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la procurer. Enfin l'on concluoit, en marquant qu'on efperoit que les Proteftans rentreroient AN.15 30. dans le fein de l'églife, puifqu'ils paroiffoient déja d'accord avec les catholiques fur plufieurs points qui étoient auparavant conteftez. Quand la lecture en fut faite, Pempereur souscrivit fans peine à cette refutation, & tous les princes catholiques fuivirent fon exemple. On vou lut obliger les Lutheriens à faire la même cho fe; mais l'électeur de Saxe dit, au nom des princes de fon parti, qu'ils étoient difpofez à faire tout ce qu'ils pourroient en confcience pour le réunir fur le fait de la religion; mais que pour le retracter, il falloit qu'on leur prouvât leurs erreurs par l'écriture fainte; que fi Pon fouhaitoit d'eux une plus ample explication, ils étoient prêts de la donner; à quoi ils le croïoient obligez, puifqu'on avoit approuvé quelques articles de leur doctrine & rejetté les autres; d'où ils concluoient qu'on ne pouvoit pas leur refufer une copie de la refu tation qu'on venoit de lire de leur confeffion: ce qu'on ne leur accorda qu'avec beaucoup de peine, & même à condition qu'après l'avoir lue, ils la remettroient à l'empereur, & ne la rendroient pas publique, ce qu'ils refuferent.

Heffe de

comment.l.

7.p. 215.

Le lendemain qui étoit le fixiéme d'Août, le XXIL landgrave fe retira de la diéte fans prendre con-, Départ du gé, ce qui irrita beaucoup l'empereur, crai-landgrave guant que ce ne fut dans le deffein de rompre la diéte. emierement la negociation. Mais comme ce Sleidan in prince avoit laiffé les ambaffadeurs, qui promirent de demeurer, & que d'ailleurs on reprefenta à sa majefté imperiale, que la retraite du landgrave avoit été caufée par la maladie de fa femme, elle s'appaifa & fit retirer les gardes qu'on avoit mis aux portes, fur la parole de l'électeur de Saxe, qui promit de veiller G 2

à tout. Les princes catholiques craignant que AN.1530. P'empereur n'eut recours à des remedes trop violens pour reduire les Proteftans, & efperant de pouvoir les ramener plus aifément par la douceur, emploïerent leur crédit pour engager ce prince à fouffrir qu'on s'affemblât de part & d'autre en quelque endroit, afin de conferer à l'amiable fur les points controverfez, & rame ner à la paix & à la concorde ceux qui s'étoient feparez de l'églife. L'empereur y confentit, & l'on fit choix de fept perfonnes du parti des Catholiques pour conferer avec un pareil nombre choifi entre les Proteftans. Ceux qu'on nomma Conferen- de la part des orthodoxes, furent l'évêque ce à Aus- d'Ausbourg, Henri duc de Brunswick deux bourg entre jurifconfultes, dont l'un étoit chancelier de l'ar ques & les chevêque de Cologne, & l'autre du marquis de Proteftans. Bade; enfin trois théologiens, fçavoir Jean Sleidan 1.7. Eckius qui avoit déja donné de grandes preuves de fon érudition & de fon zéle pour la foi, Cochlaus in Jean Cochlée, qu'on nommoit le fleau de l'headi hoc an. refie & Conrad de Wimpina, qui étoit pro-p.209.& feffeur en théologie à Francfort-fur l'Oder. Du Spond hot parti des Proteftans étoient George de Brande ann.n.6. bourg, Jean Frideric de Saxe, deux jurifconi

XXIII.

les Catholi

1.217.&

210.

fultes, & trois théologiens, fçavoir PhilippeMelanchton, Jean Brentius & Érad Schnepf.

La conference fe tint un dimanche feptiéme du mois d'Aout dans le chapitre de l'églife cathedrale d'Ausbourg : & quand tous furentaf femblez, Pélecteur de Brandebourg fit aux fix. princes Proteftans un difcours fort & patheti que, pour les engager à fatisfaire Bempereur, en fe réuniflant fur la foi avec les autres princes & membres de l'empire, & à renoncer à leur confeffion, parce qu'il étoit à craindre s'ils s'opiniâtroient à demeurer dans leurs erreurs; que l'Allemagne n'en fouffrit par les

guer

I

ANISZO.

guerres & les féditions que leur divifion y cau-
leroit. Les Proteftans dans cette premiere con-
ference ne répondirent rien, mais deux jours
après Gregoire Bruck parla pour eux, & fe
plaignit premierement des menaces qu'on avoit
faites aux princes, enfuite il s'étendit fur qua-
tre articles, dont le premier étoit, que l'em-
pereur
n'avoit pas donné une audience fuffi
fante aux Proteftans, fuivant la teneur de l'é
dit. Le deuxième, qu'on ne leur avoit pro-
mis une copie de la refutation de leur confef
fion qu'à des conditions tout-à-fait onereufes.
Le troifiéme, qu'ils ne pouvoient approuver
cette refutation fans bleffer notablement leur
confcience, d'autant plus qu'ils ne l'avoient pas
vûë. Le quatriéme que dans la derniere diéte
imperiale tenue à Spire, l'on avoit promis &
même arrêté qu'on affembleroit au plûtôt un
concile; ce qu'on n'avoit pas executé ; & tous
ces griefs des Proteftans furent laiffez par écrit,
afin qu'on leur répondit, ce que l'électeur de
Brandebourg fit au nom des princes catholi

ques.

XXIV.

Il leur declara qu'on n'avoit agi avec eux que comme avec des amis, animez d'un efprit Réponse de paix & de droiture, fans aucun deffein de des Catholes offenfer ni de les menacer que ce qu'il griefs des liques aux avoit dit des maux qui arriveroient fi la diéte Proteftans. fe féparoit fans avoir rétabli l'union entre les echleus ibid.p.210. membres de l'empire, regardoit le bien com- &feq.

mun de toute la nation, qu'on ne vouloit pas expofer aux malheurs qui en naîtroient. It ajoûta qu'il lui étoit aifé de répondre aux qua tre griefs propofez par Bruck. Au premier qu'outre que l'empereur avoit entendu en plei ne diéte la lecture de leur confeffion de for avec beaucoup de bonté, & qu'elle contînt de leur propre aveu tout ce qu'ils avoient à di

AN.IS 30.

re, on n'avoit de plus indiqué cette conferen
ce, que pour les écouter en paix tant qu'il
leur plairoit, & pour conferer avec eux furles
moïens de rétablir l'union; qu'ainfi ils n'a-
voient pas raifon de fe plaindre de fa majefté
imperiale, comme fi elle n'avoit pas fatisfait
à fon édit. Au fecond, que les conditions auf-
quelles on leur avoit offert une copie de la re-
futation, ne devoient point paroître injuftes
ni déraisonnables, parce qu'ils fçavoient eux-
mêmes, & qu'ils pouvoient aifément s'en ref- h
fouvenir, de quelle maniere leurs prédicateurs
avoient traité l'édit de Wormes, les railleries
fanglantes qu'ils en avoient faites en public, &
combien ils avoient méprisé la perfonne même
de l'empereur, les princes, & tous les états
de l'empire, enforte qu'on avoit crû qu'il
étoit à propos de ne pas rendre la refutation
publique avant le tems, pour n'être pas ex-
pofé aux mêmes infultes, n'ignorant pas eux-
mêmes, que les loix défendent de difputer pu
bliquement de la foi & de la religion fur pei-
ne de la vie. Au troifiéme, qu'ils avoient tort
d'intereffer plûtôt leur confcience à fuivre les
erreurs d'un certain nombre d'heretiques &
d'apoftats, qu'à fuivre l'église qui ne fe con-
duit que par l'autorité des faints peres & des
conciles generaux; que ceux-là agiffent contre
les loix & les canons, qui permettent plufieurs
chofes qui vont à la ruine des peuples, & qui
font divifez en beaucoup de fectes contraires,
reproche qu'on ne pouvoit faire aux catholi-
ques. Au quatriéme, qui concerne le concile;
qu'ils fçavoient fort bien que les guerres en
avoient toûjours empêché la convocation; ou
tre que Luther lui-même avoit declaré à la diéte
de Wormes, qu'il ne vouloit pas fe foumer-
tre au jugement d'un concile, contre l'autorité

du

duquel il écrivoit encore tous les jours. Enfin Pélecteur les prioit d'examiner toutes ces rai. AN-1530. fons, & de préferer la réunion avec l'églife & P'empereur, au fchifme dans lequel ils étoient, & qui ne fe termineroit qu'à la perte de leurs ames; que s'ils fçavoient quelqu'autre moïen de s'accorder, ils pouvoient le propofer, pour en faire auffi-tôt le rapport à fa majesté im periale.

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Les Proteftans peu contens de cette réponfe, fi digne néanmoins de leur attention ne laifferent pas de diffimuler leur chagrin, & demanderent quelque tems pour déliberer entr'eux, afin de rendre une réponse plus pofi tive. Ce qu'on leur accorda avec joïe. Ils parurent donc quelque-tems après, & commencerent par vouloir s'excufer fur leur féparation, affurant qu'ils ne s'étoient point féparez de l'églife univerfelle, qu'ils n'avoient rien dit contre l'empereur, & qu'ils n'avoient point méprifé fes édits; qu'ils n'étoient point refponfables de ce que d'autres avoient pû faire; & que pour donner des preuves de leur amour pour Funion, ils jugeoient à propos qu'on choisît de part & d'autre le même nombre de perfonnes, qui puffent traiter amiablement du fujet de leur difcorde & voir fi l'on ne pourroit point trouver quelque moïen de s'accorder.

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Autres

Les catholiques accepterent la propofition: de XXV. part & d'autre on nomma les mêmes fept per-conferenfonnes pour conferer enfemble fur les points conteftez. Les catholiques choifirent deux prin-me nomces du mê ces, fçavoir l'évêque d'Ausbourg, le duc de bre. Brunfwick, & au cas que celui-ci vînt à man-Cochleus ut quer, George duc de Saxe, deux jurifconful.p.p. 211. tes, fçavoir le chancelier de l'archevêque de Cologne, & celui du marquis de Bade, & les trois theologiens nommez plus haut, fçavoir G 4

Eckius,

212.

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