Imágenes de páginas
PDF
EPUB

7.10.

ôtées aux François, outre la principauté de Melphi & foixante mille écus d'appointemens. AN.1528. Cette désertion de Doria fauva à l'empereur la lib.6. Aug. Just. couronne de Naples. Barbefieux fut contraint Raynald. pour s'opposer à un ennemi fi redoutable fur ad hunc.an. la riviere de Genes, de s'arrêter long-tems à Savonne pour la mettre en sûreté. Il débarqua pour renforcer la garnifon de Genes cinq cens fantaflins François, & douze cens Allemans qu'il avoit ordre de mener à Lautrec, dont l'armée périffoit de jour en jour par la contagion, outre que l'argent lui manquoit depuis long-tems. Barbefieux fut encore arrêté près de trois femaines par le pape pour lui aider à recouvrer Civita-vecchia, au lieu de porter droit à Naples le prince de Navarre, frere du roi Henri de Navarre avec le renfort qu'il conduifoit. Tous ces retardemens donnerent à Philippin Doria le tems de ravitailler Naples avec fes huit galeres, & André Doria y vint lui-même conduire un convoi à la vûë de l'armée Françoife, ne faifant plus myftere de fa trahifon.

rer,

Lautrec attendoit toûjours avec beaucoup XXVIII. d'impatience le renfort qu'on lui faifoit efpe- La pefte il le reçut enfin, mais au nombre de dix- de ravager huit ces hommes feulement, aufquels il fallut l'armée envoïer une escorte à Nôle, parce que la tem- Françoise. pête avoit empêché de defcendre plus près. L'escorte fut battue par les Imperiaux, & la pefte étant devenue plus violente, l'armée Françoife fut réduite au tiers dès le commencement du mois d'Août. On confeilla à Lautrec pour éviter la malignité de l'air, de fe retirer à Capoue ou ailleurs; mais fon obftination le conduifit à fa propre ruine, & la raison qu'il alleguoit fut qu'il avoit écrit au roi, qu'il obligeroit ceux de Naples de fe rendre à difcretion, & qu'il y alloit prefentement de fa repu

B 2

tation

tation de tenir parole; l'évenement justifia qu'il AN.1528. avoit trop promis. Le camp des François devint d'abord un hôpital, & enfuite un cime tiere ; le comte de Vaudemont feul capable de commander l'armée, &. de fucceder à Lautrec, mourut le premier des perfonnes de qualité, Charles frere bâtard du roi de Navarre, Camille, Trivulce, & beaucoup d'autres le fuivirent de près. Lautrec fut attaqué comme eux, & fuccomba de même, il mourut la nuit du quinziéme au feiziéme d'Août de cette année 1528, & juftifia par fa mort le reproche que les Espagnols lui avoient fait fouvent, d'aimer mieux s'égarer en fuivant fon caprice, que d'aller droit, en fuivant l'avis des autres.

Lautrec.

XXIX. Son corps fut porté dans Naples, & enferMort d'O-mé dans une cave, où il auroit manqué de det de Foix fepulture, fi vingt-huit ans après un feigneur feigneur de Efpagnol, aïant trouvé ce corps que les gens Paul Jove. avoient laiffé dans un tombeau très-commun, in elog. ne lui en eut fait dreffer un très-magnifique de Brantôme marbre, dans l'églife de fainte Marie la neuve dans Péloge de Naples, en la chapelle du duc de Seffa Lautrec. où on lit une épitaphe latine, * qui dir, que Mem. du le petit-fils du grand Gonfalve de Cordoue Bellay 1. 3. voïant le corps d'Odet de Foix feigneur de

de M. de

[ocr errors]

Lautrec, enfeveli fans honneur, quoiqu'enne mi de fa nation, après avoir fubi le fort de la guerre, lui avoit fait ériger ce monument dans la chapelle de fes ancêtres. Il avoit épou fé Charlotte d'Albret troifiéme fille de Jean feigneur d'Orval, dont il avoit eu Gafton François & Henri morts aflez jeunes, & Claude

de

Epitaphe de Lautrec. Odeto Fuxio Lautreco. Gonfal vus Ferdinandus filius Ludovici Corduba, magni Gonfalvinepos, cum ejus offa, quamvis hoftis, ut belli fortuna tulerat, fine honore jacere comperiffet, humanarum miferiarum memer, ita in avito facello, du:i Galle Hifpanus princeps pofuit,

XXX.

Guicciardin

lib. 19.

lib. 20.

de Foix mariée d'abord à Gui comre de Laval, enfuite à Charles de Luxembourg vicomte de AN.1528. Martigues. Le pape lui fit faire de magnifiques obfeques à Rome, & François I. fit la même chofe dans l'églife de Nôtre-Dame de Paris. Après la mort, le marquis de Saluffes prit Les Franla conduite des reftes de l'armée Françoife, & cois levent la premiere fonction qu'il en fit, fut d'écrire Naples, & le fiége de à Rence de Ceri & au prince de Melfi, de le fe retirent venir joindre pour l'aider à lever le fiége de à Averfe. Naples. Ce dernier étoit devant Gayette, & l'avoit reduite à l'extrêmité, lorfque Doria vint Paul Jove la ravitailler avec douze galeres. Le marquis de hift. lib. 28. Saluffes ne l'attendit pas, il décampa pendant Belcarius. la nuit, mais il ne put le faire fi fecretement Rainald. n. que les Imperiaux n'en fuffent avertis ; la gar- 10. nifon de Naples fit une fortie generale; tous ceux des François qui étoient demeurez pour former une efpece d'arriere-garde, moururent les armes à la main, & les moindres officiers & foldats furent faits prifonniers. Pierre de Navarre qui commandoit cette arriere-garde, fut du nombre de ces derniers. Ce capitaine fi celebre, né d'une famille de la lie du peuple dans la Bifcaye, s'étoit élevé par fon propre merite aux premieres dignitez militaires. Il fut le premier qui inventa les mines, quoique quelques auteurs affurent que les Genois s'en étoient fervis avant lui. Aïant été fait prifonnier par les François à la bataille de Ravenne en 1512. les Efpagnols fe mirent fi peu en peine de le faire fortir de prifon, où il languit long-tems, que dégouté d'une nation qu'il avoit fervi fi utilement, & qui étoit fi peu reconnoiffante, il s'engagea au fervice du roi François I. auquel il fut toûjours fidéle jufqu'en cette année 1528. qu'il fut fait prifonnier. Les Efpagnols pour punir fa défaction le menerent enchaîné dans le

B 3

châ

AN.1528.

XXXI.

vie des ca

château de Naples, où il les avoit introduits par fon adreffe vingt-huit ans auparavant, & Mort de le firent étrangler la nuit par ordre de CharPierre de les V. quoiqu'il y ait des auteurs qui rapportent Navarre. qu'on l'étouffa entre deux matelats, & que fePaul Jove lon d'autres il foit mort de chagrin. Gonfalve in elogio AlDar. Gomez Ferdinand prince de Seffa fit enterrer fon corps hift. lib. 4. dans l'églife de fainte Marie la neuve à Naples, Brantôme & y fit mettre une infcription fut fon tombeau, pitaines é qui finit par ces paroles, que la vertu à cela trangers. de propre, qu'elle fe fait admirer dans l'ennemi. XXXII. Le Marquis de Saluffes, avec les François qui Les Fran- purent échapper de la derniere défaite, le fauva çois fe fau-dans Averfe, où il fut auffi-tôt affiegé; vifiAverfe, où tant la breche, & tachant de donner du couils font af- rage à fes foldats, il fut blessé d'un éclat de fiegez par pierre, qui lui caffa le genoux. Cet accident les Impe- le rendant inutile, & lui faifant craindre que Mem. dus fes troupes ne fe débandaffent, il fut contraint Bellay 1. 3. d'en venir à une capitulation honteufe, avant

vent dans

riaux.

que les ennemis fuffent informez de fa bleffure. Les articles furent, que les affiegez laifferoient toutes leurs armes, chevaux, enfeignes & guidons au prince d'Orange genéral de l'armée imperiale, que tous les capitaines, lieutenans & enfeignes, gensdarmes & chevaux-legers pourroient emmener avec eux un feul cheval, & une mule; que les Italiens ne pour roient fervir de fix mois le roi de France, & que les François, Gafcons, Suiffes, lanfquenets, & autres troupes étrangeres fe retireroient dans leurs païs, fans faire aucun féjour en Italie. Que le prince d'Orange les feroit conduire en fûreté jufques aux frontieres de leurs provinces, fans qu'on les pût inquiéter. Que le marquis de Saluffes emploïeroit tout fon crédit pour obliger les places occupées par les François à fe remettre au pouvoir du prince d'Oran

ge,

[ocr errors]

y

ge, & que lui-même demeureroit prifonnier de guerre. Cette capitulation fut fignée le trentié. AN528. me d'Août. Le prince d'Orange entrant dans Averfe voulut vifiter Pomperan qu'on y avoit laiffé, mais il le trouva mort. C'eft le même qui avoit fuivi le duc de Bourbon daus fa révolte, & qui avoit fauvé la vie du roi François I. lorfqu'il fut fait prifonnier à Pavie.

[ocr errors]

l'armée

Le prince de Melfi & Rence de Ceri aïant XXXIII. joint leurs troupes, s'étoient retirez à Barlet-,, Ruine de te, & en d'autres places maritimes, où ils fe Françoife maintinrent contre toutes les forces de l'em- en Italie. pereur jufques à la paix de Cambrai. Ils furent de quelque fecours aux foldats François dont un grand nombre forti d'Averse se retira auprès d'eux, quelques-uns s'embarquerent fur des galeres, d'autres s'arrêterent à Rome, & il y en cut très-peu qui fuffent en état de retourner en France. Toutes les places que les François avoient prifes dans le roïaume de Naples, avec tant de promptitude, fe revolterent auffi promptement après la reddition d'Averse. Telle fut la ruine de cette armée confiderable qui avoit fait trembler toute l'Italie à la defcente des Alpes, & qui fut entierement diffipée ou par la mauvaise conduite du general qui s'obftina à vouloir continuer le fiége de Naples contre l'avis de la plupart de fes genéraux, qui vouloient qu'on le levât lorfqu'ils virent que la pefte defoloit l'armée, ou par la négligence du roi François I. qui fans égard à fes véritables interêts, emploïoit à la conftruction du château de Madrid proche Paris, ou à ses plaifirs, l'argent qui auroit fuffi pour la conquête de Naples, & ne fe fouvenoit plus d'avoir perdu le duché de Milan par un femblable contretems de dépenfe fuperfluë. Ainfi les affaires d'Italie, qui au commencement de l'année avoient

[blocks in formation]
« AnteriorContinuar »