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te jufques vers le tems où elle fe fit. François F. AN.1532.

Mem, du

Traité de

s'étoit rendu en cette ville vers le milieu d'O. tobre, & Henri le vingtième du même mois: Bellay 1.4. Pentrevûë s'étoit faite avec de grands témoi-p. 235.& gnages d'amitié; les deux princes logerent dansfiv. la maison abbatiale de cette ville qui n'étoit Calais du pas encore épifcopale. Le roi de France don- 28. Octobre na le collier de l'ordre de faint Michel aux 1532. ducs de Norfolk & Suffolk, & le roi d'Angleterre donna celui de la Jarretiere au maréchał de France Anne de Montmorency, grandmaître, & à Philippe Chabot amiral de France. Après quelque féjour à Boulogne, les deux rois s'étoient tranfportez à Calais, où ils avoient conclu un traité le vingt-huitiéme d'Octobre, par lequel ils s'engageoient à mettre conjointement fur pied une armée de quatre vingt mille hommes pour arrêter les progrès du Turc, & aller au fecours des Chrétiens en Allemagne, ou en Italie, felon qu'il feroit neceffaire. C'eft ainsi que du Tillet en parle dans fon inven- Du Tillet taire des traitez entre la France & l'Angleter-aitez des re; mais il n'eft pas vraifemblable que ces deux rois de Franmonarques aïent eu ce deflein.

recueil des

ce.

ces deux

Guil lib

Un autre motif plus réel qui les animoit, XLIV. Deffeins de étoit de tenir les Italiens & les Allemands dans l'attente d'une nouvelle guerre, de perrois dans qu'ils ne fe rendiffent trop faciles aux volon-cette entretez de l'empereur; de penfer au rétabliffement vûë. de leurs affaires, pendant que Charles V. enr 10. barraflé dans une guerre, qui l'expoferoit à la Mem. dus Fuine par la moindre diftraction, ne feroit Bellay 1.4. nullement en état de les traverser dans aucune Spond. hoc de leurs entreprises, ni les empêcher de se far ann. n. 6. fir des états qui feroient le plus à leur bienféance; enforte qu'il y a lieu de croire que le deffein de François I. étoit de s'emparer du Milanez & de Naples, Et Henri VIII. n'avoit

N

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en vûe que de contraindre le pape à confen. AN.1532. tir à fon divorce, pour répudier Catherine d'Arragon, tante de l'empereur, & époufer Anne de Boulen.

len.

XLV.

Dans cette même entrevûë, Henri fse plaignit beaucoup du pape & de la cour de Rome. Il ne pouvoit fupporter que la caufe du divorce y eût été évoquée, qu'on voulût le contraindre de s'y rendre lui-même en perfonne, ou d'y envoïer quelqu'un avec fa procuration pour fe foumettre à la décifion de fa fainteté ; il ajoûtoit que cette conduite étoit contre le droit commun & fans exemple ; qu'au contraire toutes les fois que pareilles affaires étoient arrivées entre princes fouverains, on leur envoioit des juges fur les lieux. Il fe plaignoit encore des exactions & des annates de la cour de Rome fur les benefices d'Angleterre. Enfin il preffa François I. de fe joindre à lui, pour envoïer ensemble un ambaffadeur au pape pour lui fignifier leur appel au concile, afin qu'on y examinât les abus que les fouverains pontifes faifoient de leur autorité, en opprimant les princes chrétiens & leurs fujets, & qu'on y apportât le remede. Mais François I. tacha de l'appaifer, en lui promettant de menager fes interêts auprès de Clement VII.

Heuri laifla faire le roi de France, mais Henri é-fans fe mettre en peine quel fuccès auroient poufe An- fes négociations, il voulut conclure lui-même. ne de Bou- toute cette affaire en époufant Anne de BouSanderns len c'est ce qu'il fit à fon retour de Calais, dufchifm. mais fecretement. On fit venir un prêtre nom➡ d'Angl.. 1. mé Roland Lée, qui fut depuis évêque de P.58. Conventri & de Lichefiels, & comme il alloit Burnet bift. de la refor commencer la meffe, Henri lui dit, qu'il avoit met.1.1.2. enfin gagné fon procès à Rome, & que le P. 286. pape en declarant fon mariage nul avec Cathe

de peur

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de fcan.

pro

Le Grand hift.du di

Voyez l'ex

Marie, dans M. le Grand

hoc annon.

rine, lui avoit permis d'époufer une autre femme telle qu'il voudroit, pourvû que ce fut AN5324 fecretement & fans témoins, dale. Lée ne pouvant s'imaginer, qu'un roi vorce rom. I. voulut lui déguifer la verité dans une affaire p. 287., de cette importance, crut bonnement ce que trait de l'hilui dit Henri, & fe contenta de lui deman- ftoire manus der s'il n'étoit pas porteur de la fentence du crite du dipape. Le roi lui fit figne qu'il l'avoit, enforte vorce repreque Lée fe difpofa à commencer la meffe; mais fentéed Phi comme il hefitoit encore & craignoit de faire pa quelques fauffes démarches:,,il feroit à »pos, fire, lui dit-il, pour notre interêt, & t. 3.p.110. ,, pour fatisfaire aux facrez canons de lire, Raynald. publiquement la fentence du pape devant des 66. ,, témoins.,, Henri lui répondit que le bref du pape étoit enfermé dans une caffette, dont lui feul avoit la clef, & qu'il n'y avoit pas d'apparence qu'au milieu de la nuit il l'allât chercher, mais qu'il pouvoit fe fier à fa parole. & Sur ces affurances Lée acheva la ceremonie, maria le roi avec Anne de Boulen, qui peu de tems après parut enceinte. Mr. Burnet dit que le duc de Norfolk, le comte d'Ormond & de Wiltkirc pere d'Anne de Boulen, la mere & le frere de cette fille, & le docteur Crammer affifterent à la ceremonie comme témoins. Depuis ce tems-là Henri ne garda plus aucunes mefures avec le pape, qui de fon côté continua les procedures contre ce prince.

de France

Pendant ce tems-là François I. qui étoit de XLVI. retour à Paris, fit affembler un grand nombre Le clergé de prélats de fon roiaume, aufquels il repre- accorde des fenta les grandes affaires qu'il avoit eues à fou- décimes au tenir jufqu'à prefent, & celles qui le mena- roi Françoient, & aufquelles il ne pourroit fournir fans çois I. quelques fecours de leur part; qu'il étoit per- Bellay 1.40 fuadé qu'ils ne lui manqueroient pas au befoin, p. 139. N6

&

Mem. du

& qu'il attendoit les effets de leur generofité, AN.15 32. & de leur zele pour la tranquillité de fon roïaume. Auffi-tôt le clergé lui accorda liberalement la levée des décimes, fans attendre le confentement du faint fiége, comme c'étoit alors la coûtume.

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XLVII. Henri VIII. toûjours inquiet fur l'affaire de i Nouveau fon divorce, fit encore affembler le parlement le parlement quinziéme de Janvier, & comme le clergé de fon affemblé en roïaume n'entroit pas dans fes vûes autant qu'il Angleter- le fouhaitoit, il ne fongea qu'à l'humilier & à a diminuer fon crédit. Pour cet effet il fit engager fecretement la chambre des communes à dref fer diverfes plaintes contre la conduite du cler gé, par exemple de ce que les cours ecclefiaftiques citoient des gens, & leur propofoient des articles d'herefie, fans qu'il y eut aucun accufateur; qu'enfuite elles obligeoient ces perfon nes à faire une abjuration folemnelle, fur peine d'être condamnées au feu; & tout cela fans fe juftifier, ce qui étoit, difoit-t'on, une tyrannie infupportable; mais le roi qui vouloit encore alors fauver au moins les apparences, arrêta le progrès de ces plaintes, & répondit qu'avant que de ftatuer lå-deffus, il falloit entendre le clergé, afin de fçavoir ce qu'il avoit à dire pour fa défenfe, ainfi les chofes n'allerent pas plus loin pour lors.

Quelque-tems après, le roi voulut faire un reglement, pour empêcher que les particuliers ne le fruftraffent lui & les feigneurs, des droits qui leur étoient dûs, lorfque quelqu'un difpofoit de fes biens par teftament ou par contrat, que les enfans demeuroient mineurs, qu'ils fe marioient ou qu'ils entroient en majorité. Pour fauver ces droits, la chambre haute fit un projet de reglement qu'on envoïa enfuite aux communes, mais elles ne voulurent ni l'approu

yer

1

XLVIII.

Statut du

annates.

yer ni apporter aucun remede aux abus dont on fe plaignoit. Au mois d'avril fuivant, les deux AN.1532, chambres du parlement fe réunirent pour le déclarer contre la cour de Rome, en faifant de concert une loi pour ôter aux papes le droit des annates, pour les premiers fruits des benefices, les palliums, & les bulles des évêchez. Ce ftatut portoit que le roïaume étoit tous les jours appauvri par les grandes fommes que l'on parlement envoïoit à Rome, qui pour fe faire payer re-qui abolic tenoit les expeditions des ecclefiaftiques; que les grand comme il arrivait très-fouvent à ceux qui en-hift, du ditroient dans les dignitez de l'églife, d'em-vorce t. 1. prunter à leurs amis dequoi payer ce que la 221. cour de Rome exigeoit, les fommes étoient très-fouvent perdues pour les créanciers, lorfque les prélats mouroient peu de tems après avoir été mis en poffeffion. Que d'ailleurs le droit des annates n'étoit fondé fur aucunes loix. Qu'à la verité on avoit payé autrefois un fem. blable droit en confideration de la guerre contre les infidéles: mais que depuis ce tems-là, les papes le demandoient comme un droit petuel; que depuis la feconde année du regne de Henri VII, Rome avoir tiré d'Angleterre plus de cent foixante mille livres sterling en annates feulement, fans compter toutes les autres exactions. Que plufieurs évêques étant fort vieux, le roi devoit en confcience prendre des mcfures pour empêcher qu'on n'envoyâr à Rome de nouvelles fommes d'argent, & qu'on n'épuifât pas le roïaume: qu'il étoit jufte de donner quelque chofe pour les bulles, mais que cinq pour cent du revenu annuel, après toutes les charges déduites, étoient fuffifans, Que fi à caufe de cette modification le pape refufoit des bulles, le parlement ordonnoit qu'en ce caslà les évêques feroient facrez par quelque archevêque,

per

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