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Proteftans affignerent une affemblée à Francfort pour le quatriéme du mois de Juin.

AN.15 31.

Dans cet intervalle ils reçurent une lettre du CIV. roi d'Angleterre, dattée du troifiéme de Mai, Lettre du dans laquelle ce prince leur marquoit le plaifir roi d'Anqu'il avoit eu d'apprendre leurs intentions, &gleterre aux princes le deffein qu'ils avoient de conferver la reli- Proteftans. gion dans fa pureté, de travailler à une paix Sleidan in inviolable, de remedier aux maux de l'églife, comm, lib, de corriger les erreurs que l'ignorance ou la 3.p. 245. malice des hommes avoient introduites, & qu'il étoit charmé de voir toutes ces difpofitions dans leurs lettres. Qu'il étoit vrai qu'on avoit répan du fur leur compte quelques bruits, qui ne leur étoient pas avantageux, & qu'on les accufoit d'accorder leur protection à des furieux & des infenfez, qui n'aimoient que le trouble & la divifion, mais qu'il n'a ajoûté aucune foi à ces bruits, tant parce que la charité chrétienne ne lui permettoit pas d'avoir de telles penfées, que parce qu'il ne pouvoit fe perfuader, que des princes fi fages, & d'une fi haute naiffance fuffent capables d'une pareille conduite. Et quoiqu'il n'eut voulu rien croire de tous ces rap, ports, avant que d'en être parfaitement inftruit, il reçoit avec joïe leur juftification, d'au tant plus qu'il a toujours penfé comme eux, fur le befoin de reformer les erreurs, & de corriger les vices. Ceux-là donc font vraiment dignes de louanges, ajoûte-t-il, qui s'appliquent à guerir fans trouble & fans irriter le mal, les défordres qui naiffent dans un état ; & je ne doute point, dit ce prince, que vous ne tendiez à cette fin. Il faut toutefois fe tenir en garde contre un certain genre d'hommes turbu lens, qui n'aiment que les nouveautez, qui veulent introduire l'égalité dans les états, & qui infpirent du mépris pour les magiftrats,"

J'en

AN.1531.

CV.

terre au

près d'Henri

du

J'en ai trouvé de femblables dans mon roïau me, & je fçai qu'ils font venus d'Allemagne. Il finit en difant, qu'il fouhaitoit de tout fon cœur qu'on aflemblât au plûtôt le concile, & qu'il prioit Dieu d'animer le cœur des princes pour le procurer. Qu'au refte penfant de leur fagefle & de leur prudence auffi avantageufe ment, il fera pour eux tout ce qui fera en fon pouvoir, & emploïera fa médiation auprès de l'empereur, pour l'engager à les fatisfaire.

Mais toute cette négociation ne fe termina Du Bellay qu'à des complimens, parce qu'Henri VIII. eft envoie avoit la penfée de faire une alliance plus étroite en Angle- avec François I. Du Bellay feigneur de Langey étant revenu d'Allemagne, où il avoit conclu le traité avec les princes Proteftans, de la part VIII. du roi de France; on le chargea aufsi-tôt de Mem. de repaffer promptement en Angleterre auprès Bellay l 4. d'Henri, pour y faire un nouveau traité; du Bellay n'eut pas de peine à réuffir. Le traité fut CVI. à peine propofé, qu'il fut figné avec Henri à tre les rois Londres le vingt-troifiéme de Juin: il ne conde France tenoit que deux articles, dont le premier por& d'Angle-toit, qu'en cas que l'empereur fit faifir les effets terre. des marchands Anglois dans les Païs-bas, le publ. Angl. roi de France feroit la même chofe à l'égard *.14.p.435. des fujets de l'empereur, les Allemands exce

Traité en

Rimer. aft.

ptez; encore y avoit-il tant de restrictions de la part de François I. qu'il paroiffoit bien que cet article n'étoit qu'un pur prétexte pour faire un traité. Le fecond portoit, que fi le roi d'Angleterre étoit attaqué par l'empereur, François I. lui envoïcroit un fecours de cinq cens lances avec douze vaiffeaux équipez, & trois mille hommes de guerre ; & que fi le roi de France étoit attaqué, Henri lui envoieroit un pareil nombre de vaiffeaux avec fix mille hommes le païement de ces fecours fe feroit aux

& que

frais de celui qui en auroit befoin. Le public raisonna differemment fur ce traité : quelques- AN 15 31. uns difoient que les deux rois étoient convenus d'entrer dans la ligue de Smalkalde, ou du moins de fecourir puiffamment les Proteftans d'Allemagne. D'autres s'imaginoient, que comme les Turcs menaçoient l'Autriche, & que l'empereur feroit infailliblement obligé de mener fes forces en ce païs-là, François attaqueroit dans le même-tems le duché de Milan, & que Henri porteroit la guerre dans le Païs-bas. Tous ces bruits, quoiqu'incertains, ne laiffoient pas d'inquieter beaucoup l'empereur, parce qu'ils étoient fondez fur des conjectures affez vraifemblables.

CVII.

au roi de

C'est ce qui le détermina fans doute à faire L'empequelques démarches auprès de François I. quoi- reur fait des qu'il s'efforçât par toutes fortes de moïens de demandes le rendre fufpect & odieux au pape, de même de fecours qu'aux autres princes: Il ne laiffa pas de lui France. envoïer des ambaffadeurs, dont le chef étoit Mem. da le marquis de Balançon, pour lui reprefenter Bellay 1.4. que l'Allemagne étant menacée d'une irruption des Turcs, qui avoient déja donné une furieuse attaque à l'Autriche, & qui en aïant été repouf fez, fe préparoient à effacer la honte de leur déroute; que non-feulement toute l'Allemagne, mais l'Europe entiere, & toute la Chrétienté étant intereffée à éloigner les infidéles, fa majefté imperiale le prioit de vouloir bien contribuer à une fi fainte expedition, en lui envoïant une certaine fomme d'argent, & lui prêtant une partie de fa cavalerie & fes galeres.

CVIII.

Le roi de France repartit qu'il n'étoit pas ban- Réponse quier pour prêter de l'argent; qu'il n'y avoit affez vive aucune apparence qu'un fi puiffant monarque du roi de qui poffedoit tant de riches roïaumes, & qui France à tiroit tant d'or des Indes, demandât ferieufe- deur de

l'ambaffa

ment Charles.

ment de l'argent à un roi voifin qu'il venoit AN.1531. de rançonner jufqu'à exiger de lui deux millions d'or, qui avoient épuifé les finances de fon roïaume; que quant à fa cavalerie & à fes galeres, il en avoit befoin pour défendre les côtes & les païs de Provence & du Languedoc, qui n'étoient pas moins menacez du Turc que l'Autriche; & qu'il valoit mieux y emploïer La cavalerie, que de l'obliger à un chemin qui la ruineroit avant qu'elle pût approcher de l'ennemi: Qu'enfin il s'offroit d'aller lui-même défendre l'Italie des irruptions du Turc à la tête de cinquante mille hommes, outre le fecours que lui fourniroit le roi d'Angleterre fon bon ami & fidéle allié, tandis que l'empereur de fon côté feroit tête aux infidéles.

CIX.

Zele de François

pour le rétabliffe

ment des

tres.

François I. cependant joüiffoit dans son roïaume des douceurs de la paix, & emploïoit cette tranquillité à cultiver les belles lettres & à proteger les fçavans: auffi fut-il appellé à jufte titre le reftaurateur des lettres en France. Le belles let roi Louis XII. avoit pris foin de le faire élever dans le college de Navarre ; & quoiqu'il n'y eût pris qu'une affez mediocre teinture des belles lettres, & de la langue latine, il ne laiffoit pas toûjours d'avoir près de lui des hommes doctes qui l'entretenoient. Il aimoit qu'on lui parlât de l'hiftoire naturelle, dont il avoit acquis une connoiffance affez étendue, pour en avoir oui feulement raifonner, enforte qu'il remarquoit fort à propos tout ce que les auteurs anciens & modernes avoient écrit des animaux, des plantes, des métaux & des pierres prétieules. Il s'étoit fervi pour cela de Jacques Cholin, puis de Pierre Duchatel qu'il fit évêque de Mâcon, & maître de la bibliotheque qu'il fit faire à Fontainebleau avec beaucoup de dépense il avoit enyoïé en Italie, dans la

Grece

Grece & en Afie pour y chercher des manuf crits, ou pour y copier ceux qu'on ne pourroit AN.1531. pas avoir. Il donna auffi commencement à une imprimerie roïale établie dans l'univerfité de Paris, un college celebre de profeffeurs en toutes fortes de fciences. Ce fut par le confeil de Budé qu'il fit cet établiffement qu'on appelle le college roial, pour y faire enfeigner les langues, la philofophie, la médecine & les mathematigues.t

CX.

Il fonde

le college

roïal à Pa

France t. 5.

Les profeffeurs qui furent choifis pour enfeigner le grec & l'hebreu, furent le fçavant François Vatable ou Watebled, né à Gamache en Picardie à quelques lieues d'Abbeville, & Pierre ris. Danez depuis évêque de Lavaur. Le premier Le P. Daavoit une fi grande connoiffance de la langue niel hift. de hebraïque , que les Juifs mêmes affiftoient.629. fouvent à fes leçons publiques. Le grec ne lui Spond. in étoit pas moins familier, & ce fut par le fe- annal, ad cours de ces deux langues qu'il expliqua l'écri- ann. 1531. ture fainte avec une profonde érudition. Pierre Danez étoit Parifien, avoit eu pour maître Budé & Jean Lafcaris. Le deffein de François I. étoit d'augmenter le nombre des profeffeurs roïaux, & de fonder un college vis-à-vis du Louvre pour y élever fix cens jeunes hommes dans les fciences & dans la pieté; mais les dépenfes que cette fondation exigeoit, en arrêterent l'exe cution fur les remontrances du chancelier du Prat.

Ce prince perdit dans cette même année Louife de Savoie fa mere, qui mourut à Gretz en Gatinois le vingt-deuxième de Septembre: elle étoit née au Pont d'Inn en 1477.

n.4.

cxI. Mort de Louife de

Savoie me re de Fran

Le quatrième de Juin precédent les princes çois I.
Proteftans s'étoient rendus à l'affemblée de Franc- Guickenon
fort, qu'ils avoient indiquée pour ce jour là. hift.de Sa
Les députez des villes s'y trouverent auffi, &
L

Tom. XXVII.

on

voie.

IL

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