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de livres pour mieux inculquer leurs perni cieux fentimens. Les Sacramentaires tâcherent AN.1530. de fe juftifier fut tous ces reproches, en difant qu'on leur en impofoit, & qu'on les accufoit fans raifon; que rien de femblable ne se faifoit dans leurs villes; que fi quelqu'un s'émanci poit jufques-là, il feroit auffi-tôt severement puni; & que pour mettre leur innocence dans un plus grand jour, ils fupplioient qu'on leur donnât copie de la réfutation, & qu'on n'ajoû tât aucune foi aux crimes dont on les accufoit, jufqu'à ce qu'on eût entendu leur défense, promettant de faire tous leurs efforts pour fatisfaire l'empereur. Mais ce prince refufa leur demande, & cinq jours après leur fit dire par Pélecteur de Brandebourg, qu'il ne pouvoit leur accorder cette copie, qu'il avoit refusé la même grace au prince de Saxe pour des raifons importantes que s'ils veulent fe reconcilier à l'églife, il permettra qu'on leur life plufieurs fois ce qu'on a écrit contr'eux, mais qu'il ne veut pas qu'on difpute davantage fur la foi, qu'au refte il leur ordonnoit de fe con. former à la doctrine de l'églife, & de fournir des fecours pour la guerre contre les Turcs. Ils demanderent quelque tems pour en déliberer, & peu de jours après ils répondirent en prefence des états, que leur commiffion étoit de demander copie de la réfutation, afin qu'ils puf fent s'excufer, & faire voir qu'on donne un fens mauvais à leurs expreffions, & qu'on leur reproche des crimes aufquels ils n'ont jamais penfé. Les deux députez de Strasbourg, étoient Jacques Sturmius & Mathias Pharrer; le pre mier portoit la parole.

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La maniere captieufe & équivoque dont leur confeffion étoit compofée, paroiffoit capable d'en impofer & de furprendre. Bucer qui en

XL.

fion de

18. de cœnâ'

Synt. Gen. part. 1.p. 195.

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étoit l'auteur, affecta de fe fervir des termes ANJ530. emploïez par les Lutheriens pour expliquer la Termes préfence réelle, fans toutefois admettre leur ambigus defentiment. Voici comment il y fait parler la confef- ceux de Strasbourg.,, Quand les chrétiens réStrasbourg petent la céne que JESUS-CHRIST fit fur lá cene., avant fa mort en la maniere qu'il l'a inConfeff." ftituée, il leur donne par le facrement fon Argentin.c., vrai corps & fon vrai fang à manger & à boire veritablement, pour être la nourriture & le breuvage des ames. A la vérité, il ne dit pas avec les Lutheriens, que ce corps & ce fang foient vraiment & fubftantielle,, ment donnez avec le pain & le vin; mais il ne dit rien qui y foit contraire, ni rien dont ,, un Lutherien & même un Catholique ne pût ,, convenir, puifque nous fommes tous d'accord », que le vrai corps & le vrai fang de nôtre Seigneur nous font donnez à manger & à boire veritablement non pas pour la nourriture des corps; mais, comme dit Bucer, pour la ,, nourriture des ames. Ainfi cette confeffion fe tenoit dans des expreffions generales ; & même lorfqu'elle dit que nous mangeons & bûvons vraiment le vrai corps & le vrai fang de nôtre Seigneur, elle femble exclure le manger & le boire, par la foi qui n'eft après tout qu'un Boffnet bift. manger & un boite methaphorique; tant on des varia- avoit de peine à lâcher le not que le corps & tions t. 1. le fang de JESUS-CHRIST ne fuffent donin 4.1.3. Bez que fpirituellement, & d'inferer dans une confeffion de foi, une chofe fi nouvelle aux chrétiens.com

P. 125.

XLI.

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Zuingle y alla plus franchement dans la conConfeflion feffion de foi qu'il cuvoïa auffi à Ausbourg, de Zuingle & qui fut approuvée des Suiffes. Elle contenoit envoïée à douze articles. Les trois premiers fur la Trinité Ausbourg. & PIncarnation, fur la chûte de l'homme & la neceffité

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ann. 1530.

neceffité de la grace, fur la médiation de JESUSCHRIST, ne differoient en rien de la doctrine AN1530. de l'églife. Le quatriéme eft du peché originel, Zuinglii inCenfell & il y foutient que quoique le peché d'Adam ter ejus opeait été un vrai peché dans Adam, il n'eft proprement peché dans fes enfans ; mais plû. Hofpin.ad tôt une maladie, & un état qui les fait tous p. 101. & naître esclaves, enfans de colere & ennemis de feq. Dieu ; il ne nie pas toutefois que l'on ne puiffe l'appeller peché. Dans le cinquiéme, fur le baptême des enfans, il foutient que comme tous les hommes font morts en Adam, ils font tous regenerez en JESUS-CHRIST que fans parler des enfans des infidéles, on ne doit point legerement condamner ceux des Chrétiens, qui font membres de l'églife, & qu'on ne peut les damner fans impieté, quoiqu'ils meurent avant la reception du baptême. Dans le fixième, qui traite de l'églife, il dit, qu'elle fe prend premierement pour les prédeftinez, & que tous ceux qui ont la foi font de ce nombre, quoi. qu'ils ne le fçachent pas en second lieu, que P'églife fe prend pour tous ceux qui font profeffion d'être Chrétiens: troifiémement pour une affemblée particuliere des fidéles; il reconnoît qu'il y a une églife vifible & fenfible dont les enfans des fidéles font membres, & que c'eft pour cela qu'on les doit baptifer. Sur le feptiéme il eft dit que les facremens ne conferent pas la grace, & qu'ils font feulement des fignes qu'on l'a reçûë. Dans le huitiéme fur l'euchariftie, il dit nettement que le corps de JESUS-CHRIST depuis fon afcenfion, n'eft plus que dans le ciel, & ne peut être autre part; qu'à la verité il eft comme prefent dans la céne par la contemplation de la foi, & non pas réellement & par fon effence. Dans le neuviéme des ceremonies, il reconnoît qu'on peut H tole

Tome XXVII.

tolerer celles qui ne font ni fuperftitieufes ni AN.15 30. contraires à la foi de l'évangile ; mais il voudroit qu'on les abolît entierement. Dans le dixiéme qui eft du miniftere de la parole, il admet la neceffité qu'il y ait des miniftres qui l'enfeignent; mais il refufe aux évêques la qualité de vrais miniftres de JESUS-CHRIST. Dans le onziéme il parle de l'autorité du magiftrat, auquel il veut qu'on obéïffe, même quand il abuseroit de fon autorité, jufqu'à ce qu'on trouve dans ce dernier cas une occafion favorable de fecouer le joug & de fe mettre en liberté. Enfin dans le douziéme il rejetre abfolument le purgatoire , parce qu'il le croit, dit-il, autant injurieux à JESUSCHRIST, qu'il eft profitable à ceux qui l'ont inventé.

Pour défendre cette doctrine qui ne fut pas mieux reçûe de l'empereur que les autres confeffions de foi, Zuingle écrivit à ce prince, & aux feigneurs Proteftans une lettre, où touchant la céne, il établit cette difference entre lui & fes adverfaires, que ceux-ci vouloient dans l'euchariftie un corps naturel & fubftantiel, & lui un corps facramentel. Il tint toû jours conftamment le même langage dans la défense qu'il fit contre Eckius de fes fentimens, fur le facrement de la céne. Et dans une autre confeffion de foi qu'il adreffa dans le même Confeff. fidei tems à François I.il explique ceci eft mon corps, ad Franc. 1. d'un corps fymbolique, myftique & facrameninter opera tel, d'un corps par dénomination & pat figniZmingl. fication. De même, dit-il, qu'une reine mon

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trant parmi fes joïaux fa bague nuptiale, dit fans héfiter, ceci eft mon roi, c'est-à-dire, c'eft l'anneau du roi mon mari par lequel il m'a épousée.,, Il auroit été facile à Zuingle de trouver des comparaisons moins bizarres.

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ANIS 30.

Au refte, il eft toûjours vrai de dire qu'il ne reconnoît dans l'euchariftie qu'une pure prefence morale, qu'il nomme facramentelle & fpirituelle; il mer toûjours la force des facremens en ce qu'ils aident la contemplation de la foi, qu'ils fervent de frein aux fens, & les font mieux concourir avec la pensée. Quant à la manducation que veulent les Juifs avec les papiftes, felon lui, elle doit caufer la même horreur qu'auroit un pere à qui l'on donneroit fon fils à manger. En general, felon Zuingle, la foi a horreur de la prefence vifible & corporelle, ce qui fait dire à faint Pierre: Seigneur retirez-vous de moi. Il ne faut point manger JESUS-CHRIST de cette maniere charnelle & groffiere: une ame fidéle & religieufe mange fon vrai corps facramentellement & fpirituellement (ce font les termes de Zuingle) facramentellement, c'eft-à-dire, en figne, fpirituellement, c'eft-à-dire, par la contemplation de la foi qui nous prefente JESUS-CHRIST fouffrant, & nous montre qu'il est à nous. L'article qui regarde la céne dans la confef- XLII. fion des Lutheriens, quoique favorable à Variations préfence réelle, n'eft pas fi clairement expri- riens dans mé, & fait voir de leur part beaucoup de va- leur confef riations. "" Loin d'y voir les Lutheriens tenir fion d'Aus», un langage uniforme fur cette matiere, bourg. on Boffuet hift. voit au contraire, d'abord l'article dix de leur des variat. confeffion, qui eft celui où ils ont deffeint. 1. in 4. d'établir la réalité, couché en quatre manie-3.p.116. ,, res differentes, fans qu'on puiffe prefque diffiv. » cerner, laquelle eft la plus autentique, puif,, qu'elles ont toutes paru dans des éditions ou étoient les marques de l'autorité publique. De ces quatre manieres nous en voïons deux dans le recueil de Geneve, où la confeffion » d'Ausbourg nous eft donnée telle qu'elle

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