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glante, & dura fix heures entieres : Monca AN.1528. de fur renverfé mort de deux coups, dont P'un lui rompit le bras, & l'autre lui fracaffa Pépine du dos. Sa galere coula à fonds avec une autre commandée par Feramufca : & le refte fut pris, à la reserve de deux bâtimens que le vent pouffa dans le port de Naples, fi maltraitez par l'artillerie françoife, qu'on eur peine à les décharger avant qu'ils periffent. Le marquis du Guât, Afcagne & Camille Colonne, le prince de Salerne, les feigneurs de Vaudré, de Ris, de fainte Croix furent faits prifonniers de guerre, avec beaucoup d'autres feigneurs & capitaines. Néanmoins cette victoire fut funefte aux François par la refiftance des ennemis, enforte que des quatre cens arquebufiers envoïez par Lautrec, il n'en refta pas plus de foixante.

XXII.

l'armée.

Le prince d'Orange aiant appris la perte Le prince de la bataille, fit fortir de Naples les bou'Orange écrit à l'em- ches inutiles, & diftribua par mefures les vipereur la vres aux foldats : & comme il craignoit que défaite de la mort du viceroi, celle d'un fi grand nombre de vaillans hommes, & la perte de tant de yaiffeaux, n'avançât la prife de la ville capitale, plufieurs places qui tenoient enco re pour les imperiaux, aiant arboré les armes de France; il dépêcha vers l'empereur un' brigantin, pour lui mander que les plus vaillans foldats avoient été tuez dans le dernier combat naval, & que les autres étoient préf que incapables de fervir; qu'il n'y avoit dans Naples que pour fix femaines de bled; que les Allemans commençoient à murmurer, & qu'il étoit à craindre qu'ils ne fe revoltaffent, fi fa majefté imperiale n'envoïoit bien-tôt de P'argent pour païer l'armée, & des troupes pour le défendre des François, avec lesquels,

fans

fans cela, on feroit obligé de traiter; que les Allemands avoient apporté de Rome la pefte dans Naples, & que les autres mouroient d'autant plus ailément qu'ils ne pouvoient saffujettir à éviter le commerce de ceux qui en étoient infectez.

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AN.1528.

camp des

Lantrec intercepta cette lettre & fe con- XXIII, tenta de faire couper l'aqueduc qui portoit Maladie l'eau dans la ville; mais au lieu de faire faire contagieufe dans le en même tems une tranchée pour conduire les eaux dans la mer, il les laiffa fe répan- François. dre dans la campagne, enforte que ne trou- Guicciardin vant point de pente dans un lieu tout uni, lib. 19. la grande ardeur du foleil les corrompit bien- Mem, du tôt ; ce qui caufa les maladies dans l'armée, Bellay !. 3 & y fit un ravage effroïable. Ces maladies fe changerent en pefte, & furent augmentées par la malice des affiegez qui vinrent dans le camp des François fous divers prétextes, & corrompirent toutes les cîternes de forte qu'à la fin de Juillet Lautrec, qui fut lui-même attaqué du mal contagieux, vit fon armée, qui étoit de vingt-cinq mille hommes, réduite à quatre mille, & environ cent hommes d'armes, de huit cens qu'ils étoient auparavant. L'armée navale commandée par Rence de Ceri & André Doria, aïant fait une defcente dans l'ifle de Sardaigne, qui étoit fous la domination Espagnole, y trouva une fi grande abondance de vivres, que les foldats qui jeûnoient depuis long-tems, s'étant remplis avec trop d'avidité, furent auffi attaquez de maladies contagieufes, qui en mirent un grand nombre au tombeau; & comme fi le fleau de la pefte n'eut pas fuffi pour détruire un fi grand nombre de foldats françois, la perfidie d'André Doria qui changea de parti, acheva de tout perdre.

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Il n'eut pas plûtôt accepté le generalat des AN.1528.galeres de France, que fes ennemis formeXXIV. rent le deffein de le perdre ; ils donnerent par AndréDo-differens artifices un tour malin aux affaires mence à ê- frequentes, que l'exécution de fa charge faitre mécon- foit naître dans le confeil, & ils ne perditent de la rent aucune occafion de le deffervir; enforte

ria com

cour de

France.

qu'il paffa bien-tôt dans l'efprit du roi pour un homme importun, intereffé & d'une humeur incompatible. Doria conçut aifément qu'on vouloit fa ruine; il avoit ftipulé que Genes fa patrie feroit remise en pleine liberté, & qu'on reftitueroit à cette republique tous les états qu'elle avoit poffedés au commencement des derniers troubles d'Italie ; & pour faciliter l'exécution du traité, il avoit dispofé ceux de Genes à promettre au roi deux cens mille écus, qui feroient païez auffi -tôt qu'on leur auroit tenu parole. Cependant en France on differoit toûjours fous divers pretextes, parce qu'on vouloit retenir Savonne, dont le port étoit beaucoup plus commode. que celui de Genes. La victoire que Phi lippin Doria fon neveu venoit de remporter, fournit un fujet de querelle entre fon oncle & la France. Il avoit envoïé à Doria le marquis du Guât, le connétable Colonne & les autres prifonniers de marque pour en tirer rançon fuivant le dernier traité; cependant Lautrec vouloit qu'ils paffaffent en France, & qu'ils fuffent conduits au roi. Doria n'y voulur jamais confentir, alleguant que par leur rançon, il prétendoit fe dédommager de celle qu'il auroit retirée du prince d'Orange, fi le roi ne lui eut accordé la liberté, lorsqu'il le fit prifonnier à Portofino durant le fiége de

Pavie.

Guillaume du Bellay feigneur de Langey

XXV.

cher de le

qui étoit auprès de Lautrec, l'informa que Doria étoit très-mécontent de la France; qu'il AN. 1528. menageoit quelque intrigue avec les Genois Lautrec lui pour rendre à fa patrie fon ancienne liberté ; envoïe qu'il demandoit qu'on les remît dans la jouif Langey fance de l'impôt fur le fel qu'on leur avoit pour ta ôté, pour en gratifier la ville de Savonne gagner. & qu'on le fatisfit fur la rançon du prince d'Orange. Lautrec fur ces avis fit partir Langey fur le champ, pour aller remontrer au roi que fes affaires en Italie demandoient abfolument qu'il ne mécontentât pas Doria, & qu'il le retînt à fon fervice. Langey perfuadé que la principale difficulté confiftoit à radoucir l'ef prit de Doria irrité par les miniftres de France, crut qu'il y devoit travailler avant que de fe rendre à la cour, & paffa par Genes, οι Doria qui étoit fon ami, ne voulut pas permettre qu'il logeât dans une autre maison que la fienne. Il y demeura trois jours, & appaifa fi bien Doria, qu'il le difpofa à faire un nouveau traité avec la France, & ne le quitta point, qu'ils ne fuffent ensemble convenus des articles fous le bon plaifir du roi. Langey après cette négociation partit en pofte pour Paris, & reprefenta dans le confeil de quelle importance il étoit de ne pas chagriner un homme qu'il avoit laiffé à Genes dans les meilleures difpofitions du monde pour bien fervir la France, & parla des articles dont il étoit convenu avec lui, pourvû que le roi rendît le trafic du fel aux Genois, & qu'on le conten tât fur l'article des prifonniers; mais il trouva un obstacle invincible du côté de l'interêt du maréchal de Montmorency qui étoit fort en faveur. Comme ce feigneur gouvernoit l'état fous Pautorité du roi, il avoit obtenu de fa majesté le revenu de l'impôt du fel à Savonne, qui lui pro.

Tome XXVII.

B

XXVI.

& de fes

procuroit dix à douze mille écus par an. La AN.1528. crainte d'en être privé l'obligea à s'entendre On envoie avec le chancelier du Prat, pour examiner deBarbefieux vant le roi le traité que Langey avoit apporpour fe fai- té, & ce chancelier qui flatoit Montmorency, fir de Doria lorfqu'on mit l'affaire en déliberation au congaleres. feil, rejetta les propofitions de Doria, & les traita de ridicules, comme s'il eut eu deffein de donner la loi à fon maître; il fit réfoudre enfuite qu'on lui ôteroit le géneralat, & qu'on mettroit en fa place Antoine de la Rochefoucaud feigneur de Barbefieux, qui fut aufsitôt envoïé avec le titre d'amiral de la mer du Levant, avec ordre de fe rendre à Genes, & de fe faifir d'André Doria & de toutes les galeres. Mais l'affaire ne fut pas conduite fi fecretement que Doria n'en fut informé, même jusqu'aux moindres circonftances. De Savonne où il étoit, il fe retira dans Genes, où Barbefieux l'alla trouver pour conferer avec lui. Il ne refufa pas l'entrevûë que celui-ci lui demandoit, avec les précautions neceffaires pour n'être pas furpris, il fit entendre à Barbefieux, qu'il fçavoit le fecret de fa commiffion, mais qu'il ne Pexecuteroit pas auffi aisément qu'il le croïoit; qu'il avoit ordre de fe faifir de les galeres & de fa perfonne, qu'il ne craignoit point pour lui; que quant aux galeres il vouloit bien rendre celles du roi, mais qu'il garderoit les fiennes. XXVII. Après cette conversation qui ne fut Doria quit. te le parti gue, Doria fe retira à Portofino, & acheva fon de la Fran- traité avec l'empereur à des conditions fort avan & trai- tageufes. Le marquis du Guât fon prifonnier en te avec avoit été le médiateur; il lui offrit au nom de

ce,

pas

lon

l'empe- fa majesté imperiale la charge d'amiral de tou

reur.

Guicciardin tes les flottes de la maifon d'Aûtriche, la liber té de Genes & Paffujettiffement de Savonne à celle-ci, auffi-tôt que ces deux places feroient

hv. 19. Mem. du Bellay, liv.

3.

Brôtées

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