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avoit paru en 1540. à Witemberg, dans le lieu AN.15 30. où étoit né le Lutheranifme, où Luther & Melanchton étoient prefens, on y lit l'article de la céne en deux manieres. Dans la premiere qui eft de l'édition de Witemberg, il ,, eft dit qu'avec le pain & le vin le corps & le fang de JESUS-CHRIST eft vraiment donné à ceux qui mangent dans la céne. La feconde ne parle pas du pain & du vin, & fe trouve en ces termes conformes à l'écrit qui fut prefenté à l'empereur dans cette anIls enfeignent & croïent fur la cé1530. ,, ne, que le corps & le fang de JESUS-CHRIST font vraiment presens & vraiment diftribuez à ceux qui mangent, & ils improuvent ceux ,, qui enfeignent le contraire.

Confeff.

concord.p.

cord.p. 157.

Solid. rep.

de cœn. Dom.n.7. concord. p. 728,

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Voilà d'abord une variation confiderable, puifAug.art. que la derniere de ces expreffions s'accorde a10. in lib. vec la doctrine du changement de fubstance, & la com131. que la premiere femble être mise Apol. conf. batre. Toutefois les Lutheriens ne s'en font Aug.conpas tenus-là, puifqu'on voit dans leur livre de la concorde, le même article dix rapporté de deux autres façons; la premiere en ces termés. Dans la céne du Seigneur le corps & le fang de JESUS-CHRIST font vraîment & fubftantiellement prefens & font vraiment don,, nez avec les chofes qu'on voit, c'est-à-dire, », avec le pain & le vin à ceux qui reçoivent le facrement; la feconde maniere eft ainsi exprimée dans le livre de la concorde, Partide la céne eft ainfi enfeigné par la parole de Dieu dans la confeffion d'Ausbourg : ,, que le vrai corps & le vrai fang de JESUS,, CHRIST font vraiment prefens, diftribuez & reçûs dans la fainte céne fous l'efpecé du ,, pain & du vin, & qu'on improuve ceux qui ,, enfeignent le contraire. Si on compare ces

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Sleidan.apo

deux façons d'exprimer la réalité, il n'y a perfonne qui ne voïc que celle de l'apologie, l'ex- AN-1530. prime par des paroles plus fortes que ne faifoient les deux précedentes rapportées dans le recueil de Geneve; mais qu'elle s'éloigne auffi davantage de la tranfubftantiation, & que la derniere au contraire s'accommode tellement aux expreffions dont on fe fert dans l'églife que les Catholiques pourroient la foufcrire. De Hofp.pant. toutes ces façons differentes, Hofpinien fou-2.fol. 94. tient que la derniere eft celle, qui fut prefen. 132. 173. tée à Charles V. dans la diéte d'Ausbourg; que log. confeff. ce qui porta les Lutheriens à changer l'article August, ad dans la fuite, eft qu'il favorifoit trop ouver. art. 10. tement la tranfubftantiation, puifqu'il mar- Chyer, hift. confeff quoir le corps & le fang veritablement reçûs, Aug. Celonon point avec la fubftance; mais fous les ef-ftin. hiftor. peces du pain & du vin, qui eft la même ex-confession. preffion dont fe fervent les Catholiques. Et c'eft Ang.t. 3• ce qui fait croire que l'article fut ainfi couché d'abord, puifqu'il eft certain par Sleidan & par Melanchton, auffi-bien que par Chytré & par Celeftin dans leur hiftoire de la confeffion d'Ausbourg, que les Catholiques ne contredirent point cet article dans la réfutation qu'ils firent alors par l'ordre de l'empereur.

Les Lutheriens ne furent pas plus conftans fur les autres articles. La queftion de la juftification, où celle du libre arbitre étoit renfermée, le démontre d'une maniere convaincante. Luther étoit revenu des excès qui lui faifoient dire que la pure science de Dieu mettoit le libre arbitre en poudre dans toutes les créatures, & il avoit confenti qu'on mît cet article dans la confeffion d'Ausbourg,, qu'il faut reconnoître le libre arbitre dans tous les hommes qui ont l'ufage de la raison, non 18. ,, pour les chofes de Dieu, que l'on ne peut

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commencer, ou du moins achever fans lui AN.1530. mais feulement les œuvres de la vie preApolog. ad" eundem art. » fente, & pour les devoirs de la focieté civile.,, Melanchton y ajoûta dans l'apologie » pour les œuvres exterieures de la loi de Dieu.,, Voilà deux veritez qui ne fouffrent aucune conteftation, l'une que l'homme a un libre arbi& l'autre qu'il ne peut rien feul & par propres forces dans les œuvres vraîment chrétiennes. Mais ces mots » que le libre arbitre ne peut commencer, ou du moins achever les œuvres de Dieu, pour des gens qui vouloient tout attribuer à la grace, n'étoient pas exacts; puifque cette reflection qui femble infinuer que le libre arbitre peut du moins commencer par fes propres forces, est une erreur demi-pelagienne dont les Lutheriens d'aprefent ne font pas éloignez.

19.

Confeff. L'article fuivant expliquoit que la volonté Aug.art. des méchans étoit la caufe du peché, & encore qu'on ne dife pas affez nettement que Dieu n'en eft pas l'auteur, on l'infinuoit toute fois contre les premieres maximes de Luther. On appuyoit beaucoup dans la confeffion d'Ausbourg, & dans l'apologie, fur ce que la remiffion des pechez étoit une pure liberalité qu'il ne falloit pas attribuer au merite, & à la dignité des actions précedentes.,, Chofe étrange, Boffuet hift.,, dit monfieur Boffuet, les Lutheriens par tout des variat. fe faifoient honneur de cette doctrine, *. I. liv. 3. me s'ils l'avoient ramenée dans l'églife Confeff., & ils reprochoient aux Catholiques, qu'ils Aug. art. ,, croïoient trouver par leurs propres œuvres 20. ,, la remiffion de leurs pechez; qu'ils croïoient Apolog. cap.de Fu->> la pouvoir meriter en faifant de leur côté ce flit. p. 61. qu'ils pouvoient, & même par leurs propres 74.102. forces; que tout ce qu'ils attribuoient à JE"SUS CHRIST, étoit de nous avoir méri

135

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té une certaine grace habituelle, laquelle ,, nous pouvions plus facilement aimer Dieu, & qu'encore que la volonté pût Paimer, elle le faifoit plus volontairement par cette habitude; qu'ils n'enfeignoient autre chose que la juftice de la raifon; que nous pouvions approcher de Dieu par nos propres œuvres ,, indépendamment de la propitiation de JESUSCHRIST, & que nous avions imaginé une juftification fans parler de lui; ce qu'on repete fans celle pour conclure autant de fois que

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nous avions enseveli JESUS-CHRIST. Mais pendant qu'ils reprochoient aux Catholiques une erreur fi groffiere, ils leur imputoient d'autre part le fentiment oppofé, les accufant de fe croire juftifiez par le feul ufage du facrement, ex opere operato, comme on parle, fans aucun bon mouvement; ne voulant pas comprendre que ces termes n'excluent pas les bonnes difpofitions neceffaires.

tres,

que

AN.15 30.

XLIII.

Ouvrage

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Lut, hoc

Outre les ouvrages que nous avons dit Luther compofa pendant la diéte d'Ausbourg, de Luther il fit encore un catechifme pour prefcrire à ceux pendant la qui prêchoient & enfeignoient fa nouvelle do- diéted'AusArine, la maniere dont ils devoient l'exposer bourg. pour la perfuader à ceux qui l'entendroient ou Cochlaus in qui la liroient. Il explique dans ce catechifme act.&fcrip. Poraifon Dominicale, & le fymbole des Apô- ann.p.204 d'une maniere en plufieurs endroits bien 213. differente de ce qu'il avoit dit, dès le commencement de fon herefie. Il y parle encore autrement du baptême & de l'euchariftie, fans reconnoître d'autres facremens. Il permet à ceux qui fe confeflent, de ne dire que les pechez qu'ils voudront, pour recevoir la confolation & l'abfolution du prêtre. A fon exemple plufieurs firent imprimer des catechifmes, où chaçun établiffoit fes fantaifies & fes erreurs, dont

on infectoit l'efprit des enfans AN.1530. étoient faits ces livres d'inftructions. On trou› pour lefquels Pfal. 2. Quare fre- Ve encore une lettre de Luther à l'archevêque muerint de Maïence, dans laquelle il déclare que ce gentes. qui eft dit dans le fecond pfeaume, doit être ut fup. hoc appliqué aux princes affemblez à Ausbourg qui ann.p.213. ont confpiré contre JESUS-CHRIST : &

Cochlans

XLIV.

Lettre

fol. 29.

fur la fin il fe déchaîne contre le pape, & blâme fort l'empereur d'avoir reçû la couronne imperiale, fans y avoir appellé aucun des princes d'Allemagne. Cette lettre étoit dattée de fa folitude, le mercredi après la fête de la vifitation de la Vierge, c'eft-à-dire, au commencement du mois de Juillet de cette année.

Erafme effraïé des progrès étonnans que le Lutheranifme avoit fait dans les roïaumes du d'Erafme Nord & ailleurs, & craignant les fuites de la au cardinal résolution qu'on paroiffait avoir prife d'exterCampege. Erafm. miner l'herefie par la force, écrivit vers le epift. ad même tems au cardinal Campege une lettre card. Cam- où il lui dit; qu'il vaudroit mieux tolerer du Papud moins pour un tems les Lutheriens, comme "Celeftin.t.3. on faifoit en Bohême les reftes des Huffites > afin d'éviter par cette fage & charitable condefcendance, un plus grand mal qui naîtroit de la guerre qu'il prévoïoit fort prochaine, fi l'on entreprenoit de pouffer à bout les heretiques; il avoit déja écrit au même cardinal qu'il ne falloit accabler Luther pas par la violence, mais le refuter solidement, afin de le corriger plûtôt que de le perdre, & n'en pas venir aux dernieres extrêmitez; qu'enfin plus l'affaire étoit de confequence; plus il falloit agir lentement & avec moderation.

Inter epift.

Erafmi lib. 14. ep. I.

Mais l'empereur n'étoit pas dans ces difpofitions: le mal lui paroiffoit trop enraciné pour ufer de remedes doux & les princes Proteftans trop entêtez pour croire pouvoir les ré

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