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XLV.

réduire autrement que par la force. C'eft pourquoi Charles V. voïant que toutes les tentati- AN.15 30. ves avoient été inutiles, que les villes de Stras- L'empebourg, de Conftance, de Memingen, de Lin-rear pense daw, d'Ausbourg, de Francfort & de Hall, à conclure n'avoient pas voulu recevoir fon decret, que les la diéte. députez de l'électeur de Saxe, & des princes Proteftans, bien loin de s'y foumettre, vesoient tout recemment de luf presenter une requête pour le prier de ne pas permettre, que Pon fit d'affaire à perfonne pour caufe de la religion; il s'unit avec les électeurs & les députez catholiques, pour fe mettre en état de défenfe, fans qu'on pût prétendre, qu'il voulut par-là troubler la paix établie dans le diéte de Wormes, & fit fçavoir aux Proteftans qu'il ne pouvoit fe difpenfer d'agir contre ceux qui contreviendroient au decret de la diéte, & de les mettre au ban de l'empire: & ceux-ci aïant déclaré, que dans la refolution où ils voïoient fa majefté imperiale, ils ne pouvoient lui obéir, Charles V. fit publier le dix-neuviéme de Novembre en concluant la diéte, le même decret, mais plus ample & en termes plus forts.

Ce decret portoit, qu'on ne fouffriroit point XLVI. ceux qui enfeignoient une nouvelle doctrine fur 11 fait pu la céne; qu'on ne feroit aucun changement blier fon dans la meffe tant folemnelle que privée; qu'on fort & plus decret plus confirmeroit les enfans avec le faint chrême ample. qu'on adminiftreroit l'extrême-onction aux ma- Celeftin. de lades; qu'on rejetteroit l'opinion de ceux qui conf. Aug. nient le libre arbitre, parce qu'elle réduit l'hom- 4 fol me à la condition des bêtes, & qu'elle eft inju- dan. in rieufe à Dieu; qu'on rétabliroit les ftatues & les comm.lib. images dans les lieux d'où on les avoit enlevées ; 7.p. 229, qu'on n'enfeigneroit rien qui tendît à diminuer F'autorité du magiftrat; que le dogme de la

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feu

120. Slei

feule foi fans les œuvres feroit abfolument re

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AN.1530 jetté; que les facremens de l'églife feroient toûjours au nombre de fept, & adminiftrez de la même maniere qu'anciennement; qu'on continueroit d'obferver toutes les ceremonies de l'églife, les funerailles des morts, & les autres ufages; que les benefices vacans ne feroient conferez qu'à des fujets qui en feroient dignes que les prêtres ou ecclefiaftiques mariez ci-devant, feroient privez de leurs benefices & conferez à d'autres, auffi-tôt après la diéte que cependant ceux qui voudroient quitter leurs femmes, & rentrer dans leur premier état, pourroient être rehabilitez par l'évêque à qui ils en demanderoient Pablo. lution & le tout fuivant le bon plaifir du pape, lorfque fon legat l'en aura informé ; mais que les autres feront bannis & punis comme ils le meritent. Que la vie des prêtres fera reglée, leur habit décent & qu'ils fe conduiront fans aucun fcandale; que fi les ecclefiaftiques ont été forcez en quelque fieu, à faire quelque vente ou contrat injufte; fi les biens de l'église ont été injuftement alienez, ou appliquez à des ufages profanes, tout cela fera cenfé nul: qu'aucun ne fera admis à enfeigner, qu'il n'ait auparavant donné à fon évêque un témoignage autentique de fa faine doctrine & de fes mœurs reglées; & qu'en enfeignant ou prêchant, ils fuivront le decret dont on vient de parler, fans emploïer dans leurs difcours, le langage de plufieurs qui prétendent qu'on anéantit la doctrine de l'évangile; qu'ils s' abftiendront auffi d'injures & de railleries; qu'ils exhorteront les peuples à la priere, à entendre la meffe avec devotion, invoquer la fainte Vierge, & les autres Saints à obferver les fêtes, les jeûnes, l'abstinence des

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viandes, & à foulager les pauvres; qu'ils remon-
treront aux moines l'énormité du crime qu'ils
commettent en quittant leur habit & leur pro-
feffion; qu'en un mot on ne fouffrira aucun
changement dans ce qui regarde la foi & le
fervice divin, fur peine de punition corporelle,
& de confifcation de biens; qu'on reparera
tout le tort fait aux ecclefiaftiques; qu'on ré-
tablira les monafteres dans les lieux où ils au-
ront été détruits, de même que les autres édi-
fices, & que les ceremonies accoûtumées y fe-
ront obfervées; que ceux qui dans les païs
heretiques demeureront attachez à l'ancienne
religion
& approuveront ce décret, feront
mis fous la protection de l'empire, fans qu'on
puiffe les inquiéter, & qu'ils leur fera permis
de tranfporter leur demeure en quel lieu ils
voudront, fans qu'on puiffe leur caufer aucun
dommage. Que le pape fera requis de convo
quer & d'affembler le concile en un lieu com-
mode & convenable, dans fix mois, afin qu'il
puiffe être commencé du moins dans le cours
de l'année tous ces reglemens feront exécutez
nonobftant oppofitions ou appellations quelcon-
ques; & afin que ce prefent decret demeure
dans toute fa vigueur, comme concernant la
foi & la religion, l'empereur y employera toute
la puiffance que Dieu lui a donnée, même
aux dépens de fa vie. Que fi quelqu'un veut
ufer de violence pour en empêcher l'execution,
la chambre imperiale fur ce requife, donnera
ordre à celui qui agit par voye de fait, de fe
défifter de fon entreprife, & que s'il y perfi
fte, il fera mis au ban de l'empire, & les prin-
ces & villes voifines viendront au fecours de
celui qui fouffre la violence. Enfin la chambre
imperiale ne recevra à plaider aucun de ceux
n'auront pas approuvé ce prefent décret.

H 6

Ainfi

AN.IS 30.

AN.153
Fin de

XLVII.

la diéte d'Ausbourg.

Ainfi finit la celebre diéte d'Ausbourg, dont le fuccès ne fut point agréable aux Proteftans, qui jugeoient bien que l'empereur étoit dans la réfolution de les foumettre par la force des armes, s'ils ne vouloient pas le faire volontai rement; auffi firent-ils bien-tôt après une ligue entr'eux ; & pendant que Charles V. Ferdinand fon frere roi de Bohême & de Hongrie, les électeurs, princes & feigneurs, tant ecclefiaftiques que feculiers, & les villes imperiales catholiques, faifoient ensemble un traité le vingt-fixiéme de Novembre, pour la défenfe de la religion, contre ceux qui ne penferoient qu'à la détruire, les princes Proteftans s'affembloient à Smalkalde pour s'oppofer aux autres. L'empereur après la diéte avoit pris le chemin de Cologne, & ce fut là où il commença l'execution du deffein qu'il avoit conçû depuis quelque tems qui étoit d'affurer la dignité imperiale dans fa maison, en faifant élire Ferdinand fon frere roi des XLVIII. Romains. Il chargea donc l'électeur de MaïenDeffein de .ce comme chef & préfident du college élel'empereur ctoral, de vouloir l'affembler, ce qu'il ne mante fon fre- qua pas de faire auffi-tôt, en depêchant un re roi des gentilhomme à chacun des électeurs, avec une Romains. Lettre qui portoit en fubftance. Que fa macom. lib. 7. » jefté imperiale aïant souhaité de faire affem1.233. bler les électeurs dans la ville de Cologne » pour proceder à l'élection d'un roi des Ro

de faire éli

Sleidan. in

"

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mains monfieur l'électeur étoit prié de fe » trouver dans cette ville le vingt-neuviéme de >> Decembre.

L'électeur de Saxe reçut cette lettre dès le vingt-troifiéme de Novembre, & jugea à propos d'oppofer une autre affemblée à celle que P'empereur venoit d'indiquer. Il dépêcha donc fort fecretement en toute diligence des dépu

tez

au

XLIX.

tez à tous les princes & états Proteftans, po AN.1530. les avertir de fe trouver à Smalkalde, petite ville de Franconie appartenante au landgrave de Heffe, pour le vingt-deuxième de ce même mois de Decembre. Cependant il envoya promptement Jean Frederic de Saxe fon fils, à Co. logne avec d'autres feigneurs, pour se trouver à l'affignation, & remontrer que la citation de l'électeur de Maïence n'étoit pas légitimement faite, parce qu'elle bleffoit les droits & libertez de l'empire, & l'édit de l'empereur Charles IV. qui avoit ordonné par la bulle d'or, qu'on ne pourroit créer de roi des Romains qu'après la mort de l'empereur regnant, quel on ne devoit point donner un fucceffeur durant fa vie. L'électeur de Saxe, conjointe- Projet des ment avec les autres princes fes affociez, en princes écrivit à sa majefté imperiale, & aux électeurs, Proteftans les fuppliant très-inftamment de ne plus fon- pour la li à faire une chofe de fi mauvais exemple, smalkalde. gue de ger & fi contraire à la liberté Germanique. Le Sleidan. landgrave Philippe de Heffe, qui venoit de ibid. ut fwconclure une ligue de fix ans, pour la com- pra. mune défense de la religion, avec les cantons de Zurich, de Berne & de Bafle & la ville de Strasbourg, fe donna auffi de grands mouvemens , pour détourner cette élection d'un roi des Romains, & avoit invité les Suiffes à Smalkalde; mais tous fes efforts furent inutiles. Pendant que les Proteftans fe divifoient de plus en plus d'avec la cour de Rome, les Venitiens fe raccommoderent avec elle, au sujet du differend qu'ils avoient avec le pape, touchant la collation des évêchez. Autrefois le fenat de Venife avoit la nomination de tous les Le pape évêchez, & de toutes les abbayes de de terre & de mer; mais il y avoit tout-à-fait par le traité de paix fait

en

fon état

L.

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termine la differend

renoncé qu'il avoit 1510. avec les

Venitiens.

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