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qu'elle eut été remboursée de tout ce que AN.IS 28. PEspagne lui devoit, & qu'enfuite on les partageroit. Mais comme le roi d'Angleterre eut beaucoup plus perdu que gagné dans une rupture avec les Païs-bas, fon principal revenu confiftant dans le commerce de fes fujets avec les Flamands, qu'il ne pouvoit rompre fans s'attirer la guerre civile, il demanda quarante jours pour donner le loifir à fes marchands de retirer les effets qu'ils avoient dans les Païs-bas, il propofa enfuite une fufpenfion d'armes pour huit mois entre la France & les Païs-bas; & comme il fçavoit que l'argent étoit l'unique moyen de la faire accepter par le roi, il offrit cependant de lui faire compter en attendant trente mille écus pour la guerre d'Italie, qui furent auffi-tôt acceptez. Tous les efforts de l'armée de France tournerent donc du côté du roiaume de Naples.

Mem. d

Lautrec avoit déja reconquis la plus grande XVII. partie du Milanez, & eut pû aisément fe Lautrec rendre maître de Milan, s'il n'eut reçu des quitte la Romagne ordres exprès de rendre toutes ces places à &s'avance François Sforce, & d'aller à Rome délivrer du côté du le pape. Comme il entroit dans la Romagne, Naples. il apprit que le faint pere s'étoit fauvé, & que Bellay 1. 3. les imperiaux au bruit de fa marche avoient quitté Rome, pour aller défendre le roïaume de Naples. La pefte avoit diminué leur armée de plus des deux tiers, & l'on remarqua que l'année achevée, il n'en refta pas deux cens exempts des effets de la vengeance divine; ce qui faifoit que les generaux ne pouvoient prendre aucunes mefures certaines, pour s'oppofer aux efforts de la ligue. Le pape n'étoit pas encore engagé dans la confederation, & il ne fçayoit quel parti prendre; il ne vouloit point

ratifier le traité fait avec le duc de Ferrare ; il

AN1528. exigeoit des Venitiens de retirer leurs troupes de Ravenne; & ceux-ci, qui avoient des grandes prétentions fur cette place, differoient toû jours de fatisfaire fa fainteté ; enforte que Lautrec, pour la conquête qu'il méditoit, ne pouvoit guéres compter que fur fon armée. Il ne laiffa point de traverser l'état ecclefiaftique avec huit mille lanfquenets commandez par le comte de Vaudemont, trois mille Suiffes fous les ordres du comte de Tende, trois mille hommes de pied françois fous le fieur de Burie, quatre mille Gafcons fous Pierre de Navarre, & dix mille. Italiens ce qui faifoit une armée de plus de vingt-huit mille hommes.

dans la

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XVIII. Sur la fin de Février Lautrec arriva dans Conquêtes l'Abruffe & toutes les villes, Afcoli, Aquila de Lautrec & autres lui ouvrirent leurs portes & le reçu Pouille, & rent comme leur liberateur. L'armée impeprife de riale avoit pris les devants parce qu'elle n'aMelfi. voit point d'artillerie. Le general François fit Mem. da traîner la fienne le long de la côte; Bellay ibid. ce qui fupra. lui facilitoit l'entrée dans la Capitanate, où il reçut les quatre-vingt mille écus de traitte fo raine qui fe païoient au mois de Mars dans cette province. Il en profita en entrant dans la Pouille. La ville du Salmone fe rendit à lui fans attendre d'être fommée, & il auroit aifément conquis tout ce païs, fi Philibert de Châlons, prince d'Orange, refolu de garder le chemin par où les vivres venoient aux imperiaux du côté de Bari & de Siponto, ne fe fût campé fur une éminence défendue par le canon de la ville de Troja. Lautrec cependant Pen chaffa, & la nuit fuivante toute l'armée imperiale délogea fans bruit, & fe retira à Naples dans un défordre qui auroit

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rendu

.

rendu fa défaite infaillible, fi elle ent été pourfuivie ; mais Pierre de Navarre fut d'un AN.1528. avis contraire; & Lautrec le préferant à celui des autres, s'amufa à battre la ville de Melfi, dans laquelle étoit Jean Carraccioli avec trois mille hommes de garnison, qui se défendirent avec beaucoup de valeur; mais dans le fecond affaut ils furent emportez & tous pafferent au fil de l'épée avec près de quatre mille habitans. Le prince de Melfi fut fait prifonnier de guerre; fa femme & fes enfans s'étant retirez dans le château fe rendirent fans résistance. Ce prince fur le refus de P'empereur, qui ne voulut pas païer fa rançon, eut recours au roi François I. qui lui procura La délivrance & en fut fervi fidélement jufqu'à la mort.

XIX. Prefque

tout le rof

aume de

Gnicc.l. 18.

La prife de Melfi étonna fi fort tout le roïaume de Naples, que Barlette, Trani, Venosfe & d'autres villes des environs, fe foumirent auffi-tôt à Lautrec, parce que les imperiaux en Naples fe avoient retiré les garnifons: Capoue fit la mê foumet à me chofe, Nole, Acerra, Averfa; enforte qu'il cegeneral. n'y eut que les villes de Naples, Manfredonia Paul Joue & Gayette qui demeurerent fidéles aux impe- in hiftor. riaux. Le duc de Ferrare voïant qu'il ne reftoit que ces villes à l'empereur dans le roïaume de Naples, crut les affaires d'Espagne fi ruinées, qu'il acheva le mariage de fon fils, avec la belle-fœur du roi de France, qu'il avoit differé jufqu'alors fous divers prétextes. Et Lautrec homme ambitieux, flatté par tous ces grands fuccès, ne confidera pas, qu'à un ennemi qui s'étoit retiré avec fes forces entieres, il fuffifoit qu'il fut maître de la capitale, laquelle feule pouvoit donner la loi à tout le refte du roiaume. S'il l'eut vivement pourfuivi, il le pouvoit défaire avant qu'il y en

trật,

trât, à cause de la jaloufic qui regnoit enAN.1518. tre le prince d'Orange general de l'armée, & le nouveau viceroi de Naples, qui dès le commencement fit difficulté d'admettre l'autre dans la ville. Mais les délais de Lautrec donberent aux deux ennemis le tems de fe reconcilier; enforte qu'ils refolurent de demeurer dans Naples, avec douze mille hommes de vieilles troupes, & envoïerent le refte de leurs forces en garnifon dans les places les plus importantes, ce qui fut caufe de la perte de l'armée Françoife.

XX.

roît devant

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Lautrec prévoiant que Manfredonia où Lautrec pa-les imperiaux avoient jetté deux mille homNaples, & P'occuperoit trop long-tems, laiffa y met le deux cens cinquante chevaux, & quinze cens fiége. fantaffins pour la bloquer, & s'avança avec le

mes,

Mem. du tefte de fon armée devant Naples, où il arriBellay lib.3.va le premier jour de May, & s'y retrancha fi Guicciardin bien qu'il paroiffoit impoffible de le déloger. b. 18. La fituation avantageufe de fon camp lui fit

mettre en déliberation 5 s'il attaqueroit fa ville, ou s'il fe contenteroit de la reduire par famine : les avis furent partagez, mais la nombreuse garnifon qui avoit le viceroi Mon cade à la tête, l'obligea de prendre le dernier parti, tant parce qu'il n'avoit d'argent que pour la folde ordinaire de fes troupes, que parce que le grand nombre des affiegez lui fir efperer qu'ils feroient bien-tôt affamez, le peuple feul montant à plus de deux cens cin quante mille perfonnes. Il fit donc fermer les deux principales avenues de la place par deux forts, Pun fur le marais de la Magdelaine, & Pautre vis-à-vis du Mont faint Martin. Les Efpagnols attaquerent le premier, & furent repouffez avec une vigueur, qui leur donna des François une meilleure opinion qu'ils n'a

voient eue à la bataille de Pavie: huit jours après ils tenterent de fe rendre maîtres du AN.1528. fecond avec auffi peu d'avantage. Moncade qui, comme on a dit, avoit fuccedé à Lanoy dans la dignité de viceroi de Naples voulut éprouver fi la fortune lui feroit plus favorable fur mer, & prenant fix galeres, deux galions, quatre barques armées, & beaucoup de bâtimens de pêcheurs, avec mil le foldats Efpagnols, & deux cens Allemans ; il monta lui-même fur la meilleure des galeres: & le marquis du Guât le connétable Colonne, le comte de Roux & d'autres offi. ciers imperiaux voulurent être de la partie, enforte qu'il n'y eut que le prince d'Orange qui demeura dans Naples.

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Philippin Doria, neveu d'André Doria, XXI. étoit alors au golfe de Salerne avec huit ga naval ou Combat leres de France, & le viceroi informé que lui Doria eft & les fiens, à fon exemple, quittoient fou- victorieux, vent leurs vaiffeaux, & venoient jufqu'à l'ar- & le vice mée de terre, forma le deffein de furprendre roi de Na ples tue. les huit galeres françoifes avec fix des fiennes, qu'il arma à cet effet, & garnit de fes meil leurs foldats. Doria inftruit par Lautrec de P'entreprise du viceroi, renforça fes galeres de quatre cens arquebufiers qui lui furent envoiez par le general François fous la conduite du capitaine Ducrocq: il étoit à Capo dorfo, lorfqu'il apperçut deux galeres du vi ceroi, qui faifoient femblant de fuir pour at tirer l'ennemi en haute mer il détacha trois de ces huit galeres pour gagner le deffus du vent, & pour revenir charger les imperiaux par les côtez; il s'avança avec les cinq au & du premier coup de canon qu'il ti il emporta quarante foldats de la galere du viccroi. La fuite du combat fut très-fan

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