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Guicciardin

lib. 20.

avec le pape Jules II. pour le détacher de la AN.1530 ligue de Cambray. L'an 1525. il tâcha de revendiquer ce droit, voulant profiter de l'octafion favorable de la vacance de l'église de Trevife, arrivée dans le tems que le pape Clement VII. étoit tenu prifonnier par l'armée imperiale. Mais dès que Clement eut recouvré la liberté, il envoya l'évêque de Siponte à Venife, pour y demander la revocation du décret que le fenat avoit fait l'année précedente, au fujet de la nomination des évêchez. Le differend dura jusqu'à cette année 1530. qu'il fut terminé les Venitiens renonçans à leur prétention. Il y avoit alors des fenateurs, qui ne croyoient pas que ce fut l'interêt de la répu blique, de fe mêler de la collation des évêchez, d'autant que les nobles venant à posseder les dignitez, dont les revenus les mettroient à leur aife, cela feroit caufe qu'ils negligeroient le fervice de la république: au lieu que fi on leur ôtoit cette efperance, ils tourneroient tous leurs foins à l'adminiftration de l'état, où confifteroit leur avancement.

LI.

Comme plufieurs Allemands infectez des erreurs de Luther étoient venu faire la guerre en Italie, plufieurs Italiens paroiffoient fort prévenus en leur faveur, non feulement parmi les laïques, mais encore dans le clergé, & le mal Decret du s'étoit répandu en differentes provinces. Le papape contre pe pour y apporter un prompt remede fit un les hereti- bref datté de Boulogne le quinziéme de Janques d'Italie. vier qu'il adreffa à Paul general des Jacobins Bullar.to. 1. & inquifiteur de la foy à Ferrare & à Mode Clement ne, par lequel il lui commande de faire une exacte recherche de ces heretiques & des reliin di- gieux mêmes, qui s'étoient laiffez corrompre rect.in qui par cette nouvelle doctrine.

VII. con

ftitut. 27.

fit.

Mais ce qui releve le plus la charité du

pa

LIT.

Bofius to. 3.

lib. 5.& 6.

pape, furent fes follicitations & fes inftances auprès de l'empereur, pour les interêts de l'or- AN1530. dre de faint Jean de Jerufalem dans lequel il avoit été élevé; car on peut dire que c'est à Clement VII. & aux fentimens genereux de Charles V. que cet ordre doit fon rétablissement. Depuis la prife de Rhodes par Soliman en 1522. Ses foins le grand maître Philippe de Villiers-l'Ile-Adam, pour les qui avoit acquis beaucoup d'honneur dans la chevaliers défense de cette place, avoit tenté de rentrer de Rhodes. dans cette Ifle, mais fans fuccès. On lui fit efperer dans la fuite que par le moyen de deux renegats avec lefquels le commandeur Bofio entretenoit une relation affez particuliere au fujet du commerce, on pourroit fe faifir ailément de Modon, ville fur la côte meridionale de la Morée, dans la province de Belvédere. L'un de ces renegats fe nommoit Calojan, & commandoit fur le port, l'autre appellé Scandali étoit grand douannier, & par confequent maître de la porte du mole; tous deux par un defir fincere de rentrer dans le fein de l'églife, fi-tôt qu'ils en trouveroient l'occafion favora ble, avoient promis leur fecours pour favori fer une entreprise qui remettroit une fi importante place au pouvoir des Chrétiens.

de l'Ile de

Le grand maître ne rejetta pas les propofi- LIIK tions que lui en fit Bofio; mais comme le fuc- L'empecès étoit encore fort incertain, il prefera Péreur accortablissement affuré de Malthe, ifle de la mer Malthe aux de Lybie à foixante milles de la Sicile, à des chevaliers efperances affez mal affurées, de la conquête de Rhodes. de Modon. Il envoya Bofio au pape pour le Raynald.in prier d'employer fon crédit auprès de l'empe- ann. 1526. reur afin qu'il leur accordât cette ifle à des con-n. 78. ditions raifonnables; l'affaire réuffit heureufe. D. Anton. ment. Charles V. craignant que Soliman ne vint attaquer l'Ile de Candie, après quoi

annal.ad

de Vera
hift.de

la Charles V. Si-p. 130.

Sicile entiere feroit à fa difcretion, & voulant AN.1530. chercher à fe défendre & à faire de l'ifle de Malthe un rampart imprénable entre les mains des chevaliers, qui par leur grand nombre, leurs riches commanderies, & leur grand conrage, s'étoient rendus la terreur de la Mediterranée, la leur accorda volontiers : il penfoit encore que cette ifle étant ainfi fortifiée, il mettroit la Sicile à couvert de l'invafion des Corfaires, & que s'il arrivoit qu'on l'attaquât il pourroit tirer des chevaliers un fecours & des forces confiderables pour la défendre, & qu'il fe déchargeroit par là des dépenses immenfes qu'il lui faudroit faire, tant pour fortifier Malthe que pour la garder.

LIV.

On nomme

des com

le.

Après le confentement de fa majefté imperiale, des commissaires furent nommez par le miffaires chapitre de l'ordre, pour aller vifiter l'ifle : & pour aller étant de retour à Viterbe, où ils arriverent vifiter l'If pendant que le chapitre étoit affemblé, ils y firent un ample rapport de l'état de cette Ifle. Elle a environ vingt milles de longueur & pref que la moitié de largeur. La ville qui a donné le nom à toute l'ifle, eft fituée au milieu à fept milles des ports, enceinte d'une muraille de treize cens vingt-trois pas, elle eft compofée de trois parties, qui font la ville, le bourg & l'ifle de faint Michel: la ville comprend la cité Vallette & la Floriane ou la ville neuve, & eft bâtie entre le grand pont & le fort de Marfamouchés; le bourg & l'ifle de faint Michel font vers l'orient. Le premier regarde le grand port, & l'autre eft au midi du bourg. La cité Vallette qui a emprunté ce nom du grand maître de la Vallette qui la fit bâtir en 1566. eft fituée fur le mont Scebaras, & renferme le palais du grand maître, l'arfenal, Pinfirmerie, l'églife du prieuré de faint Jean, & les hôtels

ou

ou auberges des langues. Il y avoit alors deux châteaux affez forts, qui pouvoient devenir imprenables par leur fituation. Ainfi ce païs plût, & les chevaliers ayant fait fçavoir à l'empereur qu'ils feroient bien-aifes de s'y établir, il leur envoya les lettres patentes fignées le vingtquatre de Mars 1530. à Caftel-Franco petite ville du Boulonnois, l'an dixième de fon empire.

AN.15 30.

LV,

tentes de

Malthe.

L'empereur y declaroit que pour reparer & rétablir le couvent, l'ordre & la religion de Lettres paP'hôpital de faint Jean de Jerufalem, & don- l'empereur ner une demeure fixe au grand maître, prieurs, pour la dobaillifs, commandeurs & chevaliers dudit or- nation de dre, chaffez de Rhodes par la violence des l'ile de Turcs, après un terrible fiége, afin qu'ils puiffent Vertot hift. remplir en repos les fonctions de leur religion de Malthe pour l'avantage general de la republique Chré- t. 3. in 4. tienne, en vertu des prefentes lettres patentes, P.493.par de fa certaine science & autorité roïale, & de, miles pres fon propre mouvement; il cede audit ordre, comme fief noble libre & franc, les châteaux, places, ifles de Tripoli, Malthe & Gozo avec tous leurs territoires & jurifdictions, haute & moïenne juftice, & tous droits de proprieté, feigneurie, & pouvoir de faire exercer la fouveraine juftice, & droit de vie & de mort, à la charge pourtant que le grand maître & les che valiers les tiendront comme fiefs du prince en qualité de roi des deux Siciles, & de fes fucceffeurs dans ledit roïaume, fans être obligez à autre chofe, qu'à donner tous les ans au jour de la Touffaint un faucon, qu'ils feront tenus de mettre entre les mains du viceroi ou préfident qui gouvernera alors ledit roïaume : moïennant quoi, ils demeureront exemts de tout autre fervice de guerre, ou autres chofes, que des vaffaux doivent à leur feigneur. De plus

P'em

P'empereur veut que le droit de patronage de AN.15 30. Pévêché de Malthe demeure au même état qu'il étoit alors, à perpetuité à fes fucceffeurs dans le roïaume de Sicile, de forte qu'après la mort de Balthafar Waltkrik, qui étoit alors évêque de Malthe, le grand-maître & les chevaliers nommeront trois hommes capables & dignes d'un tel caractere, dont l'empereur choifiroit un pour remplir cette dignité; lequel, après avoir été choifi, nommé & mis en poffeffion, le grand maître d'alors fera obligé de le faire grand-croix, & de l'admettre dans tous les confeils, comme les princes & baillifs. Il étoit encore marqué, que Pamiral de la religion seroit de la langue & nation Italienne. Que fi lefdits chevaliers recouvroient l'ifle de Rhodes, ils ne pourroient transferer ni aliener Malthe, fans la permiffion de celui dont ils la tiennent en fief.

confirme la

L'empereur n'eût pas plûtôt figné ces lettres patentes, qu'il les remit au commandeur Bofio pour être portées au grand maître. Elles furent lues dans le chapitre, & l'on députa auffi-tôt deux commandeurs pour aller en remercier fa LVI. majefté imperiale. On en envoya une copie Le pape autentique à Rome, qui fut portée par le fecredonation taire Jean Stralicopole, & adreffée au prieur de l'ifle de Salviati ambaffadeur de l'ordre à Rome, & neMalthe. veu de fa fainteté, afin de faire confirmer au Vertot hi faint pere la donation de l'empereur. Clement VII. la foufcrivit avec joye en plein confistoire parmiles le vingt-cinquiéme d'Avril fuivant, après avoir preuvesp. beaucoup loué la bonté & la generofité de fa majefté imperiale: il en fit même dreffer & publier une bulle. Peu de tems après deux ambaffadeurs Hugues de Copones, general des galeres, & Jean Boniface, baillif de Manofque furent envoyez de la part de l'ordre au viceroi de

de Malthe

t. 3.in. 4.

493.

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