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Londres, & quelques autres feigneurs allerent à AN.1534 la chambre des communes, & y prefenterent les conclufions des univerfitez, avec plufieurs autres écrits qui avoient été composez en faveur du roi. Cependant le cardinal de Grammont qui étoit alors auprès du pape, emploïoit tous fes foins pour adoucir fa fainteté qui ne vou loit plus traiter avec les ambaffadeurs d'Angleterre, & quelque-tems après on mit l'affaire en négotiation, & l'on engagea Henri à envoïer à Rome un excufateur que le pape pro mit de recevoir.

XXII.
Le roi

terre tente

de faire

divorce.

Mais ce prince prevoïant avec raison que tant que la reine Catherine ne confentiroit d'Angle- point à la diffolution de fon mariage, il ne pourroit le faire caffer, ni époufer enfuite confentir Anne de Boulen; il fit de nouvelles demanla reine au des pour engager cette princeffe à donner fon confentement au divorce, pour éviter les inconveniens qui pourroient naître de fon obfti nation. Pour cet effet il lui envoïa des évêques & des feigneurs laïques, qui la prefferent fortement ou de confentir au divorce, ou de remettre le jugement de fon affaire à quatre feigneurs ecclefiaftiques, & à quatre feculiers. Toute la réponse qu'ils eurent de la reine, fut qu'elle prioit Dieu de rendre la tranquillité au roi fon mari, mais qu'elle étoit fa femme legitime, & qu'il n'y avoit qu'une fentence du pape qui la pût empêcher d'être toûjours telle. Henri peu fatisfait de la réponse de la reine, lui renvoïa d'autres feigneurs, qui après avoir inutilement emploïé les prieres & les menaces, lui fignifierent de la part du roi, qu'elle eut à fe retirer dans une des maifons roïales dont on lui laiffoit le choix, ou à Oking, ou à Titanatad, ou à l'abbaïe de Bishant; que le roi ne vouloit plus ni la voir ni recevoir de

Le s

C

fes lettres tant qu'elle feroit obftinée , parce AN.1531 qu'aïant été la femme de fon frere Arthus, XXIII. elle ne pouvoit être la fienne. A quoi la reine Le roi fe ferepliqua, qu'en quelque lieu qu'elle demeurât, pare de la elle feroit toûjours femme d'Henri. Elle fe reti- reine pour ra néanmoins le quatorziéme de Juillet 1531. toûjours.

& elle alla d'abord faire fa refidence à More, enfuite à Efthamsted; enfin à Ampthill où elle demeuta affez long-tems.

Ce qui venoit de fe paffer dans le parlement & dans les affemblées du clergé, donna du courage à ceux qui étoient prévenus en faveur du Lutheranisme, & qui auroient fouhaité le voir établi en Angleterre, comme dans la plus grande partie de l'Allemagne. La nouvelle doctrine commençant alors à avoir cours par les An. glois, elle infpiroit à tout le peuple une averfion invincible pour les ecclefiaftiques qui étoient attachez à la cour de Rome, & contribuoit beaucoup à rendre Henri plus abfolu. Cela fut caufe que les difputes fur la religion devinrent plus frequentes qu'elles ne l'avoient été jufqu'alors, & que même on les rendoit pu bliques. Mais le roi comprenant bien quelle confequence on tireroit de fes premieres dé marches, voulut faire voir, qu'en fe feparant de la communion du pape, comme il avoit deffein de le faire › s'il ne lui étoit pas favorable fon deffein n'étoit pas de porter atteinte à la religion. Ainfi pour prévenir les Catholiques en la faveur, il ordonna que les loix contre Heretiques les heretiques fuffent rigoureufement executées, brûlez en ce qui caufa la mort de trois Proteftans nom- Angletermez Bilnoy, Bayfield & Raynam; les deux re. Milord.

premiers furent brûlez cette année.

XXIV.

Herbert hift. Vers le même tems l'alliance que la ville Henric. de Geneve avoit faite avec Friborg & le Can-VIII. ton de Berne caufa la ruine de la vraïe religion

dans

XXV.

Commen

dans cette ville. Les Bernois infectez des nouAN.1531. velles erreurs communiquerent leur poifon à Geneve, & la jeuneffe imprudente & avide des nouveautez, le reçut avec joie, & le répancement de dit avec empreffement. Ce qui augmenta le l'hereffe mal, fut que les Genevois fe défiant de Chardans Ge- les III. duc de Savoye, & fe voïant de tems en Spond. bitems attaquez par la nobleffe da païs, qui de Geneve avoit fait ligue contre eux, appellerent leurs 1.1.kv. 2. allicz de Berne & de Fribourg. Ceux-ci étant

neve.

XXVI.

dans lefquels fo

trouve

l'empe

Gur.

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venus à leur fecours firent d'horribles profana-
tions fur les terres du duc de Savoye aux
environs du Lac & même à Geneve; ils ab-
batirent les croix, briferent les images, jette-
rent les reliques par terre, rompirent les ci-
boires,
& foulerent aux pieds les faintes ho-
fties. Ils firent tous les jours prêcher dans l'é-
glife cathedrale de faint Pierre, leur miniftre
Farel, Dauphinois né à Gap, qui avoit été
un des principaux auteurs du changement de
religion à Berne. Ainfi cette ville, qui depuis
plus de treize cens ans avoit reçû des évêques
de Vienne la vraie foi qu'elle avoit toûjours
confervée jufqu'alors, fe trouva divifée en deux
partis de Catholiques & de Proteftans, qui fe
firent une guerre cruelle dans l'enceinte de
leurs propres murailles.

La conduite que l'empereur tenoit avec les
Embarras Proteftans, en voulant s'accommoder avec eux,
n'étoit pas capable d'arrêter ces defordres, mais
il étoit prefque foreé de prendre ce parti, afin
de tirer d'eux quelques fecours contre les Turcs
qui le menaçoient depuis long-tems, & dont
il avoit tout à craindre. Ne penfant donc qu'à
fe faire un rempart contre leurs attaques, il
partit de Bruxelles le dernier de Novembre
& arriva à Maïence le premier jour de Février.
L'électeur le reçut avec beaucoup d'honneur,

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&

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AN.15 32.

XXVII.

part de

& de grands témoignages d'affection & de zele, & après l'avoir entretenu quelque-tems, il le fupplia humblement, & le follicita même avec ardeur d'entrer dans quelque voïe d'ac- Flandres & commodement avec les Lutheriens, qui s'étant vient à affemblez à Francfort depuis le dix-neuviéme Maïence, Decembre, proteftoient qu'ils étoient réfolus de ne rien contribuer pour la guerre contre les Turcs, fi on ne les laifloit vivre en paix, L'empereur qui voioit bien , que fans cette contribution il y avoit tout lieu de croire qu'il ne pouvoit refifter à Soliman, donna les mains à l'accommodement, & le prince Palatin étant yenu à Maïence pour lui rendre vifite, vint avec lui & Pélecteur, qu'ils deputeroient vers l'électeur de Saxe, & le landgrave de Hef

con

se, pour les engager à y entrer, & les prier

de vouloir tous deux fe rendre à Pendroit marqué par l'empereur. Enfin après plufieurs lettres envoïées de part & d'autre, on convint de s'affembler au commencement d'Avril à Schwinfurt, ville imperiale de Franconie fur le Mein, pour traiter de la paix jufqu'à la tenue du concile. L'électeur de Saxe n'aïant pû s'y rendre XXVIII, en perfonne, y envoia Jean Frederic fon fils, à Schwinqui s'y trouva avec le landgrave, le duc de furtoù l'on Lunebourg le prince d'Anhalt, & les autres traite de la deputez, & la premiere féance commença le paix. troifiéme d'Avril.

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Affemblée

Sleidan, loco

Supra cit.

L'électeur de Mayence, & le prince Palatin, s'y étant rendus avec d'autres Catholiques, propoferent les articles fuivans, par or dre de l'empereur; que pour la doctrine on s'en tiendroit à la confeffion d'Ausbourg juf Cochl, in act.& fcript. qu'au concile, fans qu'il fut permis de rien in- Luth hos nover, enforte qu'on n'auroit aucun commerce an. p. 233, avec les Zuingliens & les Anabaptistes; que fous prétexte de religion les Proteftans n'atti

reroient,

reroient, & ne protegeroient point les fujets AN.1532. des autres princes; qu'aucun de leurs miniftres ne s'ingereroit d'enfeigner hors de leur jurifdition; qu'on s'abftiendroit de toute injure; qu'on laifferoit les ecclefiaftiques dans l'ufage de leur jurifdiction, de leurs coûtumes & de leurs ceremonies; qu'on accorderoit à l'empereur du fecours pour la guerre contre le Turc; qu'on fe foumettroit aux decrets qui concernent l'état, & le gouvernement de l'empire; qu'on obéïroit à l'empereur & au roi des Romains, & qu'on renonceroit à toute alliance faite contre eux, ou quelque autre prince catholique. Qu'en agiffant ainfi, fa majesté imperiale & Ferdinand oublieroient tout le paffé. XXIX. Mais la condition qu'on impofoit aux princes Raifons Proteftans de reconnoître le roi des Romains ; ftans pour & de lui obéir arrêta les négociations; ils ne pas re- donnerent par écrit leurs raifons de refus aux connoître deux princes médiateurs, le dix-feptiéme d'Avril & concluoient que Ferdinand cût à fe défifter de fa qualité de roi des Romains; que loco cit. lib. fi l'empereur croïoit avoir befoin d'un coadju8.pag.256.teur, dans ce cas la chofe ne pouvoit fe faire & feq. que du confentement des princes électeurs, qui hift. Concil. interpreteroient la bulle de Charles IV. & qu'on feroit un édit, par lequel il feroit ordonné qu'à l'avenir, aucun ne feroit élû roi des Romains du vivant de l'empereur, que les électeurs & les fix princes de l'empire qui fe joiudroient à eux n'euffent approuvée l'élection le tout fuivant l'équité & les formalitez prefcrites.

des Prote

le roi des

Romains.

Sleidan.

Pallavic.

Trid. lib. 3. cap.2.

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Ils ajoûtoient que s'il plaifoit à l'empereur d'expliquer ainfi la bulle Caroline, l'électeur de Saxe fera tout ce qui fera de fon devoir, auffi-tôt que l'état le demandera; majs fi les médiateurs ne peuvent rien obtenir là-deffus de fa majefté imperiale, il fe foumettra à la

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