der en civilité, & qui cherchoient d'ailleurs AN.1512. l'occafion d'aguerrir leurs foldats, en envoïerent un fi grand nombre, que l'Allemagne n'avoit pas encore mis fur pied une fi belle armée; elle étoit compofée de trente-mille chevaux, & de plus de quatre-vingt-mille hommes d'infanterie, qui joints à l'armée imperiale faifoient un corps de troupes très-considerable. Hypolite cardinal de Medicis, neveu de sa sainteté, y fut envoïé en qualité de legat apoftolique. On faifoit monter l'armée de Soliman à plus de trois cens mille hommes & déja quinze mille chevaux s'étoient avancez vers la Stirie, & défoloient tout le païs. Mais pendant que XXXVI. Charles V. fe difpofoit à fe mettre à la tête Mort du de fon armée pour arrêter les infidéles, il reprince Jean électeur de çut la nouvelle de la mort du prince Jean éleSaxe. cteur de Saxe arrivée le treiziéme d'Août 1532. Sleidan.lib. âgé de foixante-deux ans. L'empereur parut 8.pag.261. chagrin de cette mort, non qu'il fe fouciât beaua.feript, coup de la perte d'un prince Lutherien, mais Luth. hoc pour les fuites fâcheufes qu'il prévoïoit devoir ann.p.239-arriver dans l'état prefent de l'églife, par rapUlemberg, port à Jean Frederic fon fucceffeur. Cochl, in 240. in vita Il le regardoit comme un jeune homme plein Lath.c.24. de courage, & qui aimoit d'autant plus la Rayn, hoc guerre, qu'il étoit dans la fleur de fa jeuneffe, ann. n.85. XXXVII. n'aïant à peine que vingt-huit ans, & il fçaSon fils voit qu'il avoit toûjours eu beaucoup d'inclination pour Luther, qui pour le flatter, Pho Jean Fre deric lui fuccede, noroit de titre du Mécene de fa doctrine & de Sleidan.lo-boulevard de fa reforme. Ainfi il avoit raison co fupra cit. de craindre que ce jeune électeur ne cherchât tous les moïens poffibles pour procurer aux Lutheriens de plus grands avantages que n'avoit fait fon pere, afin de gagner plus ailément leur affection. Cependant Soliman étoit déja arrivé à Belgrade, XXXVIII. grade, & tournant fur la gauche il alla afficger un château d'où il fut repouflé fort vigou- AN.15 3.2 reufement; de-là il envoïa quinze mille hom- Soliman mes pour ravager le païs, & qui vinrent af- entre en fez près de Vienne, jufqu'à un château ap- Hongrie pellé Lintz; mais tous ces coureurs furent tail. avec une lez en pieces par la cavalerie imperiale, & année. puiffante celui qui les commandoit demeura fur la place. Sleidan, in Le fultan s'avança jufqu'à Gratz ville de Stirie, comment. & l'empereur qui étoit à Lintz affembla le conlib. 8. pag. feil pour prendre fa résolution, qui fut de cam- Cochlaus per près de Vienne & d'attendre l'ennemi; une in aft. & bataille auroit décidé du fort des deux empi-fcript. Luthe res, & donné un feul maître au roïaume de Hongrie mais ni Charles V. ni Soliman n'o- Paul Jove ferent la hazarder, & celui-ci après avoir fait lib. 30. beaucoup de dégat dansla païs, s'en retourna à Conftantinople avec fon armée, fur la fin du, mois d'Octobre. auquel 261. hoc anno P.237. Raynald. ad hunt ann n. L. Isthuanff. XXXIX. reur déli l'armée des Turcs. L'empereur aiant appris la retraite des Tures lib. 11. affembla à Lintz le confeil de guerre, affifta le cardinal Medicis, pour fçavoir s'il L'empeferoit à propos de pourfuivre l'ennemi jufqu'à bere s'il Gratz, & lui livrer bataille; il y en eut qui pourfuivra furent pour l'attaque: mais le fentiment du duc d'Albe qui fut d'un avis contraire, l'emRaynald porta. Suivant ce confeil l'empereur s'avança hoc ann. n. vers Vienne, où il fit la revûe de fes troupes, 41.42. qui montoient à plus de quatre-vingt mille hom mes d'infanterie & trente mille de cavalerie, dont il licentia une grande partie, diftribua l'autre où il étoit befoin, & laiffa un bon corps d'infanterie Italienne & Efpagnole, fous le commandement de Fabrice Maramaldo, pour les affaires de Hongrie : enfin après avoir donné à Ferdinand les ordres neceffaires pour le gouvernement de l'empire en fon abfence, il partit de Vienne lorfqu'on y penfoit le moins, XL. accompagné feulement du cardinal de Medicis AN.1532. legat du pape, & d'un certain nombre d'officiers Italiens & Efpagnols, traversa la Carin. thie & paffa en Italie, où il ne reçut pas de grands applaudiffemens, chacun étant furpris qu'il n'eut rien fait avec une armée fi confide. rable. Il arriva à Mantouë le dixième de Novembre, d'où il écrivit aux états de l'empire, pour les informer des raifons qu'il avoit eues de faire ce voïage, dans la vûe de s'aboucher avec fa fainteté, & de l'engager à affembler au plûtôt un concile, comme on l'avoit promis aux Proteftans. Enfuite il partit de Mantouë Entrevûe pour fe rendre à Boulogne, où il arriva fur du pape & la fin de Novembre; en même tems que le de l'empe- pape, qui étoit convenu de s'y trouver, plus par des motifs d'interêt, que par condefcenlogne. dance pour Charles V. En effet, il vouloit emlib.3.c.12. pêcher ce prince de penetrer plus avant en ItaP.273. lie, de peur que, s'il alloit à Naples, il n'y Jeq. demeurât trop long-tems & ne causât bien du fupra pag. trouble dans le païs. Ces deux princes eurent 262. plufieurs conferences enfemble à Boulogne, dans Guicciard. lefquelles ils abregerent toûjours les ceremo nies & les formalitez, pour ne point perdre le tems, mais ils convinrent de peu de chose. Le pape refufa d'accorder fa niéce pour être mariée au duc de Milan, étant déja engagée de parole à François premier, & tout ce que Charles put obtenir encore avec beaucoup de difficulté, fut que Clement VII. renouvelleroit la confederation déja faite entre lui & les autres princes d'Italie. reur à Bou Pallavic. Sleidan. nt lib. 10. L'ambaffadeur de France informé de ces renouvellemens de ligue, en fit de grandes plaintes au pape, qui tâcha de l'adoucir, en lui faifant connoître qu'il n'avoit eu en cela d'autre deffein, que celui de foulager l'Italie des trou troupes Efpagnoles que l'empereur y avoit fait paffer en grand nombre : qu'ainfi il avoit été AN.15 32. contraint de ceder à la neceffité, le priant de ne fe point impatienter, & l'affurant qu'il lui Raynald. feroit bien-tôt voir que le roi de France n'au- hoc ann. n. roit aucun fujet de fe plaindre de lui, mais qu'il 54.55. falloit un peu de patience. reur. L'affaire du concile fut auffi agitée à Bou- XLI. logne. Le pape dans les précedentes négocia- Demantions avoit infifté fur le lieu du concile, qu'il des du papě pour la ne vouloit pas qu'on tînt hors d'Italie, & avoit tenue du réduit fes demandes à cinq chefs. 1. Qu'il fe- concile, & roit feulement affemblé pour procurer du fe- réponse de l'empecours contre les Turcs, pour faire rentrer les Lutheriens dans l'églife, éteindre les herefies Guicciard. & punir les refractaires. 2. Que l'empereur y lib. 10. feroit prefent, & que s'il fe retiroit, le concile feroit cenfé diffous & féparé. 3. Qu'il feroit affemblé en Italie dans une des trois villes défignées par le pape; fçavoir, Boulogne, Plai fance ou Mantouë. 4. Que ceux-là feuls y auroient voix, qui avoient droit fuivant les caHons. 5. Que les Lutheriens demanderoient le concile, & promettroient de fe foumettre à ses décifions. L'empereur avoit répondu à ces cinq articles. 1. Qu'il étoit à propos pour contenter les Proteftans, de convoquer le concile, fans y mettre aucune limitation, & qu'il dépendroit enfuite du pape d'y preferire les matieres qu'on y devroit traiter. 2. Que fi le concile étoit bien-tôt affemblé, il quitteroit toutes chofes pour s'y rendre, & y demeureroit aufli longtems qu'il y croiroit fa prefence neceffaire. 3. Que toutes les villes nommées par fa fainteté pour affembler le concile lui étoient agréables, mais que Mantoue & Milan étoient celles qui feroient le plus du goût des Allemands. 4. Que l'on y obferveroit la forme & l'ufage gar N 4 dez AN,15 32. jet de la convocation du dez dans les conciles précedens. 5. Que l'on XLII. Ce fut fur l'examen de ces raifons appor Alta inter lib. Archiv. Vatic. in fcript. in ftructio ad concil. Trident. XLI. Entrevûë des rois de France & d'Angle terre entre Calais & Boulogne. , que fa fainteté envoïeroit un nonce aux princes d'Allemagne, & fa majefté imperiale un ambaffadeur, qui tous deux de concert difpoferoient les efprits des princes, & prendroient avec eux les mesures neceffaires. L'autre, que fa fainteté écriroit à Ferdinand roi des Ro mains & aux princes de l'empire, que fur les preffantes follicitations de l'empereur, elle avoit réfolu de convoquer au plûtôt un concile general; mais que ne le pouvant faire que tous les princes chrétiens n'y concouruffent, il les folliciteroit d'y donner leur confentement. L'empereur & tous les autres, excepté l'archevêque de Bari, confentirent à ce projet, & l'on ne tarpas à commencer à en executer une partie. Quelque-tems avant ces conferences tenues. à Boulogne, l'autre Boulogne fur mer avoit été auffi honorée de la prefence du roi de France, & de celui d'Angleterre qui avoient eu une entrevûë que l'on avoit tenue affez fecre da |