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que quand les Zuingliens difent qu'ils y font AN. 1531 reçûs par la foi, c'étoit le vrai corps qu'on y recevoit, parce que JESUS-CHRIST n'en avoit pas deux. Et quand on en fut venu à dire, qu'on recevoit par la foi le vrai corps de JESUS-CHRIST, on ajoûta qu'on en recevoit la propre fubftance. Le recevoir fans qu'il fut prefent, n'étoit chofe imaginable: voilà donc, difoit Bucer, JESUS-CHRIST fubftantiellement prefent; il n'étoit plus befoin de parler de la foi, & il y fuffifoit de la fous-entendre. Ainfi Bucer avoua dans l'euchariftie abfolument & fans reftriction, la prefence réelle, & fubftantielle du corps & du fang de nôtre Seigneur, encore qu'ils demeuraffent uniquement dans le ciel ce qu'il adoucit néanmoins dans la fuite; de forte que fans rien admettre de nouveau, il changea tout fon langage, & à force de parler comme Luther, il fe mit à dire, qu'on ne s'étoit jamais entendu, & que cette longue difpute, dans laquelle on s'étoit fi fort échauffé, n'étoit qu'une difpute de mots. Il eut parlé plus jufte, en difant qu'on ne s'accordoit que dans les mots, puifqu'enfin cette fubftance qu'on difoit prefente, étoit aufli éloignée de Peuchariftie, que le ciel P'étoit de la terre & n'étoit non plus reçue par les fidéles que la fub. ftance du foleil eft reçûe dans l'oil.

CXXIV.

On recon

C'est ce que difoient Luther & Melanchton. Le premier appelloit les Sacramentaires une fanoît que ction à deux langues, à caufe de leurs équi l'accord. voques, & difoit qu'ils faifoient un jeu diaboliqu'il pro que des paroles de nôtre Seigneur.,, La prefence Bucer admet, difoit le dernier, n'eft qu'une prefence en paroles, & une prefence de vertu. Or c'eft la prefence du corps & du

pole n'eft que dans

les mots. Luther.

epift. ad

دو

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que

fenat. Fran. » fang, & non celle de leur vertu, que nous cofurt, apud demandons. Si ce corps de JESUS-CHRIST

Hofpin.

n'eft

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fe troune

AN.1531.

ann. 1533.

n'eft dans le ciel, & n'est point avec le que », pain, ni dans le pain; fi enfin elle » ve dans l'euchariftie que par la contemplation p. 128. de la foi, ce n'eft qu'une presence imagi- Melancht. naire. Bucer & les fiens fe fâchoient ici de ce epift. apud

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"

1530.P.

qu'on appelloit imaginaire, ce qui fe faifoit par Hofpin.
la foi, comme fi la foi n'eut été qu'une pure ima-110.
gination. N'eft-ce pas affez, difoit Bucer, que
[ESUS-CHRIST foit prefent au pur efprit, & à
l'ame élevée en haut. La difpute alla beaucoup
plús loin, & fut toûjours fondée fur des chi-
canes, & des équivoques de la part de Bucer,
fur les mots de prefence fpirituelle, de facre-
ment, de myftere. Gregoire Pontanus grand
chancelier de Saxe, propofa aux Lutheriens une
conference qu'ils ne voulurent pas accepter: on
ignore la veritable caufe qui les porta à perfifter
dans leur refus, & il y a beaucoup d'apparen-
ce que
celle qu'en rendit Melanchton au nom
de fes collegues, n'étoit qu'un prétexte, lorf
qu'il difoit qu'on ne manqueroit pas d'irriter
les peuples très-faciles à fe fcandalifer au moin-
dre bruit d'un accommodement ayec les Sacra-
mentaires. Les Lutheriens offrirent néanmoins
d'entrer en négociation par écrit, & les Zuin-
gliens le refuferent à leur tour, fur ce qu'il ne
s'agiffoit que d'une pure explication, pour la
quelle on n'avoit befoin d'aucune écriture,

Ce fut dans cette année 1531. que Michel cxxv. Servet fit imprimer fes livres contre la Trinité. LivresconCe celebre herefiarque étoit né à Tarragone en tre la Trinité par Efpagne. Après avoir commencé par le renver- Michel Jerfement de l'autorité de l'églife, & par nier la vet. prefence réelle de JESUS-CHRIST dans le Sander. facrement de l'euchariftie, il donna dans les heref. 227. erreurs d'Acius, & des autres qui ont dogina- blot. des tifé fur la Trinité. Prenant de chacun ce qui Antitrinilui plaifoit, il ne vouloit reconnoître en Dicutaires.p. 3.

qu'une

Sandius bi

AN.IS 31.

qu'une perfonne, & blafphêmoit contre le nombre de trois que la foi reconnoît. Il profeffa long-tems la medecine à Paris, & fit enfuite un voïage en Afrique, pour avoir une plus parfaite connoiffance de l'Alcoran. A son retour il s'arrêta long-tems en France, & en Allemagne, publiant par tout fes erreurs, foutenant celles des Anabaptiftes, enfeignant coinme eux que le baptême des enfans étoit uniquement fondé fur l'autorité particuliere des papes, & rejettant entierement tout magiftrat. Quant à l'euchariftie, il difoit avec les Sacramentaires, qu'elle n'étoit qu'un figne feulement. Son impieté parut encore davantage contre la Trinité: il foutenoit que ce n'étoit qu'une vraïe fiction, un monftre, ou un cerbere à trois têtes; que le Pere feul étoit Dieu à l'exclufion du Fils & du Saint-Efprit; que Dieu, dans fa substance contenoit des parties, qui l'accompagnoient par tout où elle eft, enforte que Dieu eft pierre dans une pierre, arbre dans un arbre. Il enfeignoit que le Fils de Dieu n'étoit point la feconde Perfonne de la Trinité, mais l'homme Chrift, & que cette perfonne avoit été faite avec l'hom me; que le Saint-Efprit n'étoit point fimplement Dieu, mais quelque chofe de l'effence de Dieu, & un petit vent feulement, qui n'avoit commencé qu'à la création du monde; que Dieu n'avoit jamais été adoré durant la loi, mais feulement les Anges qui le reprefentoient; qu'ils avoient été dès le commencement, mais qu'ils avoient eu befoin d'être renouvellez, lorfque leur chef fut fait Chrift: que l'efprit & Pame de l'homme étoient la fubftance de Dieu; que ceux qui étoient regenerez recevoient une autre ame, différente de celle qu'ils avoient auparavant, qui contenoit la divinité; que perfonner n'étoit damné pour le peché originel, parce

que

que le ferpent s'étant feulement emparé du corps, l'ame eft demeurée libre, & ne peut pecher avant qu'on ait atteint l'âge de vingt ans; que les hommes pouvoient être juftifiez & fauvez fans la connoiffance du Chrift; qu'enfin les Turcs pouvoient obtenir l'effet des promeffes de JESUS-CHRIST, par leurs prieres qui font bonnes.

AN.1531.

bus libri

alids Re

ves ab Ar

rum de

Pour répandre cette doctrine plus facilement, Servet fit imprimer deux ouvrages, dans lefquels il renferma fes erreurs. Le premier parut De Trinien 1531. fous ce titre, des erreurs de la Trini-tatus errorité en fept livres, par Michel Servet, autrement Re-feptem, per ves Espagnol d'Arragon. Le lieu de l'édition n'eft Michaelem point marqué. Il y a de plus dans ce même Servet, volume, qui eft imprimé en caracteres italiques, d'autres traitez ainfi intitulez. Deux livres de ragonia Hif dialogues, touchant la Trinité, quatre chapitres panum. touchant la justice du regne du Chrift, par Mi Dialogochel Servet, autrement Reves Espagnol d'Arragon Trinitate Pan 1532. Dans l'avertiffement qu'il a mis à la lib. duo, tête de fes dialogues, il retracte ce qu'il a écrit de juftitia dans fes fept livres de la Trinité, non qu'il eut regni Chrichangé pour cela de fentiment, puifqu'il lei, capitula quatuor, per confirme de nouveau dans fes dialogues, mais Michaëlem parce qu'ils étoient mal écrits & qu'il s'y étoit Servet, expliqué d'une maniere barbare. Dans les deux dialogues fur la Trinité, qui font fort courts,nia Hifpa il introduit deux perfonnages, dont l'un prend num. anno le nom de Michel, & l'autre celui de Perrucius. 1532. L'autre ouvrage qui eft intitulé, de la justice du regne du Chrift, rapportée à la justice de la loi

de la charité, contient quatre chapitres, dont le premier eft de la juftification; le fecond, du regne du CHRIST; le troifiéme, comparaifon de la loi & de l'évangile; le quatrième, de la charité.

Un certain Jean Campanus, Allemand originaire

aliàs Reves

ab Arrago

Cochleus

ad ann.

ad ann.

1532 n.80. 81.

AN.1531. ginaire du duché de Juliers, qui avoit été difCXXVI. ciple de Luther durant deux ans à Wittemberg Erreurs de enfeigna dans cette année à peu près les mêmes Jean Cam-erreurs que Servet. Cochlée dit, qu'il condampanus. noit le mot homooufion, c'cft-à-dire, confubftantiel, & que toutes les erreurs avoient été 1532.pag. puifées dans la doctrine de Luther. Cependant 235. il s'écarta des opinions de fon maître, princiRaynaldo palement fur la céne, en quoi il differoit même des Sacramentaires. Il difoit encore, que le Fils & le Saint-Efprit n'étoient pas deux perfonnes differentes du Pere, Celui qui le refuta plus vivement, fut Georges Wicelius affez bon théologien de ce tems-là, il étoit né à Fulde en 1501. & avoit fait d'abord profeffion de la vie monaftique; mais il y renonça bien-tôt après, & quitta même la religion catholique pour fe faire Lutherien. En 15 2 1. il alla étudier en theologie à Wittemberg, & étant devenu enfuite chef des rebelles en Thuringe, il fut pris & condamné à la mort, mais on lui fit grace la follicitation de Pontanus chancelier de Saxe. CXXVII. Luther qui l'aimoit, l'établit peu de tems après Retour de miniftre dans un village nommé Nimoc proche Wicelius de Wittemberg, mais dans cette année 15316 de l'églife 'il paroît qu'il renonça à la doctrine Lutheriencatholique, ne, & qu'il rentra dans le fein de l'église CaIn fafcicu- tholique. Luther l'aïant appris devint fon ennele rerum mi & le fit mettre en prifon par ordre de l'éleexpetend. 1.1.Leidin. teur de Saxe Frederic, & par le confeil de

dans le fein

1690.

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Melanchton, parce qu'il combattoit, difoient ils, la divinité de JESUS CHRIST, Wicelius fouffrit patiémment la perfecution que lui faifoit Luther, mais la providence l'aïant délivré de fes mains peu de tems après, il confentit volontiers à fe voir banni des états de P'électeur, & il fe resira à Lipfic, où le due George le prit fous fa protection,ia pu

Ce

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