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Eckius, Cochlée & Wimpina, Les Proteftans AN.1530 prirent de leur côté deux princes Jean-Fredefils de l'électeur de Saxe, & George mar quis de Brandebourg, deux jurifconfultes, Gregoire Bruck & Heller, trois théologiens, Melanchton, Jean Brentius & Erad Schnepf.

mine la

confeffion

XXVI. Ces quatorze perfonnes s'aflemblerent le feiOn y exa- ziéme d'Août après le dîné, dans une falle du palais, & après avoir long-tems confulté & de foi des déliberé d'une maniere affez vague, on propoLutheriens.fa la confeffion des Lutheriens, afin d'être exaCochlaus minée article par article: des vingt & un loco fup.cit. dont la premiere partie étoit compofée

p.217.

on

Sleiden, in s'accorda fur quinze, par l'avis de Melanch comment.l. ton qui étoit alors le chef du parti en l'absen2.p.217. ce de Luther, & qui par fes adouciffemens en

vint jufques là, dans le défir qu'il avoit de terminer cette affaire au plûtôt. Il n'y eut point de difficulté fur les articles qui regardoient les myfteres: fur le fecond les Proteftans avouerent que par le baptême le peché originel nous eft remis, quoique la concupifcence qui en eft l'effet, nous demeure. Sur le quatriéme, cinquiéme & fixiéme, que ce n'eft pas la foi feule; mais la foi & la grace fanctifiante qui nous juftifient. Sur le feptiéme & huitiéme, que l'églife comprend les pecheurs auffibien que les juftes. Sur le dix-feptiéme, que nous avons nôtre libre arbitre, & que nous ne pouvons rien pour nôtre falut, fans la grace & le fecours de Dieu. Sur le douziéme les Proteftans voulurent bien reconnoître la fatisfaction comme une partie de la penitence, pour en faire les fruits felon l'évangile, mais non pas comme neceffaire pour la remiflion de la peine dûe à nos pechez. Sur le vingtiéme ils avouerent la neceflité des bonnes œuvres ; mais non pas leur merite. Sur le vingt-uniéme,

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ils reconnurent que les faints & les anges intercedent pour nous, & ils voulurent bien ho. AN1530 norer leurs fêtes; mais non pas les invoquer; enforte que fur ces trois derniers articles, l'accord ne fut qu'en partie: Quant à l'euchariftie ils convinrent que le corps & le fang de JESUS-CHRIST étoient contenus fo fous chaque efpece, qu'on ne condamnoit point les laïques qui voudroient communier fous une feule efpece, qu'on pourroit rendre au faint facrement la veneration accoûtumée; que la meffe folemnelle feroit celebrée avec les ceremonies ordinaires, qu'on y obferveroit ce qui eft effentiel à la confecration, qu'on pourroit obferver les jeûnes des vigiles, que les évêques retiendroient leur jurifdiction pour être obéis des cures, des predicateurs & de tout le clergé, dans les chofes ecclefiaftiques qu'enfin leurs excommunications ne feroient pas méprifées; mais quant aux abus prétendus qui compofoient la feconde partie de la confeffion de foi, on ne put jamais s'accorder.

La difpute étoit fur les meffes privées, fur le celibat des prêtres, fur les vœux monafti ques, fur la meffe fi elle étoit un facrifice; les Catholiques ne voulurent rien relâcher fur les deux points de la mefle & des voeux. Quant au mariage des prêtres, ils confentoient, dit Sleidan, que ceux qui étoient mariez gardaf fent leurs femmes, mais ils ne vouloient pas qu'on permît le mariage à ceux qui n'y étoient pas encore engagez Il fallut donc avoir re cours à d'autres conferences, & les théologiens Catholiques aïant fait le vingt-deuxième d'Août, leur rapport à la diére, des termes où ils en putez reétoient avec les Lutheriens; on crut, pour la duit à trois conclure plus promptement, qu'il falloit re pour les duire le nombre des députez à trois de chaque conferen

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par

XXVII.

te nom

ces

Cochlaus ut

Epift. Luth.

•3•

parti; fçavoir à deux canoniftes & à un theoAN.IS 30.logien. Melanchton fut pour les Proteftans, & fuprà. Eckius pour les Catholiques. Le premier, pour Sleidanp.7. faciliter la paix, fe relâcha beaucoup fur la jurifdiction des évêques dans leurs diocefes, dont il convint prefque dans les mêmes termes que les Catholiques, & par-là il fe rendit suspect à la plupart de ceux de fon parti. Luther à qui ad diver fos l'on envoïoit tous les jours des couriers pour apud Caleft. l'informer de ce qui fe paffoit dans ces conferences, écrivoit fans ceffe du lieu de fa retrai te, qu'on moliffoit trop, qu'on devoit s'en tenir à la confeffion de foi, qui même, difoitil, alloit trop loin, fans vouloir encore ceder de nouvelles chofes : c'eft pourquoi les rigides Proteftans, qui étoient déja mécontens de la facilité de Melanchton, lui avoient fait dé fendre d'aller plus avant & de rien relâcher davantage. Les parties n'aïant donc pû s'accor der, les conferences finirent fur la fin du mois d'Août, & l'on fe retira fans avoir rien conclu. On voulut bien renoüer l'affaire, en augmentant le nombre des députez; mais les Proteftans répondirent que fi c'étoit dans la vûë de les es ramener à l'églife Romaine, toutes les demarches que l'on feroit feroient inutiles : & on ne le tenta plus.

XXVIII.

reur fait

folliciter

L'empereur voïant qu'on n'avoit pas réuffi de L'empe- ce côté-là, effaïa de détacher les princes Proteftans les uns des autres, pour les ramener à son les prinees parti. Il fit folliciter George de Brandebourg Proteftans par l'archevêque de Mayence, & quelques aude rentrer tres de fa famille, le prince de Saxe par Fre deric Palatin, le comte de Naffau & George Truchfés pour le faire départir de fon union comment.l. avec les autres, le menaçant de refufer la foi 7.219. & hommage qu'il lui devoit faire de fes fei gneuries, felon la coûtume de l'empire, , s'il ne

dans l'é

glife. Sleidan in

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fe réunifloit auparavant à l'églife Romaine: il menaça encore le marquis George de Brande- AN-1930 bourg de lui ôter la tutelle d'Albert fon neveu, fils de fon frere Cafimir, s'il ne fe foumettoit. Il fit dire encore au landgrave de Heffe, qu'en obéiffant à fa majefté imperiale, Ulric prince de Wittemberg feroit rétabli dans fes biens, & qu'on pourroit accommoder à son avantage le procès qu'il avoit avec le comte de Cochlaus in Nassau pour le païs de Heffe. Mais toutés ces tentatives & ces belles promeffes furent inutiles.

actis &c.

hoc anu. p.

212.

Rémontrance de l'empereur

aux Prote

Le feptiéme de Septembre l'empereur con- XXIX. voqua dans fon palais tous les princes & députez catholiques, avec ordre de s'y trouver! à l'heure de midi : deux heures après il manda l'électeur de Saxe, & fes affociez ceux-ci ne ftans. furent pas plûtôt arrivez qu'il fit retirer les au- Sleidan in tres, & retenant a auprès de lui Ferdinand fon comment.l. frere, les évêques de Conftance, & de Se-7.p.218. ville, Granvelle & Truchfés, Frederic Palatin porta pour lui la parole, & dit que fa majefté imperiale avoit efperé que les Proteftans aïant été fi gracieufement reçûs & avec tant de bonté, jufqu'à fouffrir qu'ils préfentaffent leur confeffion de foi, elle s'étoit flattée qu'ils fe fou mettroient que trompée dans fon attente elle avoit bien voulu, à la requête des princes, qu'on en choisît quelques-uns des deux partis pour terminer les differends à l'amiable; ce qui lui avoit donné quelque efperance d'une prochaine union. Que maintenant elle connoiffoit avec un vrai chagrin, qu'ils s'éloignoient de la vraie foi fur fes principaux articles; qu'el le n'auroit jamais penfé que les Lutheriens, qui n'étoient, pour ainfi dire, qu'une poignée de gens, euffent voulu introduire une doctrine nouvelle contre l'ancienne & inviolable do G 6 trine

Atrine de l'églife univerfelle, & s'éloigner des AN.IS 30. fentimens de fouverain pontife, des fiens

Bes.

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Sleidan ut

Lup.p.219.

pro

pres, de ceux de Ferdinand, de tous les princcs & états de l'empire, de tous les rois de la terre & de tous leurs ancêtres. Que puifqu'ils demandent un concile, & en l'attendant un décret qui rétabliffe la paix, elle promet d'emploier tous fes foins auprès du pape & des princes chrétiens, pour affembler ce concile auffi-tôt qu'on fera convenu du lieu ; qu'elle le promet & qu'elle les en affure, mais à condition que jufques alors ils feront profeffion de la même religion que les autres princes. Car assembler un concile, dit-il, & laiffer les chofes en balance fans reprimer la nouvelle doArine, qui ne s'apperçoit pas des inconveniens qui en naîtroient, & combien l'empire en fouffriroit?

Les princes Proteftans aïant déliberé entr'eux Réponse fur les remontrances de l'empereur, répondides princes Proteftans rent qu'ils n'avoient établi aucune nouvelle à ces re- fecte, & qu'ils ne s'étoient point feparez de l'émontran- glife chrétienne; qu'ils remercioient refpectueufement fa majefté imperiale, de vouloir bien leur accorder un concile, mais qu'ils la prioient de le rendre libre, & de l'affembler au plûtôt, felon ce qui avoit été réfolu dans la derniere diéte de Spire. Que pour ce qui concernoit les ceremonies & les dogmes de l'églife Romaine déja abolis, ils ne pouvoient en confcience les recevoir. Sur quoi l'empereur leur fit repliquer par Truchfés, qu'il avoit exactement lû & examiné tout ce qui avoit été fait, & qu'il les trouvoit fort éloignez des fentimens de l'églife Romaine, qu'il étoit également étonné & de la condefcendance des deputez Catholiques à leur accorder tant de chofes dans les conferences, & du refus opiniâtre des Pro

teftans

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