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AN.15 30.

chofe arri

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choifis dans tout le corps ; & parce que ceux-ci ne purent encore s'accorder entr'eux, huit des plus violens s'affemblerent durant la nuit rompirent la porte du greffe, & enleverent le fceau qu'ils appoferent, dit-on, à leur avis dat té, dont on ne fçait pas trop le contenu. LXXV. Les chofes ne fe pafferent pas plus tranquilLa mème lement dans l'univerfité de Cambrige. Tout ce ve dans l'u- que purent faire Fox & Gardiner, fut de faire niverfité nommer un certain nombre de docteurs ou bade Cambri-cheliers à leur dévotion, pour faire examiner l'affaire au nom de toute Puniverfité. Les premferes affemblées furent pleines de troubles & l'on fe fepara fans rien conclure, parce qu'il s'en trouva quelques-uns parmi les docteurs qui avoient approuvé le livre de Cranmer en faveur du divorce. On tint encore plufieurs affemblées inutilement, & ce ne fut que par les intrigues de Fox & de Gardiner, qui avoient de leur côté le vicechancelier, qu'il fut enfin refolu, que vingt-neuf perfonnes, fçavoir le vicechancelier, qui avoit déja follicité pour le roi, dix docteurs, feize bacheliers, & les deux procureurs de l'univerfité auroient le pouvoir de décider la question, & que ce que les deux tiers d'entr'eux détermineroient, feroit regardé comme le fentiment de tout le corps, dont on y mettroit le fceau, après avoir lû cette décifion dans une affemblée generale, mais fans en déliberer de nouveau. D'abord il n'y eut que treize voix pour le divorce; on revint aux déliberations; & après beaucoup de difficultez, on décida en faveur d'Henri VIII. que fon mariage étoit contraire au droit divin.. LXXVI. Jean du Bellay, évêque de Baïonne paffant La faculté par Orleans, obtint auffi de l'univerfité de cetde théolo te ville une décifion dattée du cinquiéme d'Agie de Paris vril, en faveur du divorce. Mais il ne trouva

s'affemble

pas

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AN.IS 30.

pas la même facilité auprès des docteurs de Paris, qui tous étoient difpofez à approuver pour l'afabfolument la difpenfe de Jules II. excepté quel- faire du diques-uns, qui avoient promis de faire tout ce vorce. qu'on voudroit, entr'autres maître Gervais hom. me fort dévoué à meffieurs du Bellay, & qui avoit beaucoup d'envie de le pouffer à la cour & de faire fortune. On eut donc befoin de toute l'adreffe de Mr. de Langey, de l'évêque de Baïonne & de l'autorité du roi de France, pour obliger la faculté à déliberer fur cette matiere. Elle s'affembla le huitiéme de Juin; l'évêque fe trouva à la premiere affemblée par ordre du roi, ce prince étant bienaife qu'on y opinât favorablement pour le divorce, en reconnoiffance des obligations qu'il avoit au roi d'Angleterre. Du Bellay pour gagner les docteurs, affura que les univerfitez d'Italie n'avoient fait aucune difficulté, de déclarer le mariage de Henri illegitime, quoiqu'il n'y eut rien de plus faux, la décifion de Bologne n'étant dattée que du dixiéme de Juin, & celle de Padoue du premier Juillet, qui font les feules d'Italie qui aient donné leur avis ; car celle de France ne prononça pas.

Le docteur Noël Beda étoit des plus opposez LXXVII. au fuccès de l'affaire; il faut convenir que Le docteur tout ce qu'on fit pour corrompre les univerfi- Noël Beda fort oppotez de France, fut un veritable myftere d'ini- fé au divorquité. L'évêque de Baïonne connoiffoit déja le ce. docteur Beda, & avoit écrit de Londres au Le Grand maréchal de Montmorency dès le mois de De.hift. du dicembre de l'année precedente, parlant des dévorce parmi marches que l'on faifoit déja auprès des docteurs t. 3.P.42.1. pour les gagner;qu'il y avoit un Beda de ce nom.& 465. bre, qui étoit un très-dangereux marchand, Suiu. & qu'il ne feroit pas de befoin qu'il y en eut beaucoup de tels dans une fi bonne compagnie.

les preuves

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Le prélat avoit raifon de penfer ainfi, puisque AN.1530 dans le difcours qu'il fit à l'affemblée, en proteftant que le roi laiffoit aux docteurs la liberté de décider felon leur conscience & qu'il leur demandoit feulement de travailler au repos d'un prince, qui quoique déja muni des avis des plus fçavantes univerfitez, étoit bienaife d'avoir le leur; Beda prit la parole & dit à du Bellay, qu'on fçavoit affez l'étroite liaifon qui étoit entre les deux rois. Il en auroit dit davantage fi l'évêque ne l'eut interrompu en affurant la faculté, que l'union entre ces deux princes ne tendroit jamais à faire violer les loix de la juftice, & que tous ceux qui compofoient l'affemblée pouvoient être affurez, qu'en fatisfaifant à leur devoir envers Dieu, ils contenteroient le roi & ne mécontenteroient perfonne. Enfuite il fe retira pour laiffer la liberté des fuffrages.

mi les do

lettre de

LXXVIII. Quoiqu'Henri VIII. eût écrit de fa propre Le peu d'u-main aux théologiens de la faculté, & que le nion qui fe maréchal de Montmorency eût mandié de tous trouve par- côtez des fuffrages, il y eut cependant fi peu &eurs. d'union dans cette affemblée, qu'après beauVoyez la coup de bruit on fe fepara fans avoir rien conclu. Il ne faut que lire la lettre de Guillaume Guill, du du Bellay à François I. dattée du neuviéme de Bellay as Juin 1530. pour fçavoir comment les chofes preuves de s'y pafferent. Après avoir dit à fa majefté, qu'il Phift, du di-a prefenté fes lettres à la faculté affemblée, & vorce. propofé comment le roi d'Angleterre fon bon Le Grand frere a de grands fcrupules de confcience, pour 2.3.p.465. avoir époufé la veuve de fon frere, fur quoi 466. il demande leur avis; il ajoûte que les premiers

roi dans les

opinans vouloient qu'on accordât à Henri ce qu'il defiroit, parce qu'on ne pouvoir le refufer felon Dieu, aux perfonnes de la plus baffe naiffance, que par confequent ils étoient prêts

d'obéïr.

d'obéir. Les feconds furent d'avis, que la faculté étant foumise au pape, dont elle a reçû de fiAN.15 30% grands privileges, vu qu'il s'agit en ce cas de la puiffance du fouverain pontife, qui avoit défendu à toutes perfonnes de connoître de cette affaire; qu'il falloit donc auparavant lui écrire pour fçavoir quelles étoient fes intentions. D'autres ajoûterent qu'en attendant la réponfe, il falloit toûjours déliberer, afin de mettre l'affaire en état d'être jugée auffi-tôt, fi le pape répondoit favorablement. Quelques-uns formerent un troifiéme parti qui fut pour la négative, prétendant qu'on ne devoit point décider fur cette affaire depuis la défenfé du pape, & l'évocation de la caufe à fon tribunal. Ceux qui étoient pour Henri, aïant remontré que les privileges de la faculté dépen doient autant du roi que du pape, & qu'on devoit fe foumettre aux loix du roïaume dans lequel on vivoit que c'étoit deshonorer le fouverain pontife, de croire qu'il eut fait une pareille défense contre Dieu, & qu'il voulut refufer à une confcience inquiete & troublée les confolations qui lui conviennent; qu'enfin quand il feroit vrai » que le pape eut défendu de prononcer fur cette cause pourroit fe difpenfer de lui obéir, pour fe rendre fidéle aux ordres du roi, qui vouloit avoir une décifion de la faculté.

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dans l'af

Pendant ces remontrances un bedeau re- LXXIX. cueilloit les voix & les fuffrages pour connoî- Troubles tre quel feroit l'avis du plus grand nombre : femblée il tenoit le rôle entre les mains lorfqu'un qui finit docteur plus vif que les autres, le lui arra-fans avoir cha & le déchira, en criant que le plus grand rien connombre ne vouloit pas qu'on déliberât en au- Le Grand cune maniere. Ainfi finit Paffemblée avec beau- bist. du dicoup de tumulte & de défordre. Les ambaf-vorcet.1.p. fadeurs 81.182,

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fadeurs d'Angleterre, qui fe promenoient dans AN.IS 30-une gallerie prochaine voiant cette confufion & entendant tous les nouveaux difcours que les docteurs tenoient entr'eux en fortant fe retirerent dans leur logis, & écrivirent à leur maître & au comte de Wilfchire le fuccès des démarches de Beda, & de fes adherans, & ne manquerent pas de s'en prendre à du Bellay qui fâché d'avoir manqué fon coup, alla trouver le premier prefident Lizet, pour le prier de faire arrêter Beda, & tous ceux qui étoient de fon parti. Il pria auffi le roi d'écrire au doien de la faculté qui étoit alors Dominique le Mercier, afin qu'il terminât au plûtôt cette affaire. Le premier prefident fit venir Beda, Barthelemy & Tabary, & les principaux auteurs du parti, & après plufieurs remontrances il obtint d'eux, que le lendemain matin ils fe raffembleroient, & commenceroient à déliberer, jufqu'à ce que la réponse du roi fût venue; ce qui fut executé; & ce même jour neuvième de Juin, on indiqua l'assemblée au lundi fuivant. Pendant cet intervalle, le premier prefident fit venir Beda dans l'églife de nôtre Dame, & après lui avoir reprefenté le tort qu'il feroit aux affaires du roi, en s'oppofant au fervice que fa majefté vouloit rendre à Henri VIII. il obtint de ce docteur, qu'il ne fe mêleroit plus de cette affaire, & même qu'il s'emploïeroit pour faire enforte que la chofe fe pafsât fans aucun bruit.

LXXX. La faculté s'affembla donc au jour marqué, Lafaculté & le premier préfident n'aïant pû s'y trouver fe raffem-chargea du Bellay d'y affifter, & d'y prefenter ble pour déliberer. les lettres du roi dattées du vingt-feptiéme Lettres de May. Dans le même-tems arriverent les amGuillaume baffadeurs d'Angleterre, Pun defquels prefenta du Bellay des lettres de Henri, & dit qu'on ne devoit

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