Imágenes de páginas
PDF
EPUB

contre le pape & contre l'empereur, qui s'op AN.1531.pofoient de toutes leurs forces à fes deffeins, entreroit auffi-tôt dans leur ligue, ils furent trompez dans leur attente. Henri VIII. n'aïant rien tant à cœur, que de voir l'affaite du divorce finie à fon avantage, pour se marier avec Anne de Boulen, crut avec raison, qu'en ménageant l'amitié de Charles V. & de Clement VII. il viendroit plus aifément à bout de envoié aux les entreprifes, & pourroit obtenir ce qu'il demandoit avec tant d'instance.

XCIX.

Guillaume

du Bellay

princes Proteftans par Fran

Les promeffes de François I. faites aux Proçois I. teftans, furent fi effectives, qu'il leur envoïa Mem. du Guillaume du Bellay pour traiter avec eux; Bellay liv. mais il chargea fon député d'exhorter ces princes à rentrer dans l'ancienne religion, en leur promettant de procurer la convocation d'un con cile libre, de ne faire avec eux sculement, qu’une ligue défenfive pour maintenir leur liberté, fi on les attaquoit fur ce fujet, enfin de traiter des conditions, aufquelles fa majesté trèschrétienne s'engageroit à les fecourir, pour la confervation des droits de l'empire violez, à ce qu'ils difoient, par l'élection d'un roi des Romains. Le projet du traité fut dreffé à Ceberg dans le duché de Saxe, & fut figné à Eflinguen en Baviere, où tous les agens des princes confederez fe trouverent. La negociation fut conduite avec plus de précaution que la maifon d'Autriche ne l'eut penfé car d'un côté il n'y eut point d'article qui choquât tant foit peu ceux du traité de Cambray, & de l'autre il fut. dit en termes exprès, que cette liaison avec les princes & les villes libres du corps Germanique, n'étoit que pour conferver leurs privileges, & pour maintenir les dix cercles de l'empire dans P'état où ils fe trouvoient actuellement. Il eft vrai que le roi de France fe chargeoit de four

pas

nir cent mille écus, pour être emploïez lorf qu'il feroit befoin; mais la fomme ne fut mife entre les mains des princes Proteftans; le duc de Baviere l'eut en dépôt, & promit par un écrit particulier, qu'elle ne feroit emploïée que pour la liberté de l'empire, en cas que les princes fuffent attaquez.

AN.1931.

C.

affemblée

Sleidan, in

comm.lib.8.

Cependant tous ceux que les princes Proteftans fe flattoient de voir entrer dans la ligue, ne Secondo répondirent pas aux inftances qu'on leur en fit. des princes Dans le mois de Février, l'électeur de Saxe proteftans manda à fes confederez de fe trouver tous à à Smalkaly Smalkalde, pour déliberer fur les mefures qu'on de. devoit prendre pour s'opposer à leurs ennemis: l'affemblée étoit indiquée au vingt-ncuviéme dep. 240. Mars, & parce que l'électeur fe trouva malade" alors, il y envoïa en fa place Jean Frederic fon fils on avoit arrêté dans l'affemblée précedente qu'on folliciteroit le roi de Dannemark, toutes les villes de Saxe, & les villes maritimes d'entrer dans la ligue; on examina les répon fes de chacune, & on en fit le rapport. Le roi. de Dannemarck avoit répondu qu'il faifoit grand cas de la doctrine de l'évangile, mais qu'il avoit dans fon roïaume un grand nombre d'évêques recommandables par leurs familles, par leurs vaffaux & leur grande autorité; ce qui l'empêchoit d'entrer dans cette alliance en qualité de roi, mais feulement comme feigneur des terres & des provinces qu'il possedoit dans l'empire. Henri de Mecklembourg, s'excufa fur ce que les ambassadeurs avoient fouferit au décret de la diéte d'Ausbourg, promettant toutefois de ne rien faire qui put leur porter préjudice. Berain prince de Pomeranie, répondit qu'il ne manquoit pas de bonne volonté; mais que fon frere aîné aïant toute l'autorité dans fes éta:s, il avoit par là les mains liées. Ceux

de

de Lubeck y confentoient, mais ils vouloient AN.1531. en même-tems qu'on eût égard aux grandes dépenfes qu'ils avoient faites pour foutenir la guerre, & demandoient qu'on s'expliquât fur le fecours qu'ils pouvoient efperer des confederez, en cas que Christiern roi de Dannemark chaffé de fes états vint les attaquer. Ceux de Lunebourg confentirent de faire tout ce qui plairoit à leur prince Erneft. Enfuite on recueillit les voix pour avoir des fecours toûjours prêts dans le befoin, pour les contributions, pour avoir des troupes qui fuflent toûjours fur pied, pour le choix des chefs, & des officiers generaux, & touchant la maniere de recevoir ceux qui voudroient entrer dans la ligue, & de les proteger contre l'empereur, s'il leur fufcitoit quelque mauvaise affaire pour cela.

CI.

peut faire

la

guerre

Avant que d'en venir là, on avoit confulté Luther dé-non-feulement les jurifconfultes, mais encore cide qu'ou les théologiens, fi l'on pouvoit entreprendre cette guerre. Luther avoit fouvent prêché, & fon fouve- même publié dans un de fes traitez composé rain. en Allemand, qu'il n'étoit pas permis de refiSleidan. fter aux princes & aux magiftrats, beaucoup lo o fupra cit lib. 8. moins de prendre les armes contre fon fouverain, fous quelque prétexte que ce pût être; la Spond. in conjoncture prefente l'embarraffoit affez, ne annal. hoc voulant pas décider pour l'affirmative; mais Boffnet hift. on le tira d'embarras, en lui difant que les des variat. jurifconfultes penfoient qu'il y avoit des loix, liv.4.t. 1. qui permettoient de fe défendre en certains cas

.241.

Ann. n. 2.

P. 186.

contre tout aggreffeur, & qu'on le trouvoit maintenant dans ce cas, parce qu'il s'agiffoit de la chofe du monde la plus importante pour eux, qui étoit la confervation de la vraïe doEtrine évangelique. Luther fut ravi de cet expedient, & crut qu'il pouvoit avouer fans honte, que n'étant pas jurifconfulte, il n'avoit point

[ocr errors]

fçû qu'il y eur de pareilles loix, qu'il n'avoit parlé comme il avoit fait jufqu'alors, que parce qu'il étoit dans l'ignorance; mais que comme

avoit toûjours prêché, que l'évangile n'aboliffoit pas le droit civil & les loix politiques, il ne doutoit point qu'on ne pût fe défendre par les armes, contre tous ceux qui voudroient s'opposer à la doctrine, que les Proteftans faifoient profeffion de fuivre.

AN.15 31.

tieux com

Cochlans

in actis &

Dans le même-tems, il compofa plufieurs CII. ouvrages féditieux, entr'autres deux, dont l'un Livres fédiétoit intitulé, glofe fur le prétendu édit im- pofez par perial; l'autre fous ce titre : avertiffement aux Luther. Allemands fes amis; dans l'un & l'autre il fe déchaîne non-feulement contre le pape & les évêques, mais encore contre l'empereur, & hoc ann. fcript. Luth contre tous les princes Catholiques, qu'il ap- p. 217. pelle des traîtres, des fcelerats & des men- 226. teurs. Il y traite l'édit d'Ausbourg, d'édit forgé, qui n'a aucune réalité. Il rapporte la vaine prédiction que Jean Hus fit de lui, lorfqu'on le brûloit. Un catholique laïque aïant écrit contre lui, pour fe tenir en garde contre l'efprit turbulent de cet herefiarque, il répondit auflitôt avec un efprit furieux digne de lui, & remplit fon ouvrage d'une infinité de calomnies à fon ordinaire fous le titre contre l'affaffin de Drefde, tirant gloire & vanité des injures, & des abominations qu'il répandoit contre ceux qu'il appelloit papiftes. Cochlée répondit à tous ces ouvrages, & prit la défense de l'empereur & des princes Catholiques.

Pendant que les Proteftans étoient à Smalkal- CIII. de, ils reçurent des lettres de l'empereur, par des princes Réponse lefquelles il leur mandoit, que les Turcs aïant Proteftans réfolu d'attaquer l'Allemagne avec une nom- àl'empebreuse armée, ils euffent à accorder un prompt reur, qui fecours fans délai, & fans apporter aucune mande du

lear de

ex- fecours.

AN.15 31.

in comm.

lib. 8. p.

242.

excufe. Les Proteftans ne differerent pas de réSleidan, pondre à fa majefté imperiale, mais d'une ma niere qui ne la fatisfit pas. Ils lui dirent qu'à l'exemple de leurs ancêtres, ils étoient tous prêts à donner des marques de leur zele pour la défenfe de l'empire; mais que fa majesté imperiale n'ignoroit pas les difcours, que l'éleEteur avoit tenu à Ausbourg, quoiqu'il fe für dans la fuite un peu plus moderé, qu'elle fçavoit ce qui avoit été ordonné dans cette diéte, touchant la chambre imperiale; qu'alors ils la, fupplierent de vouloir bien interdire de fa a propre autorité, toute action & pourfuite en cette chambre, fous prétexte de religion; qu'aïant été refufez, ils prefenterent de nouvelles requêtes par leurs lettres, ou par leurs ambaffadeurs, fans avoir reçû d'autres réponses, finon que Frederic Palatin avoit dit à leurs députez, qu'il étoit inutile qu'ils attendiffent plus longtems, parce que l'empereur leur répondroit quand il le jugeroit à propos; ce qui les furprit fort, fans toutefois perdre l'efperance d'être écoutez. Qu'aujourd'hui qu'on leur demande du fecours fans leur accorder la paix, il est facile de juger quel préjudice ils fe procureroient de fe défaire de leurs troupes, à la veille de voir leurs biens confifquez, & d'être mis au ban de l'empire, s'il eft permis à la chambre imperiale de proceder contre eux pour fait de religion. C'eft pourquoi ils fupplient fa majefté d'en ordonner autrement, & d'interdire à cette chambre toute action jufqu'à la tenuë du concile; qu'alors ils n'épargneront rien, pour témoigner leur zele & leur attachement invio. lable à l'empereur, non-feulement dans la guerre contre les Turcs, mais dans toute autre affaire qui concernera l'interêt de l'empire; mais leurs raifons ne furent pas écoutées, & les princes

Pro

« AnteriorContinuar »