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étoient permis à un fouverain pontife. Cette conduite le rendit odieux, & l'on voulut lui ANS 3. faire rendre compte de fon miniftere fous le pontificat d'Adrien VI. mais le cardinal Medicis détourna ce coup. par fon credit, & étant devenu pape fous le nom de Clement VII. il réta blit Pucci dans fon ancienne autorité : ce cardinal mourut âgé de foixante & treize ans.

XIV. Henri VIH.

divorce.

VIII.

Depuis que le roi Henri VIII. avoit pris la réfolution de faire juger l'affaire de fon divorce convoque par fon parlement & le clergé de fon roïau-fon parleme, le premier avoit été plufieurs fois convo- ment fur qué, & la convocation prorogée fans ofer l'affaire du prendre de parti. Enfin il fe raffembla le feizié- Milord Herme de Janvier de cette année avec deffein de bort. hift. de ftatuer quelque chofe fur cette affaire. L'ouver-vit. & res ture s'en fit par un difcours du chancelier, dansgno Henrici lequel il expofa le defir que le roi avoit de Burnet hift. faire diffoudre fon mariage, uniquement pour de la reform. la tranquillité de fa confcience, & pour le bien t. 1.4.2. de fon état, ne voulant pas laiffer la fuccef-P. 160. fion de fon roïaume en danger d'être difputée. Le roi pour avancer l'affaire, prefenta à la chambre haute tout ce qu'on avoit écrit fur cette matiere, & n'oublia pas les décifions des univerfitez de France, d'Italie, d'Angleterre, & le tout fut laiffé fut le bureau pour être examiné il n'y eut rien de décidé fur cela dans cette premiere féance, parce que l'on s'y occupa davantage des moins de faire de la peine au clergé en l'enveloppant dans le procès commencé contre le cardinal Wolfey, que le procureur general avoit accufé d'avoir exercé en Angleterre le pouvoir de légat du pape fans une permillion fpeciale du roi, & d'avoir en cette qualité difpofé de plufieurs benefices, contre la loi pramunire facies.

Cette loi ainfi nommée, parce qu'elle com-
mençoit

AN.IS 31.

tion du ftatut Pramunire.

mençoit par ces mots, avoit été faite fous le XV. regne de Richard II. qui avoit fuccedé à fon Explica- aïeul Edouard III. en 1377. Elle défendoit aux Anglois d'obtenir en cour de Rome des fentences d'excommunication, des bulles, ou d'autres expeditions contraires aux droits du roïaume, fur peine de confifcation de biens & de prifon. On prétend qu'Edouard III. & Richard II. fon petit-fils avoient établi cette loi, pour empêcher l'abus que les papes faifoient de leur pouvoir, en difpofant prefque toûjours des évêchez en faveur des cardinaux, qui ne refidoient jamais, & tiroient de très-grandes fommes d'Angleterre. Plufieurs papes avoient tenté inutilement de la faire revoquer; elle fut plufieurs fois confirmée, mais néanmoins elle n'avoit point eu d'execution jusqu'au tems du divorce. Les papes avoient toûjours continué d'envoïer en Angleterre des légats, d'y exercer les mêmes pouvoirs, & de donner des bulles, des fentences & d'autres expeditions comme auparavant.

XVI. Le clergé Le cardinal Wolfey aïant été accufé d'avoir d'Angle contrevenu à cette loi pramunire, on fit tomterre accufé ber également cette accufation fur ceux qui d'avoir vio- avoient eu recours à lui, ou qui avoient relé ce ftatut. connu fon autorité. Par là tous les membres du clergé fe trouverent coupables & criminels. En vain l'on reprefenta que Wolfey aïant une fi grande autorité, il y auroit eu trop de danger à ne lui pas obéir, & que d'ailleurs il avoit obtenu des lettres patentes du roi, pour exercer fa commiffion; on ne reçut point cette exeufe, ces lettres ne paroiffoient plus, & il n'y avoit point d'autre parti à prendre que de fe foumettre. Le roi fe propofoit en cela deux fins, la premiere de tirer beaucoup d'argent de fon clergé ; la feconde de l'humilier & de di

minuer par là le crédit qu'il avoit parmi le peuple. Ce prince n'ignoroit pas que les eccle- AN.5 31. fiaftiques étoient les plus oppofez à fon divorce; il vouloit les mettre hors d'état de lui nuire, en les opprimant & les obligeant d'avoir recours à fa protection, & par ce moïen montrer moins d'ardeur pour la cour de Rome; ce qui lui réüffit comme il avoit efperé.

XVII.

de Cantor

beri s'af

ling.

Le clergé voïant qu'on ne recevoit point fes excufes, quelque legitimes qu'elles paruffent, Le clergé qu'on le condamnoit comme coupable, qu'il étoit déchû de la protection du roi, & que femble & les laïcs, loin de le foutenir, l'abandonnoient offre au roi & devenoient fes ennemis, il crut qu'il lui étoit cent mille plus avantageux de le foumettre que de refifter, livres fterLe clergé de la province de Cantorbery s'affembla pour déliberer fur ce qui étoit à faire dans cette occafion. L'affemblée fut affez nombreuse. On y vit neuf évêques, cinquante-deux abbez & la plus grande partie des députez, qui compofoient la chambre baffe. La neceffité preffante, où ils fe trouvoient, fit qu'ils ne balancerent pas long-tems à conclure qu'ils devoient offrir Milord quelque fomme confiderable au roi, pour ce Herbert ut qu'il pouvoit prétendre des ecclefiaftiques, à fuprà. Burnet P. caufe des infractions, qu'on les acculoit d'a- 168. voir faites aux ordonnances, & l'on convint Le Grand d'offrir cent mille livres fterling. On chargea hift.du diplufieurs membres de l'affemblée d'en dreffer voriet. 1. p. un acte en forme de lettres patentes, par le. 213 Alt.publ. quel on accordoit cette fomme au roi mais Angl.t. 14. comme ceux qui le drefferent, étoient d'intel-p. 413. ligence avec la cour, ils y donnerent au roi

un titre qui fut le fujet de bien des contefta

tions :

ce titre, étoit celui de chef fouverain de l'églife des ecclefiaftiques d'Angleterre. Une prérogative fi nouvelle & fi inufitée reyolta le plus grand nombre des députez, qui

pré

de fon

prétendirent qu'on avoit voulu les forprendre AN.15 316 en inferant ces paroles dans le corps d'un XVIII. On accorde acte, où il ne s'agiffoit que de donner de l'arà Henri le gent au roi, & la plupart concluoient à les titre de chefeffacer. D'autres prétendoient qu'on ne pouvoit fouverain cffacer des églifes ces mots par une déliberation en forme, fans offenfer fa majefté ce qui caufa de fi roïaume. grandes conteftations que l'affemblée fe fépara, en remettant la décision au lendemain. Ce jourlà Thomas Cromwel accompagné de quelques feigneurs du confeil, s'étant rendu à l'affemblée, y fit entendre que le titre qu'on donnoit au roi, lui étoit très-agréable, & que fans cela, il refuferoit abfolument leurs offres. Ce qui mit tous ceux qui compofoient cette affemblée dans un fi grand embarras, qu'aucun ne put répondre un feul mot. Warham archevê, que de Cantorbery, aïant déclaré qu'un filence univerfel feroit pris pour un confentement, les députez crierent, nous nous taifons tous, & après cette déclaration l'acte pafla comme il avoit été dreffé. Quelques-uns feulement propoferent qu'on y ajoûtât cette reftriction, autant que la loi de Dieu le peut permettre, mais on n'admit pas leur reftriction. L'acte fut donc prefenté au ror, tel qu'il avoit été dreffé le vingt-deuxième de Mars, & Henri témoigna en être autant fatisfait que du prefent qui P'accompagnoit.

XIX.

donne au roi d'An

Le clergé d'Yorck s'étant auffi affemblé dans Le clergé le même-tems, réfolut de même de donner au d'Yorck roi la fomme de dix-huit mille huit cent quarante livres fterling; mais comme dans l'acte qui fut dreffé de cette donation, on n'avoit point parlé de la qualité de chef fuprême de P'églife Anglicane, on lui fit entendre que fon prefent ne feroit point accepté, s'il ne donnoit au roi le même titre que le clergé de

gleterre le même ti

tre.

Can

XX.

Les com

munes veu

lent qu'on

comprenne

Cantorberi. Il y eut quelques conteftations làdeffus, qui fe terminerent enfin à accorder le AN15 31. même titre dans l'acte. C'eft de cette maniere que Henri extorqua du clergé d'Angleterre, la qualité de chef fuprême de l'églife de fon roïaume, pour lui accorder un pardon auffi imagi naire, que la faute pour laquelle on l'accordoit. Comme plufieurs députez de la chambre des communes fe trouvoient enveloppez dans la même prétendue faute que le clergé, & qu'ils pourroient être pourfuivis, ils refuferent de paffer l'acte, à moins que les laïques qui pouvoient les laïques être coupables de même, ne fuffent compris dans le pardans le pardon, & en frrent porter leurs plaintes au roi. Henri choqué de cette oppofition, fit réponse qu'étant maître de fes graces, il pouvoit les accorder ou les refufer, felon qu'il le jugeoit à propos. Cette fermeté fit peur à la chambre, qui pour ne pas s'attirer la colere du roi, paffa l'acte, remettant à fa clemence ce qui regardoit les laïques, & le roi content de cette foumiffion leur accorda une ammiftie femblable à celle du clergé.

don.

XXI.

Quand le pape eut appris ce qu'on venoit de faire en Angleterre, il fe trouva fort embarraffé. Il voïoit Henri continuer à prendre des mefu res qui, felon les apparences, devoient avoir de fâcheufes fuites, & il avoit raison de craindre que ce Prince n'allât plus loin, & ne fit juger fon affaire en Angleterre, en fe feparant de Péglife Romaine. Effraïé de ce parti, il fit Bref du expedier un bref, par lequel il défendoit à l'ar-pape fur l'affaire du chevêque de Cantorberi, à tous prelats, & à tous juges de connoître de l'affaire du divorce ou de la juger. Ce bref fut affiché dans plufeurs villes de Flandres, mais on en fit fi peu de cas en Angleterre, qu'avant que le parlement fe feparat, Thomas Morus, l'évêque de

Lon

divorce.

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