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de Sicile dom Hector Pignatelli duc de Mon-
teleone, pour recevoir de lui Pinveftiture au
nom du roi, Les deux ambaffadeurs prêterent
le ferment de fidelité entre fes mains dans l'é-
glife cathedrale de Palerme, & l'on leur en dé-
livra l'acte après cette ceremonie le viceroi
nomma fix commiffaires pour aller à Malthe
mettre en poffeffion le grand maître & l'ordre,
de tout ce qui étoit contenu dans la donation.
Ils s'embarquerent fur les mêmes galeres qui
avoient porté les deux ambaffadeurs en Sicile;
mais avant que le grand maître prît poffeffion
de l'ifle, il arriva une conteftation qui fut bien-
tôt terminée. Le viceroi voulut exiger de l'or-
dre les droits de traiteforaine pour faire paffer
du bled dans l'ifle, & le maître de la monnoïe
fit fignifier au confeil, que l'empereur ne fouf.
friroit pas qu'on en battît à Malthe à d'autre
coin que le fien, & même par les feuls offi
ciers. Le grand maître indigné de ces défenfes,
députa deux des commandeurs à Charles V. qui,
à la recommandation du pape accorda les
deux articles concernant la traite du bled & la
monnoïe. Quelque-tems avant, le commandeur
Bofio mourut d'une bleffure caufée par
le ren-
versement de fon caroffe, lorfqu'il portoit au
grand maître les lettres patentes accordées par
l'empereur pour la donation de cette ifle.

AN.15 30

l'ifle..

Le grand maître n'avoit pas encore pris pof- LVII. feffion de Malthe, & il ne manquoit plus que maître Le grand cette ceremonie pour l'entier établiflement des prend pofchevaliers. On s'embarqua donc après avoir fefion de effuïé quelques mauvais tems, dans lefquels une galere qui échoua contre un écueil, fut entie-Raynald, in rement brifée: on entra dans le grand port le anno n. 13. vingt-fixiéme d'Octobre, & de là on fut intro duit dans le bourg qui n'étoit compofé alors que de cabanes de pêcheurs, enforte qu'à peine

annal.hoc

y

AN.1530.

LVIII.

reur lui

lib. I.

y trouva-t-on un logement pour le grand maître. On lui fit tous les honneurs dûs à fa dignité, les commandeurs & les chevaliers furent agréablement reçûs. La prife de poffeffion fe fit avec toutes les formalitez requifes en pareille occa fion & on en dreffa des actes pour être ré pandus dans tous les endroits neceffaires. Le grand-maître, après avoir fait reconnoître fon autorité, vifita toute l'ifle afin de trouver un endroit sûr & commode, où il put établir le confeil & la demeure des chevaliers; il ne put le fixer que dans le château faint-Ange, parce qu'il n'y avoit point d'autre place de défense; & les chevaliers s'étendirent dans le bourg fitué au pied de ce fort: ce fut là leur premiere refidence, fans fortifications, & commandée de tous côtez. Mais bien-tôt après on la fit enfermer de murailles, & l'ifle se peupla tellement, qu'au lieu qu'on n'y comptoit pas douze mille ames quand les chevaliers en prirent poffeffion, il y en a aujourd'hui plus de vingt-fix mille. Les habitans fe croient les plus anciens chrétiens de toutes les ifles d'alentour, parce qu'ils ont été convertis par faint Paul.

La deuxiéme ifle que l'empereur donna à L'empe-l'ordre, fut celle de Gozo, que ceux du païs donne enappellent Gandifch, & les auteurs latins Gaulos: core Gozo elle eft fituée au couchant de l'ifle de Malthe, & Tripoli. & n'en eft féparée que par un trajet d'environ Fazelius de milles elle n'eft pas grande, & n'a rebus Siculis quatre qu'une fortereffe avec un petit bourg. Le grand maître y fir entrer plufieurs pieces d'artillerie & des munitions de guerre & de bouche, & y mit une compagnie d'infanterie avec de bons retranchemens pour la défendre contre les incurfions des Corfaires. Le nombre de fes habitans ne paffe pas huit mille. Il y avoit Tripoli petite prefqu'ifle proche la côte de Barbarie

Spond. ut Supra.

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dont

AN1530.

dont l'ordre avoit eu beaucoup de peine à fe charger, parce qu'elle étoit à près de quatrevingt lieues de Malthe, qu'elle n'avoit aucunes fortifications, qu'il étoit même prefque impoffible d'y en conftruire fur un terrain & un fond fablonneux & plein d'eau, que les foffez étoient peu larges & encore moins profonds; le port & le château commandez par une montagne voifine; enfin parce que cette ville étoit environnée des états du roi de Tunis, qui n'y fouffriroit pas long-tems des chrétiens. Cepen- Bofius t. 3. dant la complaifance du grand maître prévalut lib. 5. fur toutes ces raifons: Il accepta Tripoli, il y établit le chevalier Langueffe pour gouverneur. Mais les chevaliers ne garderent pas longtems ces deux places. Gozo fut livrée lâchement par le gouverneur à la flotte Ottomane. Et Tripoli ayant été affiegée fut prife par capitulation, & n'eft aujourd'huy qu'une republique de Corfaires fous la protection du grand feigneur; deforte que les chevaliers ont été reduits à Malthe dont ils ont pris le nom, au lieu de celui de Rhodes.

Sleidan in

La diéte confirma auffi l'élection de Cromberg LIX. pour grand maître de l'ordre Teutonique, en Refolula place d'Albert de Brandebourg, qui avoit à Ausbourg tions prifes embraffé le parti de Luther & fait beaucoup contre Ald'autres entreprifes préjudiciables à la religion, bert de à l'ordre & à l'empereur. La diéte déclara nul Brandetout ce qu'il avoit fait, le dépouilla du duché de Pruffe, confirma les lettres patentes don- comment.i. nées à Cromberg, & l'inveftit de toute la Pruf-8.p. 261. fe & ce qu'il y eut de plus remarquable, fut que tous les princes, tant Catholiques que Proteftans, n'curent qu'un fentiment là-deffus. Cette déliberation étant prife, on en donna avis à Cromberg, qui fe rendit auffi-tôt à Ausbourg pour recevoir l'inveftiture de l'empereur: Et

le

le jour étant pris pour cette ceremonie, quatre AN.1530 chevaliers ambaffadeurs du grand maître, & tous quatre comtes de l'empire, Henri d'Holfestein, Hoyer de Mansfeld, Bolfo de Montfort, & Jean Hohenloë, furent reçûs dans la diéte par les officiers de l'empereur qui étoit fur fon trône.

Ces ambaffadeurs aïant fupplié fa majefté imperiale d'accorder l'inveftiture au grand maître qu'ils avoient élû, & l'archevêque de Maïence en qualité de grand chancelier de l'empire, aïanr répondu que l'empereur étoit difpofé à Jes fatisfaire; le grand maître entra auffi-tôt, précedé de cinquante gardes, & accompagné des fix anciens commandeurs de l'ordre en habits de ceremonic. Tous se mirent à genoux aux pieds de l'empereur, & Cromberg renouvella la demande de l'inveftiture, conformément à la promeffe faite à fes ambaffadeurs. L'électeur de Maïence lui en donna les lettres Inveftiture patentes écrites en lettres d'or & fignées de l'emde la gran-pereur, du même électeur chancelier, & du fede-maîtri- cretaire. Dans le même inftant le prieur chapefe de l'or- lain lui mit le miffel entre les mains, & le nique don- grand maître à genoux prêta le ferment, Pélecteur prononcant les paroles qu'il falloit dire Cromberg. & le grand maître les repetant mot pour mot Sleidan ut Après cela l'empereur aïant fait figne au grand fupra. maître de fe lever, les trois chevaliers qui avoient

LX.

dre Teuto

née à

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porté les enfeignes s'étant avancez, les prefenterent à genoux à fa majefté imperiale qui les donna au grand maître, & lui fit baifer le pom. meau de l'épée de l'empire; mais il fe contenta de toucher le fceptre à genoux en qua lité de prince ecclefiaftique, ce qui n'eft permis à aucun feculier. Cette ceremonie finit par la création de cinq chevaliers que l'empereur fit en prefence du grand maître.

ANAS 30.

LXI.

Cambray

Aquitant,

comm.Terine

Gallic.1.20.

Il manquoit encore à Charles V. de voir executer le traité de paix fait à Cambrai avec François I. par lequel ce dernier devoit époufer François I. Eleonore veuve d'Emmanuel roi de Portugal, execute le païer deux millions pour la rançon de fes en- traité de fans, & remplir toutes les autres conditions. avec l'emqui y étoient marquées; mais l'argent man-pereur. quoit au roi de France, & on ne peut affez Bonch et admirer la generofité du roi d'Angleterre. Il annal fçavoit qu'il y avoit dans le traité un article par part. 4. lequel François I. s'engageoit à lui païer cent Du Bellay quatre-vingt dix mille écus que l'empereur lui. 3.versla fin. devoit, & à dégager la riche fleur-de-lys d'or Paul Jove que l'empereur Maximilien avoit donnée en ga-lib. 25. ge à Henri VII. pour cinquante mille écus. Le Belcar. fear Langey fut envoïé en Angleterre pour Gallic 20 prier le roi d'aider celui de France dans une, p.631. conjoncture où il avoit befoin de fon fecours." L'ambaffadeur fur très-bien reçû, & prenant Heari par fon foible, en lui promettant d'obtenir des univerfitez de France, d'Italie & d'Allemagne des décifions favorables au divorce qu'il avoit entrepris de faire juger, fa majefté Angloife donna genereufement la premiere fom. me à François I. lui prêta encore quatre cens mille écus qu'on ne devoit lui rendre que dans cinq ans, remit les cinquante mille écus qu'il avoit prêté à Philippe roi d'Espagne, lorfque paffant des Païs-bas en Caftille la tempête l'avoit jetté en Angleterre, & renvoïa enfin la fleur-de-lys d'or enrichie de pierreries, où il y avoit du bois de la vraie croix enchaffé, comme un prefent qu'il faifoit au duc d'Orleans fon filleul; ce fut Briand gentilhomme de fa cham bre qui en fut le porteur.

Le roi de France ainfi affuré de Henri VIII. fe rendit à Blois pour mettre ordre à cette grande affaire, chargea le maréchal de Mont

mo

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