la céne, fur l'efficace des facremens, qu'on condamnoit feulement en ce qu'on n'y reconnoissoit pas le nombre de fept; fur la miffion des miniftres, pourvû qu'on reconnût l'ordination canonique, fur l'autorité des magiftrats, fur le jugement dernier & la réfurrection. Les articles rejettez étoient fur la matiere de la juftification par la feule foi fans bonnes œuvres, de l'églife, où ils difoient qu'il fuffit pour fon unité d'être d'accord fur la doctrine de l'évangile, & fur l'adminiftration des facremens, fans qu'il foit neceffaire de fuivre les mêmes ufages, & les mêmes traditions, & d'être foumis à un même chef visible, fur l'invocation & le culte des faints. Enfin les articles partie reçûs, & partie rejettez concernoient le peché originel, la confeffion, la penitence: tout ceci ne regardoit que la premiere partie de la confeffion.

les

Quant à la feconde partie compofée de fept articles, où les Proteftans traitoient d'abus la communion fous une feule efpece, le celibat des prêtres, les ceremonies de la meffe les meffes privées, le facrifice de la meffe, vœux monaftiques, l'abftinence des viandes les jeûnes, la confeffion auriculaire, & & d'autres: l'on foutient dans la refutation que ce ne font point des abus, mais de faintes pratiques de religion, qu'on établit par l'écriture fainte & la tradition. On reconnoît néanmoins qu'il peut s'y être gliflé quelques abus qui demandent une reforme ; & l'empereur promet d'emploïer tous les foins & toute fon autorité pour

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